Alexandre Sauli Barnabite

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Alexandre Sauli
Barnabite, Évêque, Saint
+ 1592

La famille dont sortait Alexandre Sauli était une des plus illustres de la Lombardie. Elle a produit plusieurs grands hommes, entre autres des évêques et des cardinaux qui se sont distingués par leurs talents et leur piété; on en voit encore les armes sur des hôpitaux et des églises magnifiques.

Alexandre naquit à Milan l'année même que fut fondée la congrégation des clercs réguliers, dits Barnabites. Il parut, dès son enfance, prévenu des plus abondantes bénédictions du ciel. Ses parents lui donnèrent des maîtres habiles, sous la conduite desquels il fit de rapides progrès. Il étudia surtout la science des Saints à l'école de l'esprit de Dieu, dont il écoutait les leçons avec une grande docilité.

Il se sentit de bonne heure pénétré d'une grande horreur pour les divertissements profanes du siècle. Un jour que le peuple était assemblé autour d'une troupe de comédiens, il s'avança un crucifix à la main, et fit un discours si pathétique, que les comédiens prirent la fuite. Le peuple entra dans les sentiments d'une vive componction, et se retira les larmes aux yeux.

Quelque temps après, il se consacra sans réserve au service de Dieu dans la congrégation des Barnabites. Il endurcit son corps à la fatigue par les travaux et les veilles, se livrant avec zèle au ministère de la parole et de la réconciliation. Il avait un talent singulier pour toucher et convertir les pécheurs. Il continua d'exercer les mêmes fonctions, même lorsqu'il eut été chargé d'enseigner la philosophie et la théologie dans l'université de Pavie. On vit des communautés entières se mettre sous sa conduite, afin d'apprendre de lui les moyens de parvenir à la perfection de leur état. Ayant été invité à prêcher dans la cathédrale de Milan, ses sermons produisirent des fruits merveilleux. Saint Charles Borromée félicita l'Eglise d'avoir un pareil ministre, et versa des larmes de joie à la vue des succès de son zèle apostolique.

Alexandre n'avait encore que trente-deux ans lorsqu'il fut élu supérieur général de son ordre. Il remplit cette place avec une capacité qui donna un nouvel éclat à sa congrégation : mais Dieu ne l'avait pas destiné à vivre renfermé dans la retraite ; l'île de Corse était le théâtre où devaient briller ses éminentes vertus.

Cette île avait été anciennement convertie à la foi par des missionnaires venus de Rome. L'église d'Aléria paraît être une des plus anciennes de celles qui y furent fondées. On connaît principalement un de ses évêques, nommé Pierre. Il vivait du temps de saint Grégoire-le-Grand, qui lui écrivit des lettres. Mais cette église était depuis longtemps réduite dans l'état le plus déplorable ; il n'y avait plus de piété ni de discipline quand Alexandre Sauli en fut nommé évêque, en 1571, par le saint Pape Pie V.

Le nouvel évêque ayant été sacré par saint Charles Borromée, partit sans délai avec trois prêtres de son ordre. La situation attendrissante de son illustre père, qui touchait au dernier moment de sa vie, ne fut point capable de le retenir ; il n'entendait que les gémissements de son église désolée. Il ne fut point non plus arrêté par la vue de l'esclavage qu'il avait à craindre de la part des corsaires mahométans, qui infestaient toutes les côtes de l'Ile de Corse; il s'embarqua plein de confiance en Dieu, et la navigation fut heureuse. Il ressentit une vive douleur en voyant que Dieu était partout méconnu. Aléria n'était plus que le titre d'une église. A peine y avait-il dans toute l'étendue du diocèse un lieu où l'on pût faire décemment l'office divin. Les bourgades, à l'exception de trois ou quatre, étaient inhabitées. Les peuples étaient dispersés dans les bois et sur les montagnes. Plongés dans une grossière ignorance, ils ne savaient pas les premiers éléments de la religion. Le clergé n'avait pas moins besoin d'être instruit que le peuple.

Le saint évêque, sans église et même sans maison, fixa d'abord sa demeure à Talone. C'était une espèce de bourgade située à quatre lieues des ruines d'Aléria. Il y tint un synode sur le modèle de ceux qui se tenaient à Milan sous saint Charles Borromée, et y fit de sages règlements pour commencer à remédier aux abus ; il entreprit ensuite la visite de tout son diocèse. Il alla dans les hameaux les plus écartés, et pénétra jusqu'aux endroits les plus inaccessibles. La vue d'un pasteur si charitable attendrissait les plus sauvages ; ils venaient tous se jeter à ses pieds, bien résolus de lui obéir, même avant de l'avoir entendu. Ses paroles portaient la lumière de la foi dans les esprits, et le feu de la charité dans les cœurs. Partout il lui fallut réformer d'anciens abus, abolir des coutumes scandaleuses, fonder des églises, ou relever celles qui étaient ruinées, et pourvoir à la décence dû culte du Seigneur. Il établit des collèges et des séminaires où l'on pût former la jeunesse.

Les coopérateurs qu'il avait amenés avec lui étant morts de fatigue sous ses yeux, il se trouva dans un très-grand embarras : il ne se découragea cependant point ; il redoubla ses travaux sans craindre d'épuiser sa santé. La continuité de ses occupations ne l'empêcha point non plus de s'assujettir à des jeûnes continuels et à une rigoureuse abstinence. Quoiqu'il eût très-peu de revenu, il ne laissait pas de faire des aumônes abondantes. Les déprédations des corsaires l'obligèrent souvent de changer de demeure. On le vit transporter son séminaire et sont clergé de Talone, situé sur la côte orientale de l'île, à Algagliola, qui était sur la côte occidentale, et de cette ville à Corte, dans le centre de l'île, puis à Cervione. Ce fut dans cette dernière ville qu'il bâtit sa cathédrale, et qu'il fonda un chapitre de chanoines. Il avait un rare talent pour réunir les esprits et les cœurs divisés ; aussi lui donna-t-on dans toute la Corse le surnom d'Ange de paix.

Le bienheureux Alexandre Sauli adressa de sages avertissements à son clergé. Il s'y proposait d'instruire les ministres, tant sur la conduite qu'ils devaient tenir, que sur la manière dont ils devaient diriger les âmes confiées à. leurs soins ; il composa aussi des entretiens, dans lesquels il expliqua la doctrine de l'Eglise avec beaucoup de précision et de netteté. Saint François de Sales estimait singulièrement cet ouvrage, et disait que la matière y était épuisée.

Le saint prélat allait de temps en temps à Rome, ainsi que les autres évêques d'Italie ; mais il y allait comme au centre de l'apostolat, et avec tant de dévotion, qu'il y éprouvait en lui-même ce que dit saint Chrysostome, que l'esprit apostolique y vit toujours, et que des tombeaux des apôtres, et de leurs cendres tout inanimées qu'elles sont, sortent encore des étincelles du feu sacré dont ils embrasèrent la terre. Tous ses voyages furent comme autant de missions, par les grands fruits que produisirent partout ses prédications, ses conseils et ses exemples. C'est de quoi les villes de Gênes, de Milan et de Rome ont plusieurs fois fourni des témoignages qui ont été confirmés par quatre Souverains-Pontifes. Grégoire XIII, l'un d’eux, fut extrêmement frappé lorsqu'il l'entendit prêcher. Saint Philippe de Néri l'honorait aussi beaucoup ë. cause de ses talents et de son éminente sainteté. Les ennemis de la religion eux-mêmes ne pouvaient résister à la force et à l'onction de ses discours. Ayant eu une conférence avec un calviniste de Genève, qui était venu dogmatiser en Corse, il lui fit ouvrir les yeux à la vérité, et le ramena dans le sein de l'Eglise. A Rome, un seul de ses sermons enleva à la synagogue des juifs quatre de ses plus fermes soutiens.

La vénération où était le saint apôtre de la Corse porta les villes de Tortone et de Gênes à le demander pour pasteur ; mais il ne voulut point quitter sa première épouse, à laquelle il était tendrement attaché. Ce ne fut que par obéissance aux ordres du Pape Grégoire XIV, qu'il accepta l'évêché de Pavie en 1591. Il ne fut pas plus tôt arrivé dans son nouveau diocèse, qu'il entreprit d'en faire la visite. Toutes les fêtes solennelles il revenait à Pavie. Etant à Calozzo, dans le comté d'Asti, il fut attaqué de la maladie qui l'enleva de ce monde. Il mourut le 23 Avril 1592. Sa sainteté fut attestée par plusieurs miracles. La cérémonie de sa béatification se fit à Rome en 1742.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.

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