INDEX
1904 - 1911-1912 -
1913-1917 -
1918 -
1922 -
1923
- 1924 - 1925 -
1928-1930 -
1931-1932 -
1933
- 1934 - 1935 - 1936
- 1937 - 1938 - 1939
- 1940 - 1941 - 1942
- 1943 - 1944 - 1945
- 1946 - 1948 - 1949
-
1950-1952 -
1953
- 1954 - 1955 - NOTES

1904
30 mars
Mercredi-Saint
— Alexandrina Maria da Costa naquit à Gresufes, lieudit de la
paroisse de Balasar, distant d'environ 50 kilomètres de Porto, et faisant
partie de l'Archidiocèse de Braga. Elle y fut baptisée le 2 avril, samedi
saint.
1911-1912
Janvier 1911
Elle partit avec sa sœur Deolinda à Póvoa de Varzim habiter chez des amis
afin de pouvoir fréquenter l'école, car en ce temps-là il n’existait à
Balasar qu'une école de garçons. Ce fut à Póvoa qu'elle fit sa première
Communion et à Vila do Conde — 3 kilomètres séparent les deux villes —
qu’elle reçut la Confirmation.
Juillet 1912
Elles retournèrent toutes deux à la maison. Au mois de novembre elle alla
habiter, avec toute la famille et toujours à Balasar, une maison qui se
trouve située au lieu-dit du “Calvário”.
1913-1917
Vers l'âge de 9 ans, elle commença à travailler dans les champs
et, plus tard elle dut travailler comme journalière pour gagner son pain. Au
travail elle adjoignit la prière. Puis, elle se vit nommée catéchiste et
membre de la chorale: elle avait une belle voix et aimait beaucoup la
musique.
Elle tomba d'un chêne. Gravement malade elle commença alors à consulter les
médecins, cessant de travailler régulièrement. A 12 ans sa maladie était si
grave que les derniers sacrements lui furent administrés.
1918
Le
Samedi-Saint, elle sauta par la fenêtre dans le jardin — et d'une hauteur
d’environ quatre mètres — plutôt que de se laisser violenter par trois
hommes qui étaient entrés dans la pièce où, avec sa sœur et une amie elle
faisait de la couture.
Le commencement de sa myélite comprimée à l'épine dorsale, laquelle fut
reconnue plus tard par les médecins, date de cette chute. Il en résulta une
paralysie progressive la retenant au lit pendant 30 ans.
1922
Elle partit à Póvoa pour une cure marine (plage et bains de
soleil), mais son état empira.
Elle dut faire son premier voyage à Porto pour consulter le médecin
spécialiste Abel Pacheco, lequel informa le médecin traitant, docteur
Garcia, que sa patiente ne guérirait pas.
Pendant cinq mois consécutifs elle ne pût se lever.
1923
Au
mois d’avril...
Elle commença à se lever et recommença à marcher s'aidant d'une chaise. Elle
restera ainsi levée pendant environ un an, souffrant beaucoup non seulement
physiquement mais aussi moralement à cause des moqueries de certains sur sa
façon de marcher et de s'asseoir. En cette année elle eut son premier grand
chagrin : la mort de sa grand-mère. Malgré tous ses efforts, elle ne put
visiter sa chapelle ardente.
1924
27 mars
Elle dut retourner à Porto pour une nouvelle visite médicale chez le
spécialiste Jorge de Almeida.
Au mois de juin elle participa, au prix d'un grand effort, au Congrès
Eucharistique National, à Braga.
1925
14 avril
Elle se mit au lit pour ne plus jamais se relever. Sa sœur Deolinda devint
son infirmière et son assistante en tout: elle deviendra même sa secrétaire.
1928-1930
Ne réussissant pas à obtenir la grâce de sa guérison, elle
s'offrit comme victime pour le salut des âmes, “sentant toujours
davantage le désir d'aimer la souffrance et de ne penser qu'à Jésus seul.”
Elle dit alors à Jésus :
Mon bon Jésus, vous êtes emprisonné. Moi aussi, je le suis. Nous sommes
tous deux incarcérés. Vous, pour mon bien et moi, enchaînée par vous. Vous
êtes Roi et Seigneur de tout. Moi, je ne suis qu’un ver de terre. Je vous ai
négligé, ne pensant qu’aux choses du monde qui ne sont que perdition pour
les âmes, mais, maintenant, le cœur contrit, je ne veux que ce que vous
voudrez, je veux souffrir avec résignation. Ne me laissez pas sans votre
protection.
1931-1932
Elle composa son hymne en l'honneur des Tabernacles.
Hymne aux Tabernacles
O Jésus, je veux que chacune de mes douleurs, chaque
battement de mon cœur, chacune de mes respirations, chaque seconde de ma
vie, chaque minute, soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
Je veux que chaque mouvement de mes pieds, de mes mains, de mes lèvres, de
ma langue, chacune de mes larmes, chaque sourire, joie, tristesse,
tribulation, distraction, contrariété ou ennui, soient autant d'actes
d'amour pour vos Tabernacles.
O Jésus, je veux que chaque lettre des prières que je récite ou entends
réciter, toutes les paroles que je prononce ou entends prononcer, que je lis
ou entends lire, que j’écris ou vois écrire, que je chante ou entends
chanter, soient autant d’actes d’amour pour vos Tabernacles.
Je veux que chaque baiser que je déposerai sur vos saintes images, celles de
la votre et ma sainte Mère, celles de vos saints et saintes, soient autant
d’actes d’amour pour vos Tabernacles.
O Jésus, je veux que chaque goutte de pluie qui tombe du ciel sur la terre,
que toute l'eau des océans et tout ce qu'ils renferment, que toute l'eau des
fleuves et des rivières, soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
Je vous offre les feuilles de tous les arbres, et tous les fruits que sur
eux mûrissent; chaque pétale de toutes les fleurs; toutes les graines que
contient le monde; tout ce qu'il y a dans les jardins, dans les champs, dans
les vallées, sur les montagnes: tout cela je veux vous l'offrir comme autant
d'actes d'amour pour vos tabernacles.
O Jésus, je vous offre les plumes des oiseaux et leurs gazouillements, les
poils des animaux et leurs cris, comme autant d'actes d'amour pour vos
Tabernacles.
O Jésus, je vous offre le jour et la nuit, la chaleur et le froid, le vent,
la neige, la lune, le clair de lune, le soleil, les étoiles du firmament,
mon sommeil et mes rêves, comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
Je veux que chaque fois que j'ouvre ou ferme les yeux, ce soit autant
d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
O Jésus, je vous offre toutes les grandeurs, richesses et trésors du monde,
tout ce qui se passe en moi, tout ce que j'ai l'habitude de vous offrir,
comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
O Jésus, le ciel et la terre, l'océan et tout ce qu'ils contiennent, je vous
les offre comme s'ils m'appartenaient et si je pouvais en disposer ;
acceptez-les comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles”.
Et, la récitation de cette prière lui causait des effets
qu’elle ne comprit pas tout de suite...
Écoutons-la :
“Pendant que je faisais cette offrande à Jésus, je me
sentais ravie, d’une façon que je ne sais pas expliquer, et en même temps je
ressentais une forte chaleur qui semblait m’embraser. Cela me parut étrange,
car les journées étaient plutôt froides et, émerveillée, j’ai même regardé
si mon corps ne transpirait pas. C’est comme si l’on m’embrasait
intérieurement. Cela me fatiguait assez.”
Celui lui parût tellement étrange, que, dans son
innocence juvénile, elle demanda à sa sœur Deolinda et à son amie Sãozinha,
si elles ressentaient, elles aussi, cette agréable sensation lors de leurs
prières...
Plus encore, comme elle leur expliqua qu’elle ressentait une chaleur assez
vive, on lui posa sur la poitrine des chiffons mouillés à l’eau froide...
1933
6 août
Le Père Mariano
Pinho sj vint à Balasar prêcher un triduum. A cette occasion
Alexandrina obtint qu'il devienne son directeur spirituel.
18 octobre
Elle s'inscrivit dans les rangs des “Filles de Marie”.
20 novembre
La première messe fut célébrée dans sa chambre.
Ce même mois de novembre elle commença à souffrir de la
perte des biens matériels, suite à une hypothèque sur la maison et sur le
terrain.
En effet, sa mère s'étant portée garante pour une personne de sa famille, et
celle-ci n'ayant pas pu rembourser la dette contractée, il fallut honorer la
caution.
Cette situation dura des années, et fut cause de grandes souffrances pour
toute la famille...
1934
Elle fit cette année le “vœu le plus parfait”.
6 septembre
Après la Communion, elle entendit Jésus l'inviter à participer à sa Passion,
mais d'une façon concrète, en se laissant transpercer les mains et les pieds
par le clous ; la tête, par la couronne d'épines.
« Donne-moi tes
mains : je veux les clouer avec les miennes; donne-moi tes pieds : je
veux les clouer avec les miens; donne-moi ta tête : je veux la couronner
d’épines, comme ils me l’ont fait à moi; donne-moi ton cœur: je veux le
transpercer avec la lance, comme ils ont transpercé le mien; consacre-moi
tout ton corps; offre-toi toute à moi; je veux te posséder entièrement ».
Cette invitation lui fut répétée le 7 et le 8 septembre.
Alexandrina accepta l'invitation, mais elle crut qu'il ne s'agissait là que
d'une augmentation de ses souffrances physiques; elle ne pensa pas un seul
instant qu'il s'agissait de choses surnaturelles.
A cette occasion elle se sentit fortement unie à Jésus :
« Il me parlait de jour comme de nuit... Il se confiait à moi... »
Alexandrina était convaincue que “souffrir, aimer, réparer” était une
inspiration qui lui venait de Jésus.
Les invitations de Jésus à participer à sa Passion se répétèrent plusieurs
fois pendant environ quatre ans, au cours desquels Il la prépara
progressivement au grand événement qui arrivera le 3 octobre 1938 :
Alexandrina vécut pour la première fois la Passion dans ses diverses phases.
14 octobre
Elle écrivit de son sang, obtenu par la piqûre qu'elle se fit sur la
poitrine, à l'aide d'une épingle, un serment d'amour à Jésus :
Avec mon sang, je vous jure de beaucoup vous aimer, mon Jésus. Que mon
amour soit tel, que je meure enlacée à la croix. Je vous aime et je meurs
d’amour pour vous, mon cher Jésus. Je veux habiter dans vos tabernacles.
(Balasar, 14.10.1934).
1935
Jésus continua de lui demander de L'aider dans la Rédemption, par
ses souffrances.
Il lui demanda de se détacher du monde.
30 juin
Jésus, pour la première fois, lui fit part de son désir de voir le monde
consacré à Notre-Dame.
« En raison de l’amour que tu as envers
Ma Très Sainte Mère, communique à
ton directeur spirituel la demande suivante: que chaque année un acte de
consécration du monde à Elle soit fait, un jour fixé et que l’on demande à
la Vierge sans tache de confondre les impurs, afin que ceux-ci changent de
vie et ne M’offensent plus davantage.
Comme Je l’ai demandé à Marguerite Marie la consécration du monde à mon
divin Cœur, ainsi Je te demande à toi, qu’il soit consacré à Ma Très Sainte
Mère, avec une
fête solennelle » (1).
1936
7 juin
Lors de la fête de la Très Sainte Trinité, eut lieu la mort mystique,
laquelle extérieurement se présente tout à fait comme une mort naturelle.
1937
Fin avril
Elle arriva au seuil de la mort : pendant 17 jours elle ne put rien avaler,
sauf l'Hostie consacrée.
31 mai
Elle reçut la visite du Père Antonio Durão, s j, frère du Provincial des
Jésuites du Portugal, en sa qualité d'envoyé du Saint-Siège pour la
questionner sur la consécration du monde à Notre-Dame.
Les assauts du démon s'intensifièrent. Dans son Autobiographie on
peut lire :
“Ce fut en juillet 1937 que le “boiteux” (nom qu'elle utilisait pour
désigner le démon), non content de tourmenter ma conscience et de me
souffler des choses affreusement ordurières, commença à me mettre en bas du
lit, aussi bien la nuit qu'à n'importe quelle heure de la journée...”
Jésus lui dit, à cette occasion :
« Le démon te hait, mais tu dois t’en réjouir, car tu connais la raison.
Si je le permettais, il te tuerait : mais je n’y consens pas. Je suis le
Seigneur de la vie et de la mort. Ta mort, en tout cas, ne sera qu’un envol
de la terre vers le ciel ».
Il est arrivé que le “boiteux”, comme l’appelait Alexandrina, la jette
en bas du lit, lui arrache les médailles qu’elle portait sur elle.
Dans sa rage, le monstre infernal est allé jusqu’à lui voler son crucifix
pour le jeter dans la porcherie...
De la même façon il lui subtilisa une statue de la Sainte Vierge qu’il est
allé enterrer dans le jardin, et qui ne fut retrouvée que quelques années plus
tard...
23 octobre
Elle entendit Jésus lui expliquer que ce genre de lutte avec le démon était
terminé. Il l'attaquera encore pour la faire horriblement souffrir, de telle
façon que les personnes qui la visitent ne s'en rendent pas compte.
1938
3 octobre
En extase, elle vécut la Passion pour la première fois, de midi et jusqu'à
15 heures. Le Père Pinho était présent. Dans son livre ”No Calvário de
Balasar” (Sur le Calvaire de Balasar) il écrira : « nous les présents, nous
voyions se dérouler devant nos yeux le drame de la Passion de la façon la
plus concrète : Jardin des Oliviers, emprisonnement, tribunaux,
flagellation, couronnement d'épines, chemin du Calvaire, crucifixion,
mort ».
Ce jour-là, était le jour de la fête liturgique de sainte Thérèse de
l’Enfant-Jésus, qu’Alexandrina considérait comme sa sœur spirituelle.
Elle la vit à deux reprises, lors de sa montée au Calvaire, au cours de
cette première “Passion”.
24 octobre
Le Père Pinho, à la suite du phénomène de la Passion vécue par Alexandrina
chaque vendredi, se décida à écrire à Rome. Il fit donc parvenir une lettre
au Cardinal Pacelli — futur Pie XII — pour lui expliquer ce que Jésus
demandait instamment à sa fille spirituelle.
En effet, lors de plusieurs extases, Alexandrina avait entendu Jésus
demander et exhorter le Père Pinho à écrire au Pape au sujet de la
consécration du monde.
6 décembre
Alexandrina fit, bien malgré elle, un nouveau voyage à Porto pour des radiographies. Elle
retourna chez elle le 11 du même mois.
26 décembre
Visite du docteur Elísio de Moura, psychiatre fameux, qui la traita
cruellement.
1939
5 janvier
Elle reçut la première visite du chanoine Vilar, envoyé par le Saint-Siège
pour enquêter sur la consécration du monde à la Vierge. Ce fût une “bonne
rencontre”. En effet, s'établissant à Rome, le chanoine va s’intéresser à
une telle consécration.
20 janvier
Jésus lui prédit la guerre comme châtiment pour les grands péchés :
Le monde est suspendu à un fil très fin... Ou le Pape se décide à
consacrer le monde ou le monde sera puni !...
28 juin
Comme déjà le 20 janvier et le 13 juin, elle entendit Jésus lui prédire la
guerre comme châtiment pour les grands péchés.
Alexandrina s’offrit comme victime pour la paix.
Toute l'année durant elle fut tourmentée par de violentes fièvres. À
certains moments elle crut perdre toutes ses facultés et resta sans pouvoir
parler. D'autres fois elle eut des douleurs si violentes qu'elle ne put même
pas s'alimenter.
Vers le mois de novembre, une bienfaitrice de Lisbonne, Fernanda dos
Santos, offrit la somme dégageant la maison de l'hypothèque. Le terrain ne
fut libéré qu'en 1941.
8 décembre
Fête de l'Immaculée Reine du Portugal dont l'église de Balasar possède une
merveilleuse statue — après l'extase de la Passion, elle fut atteinte d'une
colique qui dura une heure et demi.
1940
Cette année aussi, à plusieurs reprises, Jésus insista sur la
consécration du monde à sa Mère bénie.
En tant que victime expiatoire, Alexandrina souffrit elle même les peines
des damnés.
4 juillet
Elle s'offrit comme victime, avec d'autres âmes-victimes, pour obtenir qu'au
moins le Portugal soit épargné de la guerre.
Jésus accepta et s'empressa de répondre :
Cherchez et vous recevrez ; demandez avec foi. Le
Portugal sera sauvé: c'est Jésus qui te le dit et Il ne ment pas.
Et, c'est ce qui arriva.
15 septembre
Alexandrina écrivit deux lettres : une au Patriarche de Lisbonne, le
Cardinal Cerejeira, et l'autre au chef du Gouvernement, Salazar, pour leur
demander de faire ce qui était en leur pouvoir afin de freiner les
débordements de l'immoralité.
Elle se décida à cette démarche parce que le 12 septembre, pendant
l'extase, elle vit Jésus plus attristé que jamais, par l'état d'immoralité
et du manque d'amour de l'humanité.
6 décembre
Alexandrina entendit Jésus lui assurer que le Pape serait physiquement
épargné par la guerre: “le dragon orgueilleux et enragé qu'est le monde
n'osera pas toucher à son corps”.
1941
29 Janvier
Le
docteur Manuel Augusto Dias de Azevedo, médecin au
pays voisin : Ribeirão do Minho, vint pour la première fois auprès
d'Alexandrina.
Après avoir assisté à plusieurs extases de la Passion, il comprit qu'il ne
s'agissait pas là d'un cas relevant uniquement de l'humain, mais aussi du
surnaturel. Il décida alors de l'étudier à fond. Il y mit toute sa science
et aussi tout son cœur. Devenant son médecin traitant : il devint ainsi en
quelque sorte son Cyrennéen jusqu'à la fin.
1er mai
Le docteur Azevedo appela au chevet d'Alexandrina le docteur Abel Pacheco.
Étant donné que les deux médecins ne furent pas d'accord, la nécessité de
recourir à un éminent spécialiste fut avancée. On fit appel au docteur
neurologiste Gomes de Araujo.
Le docteur Azevedo voulut que toute lumière fut faite sur le cas afin de
pouvoir défendre Alexandrina de l'accusation que celle-ci ne serait qu'une
simulatrice. “Une paralysée qui peut se mouvoir toute seule lors des extases
de la Passion !”
15 juillet
Elle dut supporter un 4ème voyage à Porto.
29 août
Le Père José Alves Terças assista à l'extase de la Passion et en rédigea le
déroulement dans un article qu'il publia.
A la fin de l'extase, Alexandrina fut désolée de cette décision et eut le
pressentiment de tout ce qui se dirait. En effet, la publication de cet
article déclencha l'éloignement de son directeur, le Père Pinho, et mit le
public au courant de choses si intimes.
1942
3 janvier
A l'approche de l'écartement de son directeur (ce qu'elle pressentit
plusieurs fois lors des dernières extases) elle entendit Jésus lui dire :
« L'heure de me donner la plus grande preuve d'amour et d'héroïsme est
arrivée: marche sans lumière, en complet abandon. Tout sera mort en toi... »
7 janvier
Alexandrina reçut la visite d'adieu du Père Pinho.
27 mars
Elle revécut pour la dernière fois — de façon visible — la Passion:
c'était le vendredi de Notre-Dame des Douleurs.
“Et par la suite, tous les vendredis, encore que sans les mouvements, elle
continua de revivre la Passion de Jésus, pendant laquelle elle souffrait
bien souvent davantage qu'auparavant — écrira le Père Pinho dans sa
biographie “No Calvário de Balasar”.
3 avril
Vendredi-Saint. Commencement d’une nouvelle mort mystique, avec des
caractéristiques différentes de la première : toute spirituelle. “Le
Vendredi-Saint j’ai commencé à me sentir morte sur le Calvaire” — fit-elle
écrire dans son Journal.
13 avril
A
cette date commença le jeûne total accompagné d'une totale anurie, lequel
durera jusqu'à sa mort.
Les conditions physiques s’aggravèrent au point que le curé lui administra
les derniers sacrements; il continue à lui donner chaque jour la sainte
Hostie.
Alexandrina dicta ses dernières dispositions au sujet de ses funérailles et
de sa sépulture.
31 octobre
Finalement, à l'occasion du 25e anniversaire des apparitions de
Fatima — le Pape Pie XII fit, en langue portugaise, la consécration du monde
au Cœur Immaculé de Marie, consécration qui sera répétée solennellement à
Saint-Pierre de Rome, le 8 décembre de la même année.
Alexandrina reçut de Fatima, à cette occasion, un télégramme du Père Pinho
lui annonçant la bonne nouvelle.
“J’ai récité le Magnificat et j’ai allumé un cierge en l'honneur de
Notre-Dame”, peut-on lire dans la lettre envoyée au Père Pinho le 7
novembre.
1943
Du 10 juin au 20 juillet
Alexandrina resta internée à l’Hôpital de Foz do Douro (près de Porto) pour
être examinée et contrôlée au sujet de son jeûne et de son anurie.
Le directeur de l'Institut, le docteur Gomes de Araujo, après avoir constaté
quarante jours durant sous la plus stricte surveillance, qu'il n'y avait
aucune simulation, en la congédiant lui dit: “Je viendrai vous revoir à
Balasar, non plus comme médecin ou espion mais comme ami qui vous admire”.
Et à l'automne de cette même année il se rendit à son chevet.
La conséquence de cette reconnaissance officielle du jeûne et de l'anurie
fut que beaucoup de personnes, y compris des prêtres, s’intéressèrent au cas
et vinrent lui rendre visite. Parmi ceux-ci le Révérend Docteur Gigante
(lequel fut nommé plus tard Président de la Commission pour le Procès
Diocésain de béatification), lequel restera pour toujours son ami, même
quand il devint archevêque.
Vers la fin du mois d’octobre, elle souffrit, en tant que victime, les
peines du Purgatoire.
10 octobre
Elle entendit de la Bouche même de Jésus la confirmation de la non
participation du Portugal à la guerre.
31 octobre
Elle commence à vivre les peines du Purgatoire.
1944
16 juin
A cette date, tomba, pour Alexandrina le verdict d'une Commission d'enquête
composée de trois théologiens nommés par l'Archevêque de Braga afin
d'étudier le cas de la “malade” de Balasar: Cette Commission ne trouva rien
de surnaturel ni de miraculeux et, cela malgré la poursuite du jeûne et de
la complète anurie !
25 juin
L'Archevêque de Braga publia une Circulaire dans laquelle il invitait à
garder le silence sur les présumés faits extraordinaires attribués à
Alexandrina et interdit les visites à celle-ci même à titre d'observation
sur le point de vue religieux.
Ceci ressemble, de plus en plus, à un genre de “persécution” de la part des
membres de la hiérarchie ecclésiastique de Braga.
En effet, l’un des membres de la Commission, informé par des ragots et non
pas par une étude sérieuse, voulait à tout prix faire taire la “malade” de
Balasar.
Il fut, plus tard — lors du procès diocésain — un témoin
courageux et humble, ayant compris la portée profonde et le message
authentiquement ecclésial de la sainte fille de Balasar.
21 juillet
Se produisit la première rencontre avec le salésien Dom Umberto Maria
Pasquale,
qui devint son deuxième directeur spirituel à partir du 8 septembre.
15 août
Elle s'inscrivit parmi les Coopératrices Salésiennes.
Au mois de décembre Jésus, pendant une extase, l'appela “mère des pécheurs”
et, avec Notre-Dame, lui mit dans le cœur l'humanité entière, la lui
confiant.
8 septembre
Le Père Umberto
Maria Pasquale, salésien, devient son Directeur spirituel, en remplacement
du Père Mariano Pinho, s j.
1945
Son état de santé devint de plus en plus préoccupant, y compris
un malaise aux yeux : ceux-ci ne supportent plus la lumière.
Comme si le Seigneur voulait la récompenser de tant de souffrances... Comme
s’il voulait lui apporter un peu de baume au cœur, il lui accordera des
faveurs sublimes... comme celle que nous pouvons lire dans son journal du
2 février :
“Le vendredi est arrivé ; triste vendredi ! J’ai vu ma croix; il était
encore tôt. On la préparait avec soin: elle était nécessaire, quelle que
soit la sentence que j'ai dû recevoir.
Dans mon âme je ressentais une mansuétude, une bonté inégalable. En même
temps, contre cette mansuétude et cette bonté, je ressentais la haine, la
rancœur, le mépris et une autorité orgueilleuse: un orgueil cynique.
Des bêtes féroces contre l’Agneau, le plus petit et le plus innocent! Quelle
douleur pour lui, lui si débordant de bonté ! Avant même que la sentence ne
soit prononcée contre l’Agneau innocent, j’ai senti que cette autorité là,
avec une fureur diabolique, se déchirait les habits de haut en bas...
J’ai monté avec peine la montagne du Calvaire, en ayant l’impression
d’expirer. J’ai crié continuellement :
Père, Père, toi aussi tu m’abandonnes ? Toi aussi tu m’abandonnes ?
(2)
Mon sang coulait.
Le soleil, honteux, s’est caché à la vue de tant de malice. Et moi,
déshabillée, dans une grande confusion, je restais là, sur la croix, sous les
regards de la canaille la plus vile! Mes habits ont été tirés au sort et
partagés... (3) Mon âme tremblait de douleur
et de peur, comme le corps tremble à cause du froid.
A haute voix toujours j’appelais Jésus. Il est venu apportant un soleil
radieux et ardent. Les tremblements de mon âme ont cessé, ainsi que la peur
et toutes les douleurs: j’avais retrouvé la paix, je n’avais plus que
lumière et amour. Le cœur a commencé à revivre une vie que je ne sais pas
expliquer. La poitrine est devenue un vrai incendie. Quel bonheur j’ai pu
vivre pendant longtemps !...
J’ai entendu des hymnes merveilleuses; je ne comprenais pas très bien, mais
je sais qu’elles étaient adressées à Jésus au très Saint-Sacrement.
J’ai entendu les paroles “Corpus Jesus Christi” et je me suis aperçue que
Jésus se donnait à moi et m’unissait toujours davantage à lui.
Les anges continuaient de chanter : de ce chœur d’anges sortait un canal qui
arrivait jusqu’à moi, me communiquant des flammes de feu et bien d’autres
choses.
Jésus m’a dit alors :
« Ce canal,
(4)
ma fille, descend du Cœur de la tienne, et ma Mère bénie. De celui-ci tu
reçois la très grande abondance de notre amour; tu reçois nos grâces, vertus
et dons: richesse divine et tout ce qui est du ciel. De son Cœur tu reçois
la vie pour vivre, la vie pour la donner aux âmes. C’est cette rosée, le
sang que tu sens tomber sur l’humanité; c’est une fusion de mes richesses,
de mes grâces et de ta souffrance. Tu es une nouvelle co-rédemptrice.
Je te communique tout à travers le canal de ma Mère bénie: c’est à vous
qu’il appartient de sauver le monde. » (5)
Nous sommes tous concernés, tous appelés à participer à
la Rédemption du genre humain. Le Seigneur veut avoir besoin de nous, non
point que sa participation et son sacrifice aient été insuffisants ou
incomplets, mais parce que tous, nous faisons partie de ce corps mystique
qu’est l’Église, irriguée par le Sang Rédempteur du Fils de Dieu.
La Communion dont Alexandrina nous a fait le récit, s’est déroulée lors de
la Passion qu’elle vivait chaque vendredi...
Au contraire des autres fois où Alexandrina a été communiée par les Anges et
que le mot “nostri” était prononcé, cette fois-ci, il ne le fut pas, car ce
fut Jésus Lui-même qui s’est donné à son épouse.
Un autre vendredi, au cours d’une autre Passion, la sainte fille eut une
vision, vision terrible qui nous remplit de terreur, surtout si l’on
considère la date à laquelle elle eut lieu : 1945. Bien longtemps avant que
le Concile du Vatican II n’ait lieu et que des décisions précipitées,
quelquefois, ne soient prises. Écoutons et méditons :
« Quel feu dans mon cœur !... Il me brûle tellement qu’il
semble le détruire. Combien je donnerais, combien j’aimerais souffrir pour
obtenir que ce feu soit le mien et qu’il soit un feu d’amour pour Jésus. Je
veux de l’amour, je veux de l’amour pour le donner au monde afin qu’il aime
uniquement Jésus. Pauvre comme je suis, je n’ai rien à lui donner; je ne
sais pas comment l’acquérir, je ne sais pas comment le confier à Jésus. Je
le vois s’enfuir: il fuit vers un autre monde, un monde de perdition.
Je reste les bras ouverts et les yeux levés vers le ciel.
Comment remédier à ce mal ?
Ô Jésus, veillez sur le monde que vous m’avez donné et confié,
gardez-le, il est à vous, uniquement à vous ! Donnez-moi votre amour afin
qu’ainsi je puisse le conquérir.
De grandes, de très grandes inquiétudes montent de la terre vers le ciel.
Mon Dieu, je vois les âmes pleines de lourdeur et les corps détruits par la
lèpre: conséquences du péché. Quelle lumière, celle qui m’oblige à tout
voir!... À quel extrême le monde est réduit !... Doux Jésus, votre divin
Cœur n’en peut plus !...
Je me sens placée entre le monde et Jésus afin d’éviter que la méchanceté
des hommes ne blesse son Cœur si aimant.
Flagellation, épines et mauvais traitements me blessent. Je ne vois pas
Jésus mais je le sens comme opprimé, rempli d’épouvante et qui attend les
coups de cette chaîne de méchanceté.
(...)
Sans même avoir pensé à la Cène de Jésus avec ses disciples, je me suis
sentie à table.
Mon cœur était le calice, le vin et le pain. Tous venaient manger et
boire à ce calice. À partir de cet instant cette Cène allait se répéter.
Mais quelle horreur ce que j’ai vu !... Tant de Judas buvant et mangeant
indignement !
Que de langues sales! Pire encore: combien de mains indignes distribuant
ce pain et ce vin ; des mains indignes et des cœurs démoniaques.
Quelle horreur mortelle !... J’en ai éprouvé tant de douleur et tant
d’horreur au point de croire que mon âme allait fondre et le cœur se briser.
Je ne sais pas mieux exprimer ce que j’ai vu, ce que j’ai souffert. Et avant
tout autre chose, l’amour de Jésus, un amour indicible; un amour que l’on ne
peut évaluer qu’après l’avoir expérimenté... » (6)
Ces textes se passent de commentaires, ou presque...
Il faut remarquer tout de même, que ce texte, datant de 1945, a pu paraître
incompréhensible pour ceux qui à cette période du XX siècle ne se doutaient
pas que ceci se réaliserait quelques années plus tard.
En effet, de nos jours, tous et n’importe qui, peuvent distribuer la
Communion et que rares sont ceux qui se confessent pour recevoir le
Sacrement de l’Amour. Cette affirmation peut et doit être considérée comme
une vraie prophétie de la servante de Dieu.
Afin qu’il n’y ait pas d’équivoque, je dois vous informer que tous les
écrits d’Alexandrina ont été analysés, à Rome, par trois équipes différentes
de théologiens, et qu’ils n’ont rien trouvé à y redire...
Depuis le mois d'août et, ceci pendant environ trois mois, elle perdit
quotidiennement du sang.
L'action du démon s'intensifia, ce que Jésus continua de permettre comme
forme de réparation: l’une des plus douloureuses.
1946
Au mois de mai...
Comme nouvelle forme de réparation, elle vécut le tourment des odeurs
nauséabondes, signe du péché.
20 juillet
Se croyant proche de la mort, elle écrivit de sa propre main, avec beaucoup
d'efforts, une lettre-testament adressée à tous les pécheurs.
Depuis cette année et jusqu'à sa mort elle ressentit même en dehors des
extases de la Passion, de jour comme de nuit, les douleurs de ses stigmates
— lesquels, à sa demande, restèrent toujours invisibles.
Fin septembre...
Les articulations se déboîtèrent tellement que le 3 octobre, anniversaire de
la première crucifixion, le docteur Azevedo la fit mettre sur des planches
et banda ses bras les plaçant sur deux reposoirs en forme de “S”, pour les
attacher ensuite au chevet du lit.
Novembre...
Elle dut subir de nouveaux examens médicaux.
1948
14 juillet
Alexandrina écrivit, toujours de sa propre main, le deuxième testament
spirituel adressé aux pécheurs, choisi par la suite comme épitaphe pour sa
tombe.
23 septembre
Elle reçut la dernière visite de son deuxième directeur, obligé de retourner
en Italie. Toutefois, elle lui envoya toujours son Journal, écrit par
obéissance, jusqu'à la mort.
En décembre le secrétaire de l'Archevêque de Braga, le docteur Sebastião
Cruz, professeur de l’Université de Coimbra vint la visiter. Il fut très
favorablement impressionné: Il la réconforta et revint plusieurs fois
la visiter.
1949
Son état physique continua d'empirer: elle fut souvent atteinte
de fortes fièvres accompagnées de douleurs aiguës.
Son état spirituel, s'intensifia de plus en plus. Elle reçut de Jésus la
confidence comme quoi sa mission était pour les âmes et qu'au ciel elle la
continuerait.
1er octobre
La Vierge du Rosaire lui apparut. Elle lui apporta le Rosaire avec lequel
elle doit attacher le monde.
Pendant les années qui suivront, des apparitions analogues se répéteront.
1950-1952
10 mars 1950
Alexandrina a la vision de l’enfer :
« J'ai vu l'enfer ouvert, d'où sortaient d'épouvantables flammes. J'ai
entendu des rugissements et des cris impossibles à décrire. »
14 avril 1950
Elle fêta ses noces d'argent de grabataire : Une messe fut célébrée dans sa
chambre.
La souffrance acceptée avec amour, demandée avec la plus humble et amoureuse
ferveur, l'élevèrent à une telle hauteur d'imitation du Christ qu'un jour
elle reçut de Jésus cette confidence :
Tu as la vie, tu as l'amour: tu vis comme Jésus et aimes comme Jésus: tu
vis ma vie, tu aimes avec mon amour. (7)
Les gens qui venaient la visiter affluaient de plus en plus et, à leur
encontre, l'Archevêque de Braga publia, en septembre 1952 une interdiction
de ces visites.
Mais fin novembre de cette même année 1952, cette note fut annulée, sur
l’insistance des prêtres.
Le nombre de visiteurs augmenta de nouveau : sa mission d'évangélisation
était en plein essor : porter les âmes à Jésus.
Dans le même temps, en tant que victime dont la mission est avant tout la
réparation, elle endura encore une autre souffrance, parmi les plus graves
et douloureuses : elle sentit l'inutilité de toute sa vie, de toute son
œuvre, de l'offrande de toute sa souffrance.
1953
Cette année fut une année exceptionnelle en ce qui concerne
l'évidence surprenante de l'action divine sur Alexandrina: ce n'est que
d'en-Haut, en effet, que pouvait lui venir une telle condition physique, une
telle force pour supporter le poids de tant de fatigues accumulées à la
suite des milliers de visiteurs qu'elle reçut en cette période. Ils passaient
devant son lit par groupes.
25 mars
Plusieurs centaines...
9 mai
Environ 2.000... Pendant 9 heures et demi avec un arrêt de 45
minutes...
5 juin
5.000... visiteurs
6 juin
6.000... Pendant 12 heures avec un arrêt de 45 minutes également.
29 juin
Environ 15.000...
Elle leur parla des choses du Ciel, les stimula au repentir, des heures
durant.
Pendant l'extase du 15 mai elle entendit Jésus lui dire :
“Tu vis la vie publique de Jésus. Courage, courage, épouse très chère !”
Et voici comment Alexandrina supporta cette marée, marée qui lui causait
non seulement beaucoup de fatigue mais aussi de répugnance
parce qu'elle se sentait indigne d'être l'objet de tant de visites et
craignait d'être prise pour meilleure qu'elle ne l'était en réalité. Dans
son Journal on peut lire :
« Le fait même de recevoir tant de milliers de baisers des personnes qui
s'approchent de moi, je décidai de l'offrir à Jésus, comme si ceux-ci
étaient déposés sur son Front, Lui demandant de bien vouloir les accepter
comme autant d'actes d'amour pour les Tabernacles, pour l'honneur et la
gloire de la Très Sainte Trinité et de la Maman, et de tout reverser sur les
visiteurs ».
Dans cette période de sa vie beaucoup de personnes étaient admises dans sa
chambre, parmi lesquelles des prêtres, y compris pendant l'extase du
vendredi; cela donnait un caractère public aux extases. Cela causait une
souffrance supplémentaire à Alexandrina Maria :
« Les humiliations me couvraient les yeux: le fait de me sentir entourée
de monde, me procurait, pour ainsi dire, la mort », dit-elle dans son
Journal du 6 novembre.
A la suite de ces extases, quand Alexandrina finissait de revivre la
Passion, elle sentait en elle Jésus ressuscité qui, à travers ses lèvres
s'adressait à l'humanité, aux pécheurs, d'une façon attristée et solennelle.
Alexandrina parlait longtemps avec chaleur, fréquemment elle chantait les
beautés et les exhortations de Jésus. Elle chantait des hymnes de louange,
d'action de grâces, de repentir, de supplique. D'autres fois elle chantait
en colloque avec Jésus qui lui demandait son amour et elle le Lui offrait.
Certaines de ces extases sont enregistrées.
Lors de ces extases publiques on comprenait d'une façon très claire la
volonté de Jésus à démontrer l'intervention du surnaturel: en dehors de ces
moments-là, Alexandrina faisait un très grand sacrifice pour parler : “à
chaque mouvement des lèvres on dirait qu'un jet de sang s'échappe de mon
cœur pour arriver à mes lèvres”, dit-elle dans son journal du 30
janvier. D'autres expressions analogues se trouvent à différentes autres
pages de ses écrits.
25 décembre
Elle eut sa dernière extase publique :
“Je suis descendu du ciel et me voici pour la dernière fois dans le cœur
de mon épouse pour parler à travers ses lèvres.”
Cette extase se termina par un chant d'adieu et d'au-revoir au Ciel.
1954
Son état physique continua d'empirer. Elle devint presque
aveugle : “le corps ressemble à l'âme: il n'a pas de vie, pas de lumière”,
peut-on lire encore dans son Journal du 24 décembre.
Au mois d'avril de cette même année ce fut le 12e anniversaire du
commencement de son jeûne. Elle entendit de Jésus ces paroles :
“Ma fille, Je t'ai placée dans le monde et Je fais en
sorte que tu vives uniquement de Moi pour prouver au monde ce que peut
l'Eucharistie, ce qu'est Ma vie dans les âmes: lumière et salut pour
l’humanité.”
Elle ne vivait que de la Communion quotidienne.
Le jeûne la faisait souffrir: la nostalgie de l'aliment solide. Mais
Alexandrina souffrait bien davantage d'un autre genre de faim: la faim que
le monde avait de ses souffrances de victime pour se sauver et la faim
d'âmes dont souffrait Jésus.
Jésus lui ayant souvent dit que sa souffrance sauvait les âmes, les
alimentaient et en même temps leurs donnaient vie, Alexandrina avait donc
l'impression d'être avidement dévorée par les pécheurs.
C'est très impressionnant et en même temps très claire ce qui se lit dans
une lettre écrite au Père Pinho le 12 décembre :
« Nouveau martyre pour mon âme. Elle est comme une
tige effeuillée; à ses fibres sanguinolentes ils viennent sucer tout mon
être, tout mon sang et s'accrochent à ces fibres : il s'agit pourtant d'un
être qui a la taille du monde, mais ils arrivent en bandes, ils sont très
nombreux. Mais ce quelqu'un qui représente le monde et les autres qui se
présentent en bandes ont des mains avec des griffes, des yeux hagards, des
cheveux en désordre, ce sont des affamés, insatiables, ce sont de vrais
squelettes.
Je n'ai plus de sang, je n'ai plus rien à leur donner. L'âme se fatigue et
meurt de faiblesse.
Mais celle-ci aussi a une faim infinie, ce qui vient augmenter le tourment
de mon corps. Cette faim de l'âme est causée par la nostalgie de
l'alimentation: j'ai la nostalgie de tous les aliments, de tous; et même
quand je me sens rassasiée, je sens un vide que seul le monde pourrait
remplir...
Jésus, lors d'un extase me dit que ce que je ressens dans mon âme c'est le
monde, ce sont les âmes qui voient déjà les peines de l'enfer, qui
s’agrippent aux fibres de mon âme afin de sucer tout mon sang pour éviter de
se perdre. Et quelle faim infinie est la Sienne » (faim d'âmes).
1er octobre
C’était le premier vendredi du mois, après la Passion, Jésus lui apparut. De
ses plaies sortaient des rayons de lumière, lesquels allaient frapper les
plaies de ses pieds, des ses mains et de son cœur. Elle entends Jésus lui
dire :
“Comme je l'ai demandé à Marguerite-Marie [Alacoque], je veux
que toi, à ton tour, tu fasses se développer dans le monde cet amour éteint
dans le cœur des hommes... Fais, ô mon épouse, fais que se propage dans le
monde entier cet amour de nos Cœurs.” (de Jésus et Marie).
Pendant cette dernière période de sa vie, elle expia de façon
particulièrement douloureuse les péchés contre la foi et contre l'espérance,
bien qu'elle fut tourmentée par les doutes sur la foi jusqu'en 1939.
1955
7 janvier
Jésus lui fit comprendre qu'elle mourrait en cette année.
Le secrétaire de l'Archevêque de Braga, le Père Sebastião Cruz qui la
compris fort bien, la visita souvent en cette période, pour la réconforter.
La lutte pour la foi continua toujours intensément.
Dans son dernier Journal, le 2 septembre l'on peut lire :
« Dans une angoisse lancinante je répétais mes actes de foi: “Je crois,
Jésus, je crois que c'est pour moi que vous êtes né, que c'est pour moi
votre Jardin des Oliviers, votre Calvaire. Je crois, je crois, Jésus, je
crois ! »
Mon abîme était noir et si profond que seul Dieu pouvait y pénétrer: c'est
que fit Jésus. Il est descendu jusqu'à mes profondeurs, ramena à la
superficie mon pauvre être et l'illumina avec quelques rayons de Sa lumière.
« Viens ici, Ma fille, lumière et flambeau du monde! Toi qui es ténèbre
inégalable, tu es lumière qui brille, phare que tout illumine: la ténèbre
est pour toi, la lumière, elle est pour les âmes.
Viens ici, lumière dont Je suis la source, phare dont Je
suis le phare ».
Alexandrina Maria, qui avait reçu la mission de veiller
sur les Tabernacles abandonnés, avait un très grand amour pour l’Eucharistie
et, pour cette raison même, elle avait demandé au Seigneur de prendre son
âme en un jour consacré à l’auguste Sacrement, mais elle avait aussi exprimé
le désir de mourir en un jour consacré à la Sainte Vierge, envers qui elle
avait un très grand amour filial.
Jésus, qui aimait la vierge de Balasar d’un amour tout
particulier, n’a pas manqué de lui accorder ces deux grâces...
Le 13 octobre 1955 Alexandrina, dans la paix et le
sourire aux lèvres, rendit sa belle âme à Dieu.

Ce jour-là était un jeudi, jour où Jésus institua
le Sacrement de l’Amour, lors de sa dernière cène avec ses disciples. Mais,
le 13 octobre est aussi la date anniversaire de la dernière
apparition de la Sainte Vierge à Fatima.

La foule
était très nombreuse à son enterrement…
Après ce survol de la vie d’Alexandrina et des dates
importantes qui ont marqué sa vie, nous pourrions entrer de pied ferme, dans
un autre sujet qui nous tient à cœur, les prières de la Vénérable.
Elles sont toutes belles, car toutes sont des prières du cœur ; des prières
d’un cœur simple et pur; d’un cœur aimant, comme l’épouse des Cantiques.
La plus part de ces prières peuvent être employées par chacun d’entre
nous, chaque jour, car toutes peuvent être récités, voire même apprises,
afin que notre âme en soit marquée d’une façon indélébile.
Les prières d’Alexandrina, comme en général toutes les prières des
saints, sont des petits chefs-d’œuvre qui entraînent nos âmes vers l’infini
plein de délices, vers le voisinage de Dieu, vers Dieu...
Mais ceci, pourrait être matière pour un autre entretient.
Fraternellement et humblement, je me tiens à votre disposition pour le
faire, quand vous en aurez le désir et l’envie de m’entendre parler de celle
que, tendrement, j’appelle ma “petite sœur du ciel”.
Souvenons-nous qu’Alexandrina Maria « est le canal » par lequel Dieu
veut nous combler de bienfaits, selon la promesse qu’il lui a faite.
Alphonse Rocha
NOTES
1 -
Pendant un an, le Père Mariano Pinho ne fit
rien, lui présentant des arguments, ce qui fut la cause de doutes et
d’indicibles souffrances chez Alexandrina.
2 - “Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m’as tu abandonné?” Saint Marc, 15,34.
3 - “Lorsque les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses
vêtements et firent quatre parts, une part pour chaque soldat, et la
tunique. Or la tunique était sans couture, tissée à partir du haut; ils se
dirent entre eux: « Ne la déchirons pas, mais tirons-la au sort»: afin que
l’Écriture fût accomplie.” Saint Jean, 19,23-24.
4 - Il y a une relation particulière entre l’Eucharistie et la Vierge
« mère de la divine grâce », parce que l’Eucharistie nous fait participer à
la nature divine à travers le Corps et le Sang du Sauveur. Or la Sainte
Vierge ne peut pas rester étrangère à cet accroissement de vie que nous
recevons dans l’Eucharistie: en celle-ci, Marie conserve tous ses droits de
Mère. Dans un certain sens on peut dire que c’est Elle qui donne l’âme à
l’aliment divin. Avec le Fils de son sein Elle alimente ses enfants adoptifs
(Arintero, “L’Évolution mystique”.
5 - Journal du 2 février 1945.
6
-
Journal du 12 avril 1945.
7 - Journal du 22-6-1951.
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