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Les prêtres continuent de perpétuer Sa présence
dans l’Eucharistie
Le grand moment de la Séparation
est arrivé : voici l’Ascension. Quarante jours, déjà, sont passés depuis la
Résurrection. Jésus est apparu maintes fois aux uns et aux autres, les préparant
à ce grand Jour, leur annonçant la venue de l’Esprit Saint, les instruisant sur
la conduite de l’Église.
Toute séparation d’un être cher
coûte, et l’on ne peut reprocher aux Apôtres d’éprouver des sentiments de
tristesse, ou même de doute, au moment où leur Maître va les “quitter”.
L’évangéliste Matthieu rapporte que “certains eurent des doutes” ; Jésus
le leur reproche-t-il ? Non, car Il comprend bien leurs sentiments, mais Il les
réconforte par des paroles pleines de force pour les encourager à dépasser ce
moment, à aller au-delà de leur réaction psychologique : ils doivent aller
partout, et baptiser dans toutes les nations. Et voici cette promesse pleine de
consolation, qui vaut pour nous aussi : “Je suis avec vous tous les jours
jusqu’à la fin du monde”. Oui, Jésus est avec nous, parce que même
invisible, il est présent au milieu de nous autant qu’il est à la droite de Son
Père ; Il est présent parce qu’Il nous envoie l’Esprit divin ; et surtout Il est
présent parce que les prêtres continuent de perpétuer Sa présence dans
l’Eucharistie et de répandre Sa grâce dans les sacrements.
Est-il nécessaire de rappeler que,
dans l’Église catholique, les prêtres ont pris depuis très longtemps l’habitude
de célébrer les Saints Mystères chaque jour ? de rappeler aussi que cette
présence de Jésus dans le Tabernacle est manifestée par une lumière ou une
flamme constamment allumée ? Cette pratique est même une tradition d’origine
apostolique.
On s’étonnera que Matthieu parle de
Galilée, tandis que Luc, l’auteur des Actes des Apôtres, parle de Béthanie, qui
est tout près de Jérusalem. On pourra très vraisemblablement comprendre que
Jésus ait rencontré ses Apôtres “aussi” en Galilée, avant de les revoir près de
Jérusalem ; d’ailleurs dans l’Évangile de Jean, il est dit que les Apôtres
étaient revenus au lac de Tibériade, où ils pêchaient : ce n’est pas dans les
eaux salées de la Mer Morte, près de Jérusalem, qu’on pouvait trouver beaucoup
de poissons...
Donc les Apôtres sont revenus à
Jérusalem. Décidément, ils ont parfois du mal à comprendre comme il faut tout ce
que Jésus leur dit ; c’est bien humain. Encore au moment de se dire un dernier
Adieu (A Dieu), certains demandent si ce royaume d’Israël est pour maintenant :
ils pensent encore à un royaume terrestre, à la libération de l’occupation
romaine. On peut les comprendre, mais Jésus ne leur fait aucun reproche
là-dessus (Quelle patience !). Mais sa réponse couvre toutes leurs aspirations
et les dépasse : ce “Royaume”, il va arriver, oui, jusqu’aux extrémités de la
terre, et ils en seront les acteurs, grâce au baptême de feu qu’ils vont
recevoir le jour de la Pentecôte. Ainsi, ces occupants romains, comme les Juifs
de Judée, comme les Samaritains, tous vont connaître le vrai, l’unique Royaume,
le Royaume du Cœur du Christ, et bientôt tous ne feront qu’une seule Église.
Dans l’extrait aux Éphésiens, saint
Paul chante cette Église qui est le Corps du Christ : comme la Tête a reçu
“force, pouvoir, vigueur” en ressuscitant et en s’asseyant à la droite du
Père, le Corps a à son tour reçu la grâce d’une espérance immense, d’une
“gloire sans prix”.
Les “deux hommes en vêtements
blancs” qui apparaissent aux Apôtres les appellent “Galiléens”, un peu comme
s’ils nous appelaient franciliens, ou bretons, ou auvergnats, ou basques… Il est
difficile d’effacer notre appartenance à la terre de notre enfance, et les
Apôtres ont dû être agréablement réconfortés de s’entendre nommer par leur terre
d’origine, surtout ceux qui doutaient juste avant. Mais en même temps, ces anges
les encouragent : Ne restez pas là, allez…
Au moment de l’ascension, Jésus
s’élève et disparaît dans une nuée. Il ne “disparaît” pas, ce sont les yeux
humains qui ne peuvent plus Le voir, ni Le suivre. S’élever dans les airs est
une marque de la glorification du corps du Christ ; les apparitions authentiques
ont toujours cette caractéristique. Instinctivement, nous levons tous les yeux
en pensant au Ciel : ce n’est pas que le Ciel soit au-dessus de nos têtes, parce
que Dieu est partout avec nous, mais cette référence ascendante nous aide à nous
détacher du visible, du tangible, comme les Apôtres, pour nous orienter avec
détermination vers le vrai Royaume de Dieu, qui demande de nous une conversion
totale et un vrai détachement intérieur des biens d’ici-bas.
Qui veut rester uni au Christ, doit
en effet se souvenir que nous ne vivons pas pour jouir de la terre ; notre vie
humaine est très brève, nous n’aurons que le temps de nous préparer à rencontrer
le Christ glorieux : manger, dormir, étudier, sont nécessaires pour soutenir ce
petit corps mortel, ce corps qui abrite une âme immortelle ; même si la durée de
vie s’allonge ― et ce n’est pas forcément une nécessité ni un bienfait ― la
primauté doit rester à nourrir notre vie de la Vie divine : être doux et humbles
de cœur, loin de toutes ambitions humaines, de toute rivalité, de toute
vengeance ; comme Jean-Baptiste : “Il faut qu’Il grandisse, et que je
diminue” (Jn 3:30).
Viens, Esprit Saint, remplis le
cœur de tes fidèles !
Abbé Charles Marie de Roussy
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