Claire Gambacorti, fille
d'illustre famille, vint au monde à Pise. Jeune encore, elle voulut
n'avoir d'autre époux que Dieu.
Chaque jour on la voyait
s'acheminer vers une humble maison où gisait une pauvre malade
abandonnée, dont le corps n'était qu'une plaie; son visage fétide et
repoussant, dévoré par un affreux ulcère, n'était plus reconnaissable.
L'enfant consolait la pauvre affligée, préparait sa nourriture, faisait
son lit, pansait ses plaies et ne s'éloignait jamais sans avoir approché
son beau et frais visage de ce visage souillé et infect pour y déposer
un baiser affectueux.
La jeune fille, n'ayant pu
obtenir le consentement de son père, entre à son insu chez les Clarisses
et y prend le voile sous le nom de Claire. Mais aussitôt son frère,
furieux, va l'y saisir avec des hommes d'armes et la ramène au palais
paternel, où elle est enfermée et abandonnée pendant trois jours.
Joyeuse dans son épreuve, elle se livre à la contemplation et goûte en
Dieu une paix profonde: "Que mon corps périsse, s'écrie-t-elle, avant
qu'il plaise à d'autres yeux qu'à ceux de mon Jésus."
Après de longues et
inutiles vexations, sa famille consent enfin à la laisser partir, non au
couvent des Clarisses, mais au couvent des soeurs de Saint-Dominique.
Ses exemples ranimèrent la ferveur dans la communauté: elle était la
plus humble et la plus pauvre; elle ne voulait porter que les vêtements
abandonnés par ses soeurs comme trop usés; elle se contentait souvent,
pour nourriture, des restes de ses soeurs.
Devenue prieure, elle fut
davantage encore le modèle de ses religieuses. Le sacrifice le plus
héroïque de sa vie fut de voir son frère, poursuivi par des assassins,
frapper à la porte de son couvent, et de ne pouvoir pas lui ouvrir; elle
dut se résigner à le voir tomber sous les coups de ses ennemis. Elle ne
fut pas moins héroïque à pardonner à celui qui avait massacré son père
et ses frères.
Près de mourir, elle disait
dans ses souffrances: "Seigneur, me voici en Croix avec Vous!"
|