Juillet 1941. Le troisième Reich
allemand est à l'apogée de sa puissance. Hitler vient de déclencher une attaque
contre l'URSS et rien ne semble
devoir arrêter la Wehrmacht. C'est alors qu'un
évêque allemand décide d'élever la voix contre l'euthanasie massive des malades
mentaux, qui vient d'être décidée à Berlin. Soixante mille personnes ont déjà
été regroupées en vue de leur discrète élimination dans des camps
d'extermination. Mgr Clemens August von Galen ne se fait pas d'illusions: s'il
parle, il risque d'être arrêté comme « ennemi du peuple allemand » et exécuté.
Il parlera pourtant, et dès le dimanche suivant, dans la chaire de sa
cathédrale. Ce courageux Pasteur, que l'on appellera le « Lion de Münster », a
été proclamé bienheureux le 9 octobre 2005.
Noblesse oblige
Clemens August est né le 16 mars
1878 au château de Dinklage, dans le diocèse de Münster (en Westphalie, ouest de
l'Allemagne). Il était le onzième des treize enfants du comte
Ferdinand Heribert von Galen et de son épouse Élisabeth. La vie à Dinklage est
rude : pas de chauffage ni d'eau courante. Mais cette éducation austère est
animée par une foi catholique ardente. L'assistance à la Messe est quotidienne
et la comtesse enseigne elle-même le catéchisme à ses enfants; elle leur apprend
à imiter Jésus-Christ et à regarder la vie terrestre comme une préparation à la
vie éternelle. Dans cette famille noble, installée depuis le XIIIe siècle en
Westphalie, la participation aux affaires publiques est une tradition ;
Ferdinand von Galen a été trente ans député du parti catholique « Zentrum » au
parlement impérial. Pour lui comme pour toute la famille, ce n'est pas un
privilège, mais une responsabilité : « noblesse oblige ».
Clemens August fait une grande
partie de ses études chez les Jésuites, à Feldkirch. En octobre 1897, au cours
d'une retraite à l'abbaye de Maria Laach, il entend l'appel de Dieu au
sacerdoce. Après des études théologiques à Innsbruck, il est ordonné prêtre le
28 mai 1904 par l'évêque de Münster. En 1906, il est envoyé à Berlin, un diocèse
qui manque de prêtres; il y exercera divers ministères paroissiaux. Au cours de
la crise financière de 1923, qui ruine des millions de familles allemandes,
l'abbé von Galen se dépense au service de ses paroissiens en difficulté, et
fonde en leur faveur une association d'entraide. Il secourt souvent les plus
nécessiteux en prenant sur ses revenus personnels: «Il serait vraiment inutile,
disait-il, qu'il me reste encore des biens après ma mort». Mais en toutes
choses, son but ultime est de procurer le salut des âmes. Cette pensée de la vie
éternelle, qui l'habite constamment, sera le socle inébranlable des combats
qu'il aura à mener.
Au début de 1929, Clemens August
est rappelé à Münster pour y prendre la direction de la paroisse Saint-Lambert.
Constatant une certaine tiédeur, il publie en 1932 une brochure: «La peste du
laïcisme et ses manifestations». Il y exhorte avec vigueur les laïcs à lutter
contre la sécularisation et la déchristianisation de la société. L'Allemagne
connaît une crise très grave. Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler est nommé
Chancelier. Clemens August n'a aucune confiance dans le chef du NSDAP (parti
national-socialiste), dont les évêques allemands ont condamné la doctrine et les
méthodes violentes. Cependant, Hitler, qui a besoin des Chrétiens, leur fait des
avances. Le 20 juillet 1933, un concordat est signé entre le Saint-Siège et
l'Allemagne. Le pape Pie XI ne se fait guère d'illusions sur la sincérité
d'Hitler, mais il veut essayer, en signant ce traité, de conserver à l'Église
catholique un espace de liberté. Von Galen approuve pleinement cette stratégie;
cependant, le 3 avril, au cours de la Messe d'intronisation du Conseil municipal
de Münster, devant une assistance comptant de nombreux dignitaires nazis, il
rappelle les deux fondements de l'ordre social chrétien: la justice et la
fraternité.
Le diocèse de Münster est vacant
depuis janvier 1933. Le 18 juillet, le chapitre cathédral élit unanimement
l'abbé von Galen après que deux autres prêtres se sont récusés, l'un pour raison
de santé, l'autre par crainte des difficultés. Dans son premier message
pastoral, le nouvel évêque commente sa devise Nec laudibus, nec timore à
son 1,8 million de diocésains: «Ni la louange, ni la crainte des hommes
ne m'empêcheront de transmettre la Vérité révélée, de distinguer entre la
justice et l'injustice, les bonnes actions et les mauvaises ni de donner avis et
avertissements chaque fois que cela sera nécessaire».
Très grand par sa taille, Mgr von
Galen est simple et chaleureux dans sa vie privée, mais rempli de majesté
lorsqu'il célèbre pontificalement. Il aime les processions où l'Église peut, par
ses fastes religieux, faire pièce à la mystique néo-païenne des manifestations
nazies. Dès 1934, l'évêque condamne un ouvrage d'Alfred Rosenberg, «Le Mythe du
XXe siècle». L'idéologue officiel du NSDAP exaltait le Sang allemand, source
d'une humanité supérieure à construire par la force vitale. Dans sa lettre
pastorale du Carême 1934, l'évêque de Münster qualifie cette doctrine de
«tromperie du diable» et rappelle que seul le Sang précieux répandu par
Jésus-Christ au Calvaire a le pouvoir de nous sauver, parce que c'est le Sang de
Dieu fait homme. Cette prise de position provoque l'enthousiasme du peuple
catholique de Westphalie. L'évêque récidive un an plus tard en proclamant: «Nous
ne pouvons pas renoncer à confesser qu'il existe quelque chose de plus élevé que
la race, le peuple et la nation: le tout-puissant et éternel Créateur et
Seigneur des peuples et des nations, auquel tous les peuples doivent adhésion,
adoration et service, Celui-là même qui est la fin dernière de toutes choses».
Les
racines du christianisme
L'attitude de l'évêque de Münster
en face de la persécution des Juifs est sans équivoque. Prêtre, il n'avait
jamais rendu les Juifs responsables des malheurs de l'Allemagne. En dénonçant
dès 1934 l'exaltation de la «race aryenne» au détriment des autres races, il
refusait toute légitimité à l'antisémitisme; évêque, il ne perd pas une occasion
de souligner que le Christianisme s'enracine dans la religion d'Israël. Il
rappelle que le devoir de la charité fraternelle s'étend à tous les hommes,
quelles que soient leur race et leur religion. Après le «pogrom» des 9-10
novembre 1938 (la «Nuit de cristal»), au cours duquel la synagogue de
Münster est incendiée par la police, Mgr von Galen propose son aide à l'épouse
du rabbin de la ville, qui a été emprisonné. Après la libération de celui-ci
quelques jours plus tard, il renonce à intervenir pour ne pas aggraver la
situation des Juifs.
Le régime hitlérien veut s'assurer
le monopole de l'éducation de la jeunesse en supprimant le cours de religion,
jusqu'alors obligatoire dans toutes les écoles. L'évêque de Münster s'oppose
victorieusement à cette suppression en s'appuyant sur l'article 21 du Concordat
de 1933. En novembre 1936, le délégué à l'éducation dans l'Oldenburg (nord du
diocèse de Münster) prescrit de supprimer toutes les croix et les insignes
religieux dans les écoles et les édifices publics. Cette mesure suscite, à
l'initiative de Mgr von Galen, une véritable «croisade» de prédications, de
prières et de pétitions en faveur du maintien des croix. Le «Gauleiter» (préfet)
d'Oldenburg est finalement obligé de retirer la mesure projetée, pour éviter de
plus grands troubles.
De 1933 à 1937, le Saint-Siège a
protesté quarante quatre fois contre des violations du Concordat. Devant
l'inutilité de ces démarches, le Cardinal-Secrétaire d'État Pacelli (futur Pape
Pie XII), appelle en consultation à Rome cinq évêques allemands, parmi lesquels
Mgr von Galen. Puis, le 14 mars 1937, le Pape publie une encyclique rédigée en
allemand et intitulée: Mit brennender Sorge («Avec une brûlante
inquiétude»). Pie XI y condamne la divinisation du peuple et de la race.
L'encyclique est aussitôt publiée par l'évêque de Münster dans son journal
diocésain; dans le plus grand secret, il en fait imprimer 120 000 exemplaires,
soit 40% de ceux que l'Église parviendra à diffuser en Allemagne. Le dimanche 21
mars, chaque curé, sur ordre de l'évêque, lit en chaire ce texte à la
Grand-Messe. La Gestapo (police politique), prise de vitesse, se vengera par des
mesures de rétorsion. Cependant, l'encyclique a éveillé un écho favorable dans
les milieux protestants; Mgr von Galen conçoit alors le projet de former un
front commun de tous les Chrétiens allemands contre le néo-paganisme; ce dernier
sera combattu sur un terrain plus large, la défense des droits naturels de la
personne humaine: droit à la vie, à l'intégrité, à la liberté religieuse, droit
de suivre sa conscience, droit des parents sur l'éducation de leurs enfants.
Contre l'école païenne
Début 1939, le pouvoir nazi juge le
moment venu de supprimer tout enseignement confessionnel et tout cours de
religion à l'école. Le 26 février, dans sa cathédrale comble, l'évêque de
Münster demande à tous ses diocésains de protester énergiquement, par une
pétition, contre «l'école païenne». Son appel est suivi par des dizaines de
milliers de personnes qui, en signant la pétition, risquent leur sécurité, leurs
biens voire leur vie. Le 1er septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne, ce
qui provoque la déclaration de guerre franco-anglaise. Mgr von Galen, bien loin
de reprendre le discours belliciste de la propagande, prescrit à ses diocésains
des prières pour la patrie et pour la paix, qui se concluent par le voeu que
«soit offerte à tous les peuples la sécurité de la paix dans la justice et la
liberté».
À partir de la deuxième moitié de
1940, les mesures persécutrices contre l'Église se succèdent: ouverture des
églises retardée à 10 heures du matin à cause du «danger d'attaques aériennes»,
arrestation et déportation de nombreux prêtres, invasion des monastères dont les
occupants sont expulsés. Mgr von Galen ressent le devoir impérieux d'élever la
voix. Après un moment de combat intérieur, le 13 juillet 1941, il prononce dans
sa cathédrale la première des trois grandes homélies qui feront le tour du
monde. Après avoir réprouvé l'expulsion des Religieux, il proteste contre le
régime d'arbitraire et de terreur qui règne, et demande justice. Le dimanche
suivant, il exhorte son peuple à tenir bon dans la persécution: «Semblables à
une enclume qui ne perd pas sa force malgré la violence des coups de marteau,
les prisonniers, les exclus et les bannis innocents reçoivent de Dieu la grâce
pour garder leur fermeté chrétienne, lorsque le marteau de la persécution les
atteint amèrement et les frappe de blessures injustifiables».
La
défense des «improductifs»
Et bientôt, c'est le sermon du 3
août, à la cathédrale, où Mgr von Galen dénonce le massacre des aliénés. Il
s'écrie: «Il s'agit d'hommes et de femmes, notre prochain, nos frères et soeurs!
De pauvres êtres humains malades. Ils sont improductifs, si vous voulez... Mais
cela signifie-t-il qu'ils ont perdu le droit de vivre?... Si l'on pose et met en
pratique le principe selon lequel les hommes sont autorisés à tuer leur prochain
improductif, alors malheur à nous tous, car nous deviendrons vieux et
séniles!... Alors aucun homme ne sera en sûreté: n'importe quelle commission
pourra le mettre sur la liste des personnes «improductives», qui, selon leur
jugement, sont devenues «indignes de vivre». Et il n'y aura aucune police pour
le protéger, lui, aucun tribunal pour venger son meurtre et pour amener ses
meurtriers à la justice. Qui donc pourra encore avoir confiance dans son
médecin? Il décidera peut-être que ce malade est devenu «improductif», ce qui
reviendra à le condamner à mort. On ne peut s'imaginer la dépravation morale, la
méfiance universelle qui s'étendront au coeur même de la famille, si cette
doctrine terrible est tolérée, admise et mise en pratique. Malheur aux hommes,
malheur au peuple allemand si le saint commandement de Dieu: Tu ne tueras pas,
que le Seigneur a donné au Sinaï dans le tonnerre et les éclairs, que Dieu notre
Créateur a écrit dans la conscience de l'homme au commencement, si ce
commandement n'est pas seulement violé mais sa violation tolérée et exercée
impunément!»
L'euthanasie n'a, hélas, pas
disparu avec le nazisme. De nos jours, elle est pratiquée dans de nombreux pays.
On réclame sa légalisation en alléguant le «droit de mourir dans la dignité». Le
Pape Jean-Paul II a porté sur l'euthanasie le jugement suivant: «Nous sommes là
devant l'un des symptômes les plus alarmants de la «culture de mort», laquelle
progresse surtout dans les sociétés du bien-être, caractérisées par une
mentalité utilitariste qui fait apparaître trop lourd et insupportable le nombre
croissant des personnes âgées et diminuées. Celles-ci sont très souvent séparées
de leur famille et de la société, qui s'organisent presque exclusivement en
fonction de critères d'efficacité productive, selon lesquels une incapacité
irréversible prive une vie de toute valeur... Je confirme que l'euthanasie est
une grave violation de la Loi de Dieu, en tant que meurtre délibéré moralement
inacceptable d'une personne humaine. Cette doctrine est fondée sur la loi
naturelle et sur la Parole de Dieu écrite» (Encyclique Evangelium Vitæ du
25 mars 1995, n. 65).
Euthanasie fœtale
Qui plus est, de nombreux êtres
humains sont aujourd'hui tués, avant même leur naissance, par «euthanasie
foetale», sous prétexte qu'ils risquent d'être porteurs – selon les examens
médicaux – d'un handicap grave. «Il arrive fréquemment, dit Jean-Paul II, que
les techniques de diagnostic prénatal soient mises au service d'une mentalité
eugéniste, qui accepte l'avortement sélectif pour empêcher la naissance
d'enfants affectés de différents types d'anomalies. Une pareille mentalité est
ignominieuse et toujours répréhensible, parce qu'elle prétend mesurer la valeur
d'une vie humaine seulement selon des paramètres de «normalité» et de bien-être
physique, ouvrant ainsi la voie à la légitimation de l'infanticide et de
l'euthanasie» (Evangelium vitæ n. 63). Les parents ont souvent à subir
les pressions de médecins qui veulent les contraindre à l'avortement pour éviter
la naissance de l'enfant handicapé (ou suspect de l'être). Les médecins
eux-mêmes sont menacés de poursuites judiciaires s'ils laissent naître un enfant
«anormal». Ces faits révèlent l'emprise sur notre société d'une mentalité
eugéniste qui n'est pas sans affinité avec celle des Nazis: comme le soulignait
le Pape Benoît XVI, ces derniers se guidaient par «une idéologie selon laquelle
devait compter désormais seulement ce qui était utile et mesurable; tout le
reste, selon leurs concepts, était classé comme lebensunwertes Leben -
une vie indigne d'être vécue» (Discours au camp d'Auschwitz, 28 avril 2006).
Parents et médecins ne doivent pas se laisser impressionner, mais mettre leur
confiance en Dieu et se souvenir que toute personne humaine possède une dignité
inviolable et sacrée, en tant que créée à l'image de Dieu et appelée à vivre
pour toujours de sa vie divine.
L'homélie de Mgr von Galen contre
l'euthanasie est publiée clandestinement et diffusée très largement en Allemagne
comme à l'étranger. Elle vaut à son auteur une semonce de Goering qui l'accuse
de «saboter la force de résistance du peuple allemand au beau milieu de la
guerre, par ses diatribes et ses pamphlets». Hitler envisage de faire pendre
l'évêque qui ose lui résister. Mais Goebbels lui conseille d'attendre pour cela
la victoire militaire définitive, afin d'éviter de provoquer des troubles en
Westphalie. Toutefois, environ 40 prêtres du diocèse de Münster sont arrêtés,
dont 10 mourront en déportation. En 1944, c'est le propre frère de l'évêque,
Franz, qui sera déporté au camp d'Oranienburg.
À partir de 1942, la guerre tourne
au désavantage de l'Allemagne et les bombardements alliés sur le pays deviennent
de plus en plus fréquents. L'évêque s'efforce dès lors d'atténuer auprès de la
population civile les horreurs de la guerre. Il avertit ses diocésains de ne pas
céder à la soif de vengeance, qui est excitée par la propagande officielle; le 4
juillet 1943, au cours d'un pèlerinage marial à Telgte, il déclare: «J'ai le
devoir sacré de proclamer le commandement du Christ de renoncer à la haine et à
la vengeance... Est-ce vraiment une consolation pour une mère allemande dont un
enfant a été tué par un bombardement, si on lui dit: «Eh bien, nous tuerons très
prochainement l'enfant d'une mère anglaise»? Non, l'annonce d'une telle
vengeance ne saurait être une consolation; une telle attitude ne serait ni
chrétienne, ni allemande».
«Tends l'oreille!»
Le 29 juin 1943, au cours d'une
prédication dans sa cathédrale, Mgr von Galen déplore que l'État allemand
«ignore et contrecarre tous les efforts du Pape et des évêques en vue de la
paix». Pie XII a proposé à tous les belligérants un congrès à Rome, mais
l'Allemagne s'y est refusée. Le 1er février 1944, dans sa lettre pastorale de
Carême, l'évêque de Münster souligne que la cause profonde des catastrophes
présentes réside dans le rejet par l'homme moderne de l'autorité de Dieu. Le
remède consiste à se soumettre à Jésus-Christ. Et le prélat termine par cette
adjuration: «Peuple allemand, tends l'oreille! Écoute la voix de Dieu!»
D'octobre 1943 à octobre 1944, une série d'attaques aériennes détruisent la
ville de Münster, y compris la cathédrale; décimée par la mort ou l'exil, sa
population est tombée de 150000 à 25000 habitants; les autres grandes villes du
diocèse subissent le même sort. Mgr von Galen, qui a échappé de peu à la mort au
cours du bombardement de son palais épiscopal, doit se réfugier à la campagne; à
Sendenhorst, il assiste, le 31 mars 1945, à l'entrée victorieuse des troupes
anglo-américaines. L'évêque devient alors le père des pauvres et des malheureux,
innombrables, sans logement ni travail. Il prend leur défense en face des forces
d'occupation alliées, qui laissent la population en proie aux pillages et à la
famine, sous prétexte d'une «responsabilité collective» du peuple allemand.
Le 23 décembre 1945 est rendue
publique l'élévation par Pie XII au cardinalat de trente-deux prélats, parmi
lesquels Clemens August von Galen. Le Pape veut par là rendre hommage à la voix
la plus courageuse de l'épiscopat allemand sous le nazisme; en promouvant trois
Allemands, le Saint-Père entend aussi manifester – il l'exprime publiquement –
que le peuple allemand ne peut être rendu dans son ensemble responsable des
atrocités de la seconde guerre mondiale. Après un voyage pénible de sept jours,
en train, l'évêque de Münster reçoit le chapeau de cardinal le 21 février 1946,
à Rome, au cours d'une cérémonie grandiose. Le cardinal Spellman, de New York,
procurera aux trois cardinaux allemands un avion militaire américain pour les
reconduire chez eux.
Le 16 mars, le Cardinal von Galen
fait son entrée dans Münster en ruines, au milieu d'une foule enthousiaste de 50
000 personnes qui voit en lui des raisons d'espérer un avenir meilleur. Il
exprime son regret de n'avoir pas été jugé digne du martyre; s'il n'a pas été
arrêté par la Gestapo, il le doit à l'amour et à la fidélité de ses diocésains:
«Vous étiez derrière moi, et les détenteurs du pouvoir savaient que le peuple et
l'évêque du diocèse de Münster étaient liés par une inséparable unité, et que,
s'ils frappaient l'évêque, c'est le peuple entier qui s'estimerait frappé. Voilà
ce qui m'a fortifié intérieurement et m'a donné l'assurance». C'est le dernier
acte public du «lion de Münster». Dès le lendemain, il est victime d'une
perforation intestinale dont il meurt le 22 mars 1946.
Le 9 octobre 2005, à l'issue de la
cérémonie de béatification, le Pape Benoît XVI a déclaré: «Là réside le message
toujours actuel du bienheureux von Galen: la foi ne se réduit pas à un sentiment
privé, qu'il faudrait peut-être même cacher lorsqu'elle dérange, mais implique
la cohérence et le témoignage également dans le domaine public, en faveur de
l'homme, de la justice et de la vérité».
Demandons à Dieu, pour nous et pour
tous les pasteurs de l'Église, par l'intercession du bienheureux Clemens August,
le courage de ne nous laisser impressionner, dans le témoignage de notre vie
chrétienne, «ni par les louanges, ni par la crainte» des hommes. Nous pourrons
ainsi travailler efficacement pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.
Dom Antoine
Marie osb
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