Née
à Avord, près de Bourges, en 1880, où son père est
en
garnison, Elisabeth Catez (1880-1906) arrive à Dijon, rue Lamartine, en 1882.
C'est une enfant pleine de vie, coléreuse même, énergique et délicieuse. Petite
fille, très tôt elle connaît la souffrance : son grand-père meurt quand elle a 7
ans, et quelques mois plus tard survient la mort de son père, un père à qui elle
se confiera souvent dans la prière.
Madame Catez s'installe
alors sur la paroisse Saint-Michel, 10 rue Prieur de la Côte d'Or. La famille :
c'est la maman, Elisabeth et, dix-huit mois plus jeune, Marguerite.
Tout près de la maison, un
mystère, un attrait : le Carmel (aujourd'hui transféré à Flavignerot, il était
alors boulevard Carnot en face de la Synagogue). La paroisse Saint-Michel sera
la patrie spirituelle d'Elisabeth pendant douze ans. Les cloches s'entendent
très bien depuis la maison. Elle en parle encore la veille de sa mort.
Sa
vie est celle de toutes les jeunes filles bourgeoises de son temps. De caractère
vif, enthousiaste, elle montre beaucoup de sensibilité. Vers 1891, elle a décidé
de se faire religieuse. Sa mère s'oppose à cette vocation si précoce et lui
demande d'attendre sa majorité pour entrer au Carmel.
"Qu'importe,
écrit Elisabeth dans son journal, je
puis être carmélite en-dedans."
Des institutrices
particulières viennent à la maison. Pour la musique, c'est le conservatoire.
Élisabeth excelle au piano. Elle méritera très jeune, à treize ans, le premier
prix de piano au Conservatoire de Dijon. Son âme vibrante et poétique
s'exprimait dans sa musique.
Quant à l'éducation
religieuse, elle est particulièrement soignée. Rien de mieux préparé que la
première communion, qu'elle reçoit, en l'église Saint-Michel, le 19 avril 1891 :
elle a onze ans.
Chaque année, Élisabeth en
célèbre l'anniversaire avec ferveur. Sept ans plus tard, en 1898, elle écrit :
« En l'anniversaire de ce
jour où Jésus fit en moi sa demeure, où Dieu prit possession de mon cœur, tant
et si bien que depuis cette heure, depuis ce colloque mystérieux, cet entretien
divin, délicieux, je n'aspirais qu'à donner ma vie, qu'à rendre un peu de son
grand amour au Bien-Aimé de l'eucharistie qui reposait en mon faible cœur,
l'inondant de toutes ses faveurs ».
Le jour même de sa première
communion, Madame Catez avait conduit sa fille, en "communiante", faire une
visite au Carmel. La supérieure révèle à cette enfant le sens de son nom :
"Maison de Dieu" ce qui émerveille Élisabeth ... quelle grâce !
Elle reçoit la confirmation
à Notre-Dame le 8 juin 1891. A quatorze ans (en 1894), un jour, après avoir reçu
le corps du Christ, Elisabeth se sent irrésistiblement poussée à lui vouer toute
sa vie et elle prononce un vœu de virginité perpétuelle. Un peu plus tard, son
projet de vie religieuse se précisera.
Elle entre dans la vie
adulte. Qui est-elle ? Elle le dit elle-même :
« Sans orgueil je crois que
l'ensemble de ma personne n'est pas déplaisant. Je suis brune et, dit-on, assez
grande pour mon âge. J'ai des yeux noirs pétillants, mes épais sourcils me
donnent un air sévère. Le reste de ma personne est insignifiant. Je dirai que
j'ai un assez bon caractère. Je suis gaie et, je dois l'avouer, un peu étourdie.
J'ai bon cœur. Je suis de nature coquette. Il faut l'être un peu ", dit-on. Je
ne suis pas paresseuse "je sais que le travail rend heureux ". Sans être un
modèle de patience, je sais généralement me contenir. Je n'ai pas de rancune.
J'ai mes défauts, hélas peu de qualités !... J'espère en acquérir ! »
Les années qui restent avant
l'entrée au Carmel (1901) sont pour elle des années de mûrissement intense, et
Saint-Michel tient une grande place : les paroissiens sont frappés par son
exactitude, son maintien et la grâce qui émane de cette jeune fille discrète et
fidèle.
L'Eucharistie la fascine !
Vendredi, samedi, dimanche
ont lieu les fêtes de l'adoration perpétuelle dans notre paroisse. Je me réjouis
d'aller aux complies le soir à 8 heures, je me réjouis de recevoir mon Jésus
chacun de ces trois jours, je me réjouis d'aller le prier au pied de son autel
et de causer avec Lui dans un doux cœur à cœur ! ...
Elle donne beaucoup
d'elle-même aux activités paroissiales : retraite pour jeunes filles, chœur de
chant, préparation à la première communion de certains enfants, visite à leurs
familles, patronage destiné à rassembler des jeunes sans occupation. Elle
bénéficie d'une direction spirituelle avisée.
Elisabeth vit "dans le
monde" avec beaucoup de réceptions. Ses brillantes qualités la font remarquer.
Un parti glorieux lui est offert ... mais elle est déjà fiancée avec le Seigneur
des Seigneurs ... Les réunions "mondaines" elles-mêmes sont vécues dans la
prière.
Tout est vécu d'avance, dans
la prière : en particulier le dernier événement "grandiose" la mission de 1899,
prêchée dans toutes les paroisses à la fois par des Pères Rédemptoristes. Elle
venait à Saint-Michel trois ou quatre fois par jour. Dans cette vaste église,
qui était comble, peu de cœurs ont mieux accueilli la Parole annoncée avec tant
de ferveur. Élisabeth remerciait Jésus de sa si grande miséricorde ; elle a
intercédé pour bien des pécheurs : son cœur était déjà au Carmel.
Pour entrer au Carmel,
Madame Calez avait fixé un âge : 21 ans. Elisabeth vivra silencieusement cette
souffrance très cachée ; cette mise à l'épreuve est encore une maturation vécue
à fond. Elisabeth appartient tout entière à Dieu.
Le 2 août 1901, elle entre
enfin au Carmel :
« Nous allons communier à la
Messe de 8 heures et, après cela, quand Il sera dans mon cœur, maman me
conduira à la porte de clôture ! J'aime ma mère comme jamais je ne l'ai aimée,
et au moment de consommer le sacrifice qui va me séparer de ces deux créatures
chéries qu'il m'a choisies si bonnes, si vous saviez quelle paix inonde mon âme
! Ce n'est déjà plus la terre, je sens que je suis toute sienne, que je ne garde
rien, je me jette en ses bras comme un petit enfant.
Elle gardera au Carmel le
prénom de son baptême. Sa vie de carmélite à Dijon ne durera que cinq années.
Tout en raccommodant humblement les robes de la communauté, Elisabeth étudie
saint Paul. Elle y découvre les mots "être louange de gloire" qui seront
l'expression de toute sa spiritualité. Elle écrit beaucoup, à sa famille, à ses
amis, et tient un journal spirituel. L'écoute de la Parole de Dieu la conduit au
silence intérieur : "Ce n'est pas tout d'entendre cette Parole, il faut encore
la garder." »
La maladie d'Addison emporte
prématurément Elisabeth en 1906, après de grandes souffrances.
C'est le 21 novembre 1904,
juste deux ans avant sa mort, qu'elle écrit la prière à la Sainte Trinité qui
résume tout son message spirituel et sa compréhension du mystère de la Sainte
Trinité. Elle a été béatifiée par le Pape Jean-Paul Il le 25 novembre 1984.
Elisabeth de la Trinité était très attachée à l'église Saint-Michel. C'est
pourquoi, le 2 décembre 1984, une semaine après sa béatification, une cérémonie
présida au transfert des reliques de la Bienheureuse Elisabeth ; elles sont
placées derrière , dans la chapelle absidiale nord. Le Carmel avait été
transféré à Flavignerot, en 1979, près de Dijon; le Carmel possède une relique
de la Bienheureuse.
Au Carmel, des grilles se
sont fermées sur elle, mais des traits d'union en nombre infini se sont ouverts
entre elle et le monde. Elle a choisi ce chemin pour aller "à la Lumière, à la
Vie, à l'Amour". Elle est devenue la sœur de chacun d'entre nous. Elisabeth
appartient désormais à l'Eglise entière.
Pour plus d'informations,
consultez :
http://www.saint-michel-dijon.com/elisabeth-trinite/vie/
Lire:
Vivre au sein de la Très Sainte Trinité
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