Marc Roy, né au début
d’octobre 1578 à Sigmaringen[1],
principauté des Hohenzollern, dans le sud
de l’Allemagne, étudia
probablement chez les jésuites de Fibourg-en-Brusgau, puis prit ses
grades de
philosophie à Strasbourg (1601) et ses grades en droit civil
et ecclésiastique à Fribourg-en-Brisgau (1611).
De 1604 à 1610, à la
tête d’un groupe de trois jeunes nobles souabes, il voyagea en Italie,
en France et en Espagne. Durant les six ans que dura le voyage, il
restait fidèle à ses résolutions et donna de grand exemples de vertu,
attentif à soulager les malades dans les hôpitaux, à visiter les
églises, à donner aux pauvres jusqu’à ses propres habits ; déjà, sa
piété était toute remise aux mains de la Sainte Vierge dont il méditait
longuement les mystères.
Au retour, il alla se
perfectionner dans la connaissance des lois à Dillingen et se préparer à
la profession d’avocat. Docteur utriusque juris, il fut nommé
avocat-conseiller de la Cour de justice d’Autriche, dans la ville
alsacienne d’Ensisheim (1611).
Il renonça au
barreau, fut ordonné prêtre à Constance (septembre 1612) et, moins d’un
mois après, il entra chez les Capucins où il reçut le nom de Fidèle (4
octobre 1612) : « Afin d’imiter parfaitement mon Sauveur, je vivrai
constamment dans une extrême pauvreté, dans la chasteté et l’obéissance,
dans les souffrances et les persécutions, dans une austère pénitence,
une grande humilité, une sincère charité. »
Ayant parfait ses
études ecclésiastiques, à partir de 1617, il fut un prédicateur
prestigieux, tout en remplissant, au sein de son Ordre, les fonctions de
gardien (supérieur) de couvent à Rheinfeldn (1618-1619), à Feldkirch
(1619-1620 et 1621-1622) et à Fribourg (1620-1621). Il déploya une
intense activité parmi les catholiques de ces régions menacés par le
protestantisme, surtout aux environs de Coire et dans la vallée du
Praetigau.
A partir de 1622, il
prit la tête des capucins envoyés en mission dans les Grisons où sa
prédication fit de telles merveilles que les Calvinistes résolurent de
le tuer. Invité à prêcher dans l’église de Seewis (diocèse de Coire), le
24 avril 1622, il célébra la messe et, après avoir donné une
instruction, fut assassiné à coups d’épée. Il mourut en disant : « Pardonnez,
ô mon Dieu, pardonnez à mes ennemis que la passion aveugle : ils ne
savent pas ce qu’ils font. Seigneur Jésus, ayez pitié de moi ; Marie,
Mère de Jésus, assistez-moi. »
Les hérétiques,
craignant qu’il ne fût pas mort, le percèrent de plusieurs coups d’épée
et lui tranchèrent la jambe gauche et la tête. Le corps resta exposé aux
insultes des hérétiques pendant toute la journée, jusqu’à ce qu’ils
fussent chassés par le commandant des troupes autrichiennes qui, après
avoir invoqué l’intercession de Fidèle, chargea et remporta une victoire
si complète et si inespérée que le ministre protestant qui avait assisté
au martyre se convertit. Les capucins de Weltkirchen réclamèrent le
corps de leur gardien qui, exhumé le 13 octobre, fut trouvé sans
corruption. Le corps fut transporté à la cathédrale de Coire (18
novembre).
Bien des écrits
publiés de son vivant[2]
étaient déjà perdu à l’époque de son procès de béatification
(1626-1628). En revanche, on possède encore le « Testament »
qu’il rédigea avant ses vœux de religion (19 septembre 1613) où, après
avoir disposé de ses biens, il décrit l'évolution de sa vocation et sa
conception de la vie religieuse.
On a aussi les « Exercitia
spiritualia » qui sont un recueil de prières et d'exercices de piété
dont il usait et qui ne furent découverts qu’après sa mort et qui, parce
qu’ils étaient un des manuels préférés de la formation spirituelle des
capucins, furent traduits en toutes langues européennes au XVIII°
siècle. Il s’agit d’une « compilation où les sources franciscaines
sont loin d'occuper la première place.[3] »
Les « Exercitia spiritualia » comprennent quatre parties : 1)
neuf attitudes fondamentales (oraison, contrition, vérité, humilité,
obéissance, patience, gratitude, austérité et charité) ; 2) sept
exercices ou demandes de vertus, une pour chaque jour de la semaine,
avec une méditation sur la vie du Christ, et ordinairement sur la
passion ; 3) des exercices pour la messe[4];
4) le « Fœdus animæ fidelis cum Deo ictum » qui est une sorte de
testament spirituel par lequel l'âme se livre totalement à Dieu, qui
donne sept élévations de conformité et d'union dans ce but.
On a aussi retrouvé
les « Tractatus inediti », cinq traités composés de la même
manière que les « Exercitia spiritualia » : le premier est un
recueil de prières[5]
et d'exercices de dévotion[6] ;
le deuxième est un « Directorium horarum canonicarum » pour bien
réciter les heures ; le troisième traité qui concernait 1a communion
manque ; le quatrième enseigne la manière de méditer la passion du
Christ pendant ces heures ; le cinquième donne vingt-six méditations sur
la vie de la Vierge.
Saint Fidèle de
Sigmaringen a encore laissé les « Collectanea » qui sont des
notes, des méditations et des cahiers de cours de philosophie et
théologie, des sermons en partie publiés. Enfin, on conserve dix-huit
lettres de saint Fidèle de Sigmaringen dont neuf en allemand.
Après de nombreux
miracles, Fidèle de Sigmaringen fut béatifié le 12 mars 1729, par Benoît
XIII. Le 29 juin 1746, il était canonisé par Benoît XIV[7].
[1] Sa
famille, d’origine anversoise, s’est installée à Sigmaringen vers 1529.
Ses parents, Jean Roy et Geneviève de Rosemberg, lui donnèrent une
éducation très catholique.
[2] « De
sacratissimo rosario », « De articulis fidei catholicæ », « Disputatio
contra quosdam hæreticos prætegovienses de sancto sacrificio missæ »,
« Apologia doctrinæ catholicæ Ecclesiæ », « Symbolum fidei, ad
usum germanorum provincæ rhæticæ ».
[3] Les cinq
auteurs principaux utilisés sont le chartreux Jean Michel de Coutances
(mort en 1600), le dominicain Louis de Grenade (mort en 1588), le
jésuite Jacques Alvarez de Paz (mort en 1610), le prétre séculier
Nicolas Eschius (mort en 1578) et le franciscain Barthélemy de Salutio
(mort en 1617).
[4] 1.
préparations à la messe qui donnent pour chaque jour de la semaine des
réflexions sur les sept demandes du Pater ; 2. la « Generalis
postulatio » à l'intention de chaque état ecclésiastique, où l'on
remarque la place donnée aux plaies et aux souffrances du Christ ; 3.
des actions de grâce après la messe où saint Fidèle propose sept
méditations et demandes, avec prière à la Vierge, profession de foi et
mémoire de la passion du Christ.
[5]
Litanies, prière du matin, prière avant et après l'office, etc.
[6] « Modus
exosculandi quinque vulnera Christi », « Quinque dolores B. Mariæ
Virginis », « Examen conscientiæ » etc.
[7] Il a
déployé la plénitude de sa charité en soulageant et en secourant
extérieurement son prochain ; ouvrant à tous les malheureux des bras
paternels, il faisait vivre de véritables troupes de pauvres par les
aumônes qu’il recueillait de partout. Il remédiait à l’abandon des
orphelins et des veuves en leur procurant du secours auprès des
puissants et des princes. Sans relâche il apportait aux prisonniers tout
le réconfort, spirituel et corporel, dont il était capable; il visitait
assidûment tous les malades, leur apportait de la joie et, après les
avoir réconciliés avec Dieu, les fortifiait pour le dernier combat. En
ce genre, il n’a jamais moissonné plus de mérites que lorsque l’armée
autrichienne, cantonnée dans les Grisons, presque tout entière frappée
par une épidémie, s’offrait à la maladie et à la mort comme une proie
digne de pitié. Cet homme de foi, Fidèle par son nom et par sa vie, se
distingua, en même temps que par sa charité, par son ardeur pour
défendre la foi. Il la prêcha inlassablement, et peu de jours avant de
la confirmer par son sang, dans son dernier sermon, il laissa comme son
testament en prononçant ces paroles :« O foi catholique, comme tu es
ferme, comme tu es inébranlable, bien enracinée, bien fondée sur la
pierre solide ! Le ciel et la terre disparaîtront, mais tu ne pourras
jamais disparaître. Dès le commencement, le monde entier t’a contredite,
mais tu as triomphé de tous par ta grande puissance. La victoire a
vaincu le monde, c’est notre foi. Elle a fait plier des rois très
puissants sous le joug du Christ, elle a conduit les peuples à obéir au
Christ. Qu’est-ce qui a fait que les saints apôtres et martyrs ont subi
de durs combats et de cruels supplices, sinon la foi, principalement la
foi en la résurrection ? Qu’est-ce qui a conduit les anciens moines à
dédaigner les plaisirs, à mépriser les honneurs, à piétiner les
richesses pour mener au désert une vie céleste, sinon la foi vive ? De
nos jours, qu’est-ce qui entraîne les Chrétiens à rejeter la facilité, à
renoncer au confort, à supporter les épreuves, à souffrir une vie
pénible ? C’est la foi vive qui agit par la charité. C’est elle qui fait
abandonner les biens présents par l’espérance des biens futurs et, en
échange des biens présents, recevoir les biens du monde à venir »(Benoît
XIV).
http://missel.free.fr/Sanctoral/04/24.php
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