Sainte Angèle naquit à Foligno, à trois lieues d'Assise.
Mariée
fort jeune, elle ne prit point au sérieux ses
devoirs d'épouse et de mère, et
elle connut trop, avec les plaisirs du monde, ses excès et ses désordres. Mais
soudain, au milieu du tourbillon qui l'emportait, Angèle sentit l'aiguillon de
la grâce, vit l'inutilité de sa vie mondaine et dissipée, et comprit les dangers
que courait son salut. L'ennemi des âmes tenta en vain d'entraver sa conversion;
une fois sa confession faite, elle s'élança généreusement dans la voie de la
perfection.
Devenue libre par la mort de son mari, elle entra dans le
Tiers-Ordre de Saint-François. Sa vie dès lors fut remplie de sacrifices et
d'austérités. Un jour qu'elle était tentée de découragement: "Quand il serait
vrai, Seigneur, dit-elle, que Vous m'auriez con-damnée à l'enfer que je mérite,
je ne cesserais de faire pénitence et de demeurer, s'il Vous plaît, à Votre
service." Une fois, après avoir lavé les pieds d'un lépreux, elle proposa à sa
compagne de boire l'eau qui leur avait servi. Surmontant toute délica-tesse, elle
avala toute cette eau fétide: "Je n'ai jamais, disait-elle, trouvé meilleur goût
à aucune liqueur, et cependant j'avais bien senti dans ma bouche les écailles
qui étaient tombées des mains de ce pauvre."
Sa grande grâce fut l'amour de Jésus crucifié. La
contemplation des souffrances du Sauveur lui devint si familière, que la vue
d'un crucifix provoquait spontanément chez elle des torrents de larmes: "Quand
je méditais sur la Passion, dit-elle, je souffrais le supplice de la Compassion;
j'éprouvais dans les os et les jointures une douleur épouvantable et une
sensation comme si j'avais été transpercée corps et âme." Cette grande pénitente
ne fut pas moins admirable par ses visions, ses écrits et ses extases que par
ses vertus.
Abbé L. Jaud
Vie des Saints pour tous les jours de
l'année, Tours, Mame, 1950.
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