Étienne de Châtillon Évêque de Die

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Étienne de Châtillon
Évêque de Die, Saint
ca. 1055-1208

II n'est point de famille en Bresse ni en Bugey dont l'origine remonte plus haut que celle des seigneurs de Châtillon en Dombes et de Montrevel, de laquelle saint Etienne tire son origine. Milo, son bisaïeul, était déjà seigneur de Châtillon en l'an 1070, et Bérard, évêque de Macon, fils de ce Milo, conduisit à la Terre-Sainte les gentilshommes de Bresse et du Maçonnais qui accompagnèrent Godefroy de Bouillon à Jérusalem[1]. Cette famille a fourni beaucoup d'hommes distingués à l'Église, mais aucun n'a brillé autant par ses vertus que le saint évêque de Die. Il naquit vers 1055, à Châtillon[2], chef-lieu de la petite province des Dombes, qui était alors du diocèse de Lyon. Les auteurs de sa Vie racontent que dans le berceau même il donna des marques éclatantes d'une inclination surnaturelle pour les œuvres de pénitence ; mais sans nous appesantir sur ces détails qui tiennent trop du merveilleux, nous nous contenterons de dire qu'il se montra . dès ses jeunes ans, doux, modeste, caressant, officieux, et qu'il fît paraître dans l'enfance même la prudence et la retenue d'un vieillard. 11 apporta à l'étude d'excellentes dispositions, et fit dans les sciences des progrès qui l'élevèrent bientôt au-dessus de ceux qui les lui enseignaient; mais il écoutait en même temps un autre maître qui lui parlait au cœur et qui lui inspirait un ardent amour pour la véritable sagesse. Ce fut pour suivre ses conseils qu'il méprisa les plaisirs de la vie, les biens de la terre et tout ce que le monde a de plus spécieux pour captiver les hommes. Dans cette voie étroite, on le vit marcher humble, chaste et sobre. Dès lors surtout, il pratiqua l'abstinence d'une manière fort rigoureuse : non content de jeûner fréquemment, il fit vœu de ne manger jamais de viande. La prière faisait sa principale occupation, et le reste de son temps était employé à la méditation des vérités saintes et à l'exercice des œuvres de miséricorde.

Tout le monde était en admiration devant le jeune Etienne, et cette admiration était d'autant plus grande qu'on rencontrait rarement île si beaux modèles ail milieu du siècle et surtout au sein des richesses et de l'opulence. On vit alors les sentiments se partager à son sujet. Les personnes sages louaient sa conduite, mais les gens du monde, qui de tout temps ont contredit la vertu, ne voyaient dans sa manière d'agir qu'une misanthropie condamnable. Pour lui, sans se mettre en peine de ce que l'on débitait sur son compte, et méprisant les applaudissements et le blâme des hommes, il ne prenait de conseils que de cet oracle du prophète : II est avantageux à l'homme de porter le joug du Seigneur dès sa jeunesse. (Jr., Lament., chap. III.)

Poussé par le désir de ne vivre que pour Dieu et dégoûté de la vie séculière par tout ce qu'il avait remarqué dans le monde, il résolut d'y renoncer entièrement pour se délivrer des pièges qu'il lui tendait. A l'âge de vingt-six ans, il se retira dans la chartreuse de Portes en Bugey, lieu déjà illustré par plusieurs personnages, dont les plus éminents en sainteté étaient Bernard, prieur de ce monastère, puis évêque de Belley, à la prière duquel saint Bernard de Clairvaux, son ami particulier, avait fait l’Exposition du Cantique des Cantiques ; l'autre était saint Anthelme, qui avait été aussi prieur de la Grande-Chartreuse et ensuite évêque de Belley ; le troisième, qui ne le cédait en rien aux deux premiers, était saint Arthaud, fondateur de la chartreuse d'Arvières, et qui fit briller aussi toutes les vertus épiscopales sur le siège illustré par le B. Bernard et par saint Anthelme.

Sa vertu se trouvant en sûreté dans cet asile, prit de si grands accroissements, que bientôt elle parut égaler celle de ces saints religieux. S'offrant tous les jours en holocauste, il s'efforçait, comme ces modèles, de mourir au inonde, afin de faire vivre J.-C. seul dans son cœur. Il réduisait son corps en servitude par les veilles, les jeûnes, les macérations. Selon la coutume des chartreux, il portait le ciliée et pratiquait beaucoup d'autres austérités permises par la règle ou autorisées par l'exemple des supérieurs. La règle ordonnait que trois jours de la semaine on n'aurait pour toute nourriture que du pain, de l'eau et du sel. Étienne, enchérissant encore sur ce point, ne voulut presque jamais autre chose sur sa table ; encore, à côté de ce morceau de pain, se trouvait-il un manuscrit sur lequel il avait toujours les yeux fixés, nourrissant ainsi le corps et l'âme tout à la fois. Son amour et sa dévotion envers l'adorable sacrement de nos autels étaient si grands qu'en célébrant les saints mystères, son visage était inondé par les larmes que faisait couler la reconnaissance. Sa préparation et son action de grâces absorbaient toute sa vie, puisque c'était pour se rendre digne de recevoir son Dieu dans la communion et pour le remercier de s'être communique à lui, qu'il passait la nuit et le jour en oraison, en méditation, à chanter les louanges du Seigneur. C'est au fond de cette solitude qu'il faisait servir le silence, la prière et les mortifications à sa sainteté dont il avait soin de dérober l'éclat aux autres religieux par son humilité. Ce qui commença à le faire découvrir au dehors, fut le besoin qu'eurent les chartreux de Portes d'un prieur pour les gouverner, à la place de celui qui venait de mourir. Ils jetèrent les yeux sur Etienne, et pour vaincre la répugnance qui le faisait résister à leur choix, tous joignirent leurs instances et le contraignirent de se rendre. Ils ne s'étaient point trompés dans le jugement qu'ils avaient porté sur sa sainteté et ses talents, car il serait difficile de faire connaître toute la prudence, toute la fermeté et tout le zèle qu'il déploya dans sa charge de prieur qui, suivant l'institut des chartreux, demandait encore plus de sainteté que d'instruction. Ainsi sa renommée, mêlée à la bonne odeur de ses vertus, remplit non-seulement le pays d'alentour, mais s'étendit fort au loin, car ce n'était pas seulement à ceux qui étaient sous sa direction qu'il était utile, mais il s'efforçait encore de l'être à beaucoup d'autres. Un concours nombreux d'étrangers, animés du désir de leur salut, se rendaient continuellement à la chartreuse de Portes, où le saint prieur leur distribuait le pain de vie avec une tendre sollicitude. Aussi un bon nombre de chrétiens égarés durent-ils à ses sages conseils leur retour au sentier de la vertu.

La Providence le formait insensiblement, par les fonctions de cet emploi, à l'épiscopat auquel elle le destinait ; et Dieu ne tarda pas à placer sur le chandelier cette lumière ardente, afin qu'elle brillât dans toute l'Eglise.

Le diocèse de Die en Dauphiné venait de perdre son pasteur ; le chapitre de la cathédrale et le peuple se rassemblèrent pour lui nommer un successeur. Les sentiments étaient partagés et le choix se portait sur différons candidats dont quelques-uns n'étaient point étrangers à l'intrigue. Les plus sages jetèrent les yeux sur Etienne, et réunirent les suffrages en sa faveur par l'éloge qu'ils firent de sa sainteté, de sa prudence, de son discernement et de sa piété. Pour abréger, nous dirons en peu de mots que tons les votes se portèrent sur lui, à la grande satisfaction de tous les chanoines, du peuple et de ceux même qui avaient d'abord paru disposés à faire un autre choix. Mais comme on avait bien prévu que la violence seule pourrait l'arracher à sa chère solitude, on se hâta d'envoyer auprès du pape pour obtenir la bulle de confirmation, tandis que celui qui en était l'objet, retiré dans la profondeur du désert, ignorait absolument tout ce qui se passait à son sujet. Le souverain pontife, instruit de ce choix, fit éclater sa joie, félicitant le diocèse de Die et publiant tout haut qu'une telle élection ne pouvait venir que de Dieu. On voit par là que la réputation de sainteté d'Etienne avait traversé bien d'autres montagnes que celles du Bugey. et qu'elle était parvenue jusqu'au souverain pontife. Le pape ayant donc imprimé à cette élection le sceau de l'autorité apostolique, donna des ordres pour que le nouveau pasteur se chargeât sans délai cl H soin de son troupeau. Les chanoines, munis de cet ordre, volèrent auprès de l'humble chartreux, lui montrèrent les lettres du vicaire de J.-C. et le conjurèrent, au nom de l'Eglise qui l'avait élu, de se rendre à leurs vœux. Etienne, après avoir lu ces lettres et entendu les députés de Die, leur tint cet humble langage : « Je m'étonne que des hommes, sages comme vous l'êtes, aient jeté les yeux sur un religieux ignorant et inconnu, sans expérience, élevé dans le désert, qui ne connaît ni les affaires de l'Eglise , ni celles du siècle, qui ne possède aucune des vertus nécessaires à un évêque, et qui doit tout son temps à la pénitence ; je m'étonne.que vous vouliez lui imposer un si pesant fardeau. Changez de sentiments, je vous en prie, cessez de me faire violence ; je n'adhérerai jamais à votre demande. » Comme ils le pressaient et le suppliaient encore avec plus d'instance, il leur adressa les paroles du B. Hugues, auparavant chartreux comme lui, ensuite évoque de Lincoln, et qui était depuis deux ans en odeur de sainteté. « Soyez persuadés qu'il n'est pas en mon pouvoir de me rendre à vos idées ; je suis religieux et soumis à la volonté d'un autre auquel je dois obéir jusqu'à la mort. Or il n'est pas convenable que j'abandonne le soin de cette maison, pour prendre en main le gouvernement de votre Eglise. »

Après cette réponse, les chanoines voyant qu'ils ne pourraient rien gagner sur son esprit, sans contester plus longtemps , se retirèrent et obtinrent de nouvelles lettres du pape qui mandait au prieur de la Grande - Chartreuse d'obliger celui de Portes à se soumettre. Dès lors, les députés de l'Eglise de Die revinrent vers Etienne ; mais instruit de leur arrivée, il prit la fuite et alla se cacher dans le désert. Le vénérable Guigues, prieur de la Grande-Chartreuse, donna ordre de le chercher et le força, en vertu de la sainte obéissance, à se rendre à la demande du clergé et du peuple de Die, et aux ordres du souverain pontife. Les chanoines, ravis et pleins de joie, le conduisirent à Vienne, et trois archevêques lui donnèrent l'onction épiscopale dans cette ville, l'an 1202[3].

De Vienne, le nouvel évêque se hâta d'aller à Die, où il fut reçu avec les plus éclatants témoignages d'allégresse. Installé dans le palais épiscopal, il y vécut avec la même simplicité que dans sa cellule, suivant, autant que possible - les exercices pieux de son ordre, cherchant même à les faire d'une manière encore plus parfaite ; il assistait régulièrement au chœur avec ses chanoines, célébrait tous les jours la sainte messe, avec une dévotion qui étonnait autant qu'elle édifiait.

L'Evangile nous apprend que J.-C. commença à pratiquer et à enseigner. A son exemple, Etienne, dès les premiers jours de son épiscopat, se fit une règle de pratiquer lui- même les choses qu'il devait apprendre aux autres, et l'on fut extrêmement surpris de voir celui qu'on avait cru seulement un religieux et un homme de piété, remplir toutes les fonctions épiscopales avec tant de sagesse et de dignité : sa vigilance et son zèle s'étendaient à tout.

Les visites qu'il fit dans son diocèse lui acquirent la triste conviction que le peuple profanait habituellement le saint jour du dimanche, en le consacrant au démon par le négoce, la danse, les jeux, la fréquentation des cabarets et des spectacles les plus dangereux pour les mœurs. Etienne, affligé de ces abus, s'appliqua par des discours paternels mais solides, à montrer l'énormité d'une telle prévarication et l'injure qu'elle faisait à Dieu. Mais une partie de cette population aveugle et grossière, bien loin de se rendre à ses exhortations, les méprisa au point de ne plus vouloir les écouter. Le zélé prélat ne se découragea point ; il se .rappela qu'il était pasteur et non mercenaire, et résolut de prêcher à temps et à contretemps. Mais il eut recours à une arme encore plus efficace que la parole, pour vaincre le démon et ramener son peuple à ses devoirs, ce fut la prière. Cette prière opéra des prodiges; et les mœurs furent réformées, et les vices cessèrent, et le diocèse de Die n'offrit plus que le spectacle des vertus qu'on admirait parmi les premiers chrétiens.

La grandeur et les soins de l'épiscopat ne firent pas oublier à Etienne la chartreuse de Portes, où il avait coulé des jours si heureux. Il y retournait fréquemment ; il y vivait comme les autres religieux, retiré dans sa cellule et se donnant tout entier à l'oraison et à la contemplation. Jamais les attributs de sa dignité ne l'accompagnaient dans ce paisible lieu ; mais la règle retrouvait en lui un humble disciple de saint Bruno, qui se pliait avec bonheur aux saintes lois de l'obéissance. Il n'y portait pas d'autres habits que celui de l'ordre ; son lit, sa table, son ameublement, n'étaient pas différents de ceux du dernier religieux. Souvent il se faisait un plaisir de se rendre dans les lieux de piété qui lui étaient connus, et là, rassemblant tous les frères, il leur adressait des paroles pleines de douceur et d'onction. Cette tendre charité s'étendait à tous les malheureux, et les pieux auteurs de sa vie rapportent une infinité de traits qui prouvent que Dieu le faisait participer à sa puissance pour guérir miraculeusement les malades, chasser les démons et soulager les pauvres. Il les aimait et les traitait comme des frères, il voyait en eux J.-C. souffrant ; aussi jamais il ne les laissait à sa porte, mais il les faisait entrer chez lui et leur servait même à manger, conversait avec eux, les instruisait, les consolait, et ne les renvoyait qu'après les avoir comblés de sa bienveillance et de ses bienfaits.

La mesure des travaux qui lui étaient prescrits se trouva comblée en peu de temps. Dieu, voulant terminer son laborieux pèlerinage et l'introduire dans l'héritage de la céleste patrie, lui envoya une maladie qui changea en tristesse la joie que son Eglise avait de le posséder. L'amour que son clergé et les laïcs lui portaient, parut dans les soins que chacun voulait lui prodiguer, et vint adoucir les souffrances qu'endurait ce saint pasteur. Il avait annoncé l'heure de sa mort, et en l'attendant avec une tranquillité admirable, il bénissait son peuple et son clergé, les exhortait à vivre dans une grande concorde, priait avec ferveur et donnait ses avis sur ce qu'il y aurait à faire quand il ne serait plus parmi eux. Pendant qu'on lui administrait les derniers sacrements, qu'il reçut avec la plus touchante piété, une femme malade et abandonnée des médecins, lui demanda une bénédiction particulière. Le moribond étendit vers elle une main défaillante, et appela sur sa tête les dons du ciel qu'elle réclamait pour sa guérison. Au grand étonnement de tous les assistants, cette femme, pleine de foi, s'en retourna comme celle qui avait mis tant d'empressement à toucher les habits de J.-C. C'est ainsi que cet homme de Dieu rendit la santé aux autres, tandis que lui-même, affaibli par la maladie, s'en allait mourant ; mais il ne demandait point pour lui la même faveur, car il témoignait par ses vœux le désir qu'il avait d'aller bientôt finir dans le ciel cette longue prière qu'il avait commencée sur la terre. Ce moment heureux pour lui arriva le 7 septembre 1208[4]. Il était âgé de cinquante-trois ans, et en avait passé vingt-un dans la chartreuse de Portes et six dans l'épiscopat. Sa dépouille mortelle fut ensevelie dan» la chapelle dédiée à la sainte Vierge, dans sa cathédrale.

Son âme, dégagée des ténèbres d'ici-bas, puisait à peine la lumière à sa source, que le Seigneur se plut à faire éclater le mérite de son serviteur par de nombreux prodiges; car deux jours après que son corps eut été confié à la terre, comme on célébrait solennellement la Conception de la bienheureuse Vierge Marie, dans la même église où il était enterré, la fille d'un homme de Die nommé Lambert, aveugle depuis trois mois, conduite à son tombeau , recouvra la vue sur-le-champ. Le même jour, la fille d'un nommé Martin, affaiblie par une longue fièvre, et dont la moitié du corps était paralysé, fut aussi apportée sur le tombeau du serviteur de Dieu, et à peine y eut-elle fait quelques prières que la fièvre l'abandonna ; ses forces lui revinrent, et elle s'en retourna sans appui, elle qui quelques jours auparavant avait eu besoin, pour venir jusque-là , du secours d'un bras étranger.

Des guérisons miraculeuses se renouvelaient tous les jours, depuis vingt-trois ans, au tombeau du saint évêque, quand l'archevêque de Vienne, Jean de Burnino, et ses suffragants, écrivirent au papa Grégoire IX, pour lui demander qu'Etienne, ancien prieur de Portes, évêque de Die, fût inscrit au catalogue des saints. A l'appui de leur demande, ils rapportèrent plus de soixante miracles éclatants arrivés sur son tombeau ou par son intercession. En rapportant celte lettre, il suffira d'en indiquer quelques-lins pour prouver la puissance de notre saint auprès de Dieu, et pour inspirer aux fidèles la plus grande confiance envers un saint de notre diocèse dont la puissance est encore la même qu'autrefois.

Traduction de ta lettre de Jean de Burnino, archevêque de Vienne, et de ses suffragants, à Grégoire IX, pour demander la canonisation d'Etienne, évêque de Die.

« L'archevêque de Vienne, les évêques de Valence, de Die, de Grenoble, de Viviers, de Genève, de Maurienne, tous suffragants de Vienne, se prosternent humblement aux pieds de Votre Sainteté. La faiblesse de notre nature et notre ignorance, nous empêchent de savoir quelles actions de grâces et quelles louanges nous devons rendre à N.-S. J.-C., si admirable dans ses saints, et qui ne cesse de faire éclater en eux les effets de sa miséricorde. Quelle abondance de mérites, quel éclat de vertus, quelle multitude de prodiges n'a-t-il pas fait briller dans la personne de notre vénérable frère en J.-C. Etienne, autrefois évêque de Die? Le concours nombreux et fréquent de peuples qui viennent de divers pays à son tombeau, pour y trouver un remède aux maladies les plus incurables, aux infortunes les plus accablantes, et qui s'en retournent guéris et consolés ; tous ces faits ne publient-ils pas assez haut sa sainteté ? Mais puisqu'il n'y a personne, quel que soit d'ailleurs l'éclat de ses mérites, qui doive être regardé comme saint et honoré comme tel par l'Eglise de Dieu, sans une déclaration spéciale du Saint-Siège apostolique , nous prenons la liberté, très-saint Père , de vous faire parvenir le récit des miracles que le bienheureux évêque a opérés, afin qu'après les avoir examinés avec attention, il vous plaise de décider si les fidèles peuvent lui rendre un culte, et s'il doit être inscrit sur le catalogue des saints. Nous devons faire connaître à Votre Sainteté que l'Eglise de Die n'a pas de suite ajouté foi à tous ceux qui disaient que, gémissant sous le poids de quelques maladies ou de quelque infortune, ils avaient recouvré la santé et obtenu la délivrance de leurs peines par l'intercession de l'évêque Etienne ; mais qu'avant d'y croire, elle leur a fait jurer solennellement sur les saints Evangiles la vérité de ce qu'ils assuraient.

Ce fut l'an 1208, le 7 des ides de septembre, que mourut Etienne, religieux de l'ordre des Chartreux, prieur de la chartreuse de Portes, ensuite évêque de Die, et dont la sainteté est attestée par des miracles sans nombre, que la miséricorde de Dieu a bien voulu opérer par son intercession, en l'honneur de la très-sainte Trinité, de la glorieuse Vierge Marie et de toute la cour céleste. Nous allons prendre dès le commencement le récit des prodiges qu'il a opérés après sa mort ».

“Histoire hagiologique de Belley, ou Recueil des vies des saints et des ...”,
 par Jean Irénée Depéry (bp. of Gap.)


[1] Ce Bérard fut élu évêque de Macon en 1096, et sacré l'année suivante. Étant allé à Rome, il fut pris par les soldats de l'antipape Guibert, et ne sortit de prison que l'an 1100. Il assista en 1103 à un concile tenu à Marseille par le cardinal Milon, et l'an 1115 au concile de Tournus. Il fut aussi présent — peu de temps après — au concile de Vienne.
[2] Saint Vincent de Paul a été curé de Châtillon-les-Dombes en 1617. On voit dans les registres de la paroisse des actes signés de lui ; c'est là qu'il avait commencé à instituer les dames de la charité. Son ministère produisit de grands fruits, et quoique ce saint apôtre n'ait resté que peu de temps à Châtillon, il convertit un grand nombre de protestants, parmi lesquels on comptait des personnages de la première noblesse.
[3] Surius, Baillet et autres placent cette consécration en 1208, en disant que saint Etienne fut sacré évêque deux ans après la mort de saint Hugues de Lincoln ; or, de leur aveu et d'après toutes les chronologies, saint Hugues mourut en 1200. Levassent, grand chroniqueur de l'ordre des Chartreux, est l'auteur de cette rectification que nous croyons fondée. Les Bollandistes ont aussi sur cette date une très-longue dissertation qui se résume dans le sentiment que nous avons adopté.
[4] Surius, et quelques autres qui ont copié, font mourir saint Etienne en 1213 ; mais Levasseur, historien, chartreux fort instruit dans les annales de son ordre, place cette mort en 1208. Une lettre que nous allons rapporter, ne laisse pas une ombre de doute sur l'exactitude de l'assertion de Levasseur.

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