Erkembode de Thérouanne Abbé

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Erkembode de Thérouanne
Abbé, Évêque, Saint
† 742

A l'époque le vénérable Bertin terminait, dans son monastère de Sithiu, sa longue et sainte carrière, vivait près de lui saint Erkembode, qui devait nu jour le remplacer dans sa charge, et même être élevé sur le siège de Thérouanne, On ne savait rien de bien certain touchant les premières années de sa vie, son origine et sa famille. Des auteurs croient qu'il était un des compagnons des saints Lugle et Luglien, qu'il vint avec eux de l'Irlande et de la Grande-Bretagne, qu'il fut, comme eux, saisi, dépouillé, frappé et laissé pour mort, dans le lieu alors appelé Scyrendal, près de Ferfay, dans le canton actuel de Norrent-Fontes. Ils assurent que ce Saint, étant revenu à lui après le départ des assassins, couvrit à la hâte avec des broussailles les corps sanglants des deux martyrs Irlandais, et alla aussitôt à Thérouanne rendre compte à l'évêque saint Bain de tout ce qui s'était passé. D'autres supposent au contraire que saint Erkembode était originaire de la Morinie, et que sa piété et son zèle pour le service de Dieu l'avaient porté à se faire en quelque sorte le guide et le compagnon des saints Lugle et Luglien dans cette contrée.

Quoi qu'il en soit de ces premières années de saint Erkembode, et des questions qui s'y rattachent, les hagiographes sont unanimes à nous le représenter vivant dans le monastère de Sithiu, sous la conduite de saint Bertin, et travaillant, avec un zèle admirable, à marcher sur ses traces dans la pratique des vertus monastiques. Il y fit de si rapides progrès, que tous les suffrages des frères se prononcèrent en sa faveur, quand il fut question de donner un successeur à ce saint Abbé, qui venait d'expirer sous ses yeux. Saint Erkembode gouverna donc cet important monastère après Erlefride et Rigobert, lesquels avaient été, du vivant de saint Bertin, chargés de le remplacer dans les fonctions que son grand âge ne lui permettait plus de remplir entièrement.

Saint Erkembode exerça avec une admirable fidélité tous les devoirs que lui imposait sa nouvelle position. Il maintint l'exacte discipline qui avait fleuri jusqu'alors dans le monastère de Sithiu, il donna par ses exemples et ses discours le goût de la vertu et de la perfection, pourvut aux besoins de sa nombreuse communauté, et la défendit avec prudence et sagesse contre les entreprises des hommes violents, qui, à cette époque surtout, portaient souvent le trouble dans la paisible retraite des hommes de Dieu.

L'évoque de Thérouanne, Ravenger, successeur de saint Bain, étant mort dans ce temps, le clergé et le peuple élurent saint Erkembode pour le remplacer. Le Saint conserva néanmoins la direction de la communauté de Sithiu, dont tous les religieux lui étaient unis par les liens de l'affection la plus touchante et la plus sincère.

La conduite du nouveau Pontife répondit aux voeux des habitants de Thérouanne, et à la confiance que l'on avait dans sa vertu et sa prudence. Il se montra constamment le père des pauvres et des malheureux, le consolateur de tous ceux qui étaient dans la souffrance, et un véritable ministre de Jésus-Christ. L'oeuvre de saint Orner fut par lui continuée avec succès, et le pays des Morins se couvrit de plus en plus d'églises, où les peuples se réunissaient pour adorer Dieu, de monastères où beaucoup venaient se dévouer pour toujours à son service. Tout le temps de l'épiscopat de saint Erkembode fut consacré à cette oeuvre sainte. Les fruits de salut qu'elle produisit se multiplièrent rapidement, et achevèrent de donner à cette terre autrefois inculte et sauvage, une physionomie toute chrétienne qu'elle a de tout temps fidèlement conservée. « Après donc que le bon et prudent serviteur de Dieu, Erkembode, eut bien géré durant sa vie l'argent de son seigneur, et qu'il eût travaillé avec persévérance dans ta vigne où le céleste père de famille l'avait conduit, le soir de sa vie approchant, il fut appelé par le Seigneur pour recevoir le denier de la récompense suprême, et changer par un heureux commerce les biens terrestres pour les biens célestes, les choses périssables pour les éternelles. Erkembode mourut le 12 avril de l'année 742 après avoir gouverné son diocèse l'espace de vingt-six ans. Son corps fut déposé par les soins du peuple dans l'église de Notre-Dame, à Saint-Omer, devant l'autel principal de la sainte Mère de Dieu. De nombreux miracles s'opérèrent auprès de ce tombeau, et les pieuses libéralités des fidèles envers leur Patron se multiplièrent à tel point, qu'elles suffirent pour réparer cette église déjà ancienne, et même pour en bâtir une seconde.

« On voit encore aujourd'hui, rapporte le légendaire de la Morinie, la tombe de saint Erkembode, dans l'église Notre-Dame de Saint-Omer. Elle est au fond de la croisée du coté de l'évangile ou du nord, appuyée contre le choeur, élevée sur deux figures de lions. Elle a la forme d'un carré long, sans ornements, grossièrement taillée dans un bloc énorme de grès, et recouverte d'une autre large pierre ».

Cette tombe vénérée porte les marques évidentes de la pieuse dévotion de nos aïeux en plusieurs endroits, en effet, le grès, malgré sa dureté extrême, se trouve assez profondément usé, résultat du passage d'une longue suite de générations de fidèles qui venaient se frotter avec confiance contre cette pierre pour se délivrer de leurs maux corporels ».

Les reliques de ce saint Évêque, qui ont échappé aux persécutions de 1193, ajoute M. Parenty, chanoine d'Arras, continuent d'être honorées dans l'église de Notre-Dame. Mgr de la Tour-d'Auvergne-Lauraguay en a reconnu l'authenticité.

SOURCE : P. Giry : Les petits Bollandistes : vies des saints. T. IV. Source : http://gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France.

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