Saint Aubin
naquit au diocèse de Vannes. Son enfance, prévenue de toutes les
grâces du Seigneur, fit
présager sa sainteté future; il ne connut du
jeune âge ni la légèreté, ni les défauts, et dès qu'il put marcher,
ce fut pour aller à Dieu et Le prier à l'écart, loin du bruit, dans
la compagnie des Anges.
De tels débuts
montraient assez que le pieux Aubin n'était point fait pour le
monde; au grand désespoir de sa noble famille, on le vit un jour
quitter le foyer paternel et prendre le chemin du monastère. Là, ses
veilles, ses jeûnes, ses oraisons l'élevèrent bientôt à une telle
perfection, qu'il dépassait de beaucoup les plus anciens et les plus
fervents religieux.
On admirait
surtout son recueillement continuel. Ses yeux ne s'ouvraient que
pour Dieu; dans le monastère, il ignorait ce qui se passait autour
de lui, et au dehors, quand il devait sortir, il se faisait dans son
cœur une délicieuse retraite, où il continuait ses entretiens
célestes.
Un jour, l'abbé
du monastère l'envoya dans un village voisin. Pendant qu'il
s'acquittait de sa mission, il tomba, sur la maison où il était
venu, une telle quantité de pluie, que le toit s'entrouvrit et que
toutes les personnes présentes furent trempées: Aubin seul, à
l'admiration de tous, fut épargné; il ne tomba pas sur lui une
goutte d'eau.
Abbé du
monastère à trente-cinq ans, il fit revivre parmi ses frères la
ferveur des premiers temps et les amena, par sa douceur et son
exemple, à une perfection rare, même dans les plus austères
couvents.
Mais l'évêque
d'Angers étant venu à mourir, le clergé et le peuple de ce diocèse,
auxquels était parvenu le renom de la sainteté d'Aubin, l'élurent
unanimement, et il dut courber ses épaules sous le lourd fardeau de
l'épiscopat.
S'il était
possible de connaître, parmi tant de vertus qu'il pratiqua dans sa
vie nouvelle, quelle était sa vertu dominante, on dirait que ce fut
la charité. Elle était, en effet, sans bornes pour les malheureux,
pour les prisonniers, pour les malades, pour les pauvres, et souvent
Dieu la récompensa par les plus frappants miracles. En voici un
exemple:
Le charitable
pasteur se rendit un jour aux prisons de la ville pour en retirer
une pauvre dame, poursuivie par ses créanciers. Devant le Saint, les
gardiens s'écartent pour lui laisser passage; un seul veut lui
refuser obstinément l'entrée; mais le Pontife souffle sur le visage
de cet insolent, qui tombe mort à ses pieds; puis il va délivrer la
prisonnière et payer ses dettes.
Abbé L. Jaud
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame,
1950. |