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QUATRième dimanche de Carême
— C —

 

Lecture du livre de Josué (V 10-12)

Après le passage du Jourdain,les fils d'Israël campèrent à Guilgal et célébrèrent la Pâque le quatorzième jour du mois, vers le soir, dans la plaine de Jéricho. Le lendemain de la Pâque, ils mangèrent les produits de cette terre : des pains sans levain et des épis grillés. A partir de ce jour, la manne cessa de tomber, puisqu'ils mangeaient les produits de la terre. Il n'y avait plus de manne pour les fils d'Israël, qui mangèrent cette année-là ce qu'ils récoltèrent sur la terre de Canaan.

 

Psaume 33

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m'entendent et soient en fête !

Magnifiez avec moi le Seigneur,
exaltons tous ensemble son nom.
Je cherche le Seigneur, il me répond :
de toutes mes frayeurs, il me délivre.

Qui regarde vers lui resplendira,
sans ombre ni trouble au visage.
Un pauvre crie ; le Seigneur entend :
il le sauve de toutes ses angoisses.

 

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul Apôtre
aux Corinthiens (V 17-21)

Frères, si quelqu'un est en Jésus Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s'en est allé, un monde nouveau est déjà né. Tout cela vient de Dieu : il nous a réconciliés avec lui par le Christ, et il nous a donné comme ministère de travailler à cette réconciliation. Car c'est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui ; il effaçait pour tous les hommes le compte de leurs péchés, et il mettait dans notre bouche la parole de la réconciliation. Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c'est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n'a pas connu le péché, Dieu l'a pour nous identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu.

 

Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ
selon Saint Luc (XV 1-3 & 11-32).

Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l'écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ! »

Alors Jésus leur dit cette parabole : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : Père, donne-moi la part de l'héritage qui me revient. Et le père fit le partage de ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu'il avait, et partit pour un pays lointain où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre.

Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans cette région, et il commença à se trouver dans la misère. Il alla s'embaucher chez un homme du pays qui l'envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il réfléchit : Tant d'ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils. Prends-moi comme l'un de tes ouvriers.

Il partit donc pour aller chez son père. Comme il était encore loin, son père l'aperçut et fut saisi de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils... Mais le père dit à ses domestiques : Vite, apportez le plus beau vêtement pour l'habiller. Mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds. Allez chercher le veau gras, tuez-le ; mangeons et festoyons. Car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent la fête.

Le fils aîné était aux champs. A son retour, quand il fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des domestiques, il demanda ce qui se passait. Celui-ci répondit : C'est ton frère qui est de retour. Et ton père a tué le veau gras, parce qu'il a vu revenir son fils en bonne santé. Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d'entrer. Son père, qui était sorti, le suppliait. Mais il répliqua : Il y a tant d'années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est arrivé après avoir dépensé ton bien avec des filles, tu as fait tuer pour lui le veau gras !  Le père répondit : Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait bien festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.

 

La joie de la conversion...

Un des traits les plus émouvants de l'attitude du Père, dans cette parabole du Fils prodigue, est qu'il l'attend de loin, comme s'il s'attendait à le voir revenir d'un moment à l'autre.

Mais alors, pourrait-on dire, pourquoi n'est-il pas allé le chercher plus tôt pour l'inviter à revenir à la maison, au lieu de l'attendre simplement ? C'est que la grâce agit ainsi : elle est là comme une invitation constante de la part de Dieu, mais laisse l'homme libre de répondre.

Quand enfin le pécheur veut vraiment prendre le chemin de la conversion, reconnaître son erreur et en demander pardon, alors le Père s'empresse d'aller au-devant de lui, le prend dans ses bras, ne lui laisse pas même le temps d'achever sa phrase, et l'embrasse paternellement, tout ému, tout heureux.

Dans les deux paraboles précédent celle-ci, Jésus affirme qu' “il y a plus de joie au Paradis pour un pécheur qui se convertit que pour quatre-vingt dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion”, dit Jésus (Lc 15:7,10)).

C'est ce que n'a pas compris le frère de notre fils prodigue : qui peut oser dire qu'il n'a pas péché, qu'il n'a pas besoin de se convertir ? Tous les Saints, sur terre, ont avoué leur faiblesse, ont reconnu le chemin encore long qu'ils devaient parcourir pour accéder à la Sainteté. Aucun n'a osé dire : J'y suis arrivé, tandis que dans notre parabole, le frère se croit juste, meilleur que son frère, comme le Pharisien de l'autre parabole, qui se félicite "de n'être pas comme le reste des hommes" (Lc 17:11).

Nous devons être très attentifs dans nos jugements, car spontanément nous avons tous tendance à être sévères pour les autres et très indulgents pour nous-mêmes ; pointer du doigt un défaut chez notre prochain, est chose très facile ; on apprécie beaucoup moins quand un autre doigt pointe notre propre défaut. Or, suivre Jésus consiste justement à s'accuser soi-même et à pardonner aux autres. Durant la période du Carême, nous sommes invités à méditer sur le Chemin de la Croix : imiter notre Maître, ce n'est pas se priver de chocolat ou de confiture (en tout cas, pas seulement), c'est surtout porter la croix sur nos propres épaules, faire notre propre examen de conscience, nous accuser nous-mêmes, et savoir excuser les fautes du prochain. Sur la croix, exténué, exsangue, Jésus pardonnait encore aux bourreaux, et même les excusait : "Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font" (Lc 23:34).

Même si en tout temps nous pouvons avoir l'occasion de nous convertir, ce temps de "réconciliation" dont parle saint Paul aux Corinthiens, est propice à chacun de nous pour s'examiner plus en profondeur : il s'agit vraiment de se réconcilier avec Dieu, de se mesurer avec Sa Sainteté, avec la Perfection. Bien sûr, nous n'y arriverons jamais totalement, et Dieu sait bien que nous ne pouvons être parfaits ici-bas ; mais Il nous demande seulement de faire "un peu plus", chacun selon son état, et cela, nous pouvons tous le faire.

Il arrivera même que, une fois engagés dans ce combat, nous découvrirons peu à peu d'autres petits (ou grands !) défauts qui ne nous apparaissaient pas d'abord ; de même que, au bas d'une montagne, nous ne voyons que celle-ci, une fois montés nous apercevons mille autres montagnes alentours, de même, une fois que nous aurons accompli quelque victoire sur nous-mêmes, nous découvrirons bientôt mille autres champs où nous attend Dieu pour lutter contre le Malin.

Que cette découverte ne nous décourage pas, c'est au contraire le bon signe d'un combat généreux et d'une approche plus profonde de l'amour de Dieu. Si nous n'étions pas dans la Lumière de Dieu, nous ne comprendrions pas dans quelles ténèbres nous nous trouvons.

Pour nous encourager dans ce combat généreux vers la Perfection, le psaume nous invite à "regarder vers Lui, de sorte que nous serons illuminés". En effet, comme les Apôtres au moment de la Transfiguration, la Lumière de Dieu vient nous illuminer et nous aider à entrer plus intimement dans la sainteté.

C'est ce qui arriva au peuple d'Israël quand il entra dans la Terre Promise : la Manne cessa, la nourriture céleste du désert s'interrompit pour donner place aux fruits nouveaux – en attendant la Nourriture réelle eucharistique. Avant de mourir et de rejoindre le Père, Jésus-Christ nous donne sa Nourriture, son Corps, son Sang, que tout chrétien est invité à recevoir, pourvu qu'il passe avec Jésus de la mort à la vie, qu'il laisse le péché et se convertisse plus profondément, qu'il renonce au monde du péché pour appartenir au monde de la Vie.

Dans sa prière après la Cène, Jésus le répétait : "Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde" (Jn 17:16). "Parce que vous n'êtes pas du monde, le monde vous hait" (Jn 15:19).

Nous n'appartenons pas au monde ! Même si nous y vivons réellement, nous n'appartenons pas au monde, mais à Dieu. Notre marche est donc parfois difficile, et le combat rude ; mais quelle joie quand nous atteignons une victoire, même éphémère, même petite ! Jésus a souffert de façon indicible, ne l'oublions pas, mais Il était intimement heureux que Ses souffrances rachetassent les péchés des hommes, et c'est cette "joie" qui lui a donné des forces pour monter jusqu'au sommet du Calvaire, avec sa Croix qui lui a démis l'épaule.

Autrefois, la couleur liturgique de ce quatrième dimanche de Carême n'était pas le violet, mais le rose, pour exprimer cette joie de la victoire prochaine, et encourager les fidèles à aller "jusqu'au bout", avec Jésus. C'est pourquoi aussi le chant d'entrée est ce fameux "Laetare", dont la mélodie grégorienne est parmi les plus belles : Réjouis-toi, Jérusalem, et faites une assemblée, vous tous qui l'aimez ; réjouissez-vous avec joie, vous qui étiez tristes, pour que vous vous releviez, et que vous soyez remplis des fruits de votre consolation".

A cela nous reconnaîtrons notre vraie conversion : nous ressentirons en nous une grande joie profonde et durable.

Abbé Charles Marie de Roussy

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