Les 3 Archanges

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Les Archanges
Michel, Gabriel et Raphaël

Saint Michel

Généralement appelé Michel dans notre langue, le plus fameux des Mikaël bibliques (ou Michaël : “Qui est comme Dieu”) est l'un des trois anges dont les noms sont cités dans les livres canoniques.

La tradition judéo-chrétienne reconnaît l'archange Mikaël dans le “chef des armées de Yahvé” qui apparaît à Josué près de Jéricho[1], et déjà dans “l'Ange de Yahvé” qui marche devant le peuple de l'Exode[2]. N'est-il pas en effet “le chef d'Israël” ?[3] Son “ange gardien” en quelque sorte, la Providence ayant doté chaque nation d'un tel “prince”[4]. C'est dans ce rôle de protecteur du peuple israélite que Mikaël affronte par exemple “le chef des rois de Perse”[5], c'est-à-dire l'ange affecté à leur royaume ; au même titre, il pourra être appelé à “fortifier” tel de ses auxiliaires angéliques dans les missions afférentes aux conflits entre Perse et Grecs (Yawan) évoqués par Daniel[6].

On retrouvera, nommément cité, ce même protecteur céleste dans la figure du “grand chef” surgi “au temps de détresse” que connut Israël sous Antiochus Epiphane[7]... Image du “temps de détresse” qui précédera la résurrection des morts à la fin des temps, et la Venue du Seigneur[8]. Stratège du Royaume éternel en lutte contre les forces du mal, champion de la vraie “force tranquille” fondée sur la justice et la sagesse divines, tel que le montre Jude évoquant un débat qui l'oppose au diable “à propos du corps de Moïse”[9], ou chef de guerre vigoureux à la tête de l'armée des anges et vainqueur du Dragon de l'Apocalypse[10], Mikaël est sans doute aussi “l'archange” dont la voix annoncera le suprême avènement du Christ à la fin des temps[11].

Protecteur du peuple de Dieu dès l'ancienne Loi, il est tout naturellement tenu pour celui du nouvel Israël. Dès les premiers âges du christianisme jusqu'à nos jours, l'Eglise militante eut recours à son patronage : Rome (au VI° siècle) après Byzance (au IV° siècle), lui dédiait une basilique où "sa fête" était célébrée le 29 septembre[12]... jour choisi par Paul VI pour l'ouverture du concile de Vatican II en 1963. “Fille aînée” de l'Eglise, la France n'est pas en reste. Deux manifestations célèbres de l'archange marquent son histoire. Celle de 708, auprès d'Aubert évêque d'Avranches, est à l'origine de l'abbaye érigée sur le mont Tombe et devenue sous Philippe Auguste “la Merveille” où tous les rois de France firent pèlerinage. Puis celle qui définit la mission libératrice de Jeanne d'Arc, à qui “saint Michel” se présentait lui-même en défenseur du royaume des lys... Celui-ci lui en sut gré au cours des âges : plus de cinq cents communes françaises furent vouées à son patronage, et soixante-sept portent encore son nom[13].

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Saint Michel prépare le temps où ce seront de simples bergers (telle Jeanne d'Arc) qui guideront les peuples et non les intelligentsia égoïstes et fières, rompues à la malice, étrangères à l'amour.

Saint Michel a pour mission de séparer le chaud du froid, le saint du corrompu, le bon grain de l'ivraie. Mollesse, tiédeur, apathie, lâcheté, sont jugées et fendues pour départager la lumière des ténèbres.

Combien de conjurations ténébreuses, combien d'acoquinements complaisants par l'or, le pouvoir, le sexe, la spiritualité facile, avec la Bête dominatrice ! Pleine de promesses et de fascination, elle a ce pouvoir d'enrager les brebis et de les faire hurler avec les loups qui les dévorent.

Combien de raisonnements hautains et pervers réduits d'un coup par l'humilité obéissante du Lieutenant de Dieu !

Sans son appui, comment demeurer fidèle au Christ ? Ange de la décision et ... du martyre, le glaive au poing, il accompagne indéfectiblement l'homme qui a choisi[14].

Saint Gabriel

Avec Raphaël et Mikaël (ou Michel), Gabriel compte parmi les trois anges auxquels l'Ecriture donne un nom; le sien signifie “homme de Dieu” ou “Dieu s'est montré fort”.

Dans l'Ancien Testament, le livre de Daniel dit d'abord que Gabriel est appelé par une voix céleste à expliquer au prophète sa “vision du bélier et du bouc”, dont l'interprétation est en effet proposée ;[15] puis il le montre chargé d'une mission de même nature pour éclairer d'un jour neuf un oracle de Jérémie[16], repris par le Chroniste[17], et désormais connu sous le nom de “Prophétie des soixante-dix semaines”[18] (d'années).

Dans le Nouveau Testament, l'évangile de Luc fait nommément de Gabriel le premier messager de la Bonne Nouvelle : il informe le prêtre Zacharie de la prochaine naissance d'un fils[19], qui sera Jean-Baptiste, le précurseur du Christ, puis porte à la Vierge Marie l'annonce du choix divin dont elle est l'objet et qui va faire d'elle la mère de Jésus, le Messie promis[20].

Du passage de Daniel évoquant “le vol rapide” de ce messager de Dieu [21] a pu naître l'image des ailes attribuées aux anges, que le Livre d'Hénoch (apocryphe) rendra familière dans le judaïsme dès les deux derniers siècles de l'ère ancienne. Et tous les chrétiens reconnaissent dans les premières paroles de l'Ave Maria la salutation angélique adressée à la mère du Sauveur : “Salut, pleine de grâce ! Le Seigneur est avec vous...”[22] La tradition judéo-chrétienne place Gabriel au nombre des “sept [esprits] qui se tiennent devant la gloire du Seigneur” :[23] les archanges[24].

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Mais c'est surtout au culte de la Sainte Vierge que se trouve particulièrement lié le culte de Gabriel. Dès que l'Eglise entonne les louanges de la reine du Ciel, Gabriel apparaît. Il vient prêter ses paroles, inspirer les chants, attiser les saintes ardeurs, animer la foi et la confiance dans les âmes. La prière de la terre, si la prière de ce prince du Ciel ne l'accompagnait pas, résonnerait moins agréablement à l'oreille de la Reine des Anges et des hommes. Qu'elle est touchante cette modeste supplication de l'Eglise conjurant Marie de recevoir le salut que ses enfants lui adressent comme des lèvres de Gabriel lui-même : “Sumens illud ave — Gabriel ore !”[25]

Saint Raphaël

Ce nom, qui signifie “Dieu a guéri”, est celui, dans le texte grec, d'un des ancêtres de Tobit[26]. Mais il désigne surtout un ange, “un des sept qui se tiennent et entrent devant la gloire du Seigneur”[27], l'un des archanges de la tradition judéo-chrétienne. Sous le nom d'emprunt d'Azarias, il se présente à Tobie et s'offre à le conduire en Médie, chez Gabaél qu'il déclare très bien connaître. Pour donner confiance à Tobit, il s'annonce comme le fils d'un de ses amis[28]. Tout au long du voyage il guide le jeune homme et lui prodigue les conseils ; il l'invite à s'arrêter à Ecbatane, chez Ragouél, et à demander la main de la fille de son hôte ; pour déjouer les maléfices du démon Asmodée, qui a déjà tué, avant même que le mariage soit consommé, les sept précédents maris de Sara, Raphaël enseigne à Tobie un moyen infaillible : il faut brûler le cœur et le foie d'un certain poisson que Tobie a grâce à lui capturé et la fumée écartera tout esprit mauvais[29]. Seul, après le mariage de Tobie, Raphaël achèvera le voyage à Raguès d'où il ramènera, non seulement l'argent dû par Gabaèl mais Gabaèl lui-même, invité aux noces[30]. Au retour à Ninive, on frottera du fiel du même poisson les yeux du vieux Tobit devenu aveugle, ce qui lui rendra la vue[31]. Le miracle illumine le coeur du pieux vieillard qui chante alors les louanges de Dieu et la splendeur de la Jérusalem à venir[32]. Et Raphaël remonte “vers Celui qui l'a envoyé”[33]. Le nom de cet ange n'apparaît pas ailleurs dans la Bible, mais on le trouve dans l'apocryphe Livre d'Hénoch[34].

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Raphaël est un séraphin, et c'est aussi le chef des anges gardiens, l'ange de la providence qui veille sur toute l'humanité. Son nom signifie “divin guérisseur” ou “Dieu guérit”. On le représente souvent en compagnie d'un jeune homme, Tobie, et de son chien : il voyage avec eux et les accompagne aussi fidèlement que le compagnon céleste que l'on trouve dans les contes de fées. Il s'occupe tout particulièrement des pèlerins : non seulement ceux qui sont en voyage, mais tous ceux dont la démarche conduit à Dieu. Par conséquent, il marche avec un bâton, des sandales, une gourde et une besace retenue par une bandoulière autour de son épaule. C'est un être bienveillant. Voici la description que Milton donne de Raphaël dans “Paradis perdu” : “Couché en position de vol, il se déplace à toute vitesse à travers la vastitude du ciel éthéré. Il vole à tire-d'aile d'un monde à l'autre avec ses ailes étendues ; tantôt on l'aperçoit dans les vents polaires, tantôt d'un coup d'ailes il file en sifflant jusque dans l'air moite[35].”

 

SOURCE : http://spiritualite-chretienne.com/anges/ange-gardien/hierar03.html


[1] Jos. 5,13-15.

[2] Ex. 14,19 ; 23,20-23 ; 32,34 ; 33,2.

[3] Da. 12,1.

[4] Ecq. 17,17 ou 14 selon les versions ; cf Dt. 32,8 du texte grec.

[5] Da. 10,13.

[6] Da. 10,20-21 et 11,1b.

[7] Da. 12,1-3.

[8] Cf. Mt. 24,21-22 et 29-31 ; Mc. 13,19-20 et 24-27 ; Lc. 21,23 et 25-27 ; 1Th. 4,14-17 ; cf. 1Cor 15,22-23.

[9] Jude 9.

[10] Ap. 12,7-9.

[11] 1Th. 4,16.

[12] La saint Michel est aussi célébrée le 8 mai, anniversaire d'une apparition de l'archange en 491 sur un éperon du massif du Gargano (aujourd'hui Monte S. Angelo, sur le littoral des Pouilles); les Français se souviennent que cette date du 8 mai fut celle de la libération d'Orléans qui inaugurait la mission de Jeanne d'Arc en 1429, et de l'armistice conclue à Reims en 1945, qui mettait fin à la seconde guerre mondiale en Europe.

[13] André-Marie Gérard, Dictionnaire de la Bible, Paris, Robert Laffont, Coll. Bouquins, 1989.

[14] Marc Lorient, Introduction à Saint Michel "Qui est comme Dieu", Prières, 1996. © Editions Bénédictines - Rue E. Guinnepain - 36170 Saint-Laurent-du-Sault – France.

[15] Da. 8,1-26.

[16] Cf. Jr 25,12 et 29,10 ; cf. Da. 9,2.

[17] 2Ch. 36,21.

[18] Da. 9,21-27.

[19] Luc 1,11-20.

[20] Luc 1,26-38.

[21] Da. 9,21.

[22] Luc 1,28.

[23] Tb. 12,15 et Ap. 8,2 ; cf. Luc 1,19.

[24] André-Marie Gérard, Dictionnaire de la Bible, Paris, Robert Laffont, Coll. Bouquins, 1989.

[25] Père E. Baffie, L'Archange saint Gabriel, in L'Immaculée et Saint Gabriel, 1999, © Editions Bénédictines, Rue E. Guinnepain - 36170 Saint-Benoît-du-Sault - France.

[26] Tobie 1.1.

[27] Tobie 12.15 ; cf. Apocalypse 8.2.

[28] Tobie 5.13-14 ou 18-19 selon les versions.

[29] Tobie 6.

[30] Tobie 9.

[31] Tobie 11.

[32] Tobie 13.

[33] Tobie 12.20.

[34] André-Marie Gérard, Dictionnaire de la Bible, Paris, Robert Laffont, Coll. Bouquins, 1989.

[35] Sophy Burnham, Le livre des anges, Marabout, Alleur, Belgique, 1994. Traduit de l'américain par Alain Bories.

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