Knut
IV
de Danemark ayant été assassiné en 1086, Adèle se réfugie en
Flandre, prenant le très jeune Charles avec
elle.
Charles grandit à la cour de son grand-père Robert
Ier
et de son oncle Robert
II. En 1092 Adèle le quitte pour se marier avec Roger
Borsa, duc des Pouilles dans le sud de l'Italie.
Charles part à la
croisade en 1096 avec son oncle, qui meurt en 1111. Il devient un
proche conseiller du nouveau comte Baudouin
VII (qui était de plusieurs années plus jeune) qui le
prend d'affection et lui procure plusieurs avantages. Il lui donne
d'abord la seigneurie et le château d'Encre qu'il avait enlevé à
Hugues de Camp d'Avène, comte de Saint-Pol. En 1118, Charles épouse
l'héritière du comte d'Amiens, Marguerite de Clermont.
En 1119, il est reconnu
par les États convoqués à Rouliers comme successeur de Baudouin
VII agonisant. Il devient effectivement comte le 19
juin. Sa prise de couronne est néanmoins vivement contestée. La
comtesse douairière Clémence de Bourgogne s’avère son opposante la
plus acharnée : elle favorise son propre candidat, Guillaume
d'Ypres. Charles vainc un à un tous ses rivaux, et Clémence doit
renoncer à une partie de son douaire ; Guillaume, fait prisonnier,
est amadoué par quelques seigneuries et une somme d’argent ; Baudoin
III, allié à Thomas de Coucy, est vaincu en bataille
rangée ; le comte Gauthier d’Hesdin est chassé et privé de ses
états ; Hugues Champ d’Avoine voit les forteresses de son comté de
Saint-Pol rasées ; le comte de Boulogne Eustache
III doit finalement se tenir coi.
Son mariage avec
Marguerite de Clermont-en-Beauvaisis, fille de Renaud II de
Clermont-en-Beauvaisis et d'Adélaïde de Vermandois, lui apporte
l'Amiénois.
Après ces débuts
guerriers, Charles de Danemark gagne rapidement une réputation de
grande vertu et de générosité envers les pauvres, ce qui lui vaut
son surnom de “bon”. Sa bonté s’exerçait sans affectation ; il est
bon sans être faible, et naturellement fort pieux, même s’il est
clairement conscient du rôle et de la place de chacun, fût-ce un
religieux. On raconte que l’abbé de St-Bertin, ayant une plainte à
formuler à propos d’une terre dont l’abbaye avait hérité par
donation, s’étant présenté au comte le jour de l’Épiphanie, ce
dernier lui fait reproche de n’être pas présent en son abbaye pour y
célébrer et y chanter la messe, alors qu'un messager aurait suffi
pour transmettre la plainte. Charles rend toutefois justice en sa
faveur. Sa réputation est telle que le siège impérial et le trône de
Jérusalem lui sont tour à tour proposés. Mais il décline ces deux
offres, arguant qu’il préférait se consacrer au bonheur de ses
sujets flamands.
Il s'unit au roi de
France, Louis
VI le Gros, pour repousser l'empereur Henri
V (1123).
L’hiver 1126-1127 est
particulièrement terrible en Flandre : tous les blés de la contrée
gèlent. Charles prend, pendant cette période de famine, des mesures
de salut public qui se révèlent efficaces : il empêche que le grain
soit vendu à des prix excessifs ; ordonne que la moitié des semis à
planter soient des semis de pois et de fèves, qui arrivent à
maturité plus rapidement que les blés ; visite les greniers des
riches et organise la distribution de leurs grains en les vendant à
coût modéré, faisant reverser le bénéfice à leurs propriétaires
légitimes ; distribue pain et argent, et interdit la fabrication de
la bière. Mais le 2 mars 1127, Charles est brutalement assassiné
dans l’église St-Donatien de Bruges pendant la messe du mercredi des
Cendres.
Ses meurtriers, des
marchands de la lignée du chancelier Bertholf, son neveu Burchard en
tête, avaient été mécontentés à plusieurs reprises par la justice du
comte, rendue en leur défaveur. Ils sont impitoyablement pourchassés
et exécutés. Les chroniqueurs voient dans cet assassinat la punition
de la branche cadette de Flandre qui avait évincé la branche aînée
plus d’un demi-siècle auparavant. Le corps de géant du comte (il
mesurait, dit-on, neuf pieds de haut, une exagération typique de
l'époque, qui équivaudrait à environ 2,75 mètres) est inhumé dans la
sacristie de Saint-Donat, puis transféré bien plus tard, le
26 novembre 1606 par l’évêque de Bruges, Philippe de Rodoan, dans la
partie supérieure de l’église. Une messe est dite depuis cette date
tous les ans en son honneur.
Très populaire, Charles
a été très vite considéré comme un martyr et un saint. Il est
béatifié en 1883 par le pape Léon
XIII.
Charles n'ayant pas de
postérité connue de son union avec Marguerite de Clermont, c'est son
deuxième cousin, Guillaume de Normandie dit Guillaume Cliton,
qui devient brièvement comte, rapidement suivi de Thierry d'Alsace
dit Thierry
III
de Lorraine.
SOURCE :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_le_Bon |