Bartolo fut le seul
fils de Jean et de Justine, comtes de Bompedoni. Son père, pour
assurer la continuité de la famille, voulait le voir bientôt marié.
En fait, Jean voulait trouver pour son fils une femme de bonnes
qualités,
méritant de porter leur titre de noblesse et possédant un certain
patrimoine. Mais ce programme pour son avenir ne fut guère apprécié
par Bartolo, alors il quitta la maison et s’en alla à Pise, où il
fut accueilli par les Bénédictins de Saint-Guy, mais non pas comme
un aspirant moine : il ne se pressa pas à décider sur cette
éventualité : il décidera plus tard, après mûre réflexion. Pendant
ce temps, il servit le monastère comme infirmier auprès des malades.
Mais une nuit, il fit
un rêve, ou plus probablement il eût une vision. Il vit Jésus
ressuscité, son corps tout couvert de plaies qui lui dit : “Pour
faire ma volonté, tu ne dois pas devenir moine ; mais tu dois vivre
dans la souffrance pendant vingt ans”. Ayant reçu cet “avis”,
Bartolo quitta le monastère et Pise, et s’en alla à Volterra, où il
entra dans le Tiers-Ordre franciscain.
Un jour, l’évêque de
Volterra l’appela et lui demanda de devenir prêtre au service de son
diocèse. Bartolo accepta, il fut ordonné prêtre et commença son
ministère comme chapelain à Paccioli, puis il fut nommé à Picchena,
comme curé.
Mais voilà qu’il tomba
gravement malade : Bartolo avait la lèpre. Le voilà arrivé au moment
de l’épreuve : son service envers Dieu consistera désormais à
consoler et à aider les malades, ceux qui étaient atteints de la
même maladie que lui : il était l’un des leurs.
Bartolo alla vivre dans
un endroit où il pourrait accueillir ses compagnons d’infortune,
rejetés par la société et parqués dans une léproserie de fortune,
dans un village proche, celui de Cellole. Il s’y installa, en
qualité de recteur et y exerça — dans la souffrance — son apostolat
pendant vingt-ans, comme le Seigneur le lui avait prédit quelques
années auparavant.
Isolé, certes, mais
bientôt connu à cause du mal qui le rogne et par la manière héroïque
de vivre son quotidien, il est admiré de tous, y compris des bien
portants, qui n’hésitent pas à l’appeler “le Job de la Toscane”. Il
n’accomplit pas de miracles, mais il est lui-même un miracle, par sa
joie toute franciscaine, par son regard attendrissant et par ses
paroles toujours certes et adaptées aux circonstances du moment
présent. Pendant ce temps, son corps dépérit à vue d’œil.
Autant de gentillesse,
autant de charité, ne pouvaient faire de lui qu’un saint homme qui,
aussitôt sa mort, le devînt dans les cœurs de tous ceux qui
l’avaient connu et aimé.
Il fut inhumé à San
Gimignano, dans l’église Saint-Augustin où bientôt un tombeau
magnifique fut construit, par Benedetto da Majano.
Son culte fut approuvé
en 1498 et confirmé quelques siècles plus tard, en 1910. |