Katharine Drexel naît à Philadelphie (Pennsylvanie) en 1858. Son
père, catholique, est banquier;
c'est un millionnaire philanthrope. Sa mère,
protestante, meurt peu après sa naissance, et son père se remarie. Dan sa
famille, on lui enseigne que les biens dont ils disposent ne sont pas seulement
pour eux, mais doivent être partagés avec les moins chanceux. Au cours d'un
voyage en famille dans l'Ouest de Etats-Unis, elle est profondément émue par la
pauvreté et les conditions dégradantes de vie des Peaux-Rouges et des Noirs
(Afro-américains). Elle utilise alors sa fortune pour financer des œuvres et
aider des missionnaires. En 1887, elle crée l'école Sainte Catherine, sa
première école, à Santa Fe (Nouveau-Mexique). Elle est bien effleurée parfois
par l'idée d'une vocation religieuse, mais la pensée de prendre l'habit et de
renoncer au monde à jamais lui fait horreur. Au cours de l'un de ses voyages en
Europe, elle va à Rome et expose la situation sociale à Léon XIII en lui
demandant d'envoyer des missionnaires. Quelle n'est pas sa surprise quand le
Pape lui demande doucement: "Et pourquoi, mon enfant, ne vous feriez-vous pas
missionnaire vous-même?" La première réaction, après l'audience, est la colère.
Sur le bateau du retour, son émotion n'est pas encore calmée. Elle projette d'en
parler à l'arrivée à son directeur spirituel, l'évêque James O'Connor.
Cet événement constitue sûrement un tournant dans la vie de
la bienheureuse Katharine. Avec un grand courage, elle place sa confiance dans
le Seigneur et elle choisit de donner entièrement non seulement sa fortune, mais
toute sa vie au Seigneur. En 1890, elle entre au Noviciat des Sœurs de la
Miséricorde à Pittsburgh avec l'intention de pouvoir fonder, par la suite, une
communauté religieuse qui aurait pour finalité l'adoration du Saint Sacrement et
l'évangélisation des Américains de couleur et des Indiens. En 1891, au terme
d'une année de noviciat, elle prononce ses vœux simples qui font d'elle la
première Sœur et la supérieure de la communauté du Saint-Sacrement. L'année
suivante, les Sœurs achèvent de s'installer dans le couvent Sainte-Elizabeth à
Cornwells Heights (Pennsylvanie). Leur spiritualité est basée sur l'union avec
le Seigneur-Eucharistie et le service des pauvres et des victimes de
discriminations raciales. Son apostolat contribue à diffuser la conscience qu'il
faut combattre toutes les formes de racisme au moyen de l'éducation et des
services sociaux. En effet, dans les plantations, les gens de couleur sont très
mal payés et les enfants ne sont pas scolarisés. Elle crée une soixantaine
d'écoles. Sa plus grande œuvre est l'érection en 1925, à la Nouvelle-Orléans, de
la "Xavier University" pour les Noirs. (Lorsqu'en1954 la Cour suprême
abolira la séparation des races dans les écoles, cette université ouvrira ses
portes à tous les étudiants sans distinction de couleur ou de religion.
En 1935, malade et plus que septuagénaire, une crise
cardiaque l'affaiblit beaucoup, et voilà vingt ans qu'elle n'est plus à la tête
de sa communauté. Les 18 dernières années de sa vie, devenue presque totalement
immobile, elle consacre son temps à une prière intense. Elle meurt en 1955, à 96
ans. Ses dernières paroles sont: "O Esprit Saint, je voudrait être une plume,
afin que votre souffle m'emporte où bon vous semble." Entre l'ardente jeune
fille qui regimbait quelque peu contre l'aiguillon — épisode romain qu'elle
aimait à rappeler en souriant —, et la femme très âgée livrée sans résistance au
souffle de l'Esprit, quel chemin parcouru! "Puisse son exemple aider les jeunes
en particulier à reconnaître que l'on ne peut pas trouver de plus grand trésor
que de suivre le Christ avec un cœur sans partage en utilisant généreusement les
dons que nous avons reçus au service des autres afin de collaborer ainsi à
l'édifice d'un monde plus juste et plus fraternel." (Jean Paul II)
Canonisée le 1° octobre 2000, place
Saint-Pierre, par le Pape Jean-Paul II.
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