Saint Gaétan, né à
Vicence, de race illustre, fut consacré à Marie dès le sein de sa
mère, puis ensuite à sa naissance. On lui
donna le nom de Gaétan,
pour conserver un célèbre nom familial; mais on y ajouta le nom de
Marie, pour marquer sa consécration à la Reine du Ciel.
Gaétan de Sainte-Marie
montra de bonne heure un grand amour pour les pauvres; ce fut là, du
reste, un des beaux caractères de toute sa vie. Son cœur d'enfant,
tendre et délicat, le faisait pleurer souvent à la vue des misères
qui s'offraient à lui; les pauvres, qui le connaissaient tous,
l'appelait leur petit ami, en attendant qu'il fût leur père.
L'enfant leur rendait mille petits services, et lorsqu'il recevait
quelque argent de ses parents à titre de récompense, il n'avait rien
de plus pressé que de le distribuer à ses chers mendiants. La petite
somme était toujours vite épuisée; alors Gaétan mettait en mouvement
tous les ressorts de sa jeune politique, et il finissait toujours
par reconstituer son petit trésor. À bout d'expédients, il demandait
l'aumône à ses parents pour l'amour de Dieu.
Devenu prêtre, il bâtit
une église dans ses domaines pour y exercer le saint ministère.
Comme il était très simple et même négligé dans ses vêtements, son
père se fâchait souvent et l'accusait de déshonorer son nom en se
mêlant aux mendiants. Le plus souvent Gaétan répondait à ce reproche
par son silence. Il s'occupa avec zèle des ouvriers, ce qui lui
attira la persécution de ses proches, puis l'admiration de tous,
quand on vit son ministère opérer de grands fruits de
sanctification. Partout où il allait, sa première visite était pour
les pauvres et les malades.
Un jour de Noël,
Notre-Seigneur lui apparut sous la forme d'un petit enfant; il Le
prit dans ses bras et Le caressa longtemps, pendant que son cœur se
fondait d'amour.
A Rome, Gaétan, plein
du désir de donner au clergé des modèles à imiter, fonda, de concert
avec quelques saints prêtres, la congrégation des Théatins. La
confiance absolue en Dieu valait plus pour lui que tous les conseils
de la prudence humaine, et nulle part la Providence ne le laissa
manquer du nécessaire.
Le Saint était déjà âgé
quand il tomba malade, à Naples; il refusa un matelas et voulut
mourir sur la cendre et le cilice; il refusa aussi un médecin
extraordinaire, disant: "Je suis un pauvre religieux, qui ne vaut
pas la peine d'être assisté." Marie vint Elle-même chercher son âme.
Il laissa la réputation d'un séraphin à l'autel et d'un apôtre en
chaire.
Abbé L. Jaud,
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame,
1950. |