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ALBERT DE LOUVAIN
Évêque, Saint
ca. 1166-1202

Albert, dit de Louvain, était fils de Godefroid III, duc de Basse-Lotharingie et de Marguerite de Limbourg. A la mort de Godefroid III, son fils aîné, Henri Ier prit, en lui succédant, le titre de duc de Brabant, et Albert entra au chapitre de Saint-Lambert à Liège. Il était archidiacre de cet illustre chapitre quand mourut, en 1191, Rodolphe de Zæhringen, évêque de Liège. Les chanoines de Saint-Lambert, voulant lui donner un successeur également puissant, mais plus pieux et plus instruit, jetèrent les yeux sur Albert de Louvain, qui fut canoniquement élu, le 8 septembre 1191, malgré l’opposition du comte Baudouin V de Hainaut, qui fit donner quelques voix à son neveu, Albert de Rethel. (Voir ce nom.) Albert de Louvain envoya peu après une députation du chapitre de Liège à l’empereur Henri VI, qui se trouvait alors en Italie, pour lui notifier son élection et demander l’investiture; mais une ambassade de Baudouin de Hainaut l’avait déjà précédé près de l’Empereur, sollicitant également l’appui du suzerain pour Albert de Rethel. Henri VI fit des promesses aux deux partis, et fixa, pour l’année suivante, une diète à Worms, afin d’y décider l’affaire.

Dans l’entre-temps, Thierri, comte de Hostade et favori de l’Empereur, avait profité de son crédit à la cour pour préparer la candidature de son frère Lothaire, alors prévôt à Bonn. Celui-ci, connaissant le faible de Henri VI, eut l’adresse d’y ajouter l’influence d’une somme de 1500 livres d’argent, et l’Empereur se déclara pour lui. A la diète de Worms, il écarta, en effet, sous un vain prétexte, les prétentions des deux Albert et donna l’investiture de la principauté de Liège à Lothaire de Hostade. Malgré les réclamations du chapitre de Liège, qui voyait ses droits méconnus, et la générosité d’Albert de Rethel, qui renonça en pleine diète en faveur d’Albert de Louvain, l’Empereur tint bon, et Lothaire, soutenu par une armée du comte du Hainaut, prit possession de l’évêché de Liège. Albert de Louvain résolut de soumettre cette compétition au souverain pontife. Caché sous le déguisement d’un domestique, il parvint à se rendre secrètement à Rome, où le pape Célestin III, ayant reconnu ses droits, confirma son élection et le nomma même cardinal. Il revint ensuite en Brabant, par des voies détournées, afin d’éviter les émissaires de l’Empereur qui gardaient toutes les grandes routes. A la nouvelle de son arrivée, l’Empereur ordonna, sous les plus terribles menaces, à Henri Ier d’expulser son frère du Brabant; mais Albert, prévoyant les maux qui allaient fondre sur le duc, le prévint et se retira dans le Limbourg, puis à Reims en Champagne. Ce fut là qu’il reçut la consécration épiscopale, le 19 septembre 1192, des mains de l’archevêque. Cette persistance d’Albert irrita Henri VI au plus haut degré; il accourut lui-même à Liège et cita Henri de Brabant devant son tribunal suzerain. Ce prince connaissait les violences de Henri VI; il s’agissait pour lui de perdre ses États et probablement la vie ou de se détacher de son frère. Il n’était pas assez fort pour résister par la voie des armes au puissant Empereur; il fallut donc céder et reconnaître Lothaire de Hostade. Abandonné de tous, Albert de Louvain continua de mener, à Reims, une vie simple et retirée, cherchant sa consolation dans la prière et la pratique des bonnes œuvres. Bientôt pressé par le besoin, il y fut obligé de mettre en gage le seul cheval qu’il possédât, afin de se procurer le strict nécessaire.

Ses vertus et sa misère ne devaient cependant pas l’abriter contre le ressentiment des partisans de l’évêque de Liège. Trois seigneurs allemands, pour complaire à l’Empereur, se réunirent à Maestricht et résolurent de se défaire d’Albert de Louvain. A cet effet, ils vinrent s’établir à Reims, feignant avoir encouru eux-mêmes la disgrâce de l’Empereur, parvinrent à gagner la confiance de l’évêque exilé et à se faire recevoir dans son intimité. Cette manœuvre cachait leurs projets homicides. Une occasion propice pour les accomplir se présenta le 24 novembre 1192. Profitant d’une promenade solitaire qu’ils faisaient avec l’infortuné prélat aux environs de Reims, ils se jetèrent sur lui, l’assassinèrent cruellement et s’enfuirent en Allemagne près de l’empereur Henri VI.

La nouvelle de cet attentat souleva une si violente indignation dans le Brabant, le Limbourg, les provinces du bas Rhin et même dans le pays de Liège, que l’évêque Lothaire, ne se croyant plus en sûreté dans sa forteresse de Huy, la quitta secrètement et se réfugia près de l’Empereur en Allemagne.

D’après les coutumes du temps, le sang versé demandait non-seulement justice, mais encore vengeance. Le duc de Brabant, celui de Limbourg, leurs amis, leurs alliés et presque tous les grands vassaux du bas Rhin se réunirent donc à Cologne, au commencement de l’année 1193, et résolurent de tirer une éclatante vengeance du meurtre d’Albert de Louvain. On commença par ravager le comté d’Hostade, pour se tourner ensuite contre l’Empereur. Henri VI, craignant pour sa couronne, envoya plusieurs ambassades aux princes confédérés, leur demanda une entrevue à Coblence et promit de réparer tous ses torts. Il tint, en effet, parole: s’étant rendu lui-même à Coblence, il y lit humblement réparation d’honneur au duc de Brabant, combla de présents tous les princes alliés, exila ceux qui avaient trempé dans le meurtre et fonda, dans l’église de Saint-Lambert à Liège, deux autels expiatoires. La paix fut ainsi établie. Quant à Lothaire de Hostade, il mourut repentant, en 1194, à Rome, où il était allé implorer la clémence de Célestin III. Les reliques de saint Albert de Louvain reposaient à Bruxelles, au couvent des Carmélites, couvent qui n’existe plus depuis la fin du siècle dernier.

Eugène Coemans.


Geschiedenis van sint Albertus van Leuven, door J. David. Antwerpen, 1845. — Fisen,Hist. Eccles. Leod., 1696. — Foullon, Historia Leodiensis, 1735. — De Villenfagne,Recherches sur la ci-devant Principauté de Liége Liége, 1817. — Butkens, Trophées sacrés et profanes du duché de Brabant, 1724. — Ernst, Histoire du Limbourg, 1837-1848.

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