« Antoine-Marie
Gianelli est né en Ligurie, le 12 avril 1789. Devenu prêtre, il se
distingua comme missionnaire et comme prédicateur populaire ; il
enseigna aussi la rhétorique dans les Petits Séminaires de
Gênes
et de Chiavari, où il fonda en 1829 la Congrégation des Figlie di
Maria Santissima All'Orto, dont les activités sont consacrées à
l'éducation de la jeunesse féminine et aux soins des malades
(Italie, Amérique du Sud, Asie, Jérusalem). Le bienheureux Gianelli
devint évêque de Bobbio en 1838 et mourut à Plaisance Ie 7 juin
2846. Il avait été béatifié par Pie XI le 19 avril 1925.
Antoine-Marie Gianelli,
doué naturellement d'une riche nature, l'enrichit des dons de la
grâce et des progrès de la science et de la vertu, si bien que, dès
sa jeunesse, on put présager qu'il parviendrait à un haut degré dans
la sainteté et qu'il produirait les meilleurs fruits de salut. Elevé
au sacerdoce, il passa de nombreuses années à éduquer comme maître
et comme directeur, de jeunes clercs dont le développement faisait
l'espoir de l'Eglise, plus remarquable à leurs yeux par l'exemple de
sa sainteté que par l'autorité de son magistère. Chargé ensuite
d'une très grande paroisse à Chiavari, il se dévoua tout entier au
salut des âmes. Sa charité envers les pauvres, les malheureux et les
malades le fit appeler le père de tous ; son zèle courageux et
infatigable, un « homme de fer ». Ensuite la dignité épiscopale qui
lui fut conférée ayant ouvert un champ plus vaste à son activité, il
s'y montra rempli de sagesse et de vertu, non moins que de prudence
dans les affaires, prudence acquise par l'expérience. Il s'appliqua
à former ses jeunes clercs à la piété et à la discipline, à diriger
ses prêtres, à les gouverner et à les pousser d'une façon salutaire
et activé vers toutes les bonnes oeuvres ; il entreprit lui-même les
saintes prédications au peuple, qu'on désigne sous le nom de
missions, ou il en fit prêcher le plus souvent possible par ses
collaborateurs ; le tout avec un grand succès. Par-dessus tout, il
eut à coeur que tous, au milieu des temps troublés que l'on
traversait, entraînés par son exemple, restent très attachés au
Saint-Siège.
Il fut en outre le
fondateur d'une Congrégation de religieuses, dont le but était
d'élever chrétiennement la jeunesse et de soigner les malades et les
vieillards dans les hôpitaux et les hospices avec cette bonté
qu'inspire la charité chrétienne. A la fin, ceux qui le voyaient
tellement accablé et fatigué le reprenaient doucement et il leur
répondait que le prêtre n'avait que deux lieux de repos, la tombe
pour son corps et le paradis pour son âme.
*****
Si l'on veut suivre le
chemin et l'ascension de saint Antoine-Marie Gianelli, de la modeste
petite maison natale au palais épiscopal de Bobbio, le souvenir du
Bienheureux Pie X revient naturellement à la pensée. Pauvre et fier
de sa pauvreté, il l'aime et en fait la compagne de toute sa vie.
Il renonce à tout ce
qui aurait pu contaminer avec l'esprit du siècle son amour pour sa
famille, amour qu'il n'étouffe pas mais qu'il transfigure. Il aurait
regardé comme un acte d'odieux népotisme toute démarche pour
promouvoir le bien matériel ou l'honneur mondain des siens, mais, il
veut auprès de lui, avec une tendresse filiale, sa pauvre et
toujours humble mère. Rien n'est plus émouvant que l'exemple de cet
évêque qui, pleinement soucieux de ses devoirs de fils, entièrement
appliqué à ses devoirs de pasteur et de père, écrit au chevet de sa
mère mourante, une de ses plus belles lettres de direction
spirituelle.
Il est, en effet, un
maître de la vie spirituelle, une de ces âmes privilégiées, qui
reversent sur les autres la surabondance de la vie divine fermentant
dans leur esprit et dans leur coeur. Tout son être est une réponse
triomphante à ceux qui voudraient trouver dans l'agitation d'un zèle
sincère mais indiscret, une excuse ou un prétexte pour déserter la
contemplation au bénéfice de l'action. L'histoire ne désigne-t-elle
point les plus actifs et féconds apôtres comme les plus grands
contemplatifs ? Notre saint est un des leurs.
Contemplation et
mortification, fidélité aux devoirs de son état et de la mission
reçue, c'est tout ce que Dieu attend de ceux dont il veut faire ses
apôtres ; le résultat, c'est Lui-même qui s'en charge. Or, à la
prière et à l'union avec Dieu, le saint évêque associe, à un haut
degré, la mortification intérieure et extérieure, dans son activité
apostolique comme dans sa vie privée. Le témoignage en a été rendu
par ceux qui, en raison de leur condition et de leur charge, étaient
en mesure de surprendre le secret de ses âpres austérités
personnelles ; ou qui le voyaient dans les missions et dans les
processions de pénitence, pieds nus, une corde au cou et le front
ceint d'épines, ou se flagellant sévèrement. Et comme si tout cela
n'eût point suffi, aux afflictions volontaires et spontanées,
viennent s'ajouter celles dont Dieu le comble. Rien ne lui est
épargné : hostilité, contradictions, soupçons, calomnies,
persécutions ; même pas l'abandon et l'apostasie de son plus cher
disciple, dont l'émouvante conversion, bien plus tard, fut le fruit
de ses prières et de ses larmes.
Personne ne peut suivre
le Maître divin, ni participer à son oeuvre de salut, s'il ne porte
après Lui la croix, sa propre croix, proportionnée, adaptée, ajustée
à son destin providentiel. Celle de saint Antoine-Marie Gianelli a
pesé de tout son poids sur ses épaules, prenant, comme la Croix de
Jésus, tous les aspects, parce que la mission qui lui est confiée
s'étend à tous et à toutes. L'objet direct de cette mission ? C'est
l'enseignement, l'éducation, le gouvernement, l'administration,
parce que là encore, il est apôtre. Sa manière ? Fortiter et
suaviter ; la douceur et la fermeté, soutenues au prix des plus
graves sacrifices, tempérées seulement par la charité pour la gloire
et le service de Dieu et pour le plus grand bien des âmes. Son champ
d'action ? Les collèges, séminaires, paroisses et diocèses. Son
extension ? Bien au-delà de ce qu'il peut faire et fait par
lui-même, les prêtres et les religieux formés par lui, les
missionnaires et les oblats, tant qu'ils durent, font rayonner et
comme se multiplier son activité personnelle. Son oeuvre préférée,
les Soeurs « Filles de Notre-Dame de l'Orto », formées à son école
et à son exemple, étendent efficacement son influence salutaire,
surtout parmi les catholiques de toute condition et de tout niveau.
Ignace de Laconi,
François Xavier Marie Bianchi, Antoine Marie Gianelli sont là
vraiment trois apôtres de la meilleure trempe. Ils en ont les
caractères naturels, qui les font semblables, alors qu'ils ont
avancé et travaillé dans des voies bien différentes, manifestant
ainsi la grâce multiforme de Dieu. Chers fils et filles, que la
reconnaissance, la dévotion, l'esprit filial ont réunis autour de
vos trois saints, rappelez-vous que, bien que dans les activités et
les circonstances les plus variées, Dieu vous appelle tous à
l'apostolat. Pour répondre à l'invitation divine, efforcez-vous,
dans la mesure de la grâce accordée à chacun et à chacune de vous,
de progresser toujours dans l'esprit de prière et d'abnégation, et,
avec cet esprit, appliquez-vous à remplir chaque jour les devoirs de
votre état. En cela les trois nouveaux saints et encore plus
hautement saint Joseph, l'époux de la Bienheureuse Vierge, dans
l'obscurité de son humble métier, Marie, Reine des Apôtres, Jésus,
Rédempteur du monde, sont vos modèles et, en même temps, vos
intercesseurs pour vous obtenir les plus hautes grâces de Dieu, en
gage desquelles Nous vous donnons, à vous, à tous ceux que vous
représentez et à toutes les personnes et les choses qui vous sont
chères, Notre Bénédiction apostolique. »
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