Gertrude la Grande
avait eu dès l'enfance un attrait spécial pour la glorieuse vierge
Catherine ; un jour qu'elle désirait connaître ses mérites, le
Seigneur
la lui montra sur un trône si haut et si magnifique, que, n'y eût-il
pas eu de plus grande reine dans le ciel, la gloire de celle-ci
aurait semblé suffire à le remplir; de sa
couronne rejaillissait sur
ceux qui l'honoraient une merveilleuse splendeur
.
On sait comment la Pucelle d'Orléans, placée par Michel Archange
sous la conduite des saintes Catherine et Marguerite, reçut d'elles
conseil et assistance durant sept années ; comment
Sainte-Catherine-de-Fierbois fournit l'épée de la libératrice de la
France.
Les croisés d'Occident
avaient, dans les XIIe et XIIIe siècles, éprouvé l'aide puissante de
la Martyre d'Alexandrie; ils rapportèrent d'Orient son culte en nos
contrées, où lui fut vite acquise une popularité sans pareille. Un
Ordre de chevalerie était fondé pour protéger les pèlerins qui
allaient vénérer son saint corps au Mont Sinaï. Sa fête, élevée à la
dignité de la première classe, comportait l'abstention des œuvres
serviles en beaucoup d'églises. Les philosophes chrétiens, les
écoliers, les orateurs et procureurs l'honoraient comme patronne ;
le doyen des avocats fut appelé bâtonnier en raison du privilège qui
lui appartenait de porter sa bannière ; tandis que les jeunes
filles, organisées en confréries de Sainte-Catherine, estimaient à
grand honneur le soin d'orner l'image de leur Sainte vénérée.
Comptée parmi les Saints auxiliateurs à titre de sage
conseillère, elle voyait beaucoup d'autres corporations se
réclamer d'elle, sans autre motif plausible que l'expérience faite
par tous de son crédit universel auprès du Seigneur. Ses fiançailles
avec le divin Enfant, d'autres traits de sa Légende, fournirent à
l'art chrétien d'admirables inspirations.
Cependant le sage et
pieux Baronius regrettait déjà de son temps que, sur quelques
points, les Actes de la grande Martyre d'Orient donnassent prise aux
doutes dont devait s'emparer la critique outrée des siècles suivants
pour amoindrir la confiance des peuples
.
Au grand honneur de la virginité chrétienne,il n'en reste pas moins
qu'acclamée par élèves et maîtres en la personne de Catherine, elle
présida dans la vénération et l'amour au développement de l'esprit
humain et de la pensée, durant ces siècles où resplendirent comme
des soleils les Albert le Grand, les Thomas d'Aquin, les
Bonaventure. Heureux les purs de cœur ! car ils verront Dieu
.
« Il faut, disait Méthodius, l'évêque martyr du IIIe siècle,
en son Banquet des vierges, il faut que la vierge aime d'amour
les saines doctrines, et qu'elle tienne une place honorable parmi
ceux que distingue leur sagesse
. »
Lisons la Légende
abrégée de Catherine dans le livre de la sainte Église.
Catherine, noble vierge
d'Alexandrie, unit des le premier âge l'étude des arts libéraux et
l'ardeur de la foi. Telle fut bientôt la perfection de sa science
comme de sa sainteté, qu'à dix-huit ans elle l'emportait sur les
plus instruits. Or, en ce temps, beaucoup de chrétiens étaient par
ordre de Maximin soumis pour leur religion à divers tourments et
conduits à la mort ; ce que voyant, la vierge alla trouver sans
hésiter Maximin lui-même, lui reprocha ses cruautés impies, et
démontra par de très sages raisons que la foi dans le Christ était
nécessaire au salut.
Maximin, admirant sa
prudence, la fit retenir ; et mandant de tous côtés les plus savants
personnages, il promit de grandes récompenses à quiconque par
raisonnement détournerait Catherine de la foi au Christ et
l'amènerait au culte des idoles. Mais ce fut le contraire qui
arriva. Car beaucoup de 'philosophes, qui s'étaient rassemblés dans
le but de la convaincre, furent parla force et l'habileté de son
argumentation embrasés d'un si grand amour de Jésus-Christ, qu'ils
n'hésitèrent pas à mourir pour lui. Maximin donc, ayant essayé des
flatteries et des promesses près de Catherine, et comprenant qu'il
perdait sa peine, la fit battre et meurtrir avec des fouets garnis
de plomb, puis enfermer onze jours en prison sans nourriture ni rien
pour apaiser sa soif.
La femme de Maximin et
Porphyre, chef de la milice, étant alors venus voir la vierge en sa
prison, furent convertis par ses paroles à Jésus-Christ, et ensuite
couronnés du martyre. Cependant Catherine est tirée du cachot : on
produit une roue garnie de glaives nombreux et acérés qui doit
mettre en pièces cruellement le corps de la vierge ; mais bientôt,
Catherine priant, la roue se brise, et le prodige amène à la foi
beaucoup de monde. Pour Maximin, plus obstiné toujours dans
l'impiété et dans la cruauté, il commande de frapper Catherine de la
hache. Ce fut le sept des calendes de décembre que la Sainte,
présentant courageusement la tête au bourreau, s'envola pour
recevoir la double récompense de la virginité et du martyre. Les
Anges transportèrent miraculeusement son corps en Arabie et le
déposèrent au Mont Sinaï.
Nombreuses furent les
compositions liturgiques inspirées à l'Occident par la fête de ce
jour. Nous nous bornons à emprunter celle-ci au Graduel de
Saint-Victor, en la faisant suivre d'un beau et touchant Répons
conservé par les Frères Prêcheurs
.
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