Chers amis et frères en
Jésus-Christ ;
Je ne saurais parler de la
naissance de Jésus si je ne vous parle pas de l’annonce faite à Marie, annonce
qui est le « fil rouge » de toute la trame christique, c’est-à-dire, de
l’histoire de notre salut.
En
effet, le Christ n’est pas né d’un « coup de baguette magique », même si sa
naissance est entourée de tant de signes divins et de miracles inexplicables.
Voici donc le texte de
l’Évangile de Luc, où il explique comment Dieu a voulu se servir d’une humble
créature afin que s’accomplisse notre salut :
« Au sixième mois, l'ange
Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès
d'une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de
la vierge était Marie. L'ange entra chez elle, et dit : Je te salue, toi à qui
une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi. Troublée par cette parole,
Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation. L'ange lui
dit : Ne crains point, Marie ; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu
deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de
Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui
donnera le trône de David, son père. Il règnera sur la maison de Jacob
éternellement, et son règne n'aura point de fin. Marie dit à l'ange : Comment
cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme ? L'ange lui répondit :
Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son
ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de
Dieu. Voici, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa
vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois. Car
rien n'est impossible à Dieu ». (Lc. 1, 26-37)
Nous voilà donc renseignés
quant au temps et à l’endroit : Ce fut le « sixième mois », « dans une
ville de Galilée, appelée Nazareth ».
Que se passe-t-il alors ?
« L’ange Gabriel fut
envoyé par Dieu ».
Et à qui fut-il envoyé, ce
grand messager céleste ?
« Auprès d’une vierge
fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ».
Elle s’appelait Marie.
Quand on consulte les Pères
de l’Église, on s’aperçoit très vite que tous, ou presque, ont commenté
l’Évangile de Luc ; et il est fort intéressant de voir la manière — propre à
chacun — dont ils abordent ces premières lignes.
Saint Basile, dans son “Commentaire
sur Isaïe”, nous fait remarquer que les anges ne sont pas envoyés pour de
« petites besognes », mais pour des missions bien importantes, car « les
esprits célestes — selon lui — ne viennent pas à nous de leur propre
mouvement, c’est Dieu qui les envoie lorsque notre utilité l’exige ; car leur
occupation est de contempler l’éclat de la divine sagesse ».
Saint Grégoire le Grand, pour
sa part, explique que l’ange envoyé vers Marie, n’est pas n’importe qui :
« Ce n'est point un ange quelconque, mais l'archange Gabriel qui est envoyé à la
Vierge Marie. Il n'appartenait, en effet, qu'au plus grand des anges de venir
annoncer le plus grand des événements. L'Écriture lui donne un nom spécial et
significatif, il se nomme Gabriel, qui veut dire force de Dieu. C'était donc à
la force de Dieu qu'il était réservé d'annoncer la naissance du Dieu des armées,
du fort dans les combats qui venait triompher des puissances de l'air ».
Et s’il vous venait l’idée de
vous poser la question : pourquoi un si important messager fut-il envoyé à une
si humble vierge, voici ce que pourrait vous répondre saint Jérôme dans son
“Sermon sur la Dormition” :
« C'est avec raison qu'un
ange est envoyé à une vierge ; car la virginité a toujours été unie par des
liens étroits avec les anges. En effet, vivre dans la chair, sans obéir aux
inspirations de la chair, ce n'est pas la vie de la terre, c'est la vie du
ciel ».
Mais il n’est pas le seul à
pouvoir vous répondre, à pouvoir vous expliquer le pourquoi d’un si grand
honneur échu à Marie. Écoutez saint Augustin, le grand évêque d’Hippone :
« La virginité seule était
digne d'enfanter celui qui, dans sa naissance, n'a pu avoir d'égal. Notre chef,
par un miracle éclatant, devait naître d'une vierge selon la chair, et figurer
ainsi que l'Église vierge donnerait à ses membres une naissance toute
spirituelle » (De la sainte Vierge,
chap. 15).
Je comprends qui vous
puissiez sourire de la notion de virginité qui ressort de ces textes, surtout
quand il est dit que la vierge en question
« était fiancée à un homme de la maison de David,
nommé Joseph ».
En effet, à notre époque, nul
n’y attache, malheureusement, aucune importance ; je dirais même que la
virginité est tournée en ridicule par la plupart des hommes et des femmes de
notre temps… Qui croirait, de nos jours, que deux fiancés puissent rester
chastes dans leur amour, vierges dans leur vie au jour le jour ? Et pourtant,
vous pouvez me croire, que nul cadeau est plus beau pour deux fiancés qui se
marient, que de s’offrir l’un à l’autre, le jour de leurs noces, leur virginité
mutuelle !…
Il est loin, mes amis, le
temps où l’on pensait que « ce noble idéal de la virginité, précieux à tous
ceux qui situent le beau dans la pureté, échoit à ceux-là seuls que la grâce
bienveillante de Dieu assiste dans le combat pour réaliser leur bon désir »
(Grégoire de Nysse : De la virginité ; chap. 1). En effet, notre temps est
« infesté » par les « fumées de Satan » et, tout porte à croire que cela ira de
mal en pire, car je pense que nous sommes arrivés à cette période néfaste que le
Christ a vue et pour laquelle il s’est interrogé :
« À mon retour, trouverai-je la foi sur la
terre ? »
Mais, revenons à Gabriel et à
sa « salutation à Marie ». Que lui dit-il, ce grand messager ?
Il commence par une politesse
toute divine, toute respectueuse :
« Je te salue, toi à qui
une grâce a été faite ; le Seigneur est avec toi ».
D’autres traductions disent : « Je te salue,
pleine de grâce ; le Seigneur est avec toi ».
Quoi qu’il en soit, toutes
deux nous rappellent cette belle prière que nous récitons chaque jour, plusieurs
fois — je suis persuadé que vous récitez le chapelet — dans la journée, rendant
ainsi un hommage filial à Celle qui, en plus d’être la Mère de Jésus, est aussi
notre Mère.
Il ne serait pas étonnant
qu’en disant cela, l’ange Gabriel se fût incliné devant cette jeune fille que le
péché originel, par une grâce d’exception, n’avait pas souillée.
Cette annonce trouble Marie,
car même si elle savait — elle fut élevée au Temple et connaissait donc les
Écritures Saintes — que le Messie devait naître, elle ne pensa certes pas un
seul instant que l’honneur de cette maternité lui échouerait.
Mais l’ange la rassure :
« Ne crains point, Marie ; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu
deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de
Jésus ».
Il aurait encore pu lui dire,
comme nous l’explique saint Augustin : « Il est avec toi plus qu’il n’est
avec moi ; car il est lui-même dans ton cœur, il s’incarne dans tes entrailles,
il remplit ton âme, il remplit ton sein ». Mais, Marie n’aurait peut-être
pas compris…
Il faut avouer qu’elle avait
le droit de s’étonner d’une telle annonce ; elle qui était vierge et comptait
probablement le rester.
Sa réaction sera toute
naturelle et en conformité avec son éducation ; elle questionne étonnée :
« Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme ? ».
Autrement dit : Comment cela sera-t-il possible car je suis vierge et entends le
rester ?
Aussitôt l’Ange Gabriel la
rassure, lui explique comment cela va se passer :
« Le Saint-Esprit viendra
sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. »
Donc le fait que l’Esprit
Saint vienne sur Elle et que la puissance de Dieu la couvre de son ombre fait
engendrer dans le sein de la Vierge l’Être qui est au-dessus de tout Être.
« C’est pourquoi, poursuit l’Ange, le saint enfant qui naîtra de toi sera
appelé Fils de Dieu ».
Cette puissance divine
n’annihile nullement l’état “physique” de Marie, bien au contraire, l’élève au
niveau céleste, la rend plus grande que les Anges eux-mêmes.
Il est bon ici de se souvenir
que la « la vierge était fiancée à un homme de la maison de David, nommé
Joseph » et de rappeler un autre fait qui me semble important et que saint
Ambroise de Milan, dans son commentaire à l’Évangile de Luc, sous-entend : les
paroles de l’ange et les réponses de Marie, au sujet de la virginité :
« La virginité de Marie ― explique
le saint Évêque de Milan ― devait
tromper le prince du monde, qui, la voyant unie à un époux, n'a pu se méfier de
son enfantement. »
Pour que le prince du monde
ait été trompé, il fallait que les paroles, aussi bien celles de l’Ange Gabriel
que celles de Marie, restassent dans le domaine de la locution intérieure ― sorte
de transmission de pensée, en extrapolant un peu ―,
car le diable n’est pas autorisé par Dieu à lire dans la pensée humaine. Il peut
faire des suggestions, et il ne s’en prive pas, mais il ne peut, en aucun cas,
lire la pensée de l’homme. Car s’il avait pu entendre la salutation de l’Ange
Gabriel à Marie, il n’aurait pas eu de doutes sur les origines de Jésus ; il
n’aurait pas dit plus tard, lors de la tentation au désert : “Si tu es le
Fils, jette-toi en bas” (Mt. 4, 6). Le “si” employé ici porte à croire ou
même atteste que Satan ne savait pas encore, à ce moment-là ― en
tout cas au début de la tentation ― que
Jésus était le Messie, le Fils de Dieu.
Cette interprétation semble
corroborer celle du saint Docteur de l’Église, car il écrit peu après :
« Cette locution ne doit pas nous donner à croire que la parole soit servie
plutôt qu'entendue. Il ne s'agit pas d'une parole articulée », donc, il
s’agit probablement d’une locution intérieure, comme je l’ai dit plus haut, qui
ôtait à Satan toute possibilité d’intervention et de persécution envers Marie et
l’Enfant qu’elle allait désormais porter en son sein.
Mais, revenons au texte de
saint Luc. L’Ange dit encore à Marie : « Voici,
qu’Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et
celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois. Car rien n'est
impossible à Dieu ».
L’Ange qui lui annonce que
« sa parente Élisabeth a conçu un fils en sa vieillesse » termine son
message par une phrase évidente, mais que l’on oublie bien souvent :
« Car rien n'est impossible à Dieu ».
Je vous invite, mes amis, à
méditer ces paroles qui à elles seules expliquent tant de choses dont nous
sommes témoins mais que notre esprit cartésien et obtus refuse bien souvent de
croire.
Que la paix et l’amour de
Jésus-Christ habitent vos âmes et vos cœurs. Amen.
Alphonse Rocha
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