Catherine eut pour père
un prince de Suède et pour mère sainte Brigitte, cette femme si
célèbre par ses Révélations. La fille devait être l'émule, sinon
l'égale de sa mère, par ses vertus comme par les lumières
qu'elle
reçut du Ciel. On vit Catherine, encore au berceau, repousser une
nourrice de vie coupable et ne point vouloir de son lait. Le démon
la poursuivit dès sa plus tendre enfance, prenant la forme d'un
taureau pour l'épouvanter et s'acharnant contre son petit corps
frêle et délicat.
Lorsque Catherine,
après la sainte éducation qu'elle reçut dans un monastère, fut en
âge de se marier, son père lui donna de force un noble et vertueux
époux qu'elle eut le bonheur de faire consentir à garder avec elle
le vœu de virginité parfaite.
Cependant Brigitte,
après la mort de son mari, était allée demeurer à Rome, qu'une
inspiration divine lui avait montrée comme un lieu spécialement
propre à sa sanctification. Catherine eut bientôt le désir de
rejoindre sa mère et obtint cette grâce de son époux, qui, du reste,
mourut pieusement quelques temps après.
Dans la Ville
éternelle, on pouvait voir la mère et la fille visiter avec ferveur
les églises et les tombeaux des martyrs et s'adonner ensemble à tous
les exercices de la mortification et de la piété. Catherine sut
résister aux obsessions de plusieurs seigneurs romains qui la
recherchaient en mariage, et Dieu la défendit parfois d'une manière
merveilleuse.
Sa joie était de
paraître vile aux yeux des hommes; quatre heures par jour à genoux
sans interruption, elle contemplait les souffrances du Sauveur; elle
flagellait cruellement son corps pour devenir plus semblable à son
divin modèle; soigner les malades et panser leurs plaies hideuses
dans les hôpitaux, était sa plus douce satisfaction; la terre nue et
quelques pierres formaient la couche de sa mère, elle s'en
approchait pendant la nuit et la faisait reposer doucement sur sa
poitrine.
Un jour vint où elle
fut privée de la compagnie de sa mère chérie; elle fit transporter
en Suède les restes mortels de cette sainte femme, qui y furent
reçus en triomphe; elle-même se fixa dans un monastère de sa patrie,
où sa vertu s'épura dans le sacrifice: sa vie dès lors ne fut qu'une
longue suite de douleurs corporelles. C'est dans un transport
d'amour que son âme s'envola vers le Ciel. Depuis le moment de sa
mort jusqu'à sa sépulture, une étoile brilla jour et nuit sur le
monastère.
Abbé L. Jaud
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame,
1950. |