I
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Catherine de Racconigi est une des vierges les plus
illustres du Tiers-Ordre de la
Pénitence
de Saint-Dominique, Sa vie est toute merveilleuse, sa sainteté
extraordinaire et ses vertus vraiment héroïques : prophéties, extases,
visions, grâces, miracles de toutes sortes remplirent son existence. Les
Anges, les Saints, spécialement saint Dominique, saint Pierre martyr et
sainte Catherine de Sienne, qu'elle considérait comme son père, sa mère et
ses maîtres, lui apparaissaient fréquemment. L'Esprit Saint descendit
visiblement sur elle : la Reine des Anges la réjouit souvent de sa douce
présence ; Notre-Seigneur en fit son épouse bien-aimée. Il la combla de
présents, lui donna des anneaux, des croix, et même lui plaça sur la tête
une couronne d'épines, la favorisa des sacrés stigmates ; enfin, par une
faveur toute spéciale, il lui enleva son cœur et le lui rendit ensuite avec
ces mots écrits en lettres d'or : « Jesus, spes mea : Jésus, mon
espérance. »
Un grand nombre d'auteurs, surtout dans l'Ordre des
Frères Prêcheurs, ont écrit sur cette sainte Tertiaire ; mais tous ont puisé
à une source commune, dans l'histoire qu'en a donnée Jean-François Pic,
prince de la Mirandole, neveu du fameux savant du même nom. C'est là qu'il
faut recourir pour connaître à fond cette illustre Dominicaine, dont la
sainte Église, répétant le mot d'un ancien auteur, a fait un si grand éloge,
en disant : « Entre la vierge de Racconigi et la vierge de Sienne, il n'y a
de différence que la canonisation. »
Dans cette notice, nous ne ferons qu'abréger l'ouvrage
composé par Pic de la Mirandole et revu par le Père Pierre Martyr Morelli,
Dominicain, dernier confesseur de la Bienheureuse. Le vénérable Religieux le
compléta en y ajoutant des choses que ce savant avait ignorées, ou n'avait
pu savoir, puisqu'il était mort quinze ans avant le départ de Catherine pour
le ciel. Ainsi s'est accomplie la prophétie où la vierge annonçait que les
grâces qu'elle avait reçues du Seigneur seraient rendues publiques dans
l'Église par deux personnes différentes qu'elle connaissait bien. Voilà
pourquoi, en lisant cet ouvrage, on y trouve avec surprise des chapitres,
les uns de Pic de la Mirandole, les autres de Morelli, et plusieurs de l'un
et de l'autre.
Racconigi, délicieuse localité du Piémont, reçut du ciel
l'honneur de donner le jour à notre Bienheureuse, en l’an du Seigneur 1486.
Ses parents, Grégoire Georges de Mattei et Billia Ferrari, étaient tombés
dans une grande gêne à la suite des guerres qui depuis longtemps désolaient
l'Italie. La mère, ne pouvant plus allaiter sa fille, la faisait porter tous
les jours à quelques nourrices du voisinage qui en prenaient soin par
charité.
Dieu se plut à répandre sur l'âme candide de l'enfant ses
miséricordieuses prévenances. A cinq ans, l'aimable fillette n'éprouvait pas
de plus grand bonheur que de rester agenouillée devant une statue de la
Sainte Vierge ou de se retirer à l'écart pour vaquer tranquillement à la
prière. Elle était là, un matin, dans sa petite chambre, quand une blanche
colombe vint se poser sur son épaule. Catherine, effrayée, s'écria :
« Jésus, Jésus ! » Aussitôt un rayon de lumière, partant du bec de la
colombe, s'en alla mourir sur ses lèvres. En même temps, une belle dame
revêtue de lumière apparut et dit : « Que le nom de Jésus soit toujours dans
ton cœur, ma fille.— Qui êtes-vous, Madame, demanda Catherine, et comment
êtes-vous entrée sans ouvrir la porte ? — Je suis la Mère de Jésus-Christ,
et je veux que tu te donnes tout entière à mon Fils. — Où donc est-il, votre
Fils ? — Bientôt tu le verras ; mais il faut te donner à lui avec tout ce
que tu as de plus cher. — Hélas ! moi si pauvre, que pourrai-je bien lui
offrir ? — Mon Fils ne veut que ton cœur ! — Mon cœur, où est-il ? Si vous
le trouvez, bien volontiers je le lui donnerai ! »
La Reine des vierges, avec un sourire, mit la main sur la
poitrine de Catherine et lui dit : « Là est ton cœur, tu le donneras à mon
Fils, chaque fois que tu obéiras à ses commandements et souffriras quelque
chose pour son amour. »
A ce moment parut un enfant merveilleusement beau, vêtu
d'une robe immaculée et entouré d'un chœur d'Anges : « Voici mon Fils, dit
Marie, voici Jésus, ton Rédempteur, Celui que tu dois choisir pour Époux. —-
Non, jamais, répondit l'humble petite, je n'oserais faire une si grande
chose. — Ne crains rien, je veux qu'il en soit ainsi et que tu gardes à
Jésus ta virginité. — Hé bien, je suis prête à faire tout ce qui vous
plaira. » Notre-Dame présentant à son Fils la nouvelle fiancée, Jésus dit
aussitôt : « Je l'épouse avec joie, parce qu'elle est une perle précieuse
que j'ai acquise de mon Sang. »
Alors la divine Mère prit la main de son Fils et celle de
Catherine, en disant : « Ma fille, je t'unis présentement à Jésus dans la
foi, l'espérance et la chanté. » Puis elle tira de son doigt un magnifique
anneau et le passa au doigt de Catherine. Jésus, de son côté, chargea un
séraphin de veiller désormais sur son épouse, de concert avec l'Ange gardien
qu'elle avait reçu en naissant, et il donna pour maîtres à l'heureuse vierge
saint Pierre martyr et sainte Catherine de Sienne.
Une autre vision, qu'eut notre vierge à l'âge de sept
ans, fut la marque des tribulations dont son âme serait abreuvée. Elle
priait, dans l'église des Pères Servites, devant l'image de saint Pierre
martyr. Le Saint lui apparut, tenant en main une coupe pleine de sang.
« Prends ma fille, lui dit-il, prends cette coupe, et goûte le précieux sang
de Jésus-Christ : sache qu'un jour tu boiras au calice de son amère
Passion. » II achevait à peine que l'Enfant divin se montra, portant une
croix sur l'épaule et s'adressant à Catherine : « Pierre, mon fidèle
Serviteur, que je t'ai donné pour maître, a souffert le martyre pour mon
amour ; afin que tu puisses lui ressembler, je te laisse cette croix. Au
début, elle te paraîtra dure et pesante, mais, par l'accroissement de mon
amour en toi, tu la trouveras bientôt douce et légère. »
Dès ce moment Catherine éprouva une merveilleuse ardeur
de souffrir pour son Bien-Aimé, à ce point qu'elle souhaitait vivement
d'aller en pays infidèle dans l'espoir d'y cueillir la palme du martyre.
Le démon, jaloux des dons parfaits que cette enfant
recevait du Seigneur, chercha par tous les moyens en son pouvoir à la
détourner du droit chemin. Vains efforts : une jeune fille de dix à douze
ans le couvrait de confusion par des réponses pleines d'à-propos qui
démasquaient sa malice et déconcertaient sa fierté. Un jour Satan,
transformé en ange de lumière, réclamait ses hommages. « Si tu étais
vraiment Celui que tu oses représenter, dit Catherine, tu ne demanderais pas
de moi l'adoration, tu la voudrais pour Dieu seul. Inutile de feindre, tu es
le déchu du ciel, puisque tu t'obstines dans ton antique orgueil : rentre
dans l'abîme. »
Un autre jour, deux malins esprits apparurent à Catherine
avec les insignes du martyre, lui offrant leurs blessures à vénérer. La
pieuse enfant comprit tout de suite à qui elle avait affaire. « Vous êtes
martyrs! dites-vous; oui martyrs non de la foi, mais de l'enfer, et vous
pouvez bien vous glorifier de vos peines, parce que votre orgueil les a
méritées. »
Une autre fois encore, c'était vers la fin de sa vie, le
démon chercha à la jeter dans le désespoir par le raisonnement suivant : « A
quoi bon te fatiguer en vain ! Tu serais mieux inspirée de songer à ton
repos, car après la mort tu ne pourras jouir d'aucun bien : l’âme meurt en
même temps que le corps, nous en avons la certitude. De tant de milliers de
personnes qui ont vécu saintement, aucune n'est jamais revenue porter des
nouvelles d'au-delà du tombeau, et consoler ses amis : ce qu'elles
n'auraient pas manqué de faire, si les âmes étaient véritablement
immortelles. »
« Mensonge ! Mensonge ! répondit Catherine, sous le coup
d'une sainte indignation. Comment oses-tu me tenir un pareil langage, toi
qui as éprouvé à ta honte que plusieurs âmes bienheureuses, unies autrefois
à un corps mortel, sont venues à mon aide lorsque tu m'outrageais ? Tu ne
peux mourir, toi : il en est de même de toute âme humaine créée à l'image de
Dieu. Mais tu es banni pour toujours de cette paix que goûtent les élus, et
si grande est l'envie qui te ronge que tu mets en œuvre toutes les ruses
pour priver nos âmes de la gloire céleste. Quant au retour des âmes en ce
monde, la chose n'est pas comme tu dis, puisque de temps en temps, selon
qu'il plaît à Dieu, elles viennent fortifier notre foi et nous consoler ; et
de mes propres yeux j'en ai vu plusieurs, revêtues d'un corps, apparaître à
mes yeux. »
Déjà le Seigneur manifestait au dehors la sainteté de
Catherine. Un matin, un vertueux prêtre de la ville était en prières : tout
à coup son Ange gardien l'invita à quitter pour un moment les hauteurs de la
contemplation, afin de voir une admirable créature. « Il m'est pénible de
laisser Dieu pour une créature, répondit le saint homme; toutefois si telle
est la volonté du Seigneur, je n'ai qu'à obéir. » Revenant donc à ses sens,
il aperçut près de lui une enfant de dix ans, revêtue d'une robe tout
éblouissante. « Qui êtes-vous ? » lui demanda-t-il. — « Je suis Catherine de
Racconigi, pauvre des biens temporels, mais, par la grâce du Dieu
tout-puissant, riche en biens spirituels. Je vous prie de vous souvenir de
moi dans vos oraisons, afin que j'obtienne du Ciel tous les secours qui me
sont nécessaires. C'est pour ce motif que j'ai été amenée ici. » A ces mots,
elle disparut. Un ami de ce bon prêtre, ayant su le fait, vint trouver
Catherine et lui demanda comment elle s'était introduite à une heure si
matinale chez le serviteur de Dieu. Malgré sa vive répugnance, elle finit
par répondre : « Je ne saurais vous l'expliquer ; tout ce que je puis dire,
c'est qu'un Ange m'y a conduite. »
A treize ans notre Bienheureuse fit vœu de virginité. La
nuit suivante, sainte Catherine de Sienne lui apparut et l'assura que son
vœu avait été fort agréable à Jésus et à Marie. Puis elle lui présenta deux
belles roses, l'une rouge, l’autre blanche, que lui envoya son divin Époux,
la rouge pour lui rappeler l'amour ardent que Jésus a montré aux hommes en
répandant son sang afin de les sauver ; la blanche, pour marquer l'innocence
de vie qui seule la rendrait digne de l'Agneau sans tache. Catherine
ressentit dès lors de plus vifs désirs de la retraite et de la solitude. La
conversation lui était devenue si insupportable qu'elle fuyait le monde
autant qu'il lui était possible, excepté lorsque l'honneur de Dieu et le
bien du prochain étaient en cause.
Nous n'entrerons pas dans le détail des assauts qui lui
furent livrés par les hommes et les démons pour l'induire en tentation et au
mal. La lutte dépassa en violence ce qu'on pourrait imaginer et dura de
longues années. Mais soutenue par la force d'en haut, l'intrépide vierge
remporta une victoire éclatante sur ses ennemis et mérita comme récompense
d'insignes faveurs. Rapportons-en quelques-unes.
Le jour de la fête de saint Etienne, la Bienheureuse
demandait avec larmes au premier martyr de lui obtenir la grâce de rester
pure de cœur, de corps et d'esprit, comme lui-même l'avait été, une fois élu
par les Apôtres pour remplir le ministère du diaconat. Saint Etienne se
montra entouré d'une splendeur céleste : « O ma sœur, dit-il, sèche tes
larmes, car Dieu a exaucé tes prières. Oui, bientôt tu seras délivrée de
toute tentation. Prépare-toi à recevoir le Saint-Esprit. » En même temps le
Séraphin chargé de sa conduite lui dit à son tour : « Oui, prépare-toi, car
la vertu du Tout-Puissant va descendre ! » A l'instant même une lumière
merveilleuse vint se poser sur la tête de Catherine. Une douceur
inexprimable envahit son âme avec une chaleur si vive qu'il lui semblait
être toute en feu, et elle entendit distinctement ces paroles : « Je viens
habiter en toi afin de purifier, d'illuminer, d'embraser ton cœur et de te
donner la vie. »
Depuis ce jour, il resta sur les traits de la jeune
vierge un reflet visible de la grâce reçue. Les voisins très étonnés,
soupçonnant Catherine de recourir à quelque essence pour colorer son teint,
lui demandèrent ce qu'elle mettait ainsi sur son visage. La jeune fille
répondit en souriant que sa recette n'était autre qu'un peu de pain, voulant
parler de la sainte Eucharistie. La surprise de ses parents fut plus grande
encore, car ils savaient bien qu'elle n'usait d'aucune industrie, mais qu'au
contraire, elle jeûnait fréquemment au pain et à l'eau et différait souvent
son repas jusqu'au soir. Pendant nombre d'années, Catherine pratiqua cette
austérité tout le temps de l'Avent et du Carême, et il n'était pas rare
qu'elle restât un jour entier sans boire ni manger. Plus tard, elle ne
prenait de nourriture que trois fois par semaine ; et cela dans l'unique but
de perdre sa beauté naturelle, de crainte qu'elle ne lui devînt une occasion
de péché. Non contente de ces jeûnes rigoureux, la servante de Dieu se
serrait la taille d'une grosse corde qu'elle changea contre une ceinture de
fer très aiguë. Elle portait en outre un cilice qu'elle ne quitta qu'au
déclin de sa vie, lorsque l'âge eut sensiblement diminué ses forces.
Le démon, sans cesse repoussé et vaincu, revenait
toujours à la charge, amenant avec lui les esprits les plus immondes pour
livrer à cette âme angélique de nouveaux combats. La plus grande épreuve que
la Bienheureuse eut à endurer lui advint en l'année 1512, au mois d'avril.
Pendant sept jours consécutifs, elle se vit harcelée de tentations horribles
sans un instant de répit. Ses larmes coulèrent en abondance mais
n'apportèrent point d'allégement à son état. Le Ciel semblait sourd à la
voix de ses gémissements. Dans cette cruelle angoisse, elle alla trouver son
confesseur. L'homme de Dieu lui conseilla de se jeter en posture de
suppliante devant son crucifix et d'attendre de lui seul le secours dont
elle avait besoin. Catherine obéit ; retirée dans sa chambre, elle supplie,
elle conjure son Sauveur bien-aimé de la traiter selon sa grande miséricorde
et les mérites infinis de sa Rédemption : « O Jésus, mon espérance,
s'écrie-t-elle, envoyez-moi la mort ou telle affliction qu'il vous plaira,
plutôt que de me laisser exposée au danger d'une tentation si importune. »
Jésus-Christ parut alors et dit: « Ne crains rien, puisque je suis avec toi.
Moi qui me fais appeler ton espérance, je ne t'ai jamais abandonnée ;
pendant l'épreuve, j'habitais au fond de ton cœur et j'affermissais ta
volonté dans la résolution de demeurer toujours vierge. » Pendant qu'il
parlait de la sorte, deux Anges se présentèrent et ceignirent les reins de
Catherine avec un cordon d'une blancheur céleste. « Au nom du Seigneur, lui
dirent-ils, nous te ceignons de la ceinture de la chasteté, qui ne se
déliera jamais. » Depuis lors et jusqu'à la fin de sa vie, Catherine ne fut
plus molestée ni par les aiguillons de la chair, ni par les troubles de
l'esprit : au contraire, on eût dit qu'elle infusait le don de pureté à tous
ceux qui avaient le bonheur de l'entretenir.
Cependant le bruit de sa sainteté se répandait de plus en
plus ; on venait la consulter
de
fort loin, ce qui alarmait grandement son humilité. Pour échapper aux
sollicitations des foules, il lui vint en pensée de prendre la fuite et de
chercher dans un petit coin des Alpes le moyen de mener la vie érémitique.
On était au mois de novembre, la neige couvrait tous les chemins. N'importe,
la sainte fille, encore mal remise d'une longue maladie, se leva dès quatre
heures du matin, à l'insu de sa mère, pour mettre son projet à exécution. Au
moment de franchir le seuil de la maison, elle entendit une voix qui
disait : « Arrête : où veux-tu aller ! » C'était un ordre du Ciel, devant
lequel elle dut s'incliner. Quelques jours après, Notre-Seigneur lui apparut
et lui remit un étendard blanc et rouge dont la hampe était surmontée de la
croix. « Prends, ma fille, lui dit-il, quiconque demeurera sous cet étendard
sera sauvé. » Et dans une vision subséquente, Catherine fut transportée au
ciel, et vit clairement rangés sous son étendard une foule de chrétiens qui,
par son entremise, devaient se sauver. « Vois, ajouta Jésus, combien de
pécheurs et de pécheresses te doivent le salut. Si je t'avais laissée entrer
dans un monastère ou vivre en recluse, ils se seraient perdus. » Paroles qui
la remplirent d'une douce consolation.
Pressée de plus en plus par l'ardeur de son amour, la
Bienheureuse demandait au divin Maître la grâce de lui ressembler dans ses
souffrances. Un mardi de Pâques, l'an 1509, tandis qu'elle repassait dans
son âme les souvenirs de la Passion, elle vit paraître Jésus-Christ vêtu
d'une robe d'un rouge enflammé, et tout resplendissant de rayons lumineux
qui s'échappaient de ses plaies sacrées : « Mon épouse, dit-il, tu désires
souffrir, mais connais-tu bien ta faiblesse ? — Ô mon Espérance, répondit la
pieuse fille, mes forces sont moins que rien ; de moi-même je suis incapable
de tout, il me faut absolument votre puissant secours. — Ta grande foi,
reprit Jésus, mérite d'être exaltée, c'est pourquoi je me fais une joie de
te rendre participante des douleurs que j'ai endurées aux pieds et aux
mains. » A ces mots le Sauveur étendit ses divines mains vers celles de
Catherine, et il jaillit de ses plaies comme un dard de sang qui traversa
les mains de l'épouse bien-aimée. La même merveille eut lieu aux pieds ;
elle était accompagnée d'une souffrance telle que la Bienheureuse sentait
ses forces l'abandonner sous la violence du tourment. Longtemps ses membres
gardèrent la trace des blessures : grand nombre de témoins affirmèrent avoir
vu ses stigmates, entre autres Pic de la Mirandole, qui l'attesta sous la
foi du serment. Sur la requête de l'humble vierge, Dieu rendit ces signes
cachés au dehors, mais les mains restèrent faibles et endolories; à grande
peine Catherine pouvait s'occuper de son métier et vaquer aux divers
services de la maison. En outre, elle portait la plaie du côté et la
couronne d'épines. Parfois ses vêtements demeuraient trempés du sang qui
coulait de ses stigmates, et sa tête paraissait entourée d'un cercle si
profondément creusé, qu'on eût pu y insérer le petit doigt d'un enfant.
Le Seigneur gratifia d'autres libéralités sa fidèle
épouse. A diverses reprises, il lui posa lourdement la croix sur l'épaule,
en lui rappelant que sa vie serait un portement de croix continuel. Un jour
qu'elle avait de nouveau médité sur la Passion, elle vit deux Anges tenant
en mains une robe blanche parsemée de croix. Ils dirent à Catherine :
« C'est de la part de Dieu que nous t'apportons ce vêtement. Tu seras
toujours dans une grande amertume jusqu'à la mort. » Catherine prit la robe
et répondit : « Que la volonté de Dieu soit faite ! »
Il ne lui restait plus qu'une faveur à recevoir, pour
être complètement l'émule de sa sainte patronne : elle l'obtint bientôt.
Le 3 août 1512, dans la vingt-sixième année de son âge,
s'étant levée de très bon matin pour prier Dieu, la Bienheureuse aperçut
Jésus, accompagné d'un cortège de Saints, parmi lesquels se trouvaient saint
Dominique, sainte Catherine de Sienne et saint Pierre martyr. Ce dernier lui
ouvrit le côté gauche, et lui retira son cœur. Elle en ressentit des
douleurs si vives qu'elle pensa mourir. Un peu revenue à elle-même, elle vit
le saint martyr, tenant à la main ce cœur, le lui montrer tout livide,
souillé de terre, un endroit excepté, où était écrit en caractères
d'argent : Jésus spes mea : « Jésus mon espérance ! » Puis, se
tournant vers le Sauveur, il le pria de vouloir bien purifier ce cœur de
toute tache.
Jésus, avec un visage serein, y consentit, et, ayant
rendu clair et vermeil le cœur de son épouse, le lui remit en la bénissant.
Alors Catherine éprouva une souffrance telle qu'elle paraissait sur le point
d'expirer. Ses parents envoyèrent chercher le prêtre. Celui-ci, voyant le
teint de Catherine frais et coloré comme de coutume, fut saisi d'étonnement
et soupçonna que la cause de cette maladie n'était pas ordinaire. Il lui
ordonna de parler sans rien cacher. Contrainte par l'obéissance, mais
humiliée profondément, Catherine dut raconter son merveilleux secret.
Pour mieux conserver les grâces de choix dont elle était
favorisée, la Bienheureuse désirait ardemment revêtir l'habit de la
Pénitence de Saint-Dominique. La Très Sainte Vierge lui avait annoncé
d'ailleurs, dès sa plus tendre enfance, qu'elle le porterait un jour. Mais
des obstacles de tout genre semblaient devoir entraver ce dessein. Catherine
avait alors pour confesseur un Père Servite, lequel, connaissant son désir
de prendre le vêtement religieux tout en restant dans sa famille, lui
proposa celui des Sœurs de son institut. « Non, répondit-elle, ce n'est pas
celui-là que je dois revêtir, mais celui de saint Dominique. — Vous savez
bien, répartit le Père, qu'il n'existe ici aucun couvent de Frères
Prêcheurs. — Dieu fera en sorte qu'il y en ait un », reprit Catherine. Sa
prophétie se réalisa, et la servante de Dieu prit solennellement le saint
habit, en présence du seigneur de Racconigi, Claude de Savoie, et d'un grand
nombre de personnages marquants, ecclésiastiques ou laïques, qui avaient
Catherine en profonde vénération.
A quelque temps de là, une vision symbolique la confirma
dans l'estime qu'elle avait pour sa famille religieuse.
II lui semblait voir une fontaine très limpide, disposée
en forme de puits. L'eau de cette fontaine paraissait profonde, mais en même
temps si claire et si transparente qu'il n'était objet si petit qu'elle ne
distinguât, et bien que des feuilles et des paillettes surnageassent à la
surface, sa vue ne laissait pas d'aller jusqu'au fond et d'y reconnaître une
réunion variée de pierres précieuses, aux couleurs et aux qualités
différentes. « Maintenant lève les yeux au ciel », lui dit une voix. A cette
invitation Catherine aperçut dans une lumière surnaturelle la très sainte
Trinité, qui lui semblait une réunion de trois visages en un seul et de
trois soleils en un soleil. Il en descendait dans la fontaine une si
merveilleuse splendeur que jamais son œil ne vit rien de plus beau. Tout à
coup se montrèrent une troupe d'esprits malins. Les uns avaient la forme de
loups, de lions, de sangliers ; d'autres la forme humaine avec des mains
hérissées d'ongles longs et crochus. Ils cherchaient à tarir la fontaine ou
du moins à troubler la limpidité de son onde. Trois jeunes hommes, armés de
la tête aux pieds, et portant au front une petite croix d'or, se
présentèrent aussitôt et chassèrent au loin les esprits malins.
L'un des jeunes gens découvrit à Catherine le sens de la
vision. « Cette fontaine, lui dit-il, représente la famille des Frères
Prêcheurs à laquelle tu appartiens. De même que le fond de ce puits laisse
sourdre sans interruption une eau très limpide, de même de cette famille
dominicaine découlent les vraies et saines doctrines, où les peuples peuvent
connaître ce qui est utile à leurs âmes. Les feuilles et les pailles qui
nagent à la surface marquent les manquements légers qui ne sont pas de
nature à obscurcir tout à fait le cristal de cette mystérieuse fontaine,
grâce à la vigilance des supérieurs. Les pierres précieuses placées au fond
représentent les bons et vertueux sujets qui, par humilité, se tiennent au
rang le plus bas. Différentes de nuance et de grandeur, ces pierres
indiquent la diversité des mérites et des dons accordés à chacun, et aussi
les degrés distincts de leur amour pour Dieu et de leur gloire future. Que
ces vertus cachées les rendent odieux aux démons, et à leurs suppôts, les
voluptueux, les hypocrites, les orgueilleux, il n'y a pas lieu de s'en
étonner. Mais sois sans crainte, ma fille, la foi et la lumière surnaturelle
préserveront si bien cette famille dominicaine que le trouble et la
confusion ne pourront s'y établir. En outre, la Vierge Marie et les Anges
l'environneront toujours d'une spéciale protection. »
Fidèle à l'esprit de son Ordre, Catherine s'offrit en
victime pour le salut des pécheurs, et l'on peut dire que ses vœux furent
satisfaits, en partie par ses grandes et continuelles souffrances. A dater
surtout de son entrée dans le Tiers-Ordre, sa vie ne devint plus qu'un long
martyre. Rien ne l'affligeait autant que l'offense de Dieu et la perte des
âmes. A la nouvelle que tel homme venait de tomber dans une grave faute,
elle répandait un torrent de larmes, et souvent sa douleur la rendait
malade. Alors naquit en elle le désir de porter les peines dues aux
pécheurs, afin de fermer ainsi la porte de l'enfer.
Une fois, le Sauveur lui apparut armé d'une épée
sanglante avec laquelle il se préparait à frapper ses ennemis. A cette vue,
Catherine redoubla ses prières. Mais Jésus lui déclara que le nombre et la
gravité des crimes l'empêchaient de se laisser fléchir. « O mon espérance,
reprit Catherine à genoux, je confesse que mes péchés me rendent indigne
d'être exaucée, mais j'espère tout de votre clémence infinie. » Se levant
alors, elle va droit au Sauveur : « Il est convenable, s'écrie-t-elle, que
l'épouse retire l'arme des mains de l'époux irrité. Je veux cette épée. » Et
Dieu fit grâce aux coupables, à sa considération.
Au carnaval de 1519, tandis que de malheureux chrétiens
se livraient à tout le débordement des passions, Catherine s'établissait en
état de victime jour et nuit au profit des pécheurs. Jésus lui fit cette
réponse : « J'accepte ton offre, mais tu auras à endurer des douleurs si
violentes qu'à peine échapperas-tu à la mort. » En effet, peu de jours
après, une recrudescence de maux l'obligèrent à garder le lit pendant onze
semaines.
Ce n'était pas seulement pour tous les hommes en général,
ou pour le salut de sa patrie, théâtre de guerres incessantes, mais encore
pour ceux dont les besoins particuliers lui étaient connus, qu'elle offrait
ses prières et sa personne même à Notre-Seigneur. Ainsi ayant appris, par
une lumière divine, qu'à trois jours de là on devait pendre trois
malfaiteurs, l'un à Carmagnole, l'autre à Montalto, et le troisième à Albe,
elle demanda leur salut éternel avec toute l'ardeur dont son âme charitable
était capable.
Vers la même époque se trouvait dans la prison de la
ville un jeune homme fort peu soucieux de ses intérêts éternels. Il fut
condamné à mort et recommandé à Catherine. Pendant un mois, elle conjura
Dieu de toucher son cœur. Au jour fixé pour le supplice, elle entendit une
voix qui lui dit : « Je te fais don de cette âme selon ta demande. » Elle
apprit ensuite que l'infortuné s'était montré repentant. On peut dire que
jamais personne ne recourut à ses suffrages, sans en recevoir quelque
secours. Un noble habitant de Racconigi étant sur le point de mourir, sa
mère vint le recommander aux prières de Catherine. Sans délai, la servante
de Dieu se transporte au lit du malade, puis fait le signe de la croix sur
la poitrine du moribond, où était le siège du mal, et le guérit entièrement.
Une dame venue d'une ville voisine visiter Claude,
seigneur de Racconigi, fut atteinte subitement d'une maladie grave et
conduite aux portes du tombeau. Le noble seigneur, fort affligé, vint
supplier Catherine de demander à Dieu la guérison de cette dame. Lorsqu'il
fut sorti, la Bienheureuse se tourna vers les personnes de sa maison et leur
dit : « Vous savez combien nous avons d'obligations au seigneur Claude pour
ses grands bienfaits à notre égard, prions avec ferveur pour que ses désirs
soient exaucés. » Chose admirable! la malade commença incontinent à aller
mieux, et en peu de jours se vit complètement rétablie.
Pic de la Mirandole raconte que dans le courant de
l'année 1521, un jour que la Sainte était en oraison, deux Anges lui
apparurent : ils placèrent devant elle un cercueil où se trouvait un cadavre
en putréfaction. Elle comprit aussitôt que sa patrie devait être ravagée par
la peste, qui sévissait déjà à Turin et dans les contrées environnantes.
Émue de pitié, Catherine pria le Seigneur de la frapper elle-même, mais
d'épargner son pays natal. Dieu écouta sa prière. Autour de Racconigi les
morts se succédaient sans interruption, mais il en fut autrement pour la
ville ; et bien qu'une foule de malades, atteints de la peste, vinssent se
réfugier dans les murs de Racconigi, la ville n'eut pourtant à pleurer
aucune victime.
Le pouvoir de la Bienheureuse sur la nature n'est pas
moins admirable.
Un violent orage, accompagné de coups de tonnerre et de
grêle, s'était déchaîné sur les campagnes. Sitôt que le péril fut annoncé à
Catherine, alors malade, elle se leva, et arrivée à la fenêtre, fit un signe
de croix sur les nuages. En un instant, d'après l'attestation d'un témoin,
ils se dispersèrent ; la ville et ses environs furent épargnés.
Une autre fois que la servante de Dieu gisait sur sa
couche, en proie à une fièvre violente, elle entendit que le feu avait pris
à une maison voisin! Elle se lève, comme si elle n'eût plus eu de mal, et
s'acheminant vers le lieu du sinistre : « J'espère, dit-elle, que le
Seigneur nous aidera. » Comme elle arrivait, les flammes gagnaient déjà les
planchers; elle fit le signe de la croix et le feu s'éteignit.
Malgré l'estime profonde dont elle jouissait, notre
Tertiaire ne manqua ni de censeurs ni d'ennemis. Le divin Maître permit ce
trait de ressemblance avec lui-même. Calomnies, persécutions, délaissements,
elle connut toutes ces épreuves. Les Religieux de son Ordre, traîtreusement
circonvenus, en vinrent à se tourner contre elle. Les choses s'envenimèrent
au point qu'on la chassa de la ville, sous les huées et les insultes des
libertins, avec défense aux couvents de la région de s'occuper de sa
direction spirituelle. Catherine se retira à Caramagna, bourgade éloignée
d'environ deux milles de Racconigi. Son bannissement dura plus de deux ans,
jusqu'à sa mort. En ces douloureuses circonstances, la charitable vierge ne
cessait de prier pour ses ennemis. Elle obtint ce qu'elle demandait : Dieu
fit même un miracle de grâce pour ramener l'un deux à de meilleurs
sentiments. C'était un prédicateur très en vogue, qui la poursuivait, on ne
sait pourquoi, de ses attaques méchantes et passionnées. Or, une nuit,
Catherine lui apparut et lui dit d'un ton sévère : « Vous devriez au moins
respecter Dieu, qui peut faire de sa servante ce qu'il plaît à sa divine
Majesté. » Ce prêtre n'avait jamais vu la Bienheureuse ; mais, s'étant
présenté chez elle le lendemain, il reconnut parfaitement celle qui s'était
montrée en songe, et dès lors il devint l'un de ses meilleurs amis et de ses
plus constants apologistes.
Rien ne devait être aussi fréquent dans la vie de la
servante de Dieu que ce don d'apparaître auprès de ceux qu'elle pouvait
instruire, reprendre ou sauver. La merveille était de notoriété publique, si
bien que les habitants de la région lui avaient donné un surnom qui dans le
patois du pays signifiait « Sorcière de Dieu ».
On l'invoquait de toute part ; elle répondait à l'appel,
apportant toujours par sa présence visible, bénédiction et salut.
Quelquefois, elle se trouvait transportée tout d'un coup à de grandes
distances toujours dans un but de miséricordieuse charité. En voici des
exemples.
Un certain Antonio de Montaperto, naviguant au-dessus du
port de Pise, courait risque d'être submergé. Il se souvint de Catherine et
la pria avec grande confiance de venir à son aide. Il achevait à peine que
Catherine lui apparut et le tira du danger. Un secours aussi prompt accrut
sa confiance envers la Sainte, en sorte que depuis il l'invoquait dans tous
ses périls. L'an 1527, il se trouvait sur la flotte génoise, quand s'éleva
une bourrasque furieuse, menaçant de tout engloutir. Antonio persuade au
capitaine de se recommander à Catherine de Racconigi. Au même instant, il la
voit apparaître en l'air au-dessus du vaisseau ; la fureur des vents
s'apaise et peu à peu le ciel redevient serein. Deux mois après, Antonio
venait remercier sa libératrice qu'il ne connaissait encore que par ses
miraculeuses apparitions.
Pendant le feu des guerres dont la péninsule fut le
théâtre entre les Italiens, les Français, les Espagnols et les Allemands, la
servante de Dieu multipliait ses prières en faveur de la paix.
Notre-Seigneur lui apparut un jour et lui dit: « Je suis venu du ciel en
terre pour y apporter les semences de la paix ; mais les hommes les
rejettent et provoquent mes châtiments par leur inconduite, leur orgueil et
leur obstination. — O mon espérance, reprit l'humble fille, vous pourriez
les convertir et les ramener à vous. — Ce que tu dis est vrai, mais ce
procédé ne convient pas à ma justice, et je respecte leur libre arbitre.
Résistant à toutes mes avances, ils se rendent indignes de recevoir la
plénitude de ma miséricorde. Et pour que tu reconnaisses la vérité de ma
parole, je veux que tu reprennes de ma part tel prince et que tu lui
annonces sa mort prochaine et sa damnation, s'il n'a hâte de changer de
vie. »
A l'instant même, une main invisible la souleva et lui
fit franchir avec la rapidité de l'éclair un espace de cent soixante milles.
Le prince se promenait seul dans une salle, quand la Sainte parut devant
lui. « Au nom du Sauveur Jésus, lui dit-elle, cessez, je vous en prie,
d'entretenir le feu de la discorde et de la guerre dans la république
chrétienne. »
En voyant une femme entrer tout à coup et lui parler de
la sorte, le prince se troubla, et pensant qu'il avait affaire à un esprit
surnaturel : « Ne serais-tu pas le diable, venu pour me tenter ? » lui
dit-il. — « Ni le diable, ni aucun esprit, reprit Catherine, mais une simple
fille envoyée de Dieu pour vous avertir de votre perte éternelle, si vous ne
vous arrêtez sur le chemin où vous courez. » Là-dessus elle disparut, le
laissant rempli d'épouvante. Loin de profiter de l'avertissement, le prince
persévéra dans ses mauvaises dispositions et mourut impénitent. Il fut donné
à la Sainte d'être témoin des opérations de la justice divine sur ce damné.
Transportée auprès de ce malheureux, elle le vit dans les tourments de
l'enfer. « Me reconnaissez-vous ? » lui dit-elle. — « Oui, tu es Catherine
de Racconigi : c'est toi qui m'as annoncé ma mort prochaine et la damnation
que je subis en punition de mon impénitence. — O infortuné, reprit-elle, si
vous aviez fait ce que je vous disais au nom de Jésus-Christ, vous seriez
maintenant dans le royaume des élus ! »
Citons encore quelques-uns des miracles que le Ciel opéra
en elle ou par son intercession. Dieu daigna accorder à Catherine le don de
prédire des événements futurs et de connaître les secrets des cœurs.
Le comte Pic de la Mirandole, qui ressentait une grande
joie de la conversation de la pieuse fille, avait obtenu à force d'instances
qu'elle vînt passer quelques jours à son château. Avant d'arriver, Catherine
se mit à pleurer abondamment. Interrogée sur le sujet de ses larmes, elle
répondit : « Je pleure la ruine qui va fondre sur ce pauvre pays. »
L'événement vérifia sa prédiction.
Elle annonça au comte que lui et son fils Albert seraient
tués dans l'année 1533, et les engagea à se tenir prêts pour paraître devant
Dieu. Après leur tragique fin, elle se vit accablée de souffrances
extraordinaires pendant quatre mois, après quoi le comte et son fils lui
apparurent, le front orné d'une couronne, et la remercièrent d'avoir abrégé
leur purgatoire, en se chargeant elle-même d'une partie de leur expiation.
Parmi ceux qui venaient converser avec Catherine, il y en
avait fort peu à qui elle ne dévoilât, en totalité ou en partie, la raison
de leur visite, et d'autres secrets dont personne n'avait pu l'instruire. Le
Père Morelli, Dominicain, qui fut son confesseur vers la fin de sa vie, a
rapporté qu'elle savait lorsqu'il devait venir la voir, et annonçait son
arrivée avant qu'il entrât. Elle lui manifestait les désirs ou les peines
qu'il éprouvait dans son âme, lui révélait même certaines imperfections
secrètes que le vénérable Père cherchait à détruire.
Plusieurs fois il arriva à la Sainte de signaler à tels
de ses visiteurs des fautes cachées qu'une fausse honte les avait empêchés
d'avouer en confession.
L'an 1544 eut lieu la bataille de Cérisoles, dans
laquelle restèrent sur le terrain dix mille hommes entre les deux armées.
Catherine vit les morts de l'un des partis presque tous aller en enfer, et
au contraire, ceux de l'autre parti presque tous sauvés. On en devina la
cause, quand on sut que les premiers étaient pour la plupart infectés de
l'hérésie luthérienne, et les seconds bons catholiques, purifiés depuis peu
par la confession et la communion pascales.
Non seulement elle savait les secrets des vivants, mais
parfois aussi le sort des trépassés. On l'entendit nommer telles ou telles
personnes jouissant de la gloire du Paradis, et d'autres retenues encore,
dans les flammes expiatrices.
La Bienheureuse employait ainsi pour la gloire de Dieu et
le bien des âmes les dons merveilleux qu'elle avait reçus d'en haut. Son
action sur les corps, n'était pas moins puissante.
La comtesse Francesca de Cacconato fut guérie de cruelles
douleurs de côté, sitôt qu'elle eut fait à Dieu cette prière : « Seigneur,
si ce qu'on dit de Sœur Catherine de Racconigi est vrai, je vous supplie
humblement de me rendre la santé par ses mérites. »
La même prière eut un effet semblable sur un Religieux de
Saint-Augustin et le délivra d'une fièvre qui résistait à tout remède. Une
autre personne, nommée Véronique, fut guérie d'hémorragies de longue date,
dès que l'exprès qu'elle envoya à la Sainte, alors éloignée de vingt lieues,
se fut acquitté de son message.
Depuis nombre d'années, un brave homme tombait du haut
mal. En vain avait-il employé tous les remèdes connus pour se guérir : son
état ne faisait qu'empirer. Il alla trouver Catherine et se recommanda à ses
suffrages avec une pleine confiance. A partir de ce moment, il ne ressentit
jamais plus la moindre attaque, ni aucune des crises qui se renouvelaient
jusqu'alors à de fréquents intervalles.
Mentionnons encore ce trait charmant. Le 5 du mois de
juin 1519, un bon prêtre, venu de loin à Racconigi pour jouir d'un entretien
avec la servante de Dieu, l'accosta en plein midi sur la grande place.
Pendant qu'ils conversaient, un petit nuage fit ombre sur eux deux seulement
et ne disparut qu'au moment où ils se séparèrent. Dieu accomplissait ainsi à
la lettre, en leur faveur, les promesses spirituelles qu'il a faites à ceux
qui le craignent, de les mettre à couvert des brûlantes ardeurs du soleil.
Mais de toutes les merveilles dont fut remplie la vie de
cette fille de saint Dominique, la plus extraordinaire peut-être, et à coup
sûr l'une des plus remarquables, a été la haute estime et la profonde
vénération que les grands du monde, ecclésiastiques et séculiers,
professaient pour cette humble enfant du peuple, née dans l'obscurité,
élevée avec le pain de l'aumône, destituée de tout ce que la nature peut
offrir pour attirer les yeux et les cœurs. Le seigneur de Racconigi, de la
royale maison de Savoie, lui avait voué un sincère et respectueux
attachement. Il aimait à la visiter et se donnait volontiers le plaisir de
procurer le même avantage aux personnages illustres de passage à Racconigi.
C'est ainsi qu'il put faire admirer à l'évêque de Marseille, en le
conduisant chez la Sainte, l'esprit de grâce qui parlait par sa bouche. Un
moine de Saint-Benoît s'imposa la fatigue d'une marche de soixante lieues,
uniquement pour la voir et pour contracter avec elle une liaison de prières
qui ne finit qu'à leur mort. Dieu, il est vrai, avait révélé à ce vénérable
Religieux la grande conformité que cette vierge devait avoir avec
Jésus-Christ, son divin Fils, et son intime participation à toutes les
douleurs de la Passion.
La vie de la Bienheureuse touchait à son terme, et, comme
pour combler ses mérites, Dieu lui envoya des angoisses spirituelles qui, au
témoignage du Père Morelli, remplissaient son âme d'une affliction sans
pareille. En même temps se déclara une grave maladie qui devait être la
dernière. Un jour que le médecin lui proposait divers remèdes, elle
répondit : « Tout remède est inutile, je n'ai plus que quatre mois à
vivre. » On était alors aux premiers jours de mai.
Il faut renoncer à peindre la patience, la résignation,
la sainte joie avec lesquelles Catherine supporta ses cruelles douleurs,
ainsi que les élans de son âme vers Dieu. Elle ne paraissait plus être une
créature de la terre, mais un Ange du ciel.
Son état s'aggravant, on lui administra les Sacrements de
l'Église. Elle les reçut avec de grands sentiments de dévotion. Après la
communion, son cœur fut inondé d'un tel amour qu'elle fut contrainte de
s'écrier : « II me semble avoir une fournaise dans la poitrine. Ah !
pourquoi tarde tant le moment où je volerai dans les bras de mon céleste
Époux ? »
Ses enfants spirituels entouraient sa couche. Après avoir
doucement reposé ses yeux sur chacun d'eux, elle leur adressa quelques
paroles pour les engager à fuir le monde et ses maximes, à aimer Dieu de
tout leur cœur, à mettre leur unique confiance en Jésus et Marie.
Elle promit de les protéger et de veiller sur eux avec la
tendresse d'une mère : puis élevant son regard vers le ciel, elle remit dans
un angélique sourire son âme à son Créateur, le dimanche 4 septembre 1547.
Le corps de Catherine exhala, après sa mort, un parfum
des plus suaves. Tout le peuple de Caramagna accourut pour le vénérer et
l'escorter ensuite au cimetière public, où se fit l'inhumation.
Cependant la dépouille mortelle de la servante de Dieu ne
devait point rester dans cette localité. Pendant l'un de ses séjours à
Garessio, notre Bienheureuse avait fait son testament. Après avoir écrit en
tête ces paroles qui lui étaient si familières : « Jésus, Marie, ma ferme
espérance et mon repos », elle ordonne qu'on ensevelisse son corps dans
l'église de son Ordre de Garessio, et non pas dans la chapelle du Rosaire
des Frères Prêcheurs de Racconigi, comme elle l'avait demandé antérieurement
dans un acte testamentaire daté de 1535. Sa volonté fut religieusement
exécutée, au grand regret assurément des habitants de Caramagna.
La translation eut lieu cinq mois après sa mort. Tout le
peuple, le clergé, les Dominicains, allèrent hors des murs de Garessio
recevoir sous un baldaquin la précieuse relique. Le corps était parfaitement
conservé et répandait une odeur céleste. Au son joyeux des cloches, à la
lueur des flambeaux et au chant des hymnes, il fut porté à l'église et
déposé sous un autel. Dès lors, il devint l'objet d'une vénération
qu'autorisaient les nombreux miracles obtenus par l'intercession de la
Sainte. Son culte se répandit rapidement dans les provinces de Piémont, de
Naples et jusqu'en Espagne. Les reliques de Catherine furent exposées
publiquement, sa statue, ses images portaient l'auréole avec la couronne
d'épines et les stigmates. Enfin, tous les ans, les fidèles célébraient sa
mémoire par des fêtes solennelles.
En présence de ces faits, dûment constatés, le Rme Père
Pie-Joseph Gaddi, Maître général des Frères Prêcheurs, sollicita du
Saint-Siège la reconnaissance du culte public. Pie VII, faisant droit à sa
requête, permit à l'Ordre entier, ainsi qu'aux différents diocèses de Turin,
de Saluées et de Mondovi, de célébrer chaque année, à la date du 5
septembre, la Messe et l'Office en l'honneur de l'illustre Tertiaire
dominicaine. Le décret est du 9 avril 1808.
Ajoutons à cette biographie un épilogue.
Quiconque me glorifiera, je le glorifierai moi aussi.
Voilà déjà bien des années que cette parole du Seigneur
est vérifiée, même sur la terre, pour la Bienheureuse Catherine de Mattei.
Par l’exercice des plus sublimes vertus, par ses souffrances extraordinaires
et continuelles pour l'Église, pour les pécheurs, les âmes du Purgatoire,
pour ses amis et ses fils spirituels, par ses salutaires conseils donnés à
tous, cette humble fille a procuré une grande .gloire à Dieu : Dieu, à son
tour, l'a comblée d'honneur et de gloire.
Le Sauveur, toujours généreux à l'égard de ses Saints, a
voulu que cette âme d'élite jouît sur la terre d'un culte étendu et
constamment vivant.
Sa ville natale fut la première à payer à la Bienheureuse
le tribut de ses respectueuses vénérations. On voit encore aujourd'hui la
maison de Catherine, au centre même de la ville, et depuis longtemps une rue
porte son nom. Une antique et constante tradition indique dans cette demeure
privilégiée une chambre assez grande, de forme irrégulière, lambrissée en
bois, respirant la pauvreté la plus absolue. C'est là que l'illustre vierge
reçut le jour et vécut pendant trente-huit ans.
Cette chambre a été, de temps immémorial, convertie en
oratoire. Au-dessus de l'autel est représenté le Rédempteur rendant à
l'épouse bien-aimée son cœur enrichi de rayons en forme de croix, avec ces
mots écrits : Jésus, mon espérance. Sur l'autel, on voit exposé, dans
un élégant reliquaire, don de l'archevêque de Turin, Mgr Fran-soni, un os de
la Bienheureuse ; c'est un fémur tout entier et parfaitement conservé. Cette
relique était un présent fait, en 1751, par les Dominicains de Garessio à là
cité municipale de Racconigi, et on venait visiter ces précieux restes dans
l'église des Frères Prêcheurs de celte ville.
Claude de Savoie était, comme nous l'avons dit au cours
du récit, un ami et un bienfaiteur de la Sainte ; il l'appelait sa chère
petite fille et vivait dans un château voisin. Souvent il aperçut au-dessus
de la chambre de Catherine une grande lumière, semblable à un incendie. Ce
phénomène se produisait quand le Sauveur, la Reine du Ciel, les Anges et les
Saints descendaient pour visiter la Bienheureuse.
Lorsqu'une souffrance publique vient frapper la contrée,
les habitants de Racconigi, même ceux de provinces éloignées, se rendent
aussitôt en pèlerinage à cette sainte demeure. Là, ils entendent la Messe,
accomplissent des vœux, demandent des grâces et remercient la Sainte des
bienfaits obtenus par son intercession. De nombreux ex-voto, laisses par les
fidèles reconnaissants, prouvent que la servante de Dieu prête toujours une
oreille attentive aux prières de ses compatriotes. Attiré par la sainteté du
lieu, le Révérendissime P. Alexandre Vincent Jandel, Maître général, de 1851
à 1873, voulut donner à sa piété la consolation de visiter ce sanctuaire^ si
riche pour tous en bénédictions.
Cependant Racconigi n'avait pas encore d'église en
l'honneur de son illustre enfant. Depuis longtemps, il est vrai, on parlait
d'ériger un temple sous le vocable de la Bienheureuse, mais la Providence
réservait cette œuvre à notre époque. En 1835, le choléra vint s'abattre
dans les murs de la cité. Pleins d'effroi, les habitants recourent à
Catherine avec confiance; ils portent processionnellement son image,
promettent de jeûner, la veille de sa fête, pendant vingt ans, et de lui
donner un riche calice : bientôt le mal cessa de faire des victimes. En
reconnaissance d'un si grand bienfait, on résolut d'ériger près de la
demeure de la Bienheureuse le temple anciennement projeté. La pieuse reine
Marie-Thérèse obtint de son auguste époux, le roi Charles-Albert, la cession
gratuite d'une maison voisine pour faire place à une église. L'année
suivante, on en jeta les fondements, et l'on mit une inscription latine dont
voici la traduction :
« A la Bienheureuse Catherine de Mattei, en
reconnaissance de leur délivrance du fléau asiatique, avec l'aide du roi
Charles-Albert et de Marie-Thérèse Aura, avec l'assistance du Prieur D.
Piasco et du prévôt Sacco, en présence du clergé, tant séculier que
régulier, du municipe et du peuple, ses concitoyens, pour accomplir le vœu
fait par la ville, ont posé la première pierre de ce temple, la veille des
Nones de septembre 1836. »
L'édifice s'éleva aux frais des fidèles, et fut construit
de manière à ce que de l'intérieur on pût apercevoir la chambre de la Sainte
et y monter par un petit escalier.
L'église paroissiale de Saint-Jean-Baptiste, rebâtie, il
y a deux siècles, à la place même de l'ancienne église où Catherine fut
baptisée, renferme une chapelle qui lui est consacrée. Chaque année, le
premier dimanche de septembre, diverses confréries s'y rassemblent pour
célébrer solennellement la fête de la Bienheureuse.
A Caramagna, la maison de Catherine existe encore, et
porte ces mots au-dessus de l'entrée :
« Maison où a vécu et est morte saintement la
Bienheureuse Catherine de Racconigi. »
Sa petite chambre est devenue une chapelle, visitée par
grand nombre de prélats, de prêtres, de hauts personnages et de fidèles de
toute condition.
Le Père François Josa, des Frères Prêcheurs, ancien
professeur de théologie à l'Université de Turin, et plus tard recteur du
séminaire pontifical à Rome, composa jadis, pour être placée dans la
chapelle, l'inscription suivante qui en rappelle l'histoire :
« La Bienheureuse Catherine de Mattei de Racconigi,
tertiaire de Saint-Dominique, a, dans cette maison, mené pendant de longues
années une sainte et merveilleuse vie ; et de cette petite cellule, changée
plus tard en oratoire, la Sainte est partie pour le ciel, le 4 septembre
1547. Cette demeure, après plusieurs siècles, fut achetée par le théologien
Jacques Gallo de Caramagna, chanoine archidiacre de la cathédrale d'Ivrea.
Il en fit son presbytère, et y ajouta la chapelle actuelle et l'enrichit
d'or, de marbre et de peintures. Cela était bien juste; car dans un lieu
témoin des mystères d'une si haute sainteté, la cité de Caramagna ne pouvait
offrir ni moins de reconnaissance, ni moins de piété, à la mémoire de
l'épouse de Jésus-Christ. »
Le peuple de Caramagna est plein de dévotion pour sa
céleste patronne et célèbre annuellement sa fête avec une solennité
touchante ; il lui donnait naguère un nouveau témoignage d'amour en
chargeant des Tertiaires dominicaines de la Congrégation de Mondovi de
diriger un Asile établi pour les enfants pauvres.
Garessio, nous le savons, devait posséder la tombe de
Catherine.
Lors de la suppression des Réguliers en Piémont, au
commencement du XIXe siècle, notre couvent et son église furent vendus, et
détruits en partie. On transporta les restes de la Bienheureuse dans
l'église paroissiale du faubourg supérieur ; on les revêtit d'un corps en
cire, suivant l'usage italien, et des vêtements du Tiers-Ordre. C'est là
qu'ils demeurent exposés à la vénération publique, dans une chapelle dédiée
à la Sainte.
Mentionnons encore les honneurs rendus dans la capitale
du Piémont à notre illustre Sœur.
Un saint Religieux, le Père Bernard Sapelli, mort en
1823, gouvernait le couvent et l'église de Saint-Dominique de Turin, au
commencement de ce siècle. A la publication du décret apostolique approuvant
le culte de la Bienheureuse, il fit célébrer un triduum solennel, et érigea,
dans son église, une chapelle à Catherine de Racconigi. L'empereur Napoléon
donna l'autel, qui fut consacré par l'archevêque, Mgr Costa de la Tour,
sénateur de l'empire.
Catherine est encore vénérée dans d'autres églises de
Turin. Les fabricants et les ouvriers en rubans l'ont choisie pour patronne
; car, d'après l'usage des jeunes filles de Racconigi, la Bienheureuse,
durant sa vie, exerçait leur métier.
A Chieri, son culte est très florissant. Notre Ordre
possédait autrefois deux couvents dans cette ville. On y remarquait surtout
celui de Sainte-Marguerite, dont il ne reste plus que l'église. Les
Dominicaines qui l'habitaient professaient pour Catherine de Racconigi une
extraordinaire dévotion. Son image, mise en une place d'honneur, la
représentait entourée de l'auréole, couronnée d'épines, portant une grande
croix sur l'épaule, une petite sur le cœur, les stigmates et un lis dans les
mains. Au-dessus de sa tête planait le Saint-Esprit en forme de colombe.
L'autre couvent est actuellement encore celui de nos
Pères. L'une des plus belles chapelles de leur vaste église est dédiée à la
Bienheureuse, devenue l'aimable Patronne des Tertiaires de la localité.
Plus loin, vers l'orient, à cinq lieues de Racconigi, on
rencontre la petite ville de Poirino, habitée par une population très
sympathique à notre Ordre. Nos Pères y desservent une paroisse. Là encore,
la fidèle amante de Jésus reçoit des honneurs et une vénération que rien ne
peut interrompre. La chapelle, où se réunissent les confrères du Saint-Nom
de Jésus, est décorée d'une riche peinture représentant le Seigneur Jésus et
deux enfants de saint Dominique agenouillés devant lui. L'un est Henri Suso,
qui se découvre un peu la poitrine et montre au Sauveur son Nom adorable
qu'il y a gravé avec un stylet ; l'autre est Catherine de Racconigi, tournée
avec amour vers Notre-Seigneur et lui présentant son cœur, sur lequel on lit
ces mots : Jesus spes mea.
L'une des dernières œuvres de Dom Bosco, celle qui
couronna sa sainte vie et qu'il eut le rare bonheur de conduire à terme, fut
l'érection sur le Mont Esquilin, à Rome, d'une magnifique basilique dédiée
au Cœur de Jésus.
La coupole, d'une hardiesse pleine de grâce et de
majesté, retrace un sujet merveilleusement traité par le peintre Monti : la
glorification du Sacré-Cœur. Dans cette peinture, le Sauveur montre son Cœur
à Marguerite Alacoque et à Catherine de Racconigi : les deux Bienheureuses,
le visage resplendissant, le contemplent en extase.
NOTES
L'ouvrage a pour titre :
Compendium des choses admirables faites par la Bienheureuse Catherine de
Racconigi, vierge très pure de l'Ordre de la Pénitence de
Saint-Dominique, divisé en dix livres, et composé par Jean-François Pic,
prince de la Mirandole et comte de la Concorde, et terminé par le Père
Pierre-Martyr Morelli de Garessio, de l'Ordre des Frères Prêcheurs, avec
notes. — Chieri et Turin, 1858. — Une tertiaire de Turin a généreusement
fait les frais de l'édition de cette précieuse en outre les deux
testaments delà Bienheureuse Catherine, et Massoli, Maître en sacrée
théologie.
Les détails qu'on vient de lire sur la gloire posthume de la servante de
Dieu furent communiqués jadis par le Père Jean-Dominici Vaccarino, du
couvent de Racconigi, à L’Année Dominicaine de Paris, qui
les a publiés en 1861.
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