La
ville de Calcédoine fut le théâtre des glorieux combats de
sainte Euphémie, qui souffrit vers l'an 307, dans la persécution que
continuèrent les successeurs de Dioclétien. Ayant embrassé l'état de
virginité, elle annonça
par la couleur modeste de ses habillements,
qu'elle renonçait aux plaisirs et aux amusements du monde. Les
exercices de la piété, et les pratiques de la pénitence, faisaient
son unique occupation. Comme l'amour de Dieu régnait dans son cœur,
elle ne vivait que pour lui, et tendait tous les
jours à la perfection avec une nouvelle ardeur. Tout ce qui ne la
portait pas à Dieu, lui paraissait méprisable.
Ayant été
arrêtée, elle fut cruellement tourmentée par l'ordre du magistrat,
nommé Priscus. L'histoire de ses souffrances fut représentée sur un
tableau dont saint Astère, évêque d'Amasée dans le Pont, nous a
laissé une description exacte, et qui se gardait autrefois dans la
grande église de Calcédoine. Un soldat lui tirant la tête en
arrière, un autre lui cassait les dents, en sorte que le sang qui
lui sortait de la bouche couvrait son visage, ses cheveux et ses
vêtements. Après lui avoir fait souffrir diverses autres tortures,
on la conduisit en prison, où la prière fit ses délices et sa
consolation. A la fin on la condamna à être brûlée vive. Elle monta
d'elle-même sur le bûcher avec un courage et une sérénité qui
montraient la joie qu'elle ressentait de se voir sur le point
d'entrer dans la gloire de Jésus.
L'église grecque
l'honore avec la même dévotion que les plus célèbres martyrs, et sa
fête est d'obligation dans presque tout l'Orient. Il y avait
anciennement à Constantinople quatre églises dédiées sous son
invocation. Celle qui portait son nom à Calcédoine, était fort
célèbre ; et ce fut là que se tint le quatrième concile
général qui proscrivit les erreurs d'Eutychès en 451. Les Pères de
ce concile attribuèrent principalement à l'intercession de la
Sainte, l'heureuse issue de l'affaire pour laquelle ils s'étaient
assemblés. L'historien Evagre rapporte, que les Empereurs, les
patriarches, et les fidèles de tout état couraient en foule à
Calcédoine, pour participer aux grâces extraordinaires que sainte
Euphémie obtenait de Dieu.
On transporta
depuis ses reliques dans l'église de Sainte-Sophie à Constantinople,
et elles y restèrent jusqu'au temps de l'impie Constantin Copronyme,
qui voulut les jeter dans la mer. Mais on trouva le moyen de les
conserver, comme nous l'apprenons de Constantin, évêque de Tio, dans
la Paphlagonie, qui a fait un discours sur ce sujet. Elles sont
présentement à Syllebrie ou Syllivri, ville qui est le siège d'un
métropolitain, et qui est située sur le rivage de la Propontide,
entre Constantinople et Andrinople. Mais il y en a une portion dans
l'église de la maison de Sorbonne de Paris, et ce précieux trésor
est un présent d'un grand-maître de Rhodes ou de Malte.
On voyait à
Rome, du temps de saint Grégoire-le-Grand, une église qui
portait le nom de sainte Euphémie. Il paraît que c'est la même que
celle qui fut réparée par le Pape Urbain VIII, et qui subsiste
encore aujourd'hui. (Voyez saint Paulin, saint Pierre Chrysologue,
et surtout le discours de saint Astère, qui est cité par le septième
concile général. Nous n'avons fait aucun usage des actes de la
Sainte, parce qu'ils ne méritent aucune croyance.)
Les plus célèbres
martyrologes de l'Occident joignent à sainte Euphémie, Sainte Luce
et Saint Géminien, qui souffrirent sous Déoclétien. On ne
sait rien ni de leur vie, ni des circonstances de leur martyre. |