Gaspare (Gaspard) Bertoni naît en 1777 à Vérone dans la République
de Venise, dans une famille aisée et surtout très croyante où,
traditionnellement, des deux côtés, on exerçait la profession de
notaire. Après la
mort d'une sœur plus jeune il reste enfant unique.
Il suit l'école chez les jésuites jusqu'à leur suppression, mais
leur "Congrégation mariale" subsiste et Gaspard reste sous
l'influence de l'un des Pères qui deviendra Général de la Compagnie
après son rétablissement. A partir de 18 ans, il suit en externe les
cours du séminaire. Puis c'est l'invasion française (1er
juin 1796) qui pendant 20 ans troublera l'ordre de la région.
Gaspard se livre au soin des malades et des blessés au sein d'une
"Fraternité évangélique pour les hôpitaux".
Il
est ordonné prêtre le 20 septembre 1800 et jette toutes ses forces
dans l'apostolat. Il fonde un premier Oratoire ou "Cohorte mariale"
destinée à la formation chrétienne et sociale des jeunes, mais
supprimée en 1807 par décret napoléonien. Don Gaspard, pour
continuer, attend des jours meilleurs. Entre-temps il s'occupe de
direction spirituelle dans une communauté fondée par Sainte
Madeleine de Canossa (1774-1835
cf. n°17). Il y rencontre la Servante de Dieu Léopoldine Naudet
qu'il aide à fonder les "Sœurs de la sainte Famille". Il aide
également la Servante de Dieu Téodora Campostrini à discerner sa
vocation et à fonder les "Sœurs minimes de notre Dame des douleurs"
Déjà, avant la mort de sa mère en 1810, il reçoit chez lui des
aspirants au sacerdoce pour leur donner une formation spirituelle et
intellectuelle solide. Après ce décès, il déménage et l'évêque lui
confie la direction spirituelle des séminaristes. En fait le
séminaire traversait une crise financière et morale désastreuse. Don
Gaspard prend pour base l'attachement inconditionnel au Souverain
Pontife (qui, pour lors, est prisonnier de Napoléon) car le Pape est
et demeure la pierre "première et inamissible" de L'Eglise. En peu
de temps, il relève le séminaire, lequel revêt un aspect
"monastique" comme le rapporte un témoin. Don Gaspard pense que la
réforme de l'Eglise doit commencer par le sanctuaire et le retour de
ses ministres à une suite intégrale de l'Evangile.
Le
lendemain d'une extase devant le Crucifix (30 mai 1812), il est
frappé par la fièvre miliaire. Il échappe à la mort presque
miraculeusement, mais il restera malade pour les 41 années qui lui
restent à vivre. De son lit, il est un ange de consolation pour des
âmes innombrables, en particulier pour les personnes qui cherchent à
fonder des œuvres charitables, comme le bienheureux
Charles Steeb. Après l'abdication
de Napoléon (1814) et le retour de l'Italie à l'influence
autrichienne, don Bertoni comprend qu'il faut enseigner les grandes
vérités de la foi au moyen de missions populaires afin de ramener
les égarés dans la bergerie. Le 14 novembre 1816, dans une église
désaffectée, dédiée jadis aux stigmates de saint François, il fonde
avec deux compagnons une congrégation dédiée, elle, aux stigmates de
Notre Seigneur — les stigmatins — et destinée à répandre la dévotion
à la Passion du Christ et à ses plaies. En décembre 1817, le pape
Pie VII le nomme "missionnaire apostolique" mais le gouvernement
autrichien soupçonneux lui met des entraves. Il continue comme il
peut avec la prédication et la catéchèse.
Vraie image du Christ crucifié, il subit presque 300 opérations à la
jambe droite. Il pense qu'il ne souffrira jamais assez pour le bien
de l'Eglise et le salut des âmes. Lorsque, finalement, l'infirmier
lui demande: "Père, avez-vous besoin de quelque chose?" — "J'ai
besoin de souffrir" répond-il dans un dernier souffle. C'était le
Dimanche 12 juin 1853 à 15h 30.
Béatifié le 1er
novembre 1975, à Rome, par Paul VI.
Canonisé le 1er
novembre 1989, à Rome, par Jean Paul II. |