“Elle a choisi la meilleur part…”
Les événements de la vie de la
bienheureuse Alexandrina de Balasar auxquels on va faire allusion sont amplement
et richement rapportés sur ce Site justement consacré à la Bienheureuse. Nous
allons en reprendre quelques uns pour alimenter notre dévotion au moment de
célébrer les Saints Mystères.
Alexandrina avait reçu du Ciel une
mission toute particulière : convaincre le pape de consacrer officiellement le
monde entier au Cœur Immaculé de Marie, ce que fit effectivement le Serviteur de
Dieu Pie XII le 31 octobre 1942.
L’attachement de cette sainte âme à
l’Eucharistie était particulièrement remarquable, au point que les treize
dernières années de sa vie elle ne se nourrissait que de la Sainte Hostie que
lui apportait le prêtre. On lira en outre, dans sa vie, qu’elle s’offrit en
victime de réparation pour tous les Tabernacles profanés ou abandonnés.
Parallèlement à ces deux faits on a
pu remarquer que cette âme d’élite mourut justement un jour consacré à la fois à
l’Eucharistie et à Marie, le jeudi 13 octobre 1955 : c’est un Jeudi que furent
institués le Sacerdoce et l’Eucharistie ; et c’est le 13 octobre qu’à Fatima
Marie se manifesta de façon si mémorable que même les journaux athées de
l’époque relatèrent la “danse du soleil” et la pluie torrentielle qui laissa
absolument secs les vêtements des dizaines de milliers de fidèles présents à la
Cova da Iria.
On se rappellera aussi ici
l’accident survenu à Alexandrina quand elle avait quatorze
ans : menacée dans sa maison par des intrus, la jeune adolescente
n’hésita pas à se sauver par la fenêtre et à tomber quatre mètres plus bas, une
chute qui lui causa une aggravation de sa mauvaise santé et l’obligea bientôt à
s’aliter définitivement. C’est à ce prix qu’elle préféra défendre sa virginité,
son attachement inconditionnel à Jésus-Christ.
Ce demi-siècle de souffrances,
Alexandrina le passa véritablement dans l’offrande totale d’elle-même à son
Divin Maître, dans la consécration totale de tout son être, vivant pleinement,
quoique laïque, les saints conseils évangéliques de pauvreté, de chasteté et
d’obéissance.
Pauvre, elle l’était de par son
humble condition et n’a jamais recherché autre chose que de vivre de son
travail.
Chaste, on a lu jusqu’à quel point
elle voulut le demeurer.
Obéissante, ce fut la pierre
d’angle de sa vie, dans une soumission fidèle aux prêtres, à l’Eglise, jusqu’à
l’identification totale avec le Christ dans la Passion rédemptrice pour le
rachat des âmes.
Une telle mission n’aurait pas pu
se réaliser sans un amour profond et total pour Dieu, pour l’Eglise. L’union
d’Alexandrina avec le Divin Epoux fut vraiment une exception dans la vie de
l’Eglise ; on n’a jamais vu avant Alexandrina une âme ressembler tellement au
Christ qu’elle puisse exprimer à la première personne des sentiments que seul
Jésus-Christ a pu ressentir.
Le choix de la première lecture de
cette fête, extraite du Cantique des Cantiques, veut illustrer cette union
mystique parfaite entre l’Epoux et son Epouse. L’Epoux demande à être posé
comme un sceau sur le cœur et sur le bras de son Epouse. Posé traduit
la délicatesse de cette divine empreinte, en même temps que ce sceau
traduit la pérennité de ces fiançailles célestes, un sceau bien plus fort, bien
plus profond, bien plus durable que tous les tatouages que se font marquer nos
contemporains. N’y en aurait-il pas un pour se faire tatouer un “J’aime Jésus” ?
L’Amour qui scelle ces fiançailles
mystiques est un lien sacré ineffaçable, fort comme la Mort , car comme
la mort anéantit la vie terrestre, de même l’Amour vrai engloutit tout ce qui
est humain, mais en le sublimant. C’est le Feu de l’Esprit Saint, qui a donné
tant de courage aux Saints, aux Martyrs, un feu que les grandes eaux ne
pourront éteindre.
Le psalmiste invite toute la
création à chanter à Dieu cet Amour : les anges, les astres, les êtres vivants,
tous les peuples, les jeunes hommes, les vierges aussi : le texte ne dit
pas “les jeunes hommes avec les vierges”, tandis qu’il poursuit : les
vieillards avec les enfants. Si Dieu aime que les enfants jouent avec
les vieillards, Il aime aussi que les jeunes hommes sachent vivre
séparément des vierges. Délicatement, ici aussi, l’Ecriture invite ceux
qui s’y sentent appelés, à vivre dans la chasteté.
La chasteté est une vertu, un don
de Dieu. Tous n’y sont pas appelés ; de même que tous ne sont pas appelés au
mariage. Beaucoup d’unions échouent, parce qu’elles n’auraient pas dû être.
Beaucoup d’époux aussi et de célibataires regrettent de n’avoir pas répondu à la
vocation de leur adolescence ; ce qui, heureusement, ne les empêche pas de
recevoir la grâce divine pour conduire une sainte vie.
Et même dans la vie consacrée, il y
a beaucoup de demeures (Jn 14:2), toutes valables, toutes saintes,
chacune convenant à telle ou telle vocation. L’épisode évangélique d’aujourd’hui
nous le rappelle : Marthe servait Jésus de tout son cœur, dans les chaudrons de
sa cuisine, Marie servait Jésus en méditant Sa parole. Marthe aussi méditait,
Marie aussi balayait : les vrais contemplatifs restent très actifs ou ils
cessent d’être contemplatifs ; les actifs doivent se nourrir de prière ou ils
deviennent activistes, ayant perdu la paix de l’âme.
Quand Jésus dit que Marie a
choisi la meilleure part, il ne faudrait pas penser que Marie eût fait mieux
que Marthe, qu’elle eût “préféré” s’asseoir paresseusement près du Christ à
regarder sa sœur travailler seule. Dans l’édification d’une maison, on fait
souvent plutôt l’éloge de l’architecte que des humbles ouvriers qui ont
collaboré ; pourtant l’architecte ne travaille pas moins que le maçon, et l’un
ne peut se passer de l’autre. Dans l’évangile, chacune des deux sœurs a
correspondu à la tâche que lui proposait le Christ. Marie est évidemment plus
proche du Christ, comme Jean à la Dernière Cène, et profite de la meilleure
part, mais cette place de Marie ou de Jean n’enlève rien aux mérites du
travail de toutes les Marthe qui servent l’Eglise fidèlement depuis vingt-et-un
siècles.
Alexandrina, qui portait aussi le
nom de la Très Sainte Vierge Marie, a réellement choisi la meilleure part :
comme la Marie de l’évangile, comme aussi bien sûr la Vierge Marie, elle
médita en son cœur (Lc 2:19) la parole de Dieu.
En ce 13 octobre, renouvelons à
Dieu notre amour de l’Eglise et de Jésus-Eucharistie, notre fidélité aux appels
pressants de Marie à Fatima. Regardons la Bienheureuse Alexandrina et
demandons-lui de nous emmener dans le Feu de l’Amour qui brûle dans le Cœur du
Christ.
Voir son extrait
biographique ICI
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