Le bienheureux Alain de la Roche
naquit en Bretagne, le 8 septembre, vers l'année 1428. Il prit l'habit de
Saint-Dominique au
couvent de Dinan, et y fit profession. Lui-même avoue
humblement dans ses écrits que les commencements de sa vie religieuse ne
répondirent pas à l'idéal qu'il en conçut depuis. Il quitta son pays natal pour
rechercher la pratique de l'observance primitive, et alla demander aux couvents
de Hollande la science de la vie surnaturelle.
Le trait distinctif de sa vertu fut
une tendre et filiale dévotion à Marie. Il aimait si cordialement sa Mère du
Ciel, qu'il ne pouvait penser qu'à Elle, et ne pouvait rien dire, ni
entreprendre, ni terminer qu'il ne L'eût saluée par l'Ave Maria. Un de ses
disciples a écrit que “sans cesse cette prière revenait sur ses lèvres dans ses
prédications, dans ses entretiens privés, dans ses voyages et dans ses travaux.”
Cet attrait remarquable pour le culte de Marie le préparait, à son insu, à la
mission dont il allait être investi : celle de ressusciter la dévotion presque
oubliée du Rosaire. Et cependant cette mission, qui allait faire sa gloire,
remplit un court espace de temps, deux ans environ.
On le voit, en attendant, enseigner
dans les écoles dominicaines de philosophie et de théologie. Dans ces fonctions,
il porta sans doute sa dévotion au Rosaire ; mais c'est seulement deux ans avant
sa mort que Marie lui apparut dans tout l'éclat de Sa beauté céleste et lui
confia la mission de prêcher la pratique du Rosaire. Elle lui prédit des
épreuves ; mais Elle le soutint par cette parole : “Confie-toi en Ma protection
maternelle, Je ne t'abandonnerai jamais.” Il en vint à réciter plusieurs
Rosaires chaque jour, s'infligeant un coup de discipline à chaque Ave Maria.
Il a raconté lui-même que sa sainte
Mère lui apparut plusieurs fois pour stimuler son zèle, et lui faire prêcher le
Rosaire, pour écarter les fléaux qui menaçaient l'Église : Luther allait
paraître. Il parcourut nombre de provinces en France, en Flandre, en Saxe, et
obtint, malgré les efforts de l'enfer, de merveilleux succès. Rien de plus
palpitant que l'histoire de ses combats et de ses travaux, où il fut soutenu par
de nombreuses visions et par le don des miracles. Il mourut au jour qu'il avait
désiré, celui même de sa naissance, 8 septembre 1475.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints
pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950. |