Née à Santangelo, près de Lodi, en
Lombardie, treizième enfant d'une famille de cultivateurs, la petite
Marie-Françoise, de santé si frêle, ne semblait guère vouée à
traverser trente fois l'océan et à établir des fondations qui
essaimeraient jusqu'en Australie et en Chine. Françoise Cabrini
embrassa la profession d'institutrice. Plusieurs tentatives pour se
faire religieuse échouèrent à cause de sa santé précaire. Elle
désirait aussi ardemment devenir missionnaire. Le curé de Codogno
qui connaissait sa force d'âme, la fit venir à l'âge de vingt-quatre
ans dans la Maison de la Providence pour remettre de l'ordre dans ce
couvent où quelques orphelines recevaient leur formation. Un jour,
l'évêque de Lodi dit à Françoise: «Je sais que vous voulez être
missionnaire. Je ne connais pas d'institution qui réponde à votre
désir. Fondez-en une!» Sœur Cabrini réfléchit un instant et
répondit fermement: «Je chercherai une maison.» Elle posa à Codogno
les bases de l'Institut des Sœurs Missionnaires du Sacré-Cœur. La
prière était l'âme de leur action; l'oraison remplissait quatre
heures du jour, une cinquième s'ajoutait pour la fondatrice qui se
levait une heure plus tôt que ses sœurs. En sept ans, Mère Cabrini
accomplit l'objectif désiré: l'établissement de sa congrégation à
Rome et son approbation par le souverain pontife Léon XIII. De Rome,
son institut s'étendit rapidement. La Sainte croyait que la Chine
l'appelait, mais le pape lui demanda d'envoyer ses sœurs en
Amérique pour aider les cinquante mille émigrés italiens qui
attendaient un support matériel, spirituel et moral. Le Saint-Père
lui dit: «Non pas l'est, mais l'ouest. Allez aux États-Unis où vous
trouverez un large champ d'apostolat.» En effet, sans racines et
sans foyer, les émigrés dépérissaient sur le plan religieux et
social. Sainte Françoise Cabrini arriva en Amérique le 31 mars 1889.
Sa communauté prit bientôt un développement extraordinaire:
hôpitaux, écoles, orphelinats surgirent à New-York, Brooklyn,
Scranton, New Jersey, Philadelphia, New Orleans, Chicago, Denver,
Seattle et Californie. Elle fonda une école supérieure féminine à
Buenos-Aires. Cette vaillante ouvrière de l'Évangile se dépensa
aussi en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Au retour de ses
voyages en Europe, Mère Cabrini ramenait des milliers de sœurs pour
ses hôpitaux, ses écoles et ses orphelinats. «Travaillons,
travaillons, disait-elle toujours à ses Filles, car nous avons une
éternité pour nous reposer. Travaillons simplement et bien, et le
Seigneur est Celui qui fera tout.» Elle établit soixante-sept
maisons en huit pays. Humble devant la prospérité de son œuvre,
elle répondait aux témoignages d'admiration: « Est-ce nous qui
faisons cela ou bien est-ce Notre Seigneur ? » Son inébranlable
confiance dans le Cœur de Jésus fut largement récompensée. Celle
qui s'était souvent écrié: « Ou aimer ou mourir ! » fit de sa mort
un acte de pur amour de Dieu. Elle expira le 22 décembre 1917, à
Chicago, dans l'état d'Illinois. Son corps fut transporté à New-York,
dans la chapelle de l'école qui porte son nom. C'est là que ses
restes sont encore vénérés. Le 7 juillet 1946, le pape Pie XII a
canonisé cette dévouée servante du Christ dans Ses membres
souffrants et abandonnés. Il l'a aussi constituée la patronne
céleste de tous les immigrants. |