Folquin eut pour mère Erkensinde, issue d'une noble famille de la
nation des Goths, et pour père Jérôme, oncle de l'empereur
Charlemagne. Son adolescence fut à la fois cultivée par les lettres
et la piété. Entrainé
par
la grâce d'En Haut en même temps que par son naturel enclin à la
vertu, il dédaigna les appâts de ce monde, et s'enrôla dans la
milice du Christ, bien résolu à ne servir que Dieu seul. Il mena
durant quelques années une vie douce et tranquille, tout entier aux
choses de Dieu, jusqu'à ce que l'évêque de Thérouanne, siège
apostolique des Flandres (à présent dans le Pas-de-Calais), saint
Erkembode, étant venu à mourir, il fut appelé à lui succéder par les
suffrages du clergé et du peuple, l'an 817. Son humilité frappait
d'autant plus que sa naissance avaient plus d'éclat. Il maintenait
la discipline avec une fermeté aussi éloignée de la rigueur que du
relâchement. Il fréquentait peu les princes et les grands du monde,
bien que sa noblesse semblât en faire une nécessité aux yeux d'autre
que lui.
Évêque de cette période de
l'histoire religieuse |
Il assista au VIe et au VIIe Concile de Paris, ainsi qu'à
l'assemblée de Soissons. Outre des statuts concernant la discipline
générale des mœurs auxquels il coopéra beaucoup, il en fit encore de
particuliers pour son diocèse. Il soulagea son peuple accablé des
calamités de la guerre. Il eut surtout l'occasion d'exercer sa
charité, lorsque les Normands commencèrent à dévaster la Flandre et
la Morinie, et à se ruer avec une sorte de fureur sur toutes les
parties de la France. Il fit la translation des reliques de saint
Omer, le plus célèbre de ses prédécesseurs. La crainte qu'il avait
des incursions des Normands le porta à cacher le corps de saint
Bertin sous l'autel de Saint-Martin, en 846. Parvenu à une extrême
vieillesse, il remplissait encore tous les devoirs de sa charge.
Sous prétexte qu'il était trop âgé pour continuer ses fonctions (il
y avait près de 40 ans qu'il était évêque), le roi lui envoya un
successeur, ce qui, était une grave violation des saints canons;
alors le vieil évêque, soucieux de faire respecter l'indépendance de
l'Église par rapport au pouvoir temporel, il appela la malédiction
du Ciel sur la tête d'un homme qui aimait mieux obéir au roi de la
terre qu'au Roi du Ciel; on rapporte que le châtiment ne se fit pas
attendre. Saint Folquin mourut en faisant la visite de son diocèse,
le 14 décembre 855, au bourg d'Esquelbecq (Nord, arrondissement de
Dunkerque, canton de Wormhoudt). Son corps fut porté, selon qu'il
l'avait désiré, dans le monastère du Saint-Bertin, et enterré auprès
de celui de saint Omer. 73 ans après (928), Odwin, du consentement
de l'évêque de Thérouanne, leva de terre le corps de son oncle, et
érigea un autel au lieu de sa sépulture : de grands miracles se sont
opérés en faveur de ceux qui ont invoqué son nom.
Le culte de saint Folquin a été de tout temps célèbre dans la
Morinie et les pays voisins. Plusieurs paroisses l'invoquent comme
leur patron, entre autres celles de Pitgam, Esquelbecq,
Wolckerinckove, au diocèse de Cambrai. Il y a aussi dans le diocèse
actuel d'Arras, et non loin de Bourbourg, un village qui porte le
nom du Saint.
“Propre d'Arras”; “Légendaire de Morinie”; “Vie des Saints des
diocèses de Cambrai et d'Arras”, par M. l'abbé
Destombes. |