Fructueux
était issu du sang royal des Wisigoths d'Espagne. Il se
sentit, dès sa jeunesse, le plus vif attrait pour la solitude. La
mort de ses parents l'ayant rendu maître de sa liberté, il résolut
de correspondre sans délai à la grâce de sa vocation. Il commença
par se faire instruire des saintes lettres dans la grande école que
l'évêque de Palencia avait établie pour l'éducation de ses clercs.
Il vendit une grande partie de ses -biens, qu'il distribua aux
pauvres ; le reste fut employé à fonder des monastères. Le plus
célèbre fut bâti sur les montagnes voisines du Vierzo, et prit le
nom de. Complute, parce qu'il -était dédié à S. Justin et à
S. Pasteur, martyrs de Complute (aujourd'hui Alcala de Henarez),
dans la Castille. Le saint s'y fit religieux, et le gouverna en
qualité d'abbé, jusqu'à ce qu'il eût mis tout en bon état. Il se
donna ensuite un successeur, et se retira dans le désert, où il mena
une vie fort austère. Il se revêtit d'un babit de peaux de bêtes, à
l'exemple des anciens solitaires. Outre les monastères dont nous
avons parlé, il en fonda encore plusieurs; un de filles entre
autres, appelé None, parce qu'il était à neuf milles de la
mer. Il établit une parfaite régularité parmi ses disciples; et nous
avons encore deux règles dont il est l'auteur. La première est dite
de Complute, parce qu'elle était particulière à l'abbaye de
ce nom. La seconde, appelée règle commune, s'observait dans
les autres communautés d'hommes et de femmes dont Fructueux était
fondateur.
Malgré l'amour
que le saint avait pour la retraite, il ne put empêcher l'éclat que
jetaient au loin ses éminentes vertus. On l'ordonna évêque de Dume ;
et, en 656, on l'éleva sur le siège archiépiscopal de Braga. Il
remplit avec la plus grande édification, les devoirs de l'épiscopat.
Ce fut toujours la même innocence et la même austérité de vie.
L'envie lui suscita des persécutions; mais il en triompha par sa
douceur et sa patience. Il mourut sur la cendre dans l'église, comme
il l'avait désiré, le 16 avril 665. Ses reliques sont à Compostelle.
SOURCE : Alban Butler : Vie
des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction :
Jean-François Godescard. |