Caradoc
ou Caradeu, issu d'une famille illustre du pays de Galles,
naquit dans le comté de Brecknock. Il reçut une éducation conforme à
sa naissance. Rées ou Résus, prince des Gallois méridionaux, l'ayant
connu, l'honora de sa confiance, et lui donna une place distinguée à
sa cour. Mais il eut ensuite le malheur de déplaire à ce prince pour
un sujet assez léger. Cette disgrâce lui fit sentir combien peu on
doit compter sur la faveur et la protection des grands du monde. Il
résolut donc de s'attacher au service du Roi des rois, dont les
promesses sont infaillibles et les récompenses éternelles. Il
s'engagea par vœu à vivre dans une continence perpétuelle, et à
embrasser l'état religieux.
S'étant ensuite retiré
à Landaff, il reçut de l'évêque du lieu la tonsure cléricale, et
servit Dieu quelque temps dans l'église de Saint-Théliau. Mais comme
il voulait vivre dans une entière séparation du commerce des hommes,
il se bâtit à l'écart une petite cellule, où il passa plusieurs
années. Il allait faire sa prière dans une église qui avait été
dédiée sous l'invocation de S. Kined, et qui était alors abandonnée.
La réputation de sa sainteté se répandit bientôt par tout le pays.
L'archevêque de Ménévie ou de Saint-David, informé de ses vertus, le
fit venir et l'ordonna prêtre.
Le saint, accompagné de
quelques personnes pieuses, passa dans l'île d'Ary, pour n'y vaquer
qu'à la contemplation des choses célestes. Sa solitude fut troublée
par des pirates de Norwége, qui l'enlevèrent lui et ses compagnons.
Mais ces barbares, frappés de la crainte des jugemens de Dieu, les
remirent le lendemain sur le • rivage sans lear avoir fait aucun
mal.
Caradeu, par
l'ordre de l'archevêque de Ménévie, se retira dans le monastère de
Saint-Ismaël, vulgairement appelé Ysam, et situé clans le pays de
Ross. Henri Ier,
roi d'Angleterre, ayant chassé de ce pays les anciens Bretons qui
l'habitaient, le saint et ses religieux eurent beaucoup à souffrir
des nouveaux colons envoyés par le vainqueur, et surtout de Richard
Tankard, le plus puissant d'entre eux. Celui-ci, étant tombé
dangereusement malade, eut recours au saint, qui, par ses prières,
lui obtint une parfaite guérison. Il fut toujours d«puis le
protecteur du monastère, et lui fit ressentir les effets de sa
libéralité.
S. Caradeu mourut
le 13 avril 1124
et
fut enterré avec honneur dans l'église de Saint-David. Il s'opéra
plusieurs miracles à son tombeau. Son corps ayant été trouvé
plusieurs années après sans aucune marque de corruption, on en fit
la translation avec beaucoup de solennité.
SOURCE : Alban Butler : Vie
des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction :
Jean-François Godescard. |