Agapet, pape, né à Rome, fut admis de bonne
heure dans le clergé de celle ville. Attaché à l'église de
Saint- Jean et Saint-Pierre, son mérite et sa sainteté le firent
élever à la dignité d'archidiacre, et ensuite à la papauté, l'an
535, après la mort de Jean II. L'empereur Justinien, ayant appris
son exaltation, lui envoya sa profession de foi qui fut trouvée
orthodoxe. Ce prince sollicita du nouveau pape, et obtint la
condamnation des aremetes, moines de Constantinople qui étaient
infectés de l'hérésie nestorienne ; mais une autre de ses demandes
lui fui refusée. Après la conquête de l'Afrique, que son général,
avait arrachée à la domination des Vandales par la défaite du roi
ennemi, il aurait voulu qu'Agapet ma nomme sur leurs sièges les
évoques ariens qui se trouvaient dans cette partie de l'empire et
qui voulaient abjurer l'hérésie. Mais le pape répondit qu'il fallait
observer les
saints canons, et que
tout ce qu'on pouvait faire en faveur de ces prélats hérétiques,
c'était d'admettre à la communion laïque ceux qui rentreraient dans
le sein de l'Église, mais sans leur laisser leurs dignités, et même
sans leur permettre de revenir dans le clergé. L'acte le plus
saillant du court pontificat d'Agapet fut son voyage à
Constantinople, qu'il entreprit dans la vue de rétablir la paix
entre Justinien et Théodat, roi des Goths d'Italie ; c'est Théodat
lui-même qui l'avait prié de faire cette démarche en sa faveur. Le
pape, en y condescendant, se proposait aussi de remédier aux maux
dont l'Église d'Orient était affligée ; car il venait de recevoir de
quelques abbés catholiques de Constantinople des lettres qui lui
exposaient le triste état de la
religion dans leur pays. Il partit donc
et, arrive en Grèce, il guérit un sourd-muet, en offrant pour lui le
saint sacrifie.
Il fit son entrée à Constantinople le 2 février 536,
et fut reçu par l'empereur avec de grandes marques de respect cl
d'affection. On traita d'abord de la question politique, mais
Justinien ne voulut rien réduire des dures conditions qu'il imposait
à Théodat. Vinrent ensuite les questions religieuses, dont la
principale était la translation d'Anthime, évêque eutychien qui
occupait le siège de la ville impériale. Le pape refusa do ratifier
cette translation, non seulement parce qu'elle avait été faite en
violation des lois canoniques, mais aussi parce qu'Anthime était
partisan de l'hérésie d'Eutychès.
L'impératrice Théodora, qui, par
ses intrigues, avait opéré ce changement de siège, et qui tenait à
le voir réussit, eut beau presser le pape par elle-même et par
l'empereur, Agapet ne se laissa pas ébranler à leurs instances
réunies«: il déclara même qu'il ne communiquerait pas avec Anthime,
à moins qu'il ne souscrivit aux décisions du concile de Chalcédoine.
Anthime, qui ne voulait pas donner cette marque de soumission à la
foi orthodoxe, quitta Constantinople pour se soustraire à la mesure
qu'on exigeait de lui. Le pape, informé de son départ subit, déclara
Anthime excommunié aussi longtemps qu'il refuserait cette
souscription. Il sacra donc patriarche de Constantinople saint
Menas, qui était aussi renommé par sa science que par sa
piété. Il écrivit ensuite une lettre circulaire par laquelle il
annonçait au monde chrétien que l'évêque hérétique avait été déposé
par l'autorité apostolique, de concert avec le très religieux
empereur. Le saint pape projetait encore d'autres mesures pour le
bien de la religion en Orient, lorsqu'il mourut à Constantinople le
17 avril 536, après avoir siégé onze mois et deux jours. Sou corps,
transporté à Rome, fut inhumé le 20 septembre suivant, jour où l'on
fait sa fête, que les Grecs célèbrent le 17 avril. |