Deuxième dimanche de Carême — B

SOYEZ LES BIENVENUS SUR LE SITE D'ALEXANDRINA

     

Deuxième DIMANCHE DE CARÊME
— B —

 

Lecture du livre de la Genèse (Gn 22, 1-2.9a.10-13.15-18)

Dieu mit Abraham à l'épreuve. Il lui dit : « Abraham ! » Celui-ci répondit : « Me voici ! » Dieu dit : « Prends ton fils, ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l'offriras en sacrifice sur la montagne que je t'indiquerai. »

Quand ils furent arrivés à l'endroit que Dieu lui avait indiqué, Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils.

Mais l'ange du Seigneur l'appela du haut du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! » L'ange lui dit : « Ne porte pas la main sur l'enfant ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m'as pas refusé ton fils, ton fils unique. »

Abraham leva les yeux et vit un bélier, qui s'était pris les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l'offrit en holocauste à la place de son fils. Du ciel l'ange du Seigneur appela une seconde fois Abraham : « Je le jure par moi-même, déclare le Seigneur : parce que tu as fait cela, parce que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton fils unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance tiendra les places fortes de ses ennemis.

Puisque tu m'as obéi, toutes les nations de la terre s'adresseront l'une à l'autre la bénédiction par le nom de ta descendance. »

 

Psaume : 115, 10.15, 16ac-17, 18-19

Je crois, et je parlerai,
moi qui ai beaucoup souffert,
Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !

Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?
Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce,
j'invoquerai le nom du Seigneur.

Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple,
à l'entrée de la maison du Seigneur,
au milieu de Jérusalem !

 

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 8, 31b-34)

Frères, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?

Il n'a pas refusé son propre Fils, il l'a livré pour nous tous : comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout ?

Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? puisque c'est Dieu qui justifie.

Qui pourra condamner ? puisque Jésus Christ est mort ; plus encore : il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous.

 

Evangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 9, 2-10)

Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l'écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux.

Ses vêtements devinrent resplendissants, d'une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.

Élie leur apparut avec Moïse, et ils s'entretenaient avec Jésus.

Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. »

De fait, il ne savait que dire, tant était grande leur frayeur. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le. » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

En descendant de la montagne, Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu'ils avaient vu, avant que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts.

Et ils restèrent fermement attachés à cette consigne, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d'entre les morts ».

 

Carême : faisons mourir en nous les traces du vieil homme

Le sacrifice d’Isaac a été unanimement reconnu comme une préfigure de la Passion de Jésus-Christ : des auteurs célèbres comme Tertullien, Origène, et bien sûr s. Augustin qui écrit : “Qui d’autre en Isaac portait lui-même le bois pour le sacrifice, si ce n’est Celui qui était lui-même chargé de la croix pour aller au terme de sa passion ?” (Contra Faustum, XII, 25).

On pourrait suggérer que, si Isaac préfigure réellement le Christ, il devait vraiment être immolé ; mais alors la promesse de Dieu n’aurait pu se réaliser, qui avait promis à Abraham une descendance innombrable. En réalité, spirituellement et mystiquement, Abraham a totalement remis son fils à Dieu, par sa promptitude à obéir, sans un mot de discussion, sans un instant d’hésitation, sans exprimer le moindre regret. C’est là le véritable sacrifice qu’accomplit Abraham, et qui lui vaut la bénédiction de Dieu.

De cette bénédiction est venu enfin le Fils de Dieu, incarné dans le sein de Marie, qui s’est offert totalement à Son Père jusqu’à la croix. Sur cette autre montagne, Jésus apparaît transfiguré aux apôtres, et la voix du Père nous dit expressément que c’est Lui qu’il faut écouter.

Cette manifestation du Christ glorieux a été permise par Dieu pour, en quelque sorte, encourager les apôtres à ne pas se laisser abattre par la prochaine passion du Christ, en leur annonçant quelle serait ensuite la gloire du Ressuscité, même s’ils ne comprennent pas bien encore ce que peut signifier “ressusciter des morts”.

Il faudrait dire un mot sur la phrase de Pierre qui “ne savait que dire, tant était grande leur frayeur”. En fait, Pierre exprime très clairement quelque chose qui est plein de respect et d’adoration, proposant une tente pour le Christ qui est Dieu, une pour Moïse (qui en reçut les Tables) et une pour Elie (qui annonça Sa naissance), mais pas pour lui-même et ses deux compagnons ; il disait donc quelque chose de tout-à-fait sensé, mais un peu sans s’en rendre compte, comme dans une extase. Et on ne pourrait pas vraiment parler de “frayeur”, puisqu’il dit qu’ “il est bon d’être ici” : certainement il a pu être rempli d’un sentiment de sainte crainte, de cette crainte de Dieu dont le psaume dit : “Venez, mes fils, écoutez-moi : je vous enseignerai la crainte du Seigneur” (Ps 33:12).

Nous n’allons pas ici corriger la traduction officielle de nos textes liturgiques ; mais nous essaierons, entre nous, de comprendre cette expression de la façon suivante : “Il ne s’apercevait pas des paroles qu’il disait, tant il était saisi de crainte”, un état d’esprit qui s’est répété dans maintes apparitions tout au long des siècles.

Un autre problème de traduction se trouve dans le psaume de méditation, où nous lisons : “Il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens”, comme si Dieu avait accepté à contrecœur le sacrifice de Jésus et le martyre de tant d’hommes et de femmes jusqu’à nos jours. Certes, Dieu ne prend pas plaisir à voir écorcher vifs Ses enfants, mais le psaume dit en réalité : “Elle a du prix, aux yeux de Dieu, la mort de ceux qui l’aiment” (traduction Segond). Une note de la Bible de Jérusalem explique que “les versions ont interprété ce texte d’après le dogme de la résurrection”, et tout le contexte de ce psaume 115 semble bien exprimer clairement l’Action de grâces du Christ pour son Sacrifice rédempteur. Au demeurant, ce psaume à lui seul pourrait constituer une excellente Prière Eucharistique.

Pour confirmer ceci, s. Paul est encore plus décisif, quand il écrit que “Dieu n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous” : c’est bien la preuve que cette mort “est précieuse” aux yeux de Dieu.

Ce n’est pas la mort en soi qui est douloureuse, ni aux yeux de Dieu ni aux nôtres, puisque dès notre conception nous sommes condamnés à la mort. Ce qui compte, en effet, c’est comment est offerte et acceptée cette mort, ainsi que les douleurs et les maladies qui l’accompagnent, comment chacun de nous accepte de s’offrir à Dieu pour collaborer à Son œuvre rédemptrice. Et d’abord, faisons mourir en nous les traces du vieil homme, nos concupiscences, nos petites choses humaines et terrestres, pour dès maintenant ressusciter à une vie nouvelle.

Pour toute demande de renseignements, pour tout témoignage ou toute suggestion,
veuillez adresser vos courriers à
 :

alexandrina.balasar@free.fr