A
l'époque
où
le
vénérable
Bertin
terminait,
dans
son
monastère
de
Sithiu,
sa
longue
et
sainte
carrière,
vivait
près
de
lui
saint
Erkembode,
qui
devait
nu
jour
le
remplacer
dans
sa
charge,
et
même
être
élevé
sur
le
siège
de
Thérouanne,
On
ne
savait rien
de
bien
certain
touchant
les
premières
années
de
sa
vie,
son
origine
et
sa
famille.
Des
auteurs
croient
qu'il
était
un
des
compagnons
des
saints
Lugle
et
Luglien,
qu'il
vint
avec
eux
de
l'Irlande
et
de
la
Grande-Bretagne,
qu'il
fut,
comme
eux,
saisi,
dépouillé,
frappé
et
laissé
pour
mort,
dans
le
lieu
alors
appelé
Scyrendal,
près
de
Ferfay,
dans
le
canton
actuel
de
Norrent-Fontes.
Ils
assurent
que
ce
Saint,
étant
revenu
à
lui
après
le
départ
des
assassins,
couvrit
à
la
hâte
avec
des
broussailles
les
corps
sanglants
des
deux
martyrs
Irlandais,
et
alla
aussitôt
à
Thérouanne
rendre
compte
à
l'évêque saint Bain de
tout ce qui s'était passé. D'autres supposent au contraire que saint
Erkembode était originaire de la Morinie, et que sa piété et son
zèle pour le service de Dieu l'avaient porté à se faire en quelque
sorte le guide et le compagnon des saints Lugle et Luglien dans
cette contrée.
Quoi qu'il en
soit de ces premières années de saint Erkembode, et des questions
qui s'y rattachent, les hagiographes sont unanimes à nous le
représenter vivant dans le monastère de Sithiu, sous la conduite de
saint Bertin, et travaillant, avec un zèle admirable, à marcher sur
ses traces dans la pratique des vertus monastiques. Il y fit de si
rapides progrès, que tous les suffrages des frères se prononcèrent
en sa faveur, quand il fut question de donner un successeur à ce
saint Abbé, qui venait d'expirer sous ses yeux. Saint Erkembode
gouverna donc cet important monastère après Erlefride et Rigobert,
lesquels avaient été, du vivant de saint Bertin, chargés de le
remplacer dans les fonctions que son grand âge ne lui permettait
plus de remplir entièrement.
Saint Erkembode
exerça avec une admirable fidélité tous les devoirs que lui imposait
sa nouvelle position. Il maintint l'exacte discipline qui avait
fleuri jusqu'alors dans le monastère de Sithiu, il donna par ses
exemples et ses discours le goût de la vertu et de la perfection,
pourvut aux besoins de sa nombreuse communauté, et la défendit avec
prudence et sagesse contre les entreprises des hommes violents, qui,
à cette époque surtout, portaient souvent le trouble dans la
paisible retraite des hommes de Dieu.
L'évoque de
Thérouanne, Ravenger, successeur de saint Bain, étant mort dans ce
temps, le clergé et le peuple élurent saint Erkembode pour le
remplacer. Le Saint conserva néanmoins la direction de la communauté
de Sithiu, dont tous les religieux lui étaient unis par les liens de
l'affection la plus touchante et la plus sincère.
La conduite du
nouveau Pontife répondit aux voeux des habitants de Thérouanne, et à
la confiance que l'on avait dans sa vertu et sa prudence. Il se
montra constamment le père des pauvres et des malheureux, le
consolateur de tous ceux qui étaient dans la souffrance, et un
véritable ministre de Jésus-Christ. L'oeuvre de saint Orner fut par
lui continuée avec succès, et le pays des Morins se couvrit de plus
en plus d'églises, où les peuples se réunissaient pour adorer Dieu,
de monastères où beaucoup venaient se dévouer pour toujours à son
service. Tout le temps de l'épiscopat de saint
Erkembode fut consacré à cette
oeuvre sainte. Les fruits de salut qu'elle produisit se
multiplièrent rapidement, et achevèrent de donner à cette terre
autrefois inculte et sauvage, une physionomie toute chrétienne
qu'elle a de tout temps fidèlement conservée. « Après donc que le
bon et prudent serviteur de Dieu, Erkembode, eut bien géré durant sa
vie l'argent de son seigneur, et qu'il eût travaillé avec
persévérance dans ta vigne où le céleste père de famille l'avait
conduit, le soir de sa vie approchant, il fut appelé par le Seigneur
pour recevoir le denier de la récompense suprême, et changer par un
heureux commerce les biens terrestres pour les biens célestes, les
choses périssables pour les éternelles. Erkembode mourut le 12 avril
de l'année 742 après avoir gouverné son diocèse l'espace de
vingt-six ans. Son corps fut déposé par les soins du peuple dans
l'église de Notre-Dame, à Saint-Omer, devant l'autel principal de la
sainte Mère de Dieu. De nombreux miracles s'opérèrent auprès de ce
tombeau, et les pieuses libéralités des fidèles envers leur Patron
se multiplièrent à tel point, qu'elles suffirent pour réparer cette
église déjà ancienne, et même pour en bâtir une seconde.
« On voit encore
aujourd'hui, rapporte le légendaire de la Morinie, la tombe de saint
Erkembode, dans l'église Notre-Dame de Saint-Omer. Elle est au fond
de la croisée du coté de l'évangile ou du nord, appuyée contre le
choeur, élevée sur deux figures de lions. Elle a la forme d'un carré
long, sans ornements, grossièrement taillée dans un bloc énorme de
grès, et recouverte d'une autre large pierre ».
Cette tombe
vénérée porte les marques évidentes de la pieuse dévotion de nos
aïeux en plusieurs endroits, en effet, le grès, malgré sa dureté
extrême, se trouve assez profondément usé, résultat du passage d'une
longue suite de générations de fidèles qui venaient se frotter avec
confiance contre cette pierre pour se délivrer de leurs maux
corporels ».
Les reliques de
ce saint Évêque, qui ont échappé aux persécutions de 1193, ajoute M.
Parenty, chanoine d'Arras, continuent d'être honorées dans l'église
de Notre-Dame. Mgr de la Tour-d'Auvergne-Lauraguay en a reconnu
l'authenticité.
SOURCE : P. Giry : Les
petits Bollandistes : vies des saints. T. IV. Source :
http://gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France. |