Euloge, né à
Cordoue, appartenait à l'une des plus illustres familles de cette
ville; mais sa principale noblesse était celle de la science et de
la vertu.
Les Maures
avaient envahi sa patrie et persécutaient le nom chrétien. Euloge,
sans jamais faiblir, lutta avec persévérance contre leur influence
perverse et contre les chrétiens traîtres et perfides qui
cherchaient à entraîner leurs frères dans une honteuse apostasie.
Que d'âmes durent à son zèle ardent, à ses éloquents écrits, à ses
exhortations enflammées, de demeurer fidèles à Jésus-Christ!
C'est surtout
grâce à lui que l'on vit une nouvelle et magnifique floraison de
victimes immolées pour la foi, fleurs parfumées qui embaumèrent le
jardin de l'Église et furent plus tard pour l'Espagne la source de
grandes bénédictions. Euloge lui-même recueillit les noms et les
actes de ces généreux martyrs. Mais il allait bientôt, lui aussi, se
joindre à eux et conquérir la couronne glorieuse qu'il avait méritée
à tant d'autres.
Le premier soin
du savant prêtre, quand il comparut devant son juge, fut de lui
exposer avec vigueur les impostures et les erreurs de Mahomet, et de
l'engager à se faire lui-même disciple de Jésus-Christ, unique
Sauveur du monde. Furieux d'une si sainte audace, le juge ordonne de
le frapper à coups de fouets jusqu'à ce qu'il expire: "Vous auriez
bien plus tôt fait, lui dit Euloge, de me condamner à mourir par le
glaive, car sachez bien que je suis prêt à mourir plusieurs fois
pour Jésus-Christ!"
Conduit devant
le conseil du prince musulman, le vaillant prêtre se mit encore à
prêcher hardiment l'Évangile avec tant de véhémence que, pour
échapper à ses arguments victorieux, on se hâta de le condamner à
avoir la tête tranchée. Comme on le conduisait au supplice, l'un des
soldats lui donna un soufflet; Euloge, se souvenant des
enseignements de son divin Maître, tendit l'autre joue sans se
plaindre, et le misérable osa le frapper de nouveau.
Quand le Saint
fut arrivé au lieu du supplice, il pria à genoux, étendit les mains
vers le Ciel, fit le signe de la Croix et unit ses souffrances et
son martyre aux souffrances et à la mort de Notre-Seigneur
Jésus-Christ sur la Croix; puis il tendit sa tête au bourreau et
consomma son sacrifice. Les fidèles rachetèrent du bourreau la tête
de saint Euloge, et donnèrent à son corps une sépulture honorable.
Sa fête fut
fixée au 11 mars.
Abbé L. Jaud
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame,
1950. |