CHRONOLOGIE DE LA VIE
DE SAINT BERNARD
L'an 1091 de
Notre-Seigneur, quatrième année du pontificat du pape Urbain II,
trente-cinquième
du règne de l'empereur Henri IV, et trente et unième de celui de Philippe I,
roi de France, naquit Bernard, à Fontaines, près de Dijon, en Bourgogne. Son
père, Tescelin Sore, était seigneur de
Fontaines, et sa mère Aleth était fille du
seigneur de Montbar. Le château de ses pères a
été donné aux religieux Feuillants et changé en monastère. On peut lire sur
la famille de saint Bernard l'Avis placé en tète de sa Vie, ainsi que Jean
l'Ermite dans sa quatrième vie de notre saint, où, dit-on, il fait descendre
saint Bernard de l'ancienne famille des dites de Bourgogne, par son père.
L'an 1098. Le
bienheureux Robert, abbé de Molesmes, prend avec
lui douze religieux de ce monastère et se retire dans le désert de Cîteaux,
où il construit un nouveau monastère dans le diocèse de Châlons-sur-Saône,
environ à trois lieues de Dijon, avec l'aide et l'approbation de Gautier,
évêque de Châlons-sur-Saône, et de Hugues, archevêque de Lyon. Eudes, duc de
Bourgogne, lui donna l'endroit où il devait, avec ses compagnons, pratiquer,
dans toute sa pureté, la règle de saint Benoît; c'est le jour de la tète de
ce saint, qui tombait cette année-là le dimanche des Rameaux, que Robert
jeta les premiers fondements de son oeuvre. Parmi ses premiers compagnons,
on compte Aubry, Eudes, Jean, Étienne, Latour et
Pierre.
L'an 1099,
quarante-troisième aimée du règne de l’empereur Henri IV, trente-neuvième de
celui de Philippe I, roi de France, le 29 juillet, Pascal, II qui avait été
moine à Cluny, succède à Urbain II, mort dans la onzième année de son
pontificat.
Le bienheureux
Robert, sur les réclamations des religieux de Molesmes
dans le concile de Rome, et sur l'ordre du souverain pontife, revient à
Molesmes. Aubry, qui était prieur de Cîteaux,
lui succède dans cette maison avec le titre d'abbé. L'église de ce monastère
est dédiée à la Sainte Vierge dans le courant de cette même année.
En 1100, Aubry
envoie Jean et Ilbod, deux de ses religieux, à
Rome, avec des lettres de recommandation des cardinaux Jean et Benoît, de
Hugues, archevêque et de Lyon,de Gautier, évêque de Châlons-sur-Saône. C'est
à leur prière que le pape Pascal II confirme l'institut de Cîteaux par un
privilège particulier donné à Troja, le 18
avril, indiction VIII, seconde année de son pontificat. On peut voir ce
privilège dans Baronius et dans Manrique.
En 1101, l'abbé
Aubry établit, dans le nouveau monastère, 1a stricte observance de la règle
de saint Benoît, et réforme tout ce qui est contraire à cette règle.
La même année,
meurt le bienheureux Bruno, fondateur des chartreux. Cet ordre prit
naissance en 1086. Bruno était originaire de Cologne; ce fut un homme non
moins remarquable par sa sainteté que par son savoir.
1102. Mort
d'Eudes, duc de Bourgogne, fondateur de Cîteaux. Il est inhumé dans l'église
de ce monastère. La même année, Henri son fils prend l'habit religieux à
Cîteaux.
1103. On place
généralement cette année-là la substitution de l'habit blanc au noir chez
les Cisterciens. On croit aussi que c'est alors qu'ils se mirent à réciter
l'office de la Sainte Vierge.
1105. C'est le 1er
septembre de cette année, suivant le nécrologe de saint Bénigne de Dijon, où
elle fut inhumée, qu'on place en général la mort d'Aleth,
mère de saint Bernard. Soit corps fut transféré à Clairvaux cent
quarante-cinq ans plus tard. Guillaume a décrit sa mort au livre I de la Vie
de saint Bernard, chapitre II.
L'an 1106,
septième année du pontificat de Pascal II, quarante-sixième du règne de
Philippe I, roi de France, Henri IV finit, par une mort malheureuse, un
règne de quarante-neuf ans. Il eut pour successeur Henri V sur le trône
impérial comme dans sa haine pour l'église. Il alla à Rome et porta les
mains sur le pape Pascal, à qui il extorqua de force les investitures
ecclésiastiques, ainsi que la couronne impériale, en 1111.
L'an 1108, le 30
juillet, neuvième année du pontificat de Pascal II, deuxième année du règne
de Henri V, mort de Philippe I, roi de France, à Meudon. Louis son Fils
surnommé le Gros, lui succède.
1109. Le 25
janvier, mort du bienheureux Aubry, second abbé du Cîteaux, après neuf ans
et demi de prélature. Il a pour successeur le bienheureux Etienne Harding,
d'une famille d'Angleterre. Il avait rempli auparavant les fonctions de
prieur, et il était un de ceux (lui avaient quitté
Molesmes pour aller à Cîteaux mener une vie plus austère.
1110. Le 29
avril, mort du bienheureux Robert, abbé de Molesmes,
premier fondateur de Cîteaux. C'est à tort que quelques-uns ont placé sa
mort en 1098.
1113.Quatorzième
année du pontificat de Pascal II, la huitième du règne de Henri V, et la
sixième de celui de Louis VI. Cette aimée est
devenue bien célèbre par la conversion de Bernard. Il avait environ
vingt-trois ans quand il alla se mettre avec trente autres jeunes gens, ses
compagnons, sous la conduite d'Etienne, abbé de Cîteaux. C'est à partir de
ce montent-là que l’ordre de Cîteaux commença à se répandre d'une manière
extraordinaire.
La même année,
fondation de l'abbaye de la Ferté, première fille de Cîteaux, au diocèse de
Chalons-sur-Saône , sur la
Grône, par les seigneurs de Vergy,
Savaric et Guillaume son fils, comtes de
Châlons-sur-Saône. Le premier abbé de cette maison fut Bertrand.
1114. Saint
Bernard obtient du ciel la force et le Talent de faire la moisson, ce qu'il
n'avait pu faire jusqu'alors, à cause de son extrême délicatesse voir sa
Vie, livre I, chapitre IV.
Fondation de
Pontigny, secundo fille de Cîteaux, à quatre lieues d'Autun, dans la terre
allodiale de Héribert, chanoine d'Autun, avec le
concours de Hervée, comte de Nevers, sous
l’épiscopat de Humbault. Plus tard, Thibaut
comte de Champagne, construisit la basilique de ce monastère et mérita ainsi
d'en être appelé le fondateur. Le premier abbé de Pontigny fut Hugues de
Mâcon, qui devint ensuite évêque d'Autan. Saint Bernard lui écrivit
plusieurs lettres.
1115. Fondation
de Clairvaux et Morimond, troisième et quatrième
filles de Cîteaux. Clairvaux, sur l'Aube en Champagne, au diocèse de
Langres, fut fondé le 25 juin, non point par Thibaut, comme l'ont cru à tort
ceux qui confondent la translation du monastère de Clairvaux en 1035 avec sa
fondation, mais par Rogues, comte de Troyes, ainsi qu'il est dit dans les
notes de la lettre XXXI. Bernard, premier abbé
de ce monastère qui fut béni, en cette qualité, par Guillaume de Champeaux,
évêque de Châlons-sur-Marne, en l'absence de Josceran,
évêque de Langres, était alors âgé de vingt-quatre ans. Voir sa Vie, livre
I, chapitre VII.
Quant à
Morimond, il fut fondé dans lu même diocèse, par
Odolric d'Aigremont
et Adeline sa femme, seigneurs de Choiseul. Son premier abbé fut Arnold, à
qui est adressée la lettre IV de saint Bernard.
Ces quatre
abbayes sont comme les quatre filles aînées de Cîteaux, dont sont sorties
toutes les autres.
La même année
mourut Ives, évêque de Chartres, c’était un homme
très-instruit. Il eût pour successeur Geoffroy, qui fut honoré du
titre de légat du saint siège. Il était très-cher
à saint Bernard. Il est parlé de lui dans les lettres XV, XLV et LV dans le
livre IV de la Considération, chapitre V, ainsi que dans la Vie de saint
Bernard, livre II chapitre I et VI, et livre IV, Chapitre
IV.
1116. Premier
chapitre général de Cîteaux, tenu par l'abbé Etienne. Il est décidé dans ce
chapitre qu'il se réunira désormais tous les ans le 13 septembre, selon ce
que rapporte Jean de Vitry, dans son histoire d'Occident, chapitre
XIV.
1117. Saint.
Bernard,atteint d'une maladie grave, est confié aux soins d'un médecin de la
campagne, que lui procure Guillaume, évêque de
Châons-sur-Marne. Livre I de sa Vie, chapitre
VII.
On place vers
cette même année la conversion de Tescelin, père
de saint Bernard. Il mourut peu de temps après en
très-grande odeur de sainteté, le 11 avril, selon ce qui est rapporté
dans le nécrologe de saint Benigne de Dijon.
L'an 1118,
douzième année du règne de Henri V, et dixième de celui de Louis VI, Pascal
II meurt après onze ans et cinq mois de pontificat. Gélase II lui succède;
il avait été comme lui moine à Cluny. Henri lui opposa Maurice Bourdin,
archevêque de Prague qui prit le nom de Grégoire.
La même année
est fondé l'ordre militaire du Temple, dont les premiers chevaliers furent
Hugues du Païens, Geoffroy de Saint-Omer, au rapport de Guillaume de Tyr,
dans son livre XII de la guerre sainte. Selon le même auteur, cet ordre fut
confirmé au concile de Troyes, en 1128, ainsi que le rapporte aussi Michel,
secrétaire du concile. Il devait être aboli plus tard, en 1313, par Clément
V, sous Philippe IV, roi de France, au concile de Vienne.
Fondation du
monastère de Trois-Fontaines, première fille de
Clairvaux, au diocèse de Châlons-sur- Saône. Son
premier abbé fut Roger; le second fût Guy, à qui sont adressées les lettres
LXIX et LXX de saint Bernard.
Fondation aussi
de Fontenay, seconde fille de. Clairvaux, au diocèse d'Autun. Son premier
abbé fut Geoffroy, frère de saint Bernard. Cet abbé, selon le livre des
sépultures de Clairvaux, revint à son cher premier monastère, après avoir
fondé et parfaitement organisé celui de Fontenay. Il fut le troisième prieur
de Clairvaux, et devint évêque de Langres.
L'an 1119,
treizième année du règne de Henri V, onzième de celui de Louis VI, le Pape
Gélase Il meurt à Cluny ; il a pour successeur, sous le nom de Calliste II,
Guy, évêque de Vienne, qui célébra cette même année, le 31 octobre, un
concile à Reims, et eut le bonheur de mettre fin au schisme de Bourdin.
C'est cette même
année que le bienheureux Étienne, abbé de Cîteaux, assisté de plusieurs
autres abbés, établit la charte de la Charité, comme on l'appelle
ordinairement, en trente articles ou chapitres, pour assurer la paix et la
tranquillité dans l'ordre de Cîteaux. Elle fut approuvée par le pape
Calliste II. On la trouve dans Manrique.
1120. Saint
Norbert, que saint Bernard appelle la Trompette du Saint-Esprit, dans la
lettre LVI, fonda l'ordre de Prémontré, dans le
Laonnais. Voir la lettre CCLV de saint Bernard et les notes.
1121. Concile de
Soissons contre Abélard, sous la présidence de Conan, évêque de
Palestrine, légat du saint siège. Ce concile
force Abélard à livrer de ses propres mains aux flammes son livre de la
Trinité.
C'est au
commencement de cette même année que mourut Guillaume de Champeaux évêque de
Châlons-sur-Marne. Voir à son sujet les notes de la lettre
III.
Fondation de
Foigny, au diocèse de Laon. C'est à son premier
abbé Rainaud que Bernard a adressé ses lettres
LXXII, LXXIII, et LXXIV.
1122. Pierre
Maurice, originaire de l'Auvergne, surnommé le vénérable, que saint Bernard
aimait d'une affection singulière, devient abbé de Cluny pendant l'octave de
l'Assomption. Voir les notes de la lettre I de saint Bernard.
1123. C'est vers
cette année que Pierre, abbé de la Ferté, est élu évêque de la Tarentaise.
C'est le premier évêque sorti de la famille de Clairvaux; il a pour
successeur, à la Ferté, Barthélémy, frère de
saint Bernard.
La même année,
Adam, abbé de saint Denys, a pour successeur, d'un commun accord de tous les
religieux, l'abbé Suger, à qui saint Bernard écrivit plusieurs fois.
L'an 1124,
dix-huitième année du règne de Henri V, seizième de celui de Louis VI, roi
de France, le pape Calliste Il meurt dans la sixième année de son
pontificat. Il a pour successeur, la même année, l'évêque d'Ostie, Laurent,
gniprit le nom de Honorius
II.
1125. Mort de
Henri V à Utrecht sur le Rhin, après dix-neuf ans de règne. Comme il ne
laissait pas d'enfant, il s'éleva, à sa mort, une longue et funeste division
que saint Bernard sera appelé plus tard à apaiser, entre Lothaire, duc de
Saxe, et Conrad, neveu de Henri par sa soeur. Ce dernier avait été proclamé
roi par Frédéric son frère et par d'autres seigneurs. Après avoir franchi
les Alpes, il fut repu à bras ouverts par les Milanais, dont l'archevêque,
nommé Anselme, le sacra roi à Modène, capitale du royaume d'Italie, selon ce
que rapporte Othon de Freinsingen dans le livre
VII de ses chroniques, chapitre XVII. Plus tard,
comme on le verra, saint Bernard dut se donner
bien du mal pour réconcilier les Milanais avec le pape Innocent et Lothaire
II, qui fut élu empereur.
La même année,
une grande famine désole particulièrement la France et la Bourgogne, et
donne à saint Bernard l'occasion d'exercer sa charité, comme on le voit dans
sa Vie, livre I chapitre X. Cette année-là aussi, saint Bernard fait une
maladie qui met ses jours en danger; il rien revient que par la protection
de la Sainte Vierge, de saint Benoit et de saint Laurent. Dès cette époque,
sa réputation de sainteté singulière et de science se répand par la ville et
par le monde entier.
1126. Othon, qui
devint plus tard évêque de Freisengen,
historiographe célèbre, prend l'habit de Morimond.
Radevig, son ami intime, nous apprend qu'il
était arrière petit-fils de l'empereur Henri IV, neveu par sa mère de Henri
V ; frère utérin de Conrad et oncle de Frédéric par son père, le pieux et
illustre prince Léopold, margrave d'Autriche; sa mère était Agnès, fille de
Henri IV.
1127. C'est vers
cette année que Étienne qui, de chancelier de France était devenu évêque de
Paris, s'éloigna de la cour sur les avis de Bernard, pour mener une vie plus
régulière, et se vit persécuté par I,nuis VI, qui finit par le recevoir en
grâce, sur les instances des Cisterciens et surtout de saint Bernard.
Henri,
archevêque de Sens, fut peu de temps après,et pour des motifs semblables,
traité par le roi de France de la même manière que l'avait ït4 celui de
Paris; Il eut auprès du roi le même avocat et le même défenseur. On peut
voir à ce sujet la lettre XLV et ses notes.
Fondation
d'Igny, quatrième fille de Clairvaux, dans le diocèse de Reims, par Raynaud
Després, archevêque de Reims. Son premier abbé
est Humbert, qui de religieux de la Case-Dieu,
devint religieux de Clairvaux Peu de temps après, par amour du repos, il se
démit de sa prélature et reçut à Clairvaux. Bernard, qui était alors retenu
en Italie pour les affaires du schisme, le blâme beaucoup de cette
résolution dans sa lettre CXLI, ce qui ne l'empêcha point de persévérer dans
sa retraite jusqu'à sa mort. Saint Bernard fit, à ses funérailles, l'éloge
de ses excellentes vertus. Il eut pour successeur à Igny l'abbé
Guerri, célèbre par sa piété et par ses écrits.
Ou a ses discours à la suite de ceux de saint Bernard.
1128. Le jour de
la fête de saint Hilaire, concile de Troyes, qu'on place à tort en 1129,
comme il ressort des témoignages de Michel, qui en fut le secrétaire. Il fut
présidé par Mathieu, évêque d'Albano, légat du Saint siège. On v compta
parmi les assistants, Étienne de Cîteaux, Bernard de Clairvaux et d'autres
abbés du même ordre. C'est dans ce concile qu'on détermina les couleurs
blanches ries habits à donner aux Templiers, et la règle qu'ils devaient
suivre. Ce n'est que plus tard, que le pape Eugène III.
leur fit placer la croix rouge sur leurs habita.
Fondation de
Régny, au diocèse d'Autun.
1129. Le jour de
la purification de la sainte Vierge, tenue d'un concile à Châlons-sur-Marne,
par Mathieu d'Albano, légat du pape, ancien religieux de Cluny. Dans ce
concile, sur l'avis de saint Bernard, Henri, évêque de Verdun, donne sa
démission; un certain abbé de Saint Denys de Reims, lui succède pendant deux
ans.
Fondation du
monastère d'Ours-Camps, au diocèse de Noyons,
par l'évêque Simon.
L'an 1131, cinquième année du règne de Lothaire II,
vingt-deuxième de celui de Louis VI, ronde France, le pape Honorius meurt,
le 16 janvier, dans la sixième année de sort pontificat. Un schisme
très-grave règne dans l'Église de Dieu,
Grègroire, élit canoniquement sous le nom
d'Innocent II le 17 février, se vit disputer le trône par Pierre, fils de
Pierre de Léon, appuyé par la violence de ses amis qui étaient
tout-puissants à Rome, et par Roger, roi usurpateur de Sicile. Pendant huit
ans entiers, Bernard défendit avec courage la cause d'Innocent. Voir la
lettre CXXIV et les suivantes. En effet, entre autres choses, dans le
concile tenu à ce sujet, cette même année, à Étampes, il fut choisi tout
d'une voix, par les pères du concile, comme arbitre du différend, et se
déclara pour innocent contre Anaclet. Il amena le roi d'Angleterre Henri à
le reconnaître également. Voir sa Vie, livre II, chapitre I et notre préface
générale au tome I.
La même année, Bernard, avec une humilité admirable,
refusa l'évêché de Gênes,
devenu
vacant l’année précédente par la mort de Sigefroy.
Ce fut cette année-là aussi que Baudoin fut le
premier des Cisterciens promu au cardinalat dans le concile de Clermont,
ainsi, du moins on le croit, que Martin, cet homme si saint, dont Bernard
fait mention dans le livre IV de la Considération, chapitre V. Au sujet de
Baudouin, on peut consulter les lettres CXLIV et CCXLIV de saisit Bernard.
1131. Innocent, après avoir été reçu avec magnificence à
Liége, était revenu en France à la fin de l'armée précédente. Saint Bernard
reprit l'empereur Lothaire qui réclamait les investitures ecclésiastiques.
Innocent le couronna roi de Germanie étant encore en France, se réservant
de lui donner la couronne impériale deux ans après à Rome. Il passa le
carême de cette année à Liège, et de retour en France il se rendit, au mois
d'octobre, à Reims au concile assemblé dans cette ville contre Annelet, et
sacra roi Louis-le-Jeune, à là place de Philippe
son frère, qui avait péri misérablement, d’une chute de cheval. Après le
concile, dit Suger dans sa Vie de Louis-le-Gros,
lu seigneur pape fixa sa résidence à Autun tout le reste de la présente
année, après avoir visité Cluny, dont il consacra l'église, puis Clairvaux
et quelques autres communautés, accompagné, dans tontes ces courses, par
Bernard. Ernald, dans sa vie de saint Bernard,
livre II chapitre 1, place le concile de Reims avant le voyage d'innocent à
Liège, contrairement à ce que dit Suger.
La seconde année, selon la grande chronique de Belgique,
Bernard refusa l'évêché de Châlons-sur-Marne, où il avait été élu, et
fit élever à sa place, Geoffroy, qui était abbé de saint Médard de
Soissons. Aubry rapporte la même chose, et ajoute de plus que le
pape Innocent consacra l'église de Médard, le 15 octobre, avant de se rendre
au concile de Reims, selon ce que rapporte la chronique de ce même
monastère.
La même année encore, Thomas, prieur de Saint Victor de
Paris, homme d'une grande verte, est cruellement assassiné pour la justice,
par les neveux de Thibaut de Nottières,
archidiacre de Foix, qui le haïssait à cause des reproches qu'il en avait
reçus pour ses exactions envers les ecclésiastiques. Peu du temps après,
Archambault, sous-diacre d'Orléans, mourut pour la même cause, et de la même
manière, sur les instigations de Jean, également archidiacre de l'église de
Sainte-Croix. Bernard écrivit pour ce prieur de Saint-Victor ses lettres
CLVIII, CLIX, CLX, et CLXII, et sa lettre LXI pour le sous-diacre d'Orléans.
Les deux causes furent évoquées et agitées au concile de Jouarre, au diocèse
de Meaux.
Fondation de Moreruela en
Castille, dans le pays de Zarnora; du monastère
de, Saint-Jean de Tarouca, en Lusitanie, diocèse
de Lamigo; de Longpont,
au diocèse de Soissons; de Cherlieu, au diocèse,
de Besançon; de Bonnemont, en Savoie, diocèse de
Genève ; de Ridal, en Angleterre, diocèse
d’York.
1132. Départ du pape Innocent de France, pour l'Italie,
Bernard l'accompagne. Il réconcilie les Pisans et les Génois. L’évêché de
Gênes lui est offert pour la seconde fois, avant que
Syrus y soit nommé, et même après la nomination de
Syrus qui veut se démettre. II refuse avec la
même persévérance et la même humilité qu'auparavant.
Grande controverse entre les
Clunistes et les Cisterciens, à l'occasion d'un privilège par lequel
le pape Innocent dispense ces derniers de payer la dîme. Voir la lettre
CCLXXXIII.
Fondation du monastère de Paucelles,
au diocèse de Cambrai. Voir la lettre CLXXXVI, et de
Trois-Fonts en Angleterre, diocèse d'Yorek.
Voir les lettres XCII, XCIV et suivantes.
1133. Saint Bernard, qui était allé en Italie avec
Innocent, l'année précédente, écrit la lettre CXXVIII à Henri, roi
d'Angleterre, pour lui demander des subsides en faveur du pape, qui ne
pouvait occuper Rome, avec le peu de troupes dont il disposait; car
l'empereur Lothaire ne lui avait donné que deux mille hommes d'armes.
Cependant, Innocent finit par entrer dans la ville, et remet la couronne
impériale sur la tête de Lothaire, dans la basilique de Latran. Mais, après
le départ de l'empereur, Anaclet reprit le dessus à Rome, et Innocent,
obligé de s'éloigner encore, se retira à Pise. De cette dernière ville,
Bernard est envoyé en Germanie , pour réconcilier Conrad avec Lothaire.
Profitant de cette occasion, Roger, tyran de Sicile, décoré du nom de roi
par l'antipape Anaclet, s'efforce de retirer les Pisans de l'obédience du
pape Innocent. Mais ils tinrent bon dans leurs sentiments de fidélité, et
Bernard leur écrivit sa lettre CXXX, pour les en féliciter.
C'est à l'époque de ce voyage que se place la conversion
de Mascenli, dont il est parlé au livre IV de la
vie de saint Bernard, chapitre III, ainsi que celle de la duchesse de
Lorraine, dont il est question au même endroit.
1134. Concile de Pise. Pendant que Bernard, sur l'ordre
du pape Innocent, s'y rendait en traversant la Lombardie, après avoir
réconcilié ensemble Lothaire et Conrad, il reçoit des Milanais, excommuniés
et privés de la dignité de Métropole, pour avoir, à la suite d'Anselme, leur
archevêque, embrassé le parti de Conrad et d'Anaclet, une lettre où ils le
prient de les faire rentrer en grâce avec Lothaire et Innocent. Il leur
promet, par ses lettres CXXXII et CXXXIII, de se rendre au milieu d'eux,
aussitôt due le concile sera terminé.
En effet, à peine, grâce à sa prudence, le concile fat-il
clos, qu'il partit pour Milan, avec les cardinaux Matthieu, évêque d'Albano,
et Guy, évêque de Pise, afin de travailler à la réconciliation de cette
ville. Il fut reçu par tons les habitants avec de grandes démonstrations de
joie et une très-grande vénération ; on lui
offrit la dignité archiépiscopale, et ce n'est pas sans peine qu'il lit
agrîer aux Milanais son refus constant de la
recevoir. Il lit beaucoup de conversions parmi eux, comme on le voit par la
lettre CXXXV, et fonda, dans leur ville, la première colonie da son ordre,
Ciaravalle, qu'on a souvent, mais à tort,
désigné aussi sons le nom de Clairvaux. Après cela, sur l'ordre du pape
Innocent, selon ce que rapporte Sigonio dans son
histoire d'Italie, livre II, il se rendit dans plusieurs villes de Lombardie
pour rétablir la paix entre elles, et particulièrement à Pavie et à Crémone.
Ayant complètement échoué auprès des Crémonais,
dans sa mission, il fit part de leur obstination au pape Innocent dans sa
lettre CCCXVIII.
Cependant après le concile de Pise, Norbert, fondateur de
l'ordre de Prémontré est rappelé de la terre aux cieux, de même que Etienne,
abbé de Cîteaux, qui mourut le 28 mars. Guy, qui avait été élu à sa place
avant même qu'il eût rendu le dernier soupir et qui retint en ses mains la
houlette pastorale pendant six mois, se vit enfin rejeté et laissa la place
à Rainaud, fils de Milon comte de Bar-sur-Seine,
selon ce que rapporte Ordéric, moine de
Clairvaux, dans son livre VIII. Ce fut cet abbé
qui, dans un chapitre général de l'ordre, renferma dans quatre-vingt-sept
chapitres les beaux instituts de Cîteaux, qu'on peut lire dans les annales
de Manrique.
Fondation de Ciaravalle de
Milan; d'Hermerode, au diocèse de Trèves; de
Vauclair, au diocèse de Laon.
Le premier abbé de cette maison fut
Murdach, à qui est adressée la lettre CCCXXI.
1135. Bernard passe par Milan en revenant d'Italie, et
revientà Clairvaux, dont on transfère les
bâtiments dans un lieu plus commode, ainsi qu'il est rapporté au livre II de
sa Vie, chapitre IV et V. Il eut à peine le temps de poser à son monastère,
car il reçut presque aussitôt l'ordre de se rendre en Aquitaine, avec
Geoffroy de Chartres, pour ramener Guillaume, comte de Poitiers et plusieurs
autres seigneurs que Gérard, évêque d'Angoulême, avait entraînés dans le
schisme, comme on le voit dans le livre II de sa Vie, chapitre
VI. Cela fait, et rendu un peu à lui-même, il
entreprit, à la prière d'un autre Bernard Desportes, prieur des chartreux
l'explication du Cantique des cantiques, ainsi qu'il est dit dans les
lettres CLII1 et CLIV.
Fondation de Buzay, au
diocèse de Nantes, par Ermengarde, comtesse de
Bretagne, qu'il avait, dans son voyage d'Aquitaine, retirée des vanités du
monde. Voir les lettres CXVI et CXVII. Le
premier abbé de cette maison fut Jean, à qui est adressée la lettre
CCXXXVII. Fondation aussi de Hautecombe, au
diocèse de Genève, de la Gràce-de-Dieu, diocèse
de Saintes, et d'Éberbach, diocèse de Mayence.
1136. Guy, l'aîné des frères de saint Bernard., meurt à
Pontigny, hors de Clairvaux, comme le saint le lui avait prédit, ainsi qu'il
est dit an livre il de sa Vie, chapitre XII.
Fondation de Balerne, au
diocèse de Besançon ; son premier abbé est Burchard,
à qui est adressée la lettre CXLVI; de la Maison-Dieu,
sur le Cher, diocèse de Bourges; son premier abbé fut Robert, cousin de
Bernard; c'est à lui qu'est adressée la lettre I, et d'Auberine,
diocèse de Langres.
Adoption de l'Abbaye des Alpes, diocèse de Genève, sur la
proposition de son abbé Guérin, qui devint plus tard évêque de Sion. Voir la
lettre CCLII.
L'an 1137, huitième du pontificat d’Innocent, douzième du
règne de l'empereur Lothaire, Louis VI meurt à Paris le 1er août,
dans la vingt-neuvième année de son règne. Il a pour successeur Louis VII,
son fils, surnommé le Jeune, pour le distinguer de son père, du vivant de
qui il fut associé au trône.
La même année, Bernard, appelé par le pape Innocent,
repasse une troisième fois les Alpes pour retourner en Italie, qui gémissait
sous Anaclet, des vexation de Roger de Sicile. Ce prince, vaincu grâce aux
prières de Bernard, par le duc Rainoulphe,
voyant qu'il ne pouvait l'emporter par la force des armes, eut recours à la
force de l'éloquence et confia la défense de la cause d'Anaclet à Pierre de
Pise, homme d'un rare talent pour la parole ; mais le voyant vaincu et
ramené du schisme par Bernard, il n'en revint pas lui-même à de meilleurs
sentiments.
Fondation de l'abbaye de Colomba, en Italie, diocèse de
Plaisance; de Boccon en Hongrie, diocèse de
Vesprin. Plusieurs auteurs rapportent, mais à
tort, cette fondation à l'année 1153.
Adoption de l'abbaye de Belfont,
appelé depuis Valparayso, en Espagne au diocèse
de Zamora.
1138. le 3 décembre, Lothaire II cesse de porter la
couronne, après treize ans de règne. Il a pour successeur Conrad, duc de
Franconie, qui avait été autrefois son rival.
La même année, mort malheureuse de l'antipape Anaclet, à
qui la fraction de Roger donna pour successeur le cardinal Grégoire, qui
prit le nom de Victor et qui se dépouilla des insignes du pontificat entre
les mains de Bernard. Le schisme se trouva donc ainsi terminé, grâce au zèle
et à la prudence de Bernard, après avoir duré sept ans. Voir la lettre
CCCXVII. Cet heureux résultat obtenu, le saint
abbé quitta sans retard la cour de Rome, n'emportant d'Italie, pour tout
présent de route, qu'une dent de saint Césaire et quelques autres reliques
de saints. Voir le livre IV de sa Vie, chapitre I. Informé en route qu'il
avait été procédé à l'élection de l'évêque de Langres, par l'archevêque de
Lyon, nonobstant la promesse que ce dernier avait faite à Rome, Bernard
écrit sa lettre CLXV et les suivantes. Mais une douleur plus grande devait
s'ajouter à celle-là, c'est celle qu'il ressentit de la perte de Gérard son
frère. Il avait obtenu de Dieu en Italie, où il l'avait accompagné, un répit
à cette mort. Il lui fit une oraison funèbre dans son sermon XXVI sur le
Cantique des cantiques, en reprenant le cours interrompu de ce commentaire.
La même année, mort de Rainaud,
archevêque de Reims, selon l'Aucnaire de
Gembloux. Deux ans après, c’est-à-dire en 1140, Samson, évêque de Chartres,
est promus à la dignité d’archevêque de Reims, à la place et au refus de
Bernard d’accepter ce titre.
Fondation de Bénissons-Dieu,
diocèse de Lyon; cette abbaye a pour premier abbé Aubry, à qui est écrite la
lettre CLXXIII.
Adoption de l'abbaye des Dunes, diocèse de Bruges; son
premier abbé fut Robert, à qui est écrite la lettre CCCXXIV, le même qui
devait un jour succéder à Bernard à Clairvaux.
1139. Concile de près de mille évêques assemblés à Rome
dans l'église de Latran : il condamne de nouveau les partisans de Pierre de
Léon, et annule ses ordinations; il interdit les tournois , et condamne
Arnault de Brescia, comme hérétique, à sortir de l'Italie. Bernard S'efforce
de soustraire à la sévérité du décret porté contre les fauteurs de Pierre de
Léon, le cardinal Pierre de Pise, qu'il avait réussi à réconcilier
auparavant avec le pape Innocent, comme on le voit par la lettre
CCXIII.
Peu de temps après, Innocent est fait prisonnier par
Roger, duc de Sicile, qui s'empare de lui par la ruse. Cet événement hâte la
conclusion de la paix si longtemps désirée entre le pape et Roger.
La même année, l'archevêque Malachie, primat d'Irlande,
entreprend lui voyage à Rome. C'est à tort que Baronius
place ce voyage à la date de 1137, puisque saint Bernard lu:-même noirs
apprend, dans sa Vie de saint Malachie, que ce dernier ne survécut que neuf
ans à ce voyage : or il mourut en 1148. C'est pendant ce voyage que Malachie
vint à Clairvaux, où il laissa six de ses compagnons de route, pour s'y
former à l'institut de Cîteaux, afin de l'établir ensuite en Irlande.
1140. Concile de Sens contre Abélard, qui en appela au
Saint-Siège de la condamnation de ses
principales erreurs; mais, sur le conseil de
Pierre-le-Vénérable, il renonça à donner suite à cet appel et se fixa
à Cluny. Pierre-le-Vénérable le réconcilia avec
l'Église. Après avoir passé deux ans d'une manière exemplaire à Cluny, il se
rendit au monastère de Saint-Marcel de
Châlons-sur-Saône, pour y soigner sa santé devenue mauvaise : il y mourut.
Voir les lettres CXCVII et suivantes et leurs notes.
Fondation de Clair-Morets, au
diocèse de Saint- Omer; de
Blanckeland en Angleterre, dans la province de Galles, diocèse de Man
; de l'Oursière, dans le royaume de Galice,
diocèse d'Aureuse; de
Larivoir, diocèse de Troyes, ayant pour premier abbé Alain, qui
devint plus tard archevêque d'Autun, et compila une Vie de saint Bernard.
La même année, Innocent donna le monastère de
Trois-Fontaines de
Saint-Anastase, aux religieux de Clairvaux, après l'avoir rétabli
avec un disciple de saint Bernard, nommé également Bernard, originaire de
Pise, lequel devint pape, dans la suite, sous le nom, d'Eugène
III.
Adoption du monastère de Benchor,
cédé à saint Bernard par Malachie, primat d'Irlande, et de
Casamario, à Vérulo
en Italie.
1141. Le pape Innocent, au rapport. de Robert du Mont,
jette l'interdit sur les terres du roi Louis, parce qu'il ne voulait pas
recevoir l'archevêque de Bourges, qu'il reçut pourtant plus tard, et qu'il
délia d'un serment qu'il avait fait contre toutes les lois de la raison.
Voir les lettres CCXVIII et suivantes.
La même année, le roi Louis, toujours au dire du même
auteur, tomba avec toutes ses troupes sur le comte Thibaut, dévasta ses
possessions, et particulièrement la Champagne, où il brûla Vitry. Dans cet
incendie, treize cents âmes périrent, toujours selon Robert, dans son
supplément à Sigebert, qui place ces événements à l'année 1143. Voir les
lettres CCXVII, CCXX, CCXXII, CCXXIII.
Vers la même époque, se place la mort de
Humbeline, soeur de saint Bernard, dont il est
parlé au livre I de sa Vie, chapitre VI.
Fondation de Mellifont, en
Irlande, au diocèse d'Armagh, par les soins de Malachie qui y plaça les
compagnons de voyage qu'il avait laissés à Clairvaux, pour s'y former à la
règle, et qui eurent Chrétien pour abbé. Voir les lettres CCCXXXV, et
CCCLVII.
1142. Yves, qui de chanoine régulier de Saint Victor près
Paris, était devenu cardinal prêtre, est envoyé en France pour prononcer la
sentence d'excommunication qui frappait Rainoulphe,
comte de Saint-Quentin, pour avoir répudié sa femme Pétronille, sœur du
comte Thibaut, et avoir épousé ensuite une fille de Guillaume, duc
d'Aquitaine, sœur de la reine de France. Dans le même anathème se trouvaient
enveloppés Barthélémy, évêque de Laon, Simon,
évêque de Noyon, et Pierre, évêque de Senlis, auteurs du divorce du comte.
Voir les lettres CCXVI, CCXX, CXXI.
La même année, Alphonse, roi de Portugal, se fait
tributaire ainsi que son royaume de l'abbaye de Clairvaux, à laquelle il
assigne une rente de cinquante doublons d'or fin.
Cette même année encore, toujours d'après Robert du Mont,
ou du moins vers la fin de l'année précédente, comme le rapporte
Ortelius, dans Anselme de Gembloux, chez le
Mire, mort de Hugues de Saint-Victor, ami et grand admirateur de saint
Bernard , l'Augustin de son siècle. Voir la lettre LXX.
Fondation des monastères de Melon en Galice, diocèse de
Tuy; de Sobrado, à
peu près à la même époque, dans le diocèse de Compostelle; de
Haute-Creste en Savoie, diocèse de Lausanne.
L'an 1143, cinquième de Conrad III, sixième de Louis VII
roi de France, mort du pape Innocent, le 25 septembre, après un pontificat
de quatorze ans. Il eut pour successeur Guy de Castel, qui prit le nom de
Célestin II : c'est à lui que sont adressées les lettres CCXXXIV et
CCXXXV.
Fondation d'Alvastem, en
Suède, diocèse de Lincoping; de
Nidal, au même pays. Quelques auteurs placent la
fondation du dernier monastère quatre ans plus tard. Fondation de
Belle-Perche, diocèse de Montauban; de
Meyra en Galice, diocèse de Lugo.
1144. Mort du pape Célestin, qui ne siégea pas même
six mois. Il a pour successeur Gérard le Camérier qui, de chanoine régulier,
était devenu cardinal prêtre, du litre de sainte croix de Jérusalem. Il prit
le nom de Lucius II. A la même époque, Bernard
rétablit la bonne intelligence mire le roi de France, Louis VII, et le comte
Thibaut. Lire à ce sujet ses lettres CCXX et suivantes.
La même année, mort de Barthélemy, abbé de la Ferté,
frère de saint Bernard; et d'Étienne de Châlons,
cardinal évêque de Palestrine, de l'ordre de
Cîteaux, homme d'une grande sainteté, à qui Bernard écrivit plusieurs
lettres.
Fondation de Beaulieu, diocèse de
Rhodez.
L'an 1145, septième du règne de l'empereur Conrad III,
huitième, de celui de louis VII, roi de France, le pape Lucius II meurt le
25 février. Il a pour successeur Eugène III, abbé de
Saint-Anastase aux Trois-Fontaines. C'est
l'abbé Bernard, dont il a été parlé à l'année 1140. Voir les lettres
CCXXXVII et suivantes.
A la même époque, saint Bernard, consulté parle roi Louis
sur la croisade, renvoya la décision de cette affaire au jugement du pape,
comme nous l'avons dit dans notre préface générale, à l'article
VII.
Fondation de la Prée, au
diocèse de Bourges.
1146. Concile de Chartres assemblé à l'occasion de la
guerre sainte. Pierre le Vénérable est invité à y assister par la lettre
CCLXIV de saint Bernard; il ne put s'y rendre,
ainsi qu'on le voit par sa réponse à saint Bernard. Sa lettre est la XVIII
du livre VI. Bernard, élu généralissime des
troupes, exhorte, sur l'ordre du pape Eugène, par ses lettres et par ses
prédications qu'il appuyait de miracles, les peuples de la Germanie, les
Francs orientaux, les Bavarois, les Anglais et d'autres encore, à prendre la
croix. Voir ses lettres CCCLXIII et CCCLXV, ainsi que le livre de ses
Miracles.
La même année, l'Église de Tournai, qui avait pendant
cinq cents ans et plus été gouvernée par les évêques de Noyon, eut un évêque
propre, du nom d'Anselme, qui avait été abbé de saint Vincent de Laon. Cette
ville reçut son évêque de la main du pape Eugène, qui le lui donna à la
recommandation de plusieurs personnages, mais entre autre de saint Bernard.
Fondation de Boxley en
Angleterre, diocèse de Cantorbéry; de Villers en Brabant, diocèse de Namur.
L'Auctaire de Gembloux, dans le Mire, p'ace
cette fondation à l'année suivante, et s'exprime en ces termes : « Douze
moines avec l'abbé Laurent, et cinq convers, envoyés en Brabant par Bernard
de Clairvaux, fondèrent le monastère de Villers.»
1147. Eugène, chassé de Rome, l'année précédente par la
faction d'Arnaud qui avait soulevé les Romains contre lui, comme on le voit
dans la lettre CCXIII, s'était réfugié en France. Il est reçu en 1147 à
Paris avec beaucoup d’honneur, par le roi Louis, qui, le dimanche des
Rameaux de l'année précédente, selon ce que rapporte Robert du Mont dans son
Appendice à Sigebert, avait pris la croix avec son frère Geoffroy, comte de
Meulan et plusieurs autres soigneurs, lesquels quittèrent Paris cette même
année, selon la chronique de Cluny, pour aller combattre les
Sarrazins en Syrie.
Cette année-là vit plusieurs synodes se réunir en
différents endroits ; le premier à Étampes : il y fut, pris, en présence de
Bernard, des arrangements pour l'expédition de la terre sainte, et pour
l'administration du royaume, qui fut confiée à Suger, abbé de Saint-Denis,
comme il est dit au tome II du Spicilège, dans la chronique de Saint-Denis,
et dans le livre des Miracles de saint Bernard, chapitre
XVI. Le second est celui d'Autun, sous la
présidence du pape Eugène. Le troisième à Paris, selon Othon de
Freissingen, dans son histoire de Frédéric,
livre I, chapitre L. La cause de Gilbert de la Porrée,
appelée à ce concile, fut renvoyée à l'examen de celui qui devait se tenir
l'année suivante à Reims. Voir notre préface générale.
La même année, Bernard va combattre l'hérétique Henri en
Aquitaine, avec Aubry cardinal évêque d'Ostie et légat du saint siège, et
Geoffroy, évêque de Chartres. Il est question de cet Henri dans notre
préface générale et dans la lettre CCXLI de saint Bernard.
La même année, Alphonse, roi de Portugal, s'étant emparé
de la ville de Santarém par la vertu des prières
de saint Bernant, demande par lettres des moines de Cîteaux, pour établir un
monastère de cet ordre dans son royaume.
Fondation d'Alcobaza par le
même roi de Portugal dans le diocèse de Lisbonne; de
Vauricher, au diocèse de Bayeux ; de Morgan, dans le pays de Galle ;
de Spina, au diocèse de
Valeritia en Castille, par Sanche, soeur du roi Alphonse. Voir la
lettre ceci de saint Bernard.
Adoption de Grandselve, de
l'ordre de saint Benoit, au diocèse de Toulouse. Son abbé nommé Bernard se
donna lui et tous ses religieux à l'ordre de Cîteaux. Voir la lettre
CCXLII.
1148. Concile de Reims le 19 mars, sous la présidence du
pape Eugène. Eon, un fou hérétique, est condamné à la prison; Gluant à
Gilbert de la Porrée, évêque de Poitiers,
convaincu d'être tombé dans l'erreur, par saint Bernard, il
rétracte ce qu'il avait enseigné. Peu après le pape Eugène, sur
les instances du saint abbé, approuve les écrits d'Hildegarde, dans le
concile de Trèves; mais avant de se rendre à ce concile, il avait fait la
dédicace de l'église de Toul; saint Bernard assistait à cette cérémonie. La
même année, le pape Eugène assista au chapitre général de Cîteaux, bénit
de nouveau le cimetière de cette abbaye, et, après avoir pris congé des
religieux qui fondaient en larmes, il reprit le chemin de l'Italie.
Eugène venait de quitter la France, lorsque saint
Malachie, primat d'Irlande entreprit un second voyage à Rome pour y aller
recevoir le pallium; mais il mourut à Clairvaux le jour et à l'endroit qu'il
avait désirés, c'est-à-dire le jour de la commémoration des morts. Sa
mémoire devint célèbre dès les premiers temps qui suivirent sa mort. Voir la
lettre que saint Bernard écrivit aux Irlandais pour les consoler, c'est la
CCCLXXIV; voir aussi sa Vie dans le tome II et deux sermons de saint Bernard
prononcés le jour de ses funérailles, tome III.
Saint Malachie touchait à ses derniers moments quand les bâtiments du
nouveau Clairvaux étant terminés, on fit la translation des restes des
vénérable pères qui étaient morts dans le premier monastère, de l'ancien
cimetière dans le nouveau, le jour de la Toussaint, comme on le voit par le
sermon r sur Malachie, n. 2. Sa canonisation, d'après la Chronique de
Clairvaux, est rapportée par Chifflet, à l'année
1192.
Fondation de Cambron, an
diocèse de Cambrai, avec Fastrad de Clairvaux
pour premier abbé, lequel devint plus tard, après Robert, abbé de Clairvaux.
Adoption de l'abbaye d'Alne,
qui. fat d'abord une abbaye de Bénédictins, puis de chanoines réguliers, au
diocèse de Liège. La même année, dans un chapitre général de Cîteaux,
Serbon, abbé de Savigny, se soumet à Clairvaux,
lui et trente bénédictins du monastère de Savigny, situé dans le diocèse
d'Avranches. En même temps, Etienne, père et instituteur de la congrégation
d'Obasine, diocèse de Limoges, soumet quatre
maisons à celle de Clairvaux.
1149. Funeste issue de la guerre sainte; Louis revient en
France. (Voir la lettre CCCLXXXVI, le livre II, de la Considération, cap. I,
et la Vie de saint Bernard, livre III, chapitre IV). Le roi de France se
prépare à une seconde expédition; il est arrêté dans ses préparatifs par les
Cisterciens selon ce que rapporte l'abbé Robert dans sa Chronique, à l'année
1150.
La même année, Henri, frère de Louis VII, roi de France,
selon ce que rapporte la Chronique de Tours, après avoir été trésorier de
saint Martin de Tours, et avoir pris l'habit religieux à Clairvaux, est
promu à l'évêché de Beauvais. La Chronique de
Saint-Pierre-Vif de Sens place ces faits à l'année suivante. Lire sur
ce sujet à la lettre CCCVII, et ses notes.
Fondation de Font-Morigny,
dans le diocèse de Bourges; d'Aubepierre, dans
celui de Limoges ; de Longuay dans celui de
Langres, et de Loz dans celui de Tournai.
Adoption de Boullancourt,
monastère de chanoines réguliers, du diocèse de Troyes.
1150. Eugène, après bien des traverses, ayant fini par
rentrer en possession de Rome et de son siège, saint Bernard lui envoie son
livre II de la Considération, en tête duquel il avait placé une
justification de la seconde croisade. Il reçoit une lettre de consolation de
Jean, abbé de Casamario, monastère situé dans la
ville de Verulo. Cette lettre est maintenant la
CCCLXXXVI de la collection de celles de saint Bernard.
1151. Vers la fin de l'année précédente, le 1er
décembre, l'abbé Rainaud était mort, il eut pour
successeur Gosvin, abbé de Bonneval de Vienne.
Voir la lettre CCLXX.
Mort de Hugues, évêque d'Auxerre, que la Chronique de
Pierre-Vif appelle un homme de bonne mémoire.
Voir pour ce qui concerne l'élection de son successeur, les lettres CCLXI,
CCLXXIV, et suivantes. Mort de Suger, abbé de Saint-Denis, homme d'une
grande sainteté. Bernard lui écrivit, dans ses derniers moments, une lettre
qui est sa CCLVI. Louis Vil et Éléonore, selon
ce que rapporte Robert du Mont, ayan affirmé par serment, pendant le carême
de cette même année, à Beaugency, devant une assemblée d'évêques et
d'archevêques, qu'ils étaient parents, furent séparés canoniquement.
Fondation du monastère d'Esron,
diocèse de Roschilt.
L'an 1152, huitième du pontificat du pape Eugène,
quinzième du règne de Louis VII, roi de France, mort de Conrad, qui laissa
la pourpre impériale à son neveu de frère.
Le 8 janvier de la même année, mort de Thibaut, comte de
Champagne, homme d'une insigne piété; il est inhumé dans le monastère de
Lagny-sur-Marne, dont il avait été l'avocat. Saint Bernard lui avait écrit
peu de temps avant sa mort une lettre qui est la CCLXXI.
Adoption de Marolles, diocèse de
Mallezès.
Fondation de l'abbaye de Clermont, diocèse du Mans.
Vers la même époque, adoption d'Armintéra,
en Galice, diocèse de Compostelle.
L'an 1153, deuxième du règne de l'empereur Frédéric I,
seizième du règne de Louis VII, roi de France, le 10 juillet, mort du pape
Eugène, après un pontificat de huit ans, quatre mois et treize jours. Il a
pour successeur Conrad qui, de chanoine régulier, était devenu évêque de
Palerme. Il prit le nom d'Anastase IV. Peu de
temps après, notre très-saint docteur Bernard,
après avoir travaillé pour l'Église de Dieu, malade depuis le milieu de
l'hiver précèdent, ainsi qu'il le dit lui-même dans ses lettres CCLXXXVIII,
CCCIII, et CCCVIII, meurt en paix, après avoir rétabli la paix entre les
habitants de Metz, le 20 août à neuf heures du matin, dans la
soixante-troisième année de son âge, la quarantième de sa profession
religieuse, et la trente-huitième de sa prélature.
Dans la même semaine, la ville très
forte d'Ascalon, en Palestine, lut prise parles Chrétiens, selon que
le saint l'avait prédit à plusieurs reprises, comme l'atteste Geoffroy dans
le livre III de sa Vie de saint Bernard, chapitre IV.
Bernard eut pour successeur à Clairvaux, Robert, qui
était abbé des Dunes.
Fondation du monastère de la Pérouse, diocèse de
Périgueux, et de Mores, diocèse de Langres.
Adoption de l'abbaye de Monte-Ramo,
diocèse d'Orense en Galice.
NOTA :
Œuvres de Saint Bernard :
Tome IV, pages 647-662
Pour consulter toute l'œuvre de Saint Bernard, nous
vous invitions à suivre le lien suivant :
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/frame.html
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