Claire, deuxième fille de Damien et de Jacqueline, naquit à
Montefalco, dans la province de Perugia, en Italie, en 1268.
Dès
sa prime enfance, elle fut attirée par l’Amour divin et à peine l’âgée de quatre
ans elle démontra une très grande disposition pour l’exercice de la prière et
passait déjà de longs moments en oraison, choisissant pour cela les endroits les
plus retirés et solitaires de la maison familiale.
Elle fut très vite obnubilé par la Passion du Seigneur et la
vue d’un crucifix devint pour elle un motif de continuelle mortification, allant
jusqu’à infliger à son jeune corps des macérations douloureuses, à l’aide de
silices, ce qui paraissait inouï pour un enfant de son âge.
Sa sœur aînée, Jeanne, était entrée dans une maison où l’on
vivant la vie conventuelle. Claire, qui s’était consacrée entièrement à Dieu,
voulut, elle aussi, y entrer, ce qui arriva en 1275 : elle n’était âgée que de
sept ans.
O impénétrables desseins de Dieu !...
La sainteté de l’enfant et les insignes vertus de Jeanne
attirèrent dans cette paisible maison un grand nombre de postulantes, à telle
enseigne qu’il fallut bientôt agrandir.
Les travaux commencèrent en 1282 et se prolongèrent pendant
huit longues années émaillées de difficultés de toutes sortes ; il fallut même
que la jeune Claire aille faire l’aumône auprès des personnes aisées de la
ville, ce qu’elle fit avec une grande dévotion, pleine d’humilité.
Les travaux terminés, en 1290, l’ensemble des recluses désira
que cette maison devienne un vrai couvent, afin que la communauté puisse y
entrer et suivre une règle. Jeanne en parla à son évêque, Dom Gérard Artesino,
lequel, par un décret du 10 juin 1290 reconnu la communauté et lui donna la
règle de saint Augustin, autorisant en même temps l’acceptation de novices. Le
monastère, sur suggestion de Jeanne en qui devint l’abbesse, prit le nom de
Monastère de la Croix.
Le 22 novembre 1291, Jeanne décéda. Claire, alors âgée d’à
peine 23 ans, et malgré son refus initial, fut appelée à la remplacer. Dès lors
l’essor fut encore plus fulgurant, car la jeune abbesse agissant avec une
fermeté toute pleine de sollicitude, donnait à toutes, par ses actes et ses
paroles, un exemple extraordinaire, ce qui eut pour résultat de pousser vers la
perfection, donc vers Dieu toutes celles dont elle avait la charge.
Claire fut favorisée d’un grand nombre de dons surnaturels,
comme les visions et les extases. La renommée de ces dons se répandit bientôt
même à l’extérieur du couvent. Elle avait un outre le don de la science infuse
et souvent il lui arriva d’expliquer à des théologiens, philosophes ou des
littérateurs confirmés, certains passages ou certains mystères qu’ils essayent
en vain d’approfondir.
Ce fut grâce à ces dons extraordinaires qu’une secte
quiétiste — appelée « Esprit de liberté » — et qui sévissait alors en Umbrie,
fut découverte et anéantie.
La renommée que suscitaient, de son vivant, ses excellentes
et extraordinaires vertus ne se démenti pas après sa mort survenue le 17 août
1308 et dès lors tous la vénéraient comme une sainte.
La tradition raconte que Claire avait dit à ses sœurs
religieuses qu’elle avait, gravée dans son cœur, la croix du Christ.
Pour le constater, après le décès, les religieuses lui
prélevèrent le cœur et, purent constater qu’en effet, on pouvait y apercevoir,
non seulement la croix de Jésus, mais aussi tous les instruments de la Passion :
le fouet, la colonne, la couronne d’épines, trois clous, la lance et la canne
avec l’éponge. En outre, dans la vésicule de la sainte elles y trouvèrent trois
petits globes de même taille et poids, disposés en forme de triangle. Pesés un
par un, tous avait le même poids ; pesés ensemble, le poids était le même que
pour un seul, ce qui fit penser à la Sainte Trinité : trois personnes
distinctes, mais un seul et même Dieu.
Dix mois seulement après le décès de Claire, l’évêque de
Spolète, Dom Pierre Paul Trinci, ordonna, le 18 juin 1309, l’ouverture du procès
informatif sur la vie et les vertus de celle-ci, car de toutes parts arrivaient,
chaque jours, des témoignages de miracles obtenus par l’intercession de la sœur
Augustine du monastère de Montefalco.
Plusieurs démarches furent diligentés auprès du Saint-Siège
pour obtenir la canonisation de Claire.
L’enquête canonique avait été confiée au père Bérenger de
Saint-Affrique qui, pour essayer de mener à terme la cause dont il avait la
responsabilité, n’hésita pas à se déplacer à Avignon, en 1316, pour y rencontrer
le pape Jean XXII, lequel envoya à Montefalco, afin de bien sen informer, le
cardinal Napoléon Orsini.
Le procès fut terminé le 6 septembre 1318 et tout portait à
croire à l’éminence de la canonisation, mais des causes externes, indépendantes
de la volonté commune des deux parties, empêchèrent l’heureux aboutissement.
Ce ne fut que bien plus tard, le 14 août 1624, que le pape
Urbain VIII accorda à la communauté de Montefalco et au diocèse de Spolète (le
28 septembre) l’autorisation du culte, avec Messe et une prière propre en
l’honneur de Claire, dont le nom fut inscrit, sur ordre de Clément X, le 19
avril 1673, au Martyrologue Romain.
Plus tard encore, en 1736, le pape Clément XIII ordonna la
reprise de la cause et l’année suivante, la Congrégation des Rites approuva le
culte « ab immemorabili ».
Un nouveau procès canonique sur les vertus et miracles
attribués à Claire de Montefalco fut diligenté en 1738 et ratifié par la
Congrégation des Rites le 17 septembre 1743. Mais il faut croire que l’heure de
Dieu n’était pas encore arrivée pour la glorification totale de son épouse, car
ce ne fut qu’un siècle plus tard, suite à un nouveau procès commencé le 22
octobre 1850 et terminé l’année suivante, le 21 novembre 1851 — que la
Congrégation des Rites approuva le 25 septembre 1852 —, qu’une loueur d’espoir
éclaira quelques siècles de nuages…
Enfin, l’heure du triomphe arriva : le 8 décembre 1881 elle
fut solennellement proclamée sainte par le pape Léon XIII et sa fête fixée au 17
août.
Alphonse Rocha
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