Saint Gélase Ier,
(mort en 496), pape de 492 à 496, lutta contre toutes les formes
survivantes du paganisme et
définit et imposa l'autorité
pontificale. Il fut en effet l'un des premiers papes à affirmer la
primauté de la papauté sur le pouvoir temporel et celle de la
juridiction papale sur les conciles généraux de l'Église. Il modifia
en outre les rites liturgiques et, en ordonnant que le pain et le
vin soient utilisés dans la célébration de l'eucharistie, il chassa
de l'Église les hérétiques manichéens. Gélase fut aussi l'un des
auteurs les plus éminents de son époque : nombre de ses lettres ont
été conservées, et la tradition lui attribue également la rédaction
d'une partie d'un sacramentaire compilé au VIe
siècle, le Décret gélasien, et de divers traités
théologiques. En revanche, il n'a pu être l'auteur du sacramentaire
du VIIe
siècle qui porte son nom et qui reprend les changements introduits
dans la liturgie par ses soins, le Sacramentarium Gelasianum
(« Sacramentaire gélasien »), dont des extraits suivent :
Decretum
Gelasianum
350 Après
(toutes ces) Écritures prophétiques, évangéliques et apostoliques
(que nous avons mentionnées plus haut) et sur lesquelles l'Église
catholique, par la grâce de Dieu, est fondée, nous avons estimé
devoir souligner également ceci, à savoir que si c'est bien à
l'Église catholique répandue par tout l'univers que revient l'unique
chambre nuptiale du Christ, pour autant la sainte Église romaine
n'est pas placée devant les autres Églises par des édits de synodes,
mais elle a reçu la primauté de par la parole évangélique du
Seigneur et Sauveur disant : Tu es Pierre, et sur cette pierre je
bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas
contre elle, et je te donnerai les clés du Royaume des cieux, et
tout ce que tu auras lié sur terre sera lié aussi au ciel, et tout
ce que tu auras délié sur terre sera délié aussi au ciel Mt 6,18
s.
A cela s'est ajouté
également la compagnie du très bienheureux Apôtre Paul, le vase
d'élection : ce n'est pas à un autre moment, comme le disent
sottement les hérétiques, mais au même moment, le même jour, par une
mort glorieuse avec Pierre, qu'il a été couronné en combattant, dans
la ville de Rome, sous l'empereur Néron : et de la même manière ils
ont consacré au Christ l'Église romaine susdite, et par leur
présence et leur triomphe vénérable ils l'ont placée avant toutes
les autres villes dans le monde entier.
351 Le
premier siège de l'apôtre Pierre est donc l'Église romaine qui n'a
ni tache, ni ride, ni rien de semblable Ep 5,27. Le deuxième
siège cependant fut consacré à Alexandrie au nom du bienheureux
Pierre par le disciple et évangéliste Marc... Comme troisième est
tenu en honneur le siège du bienheureux apôtre Pierre à Antioche,
puisqu'il y a habité avant de venir à Rome, et que là est apparu
pour la première fois le nom de « chrétiens » pour la race nouvelle
(voir Ac 11,26).
352 Et bien
que personne ne puisse poser d'autre fondement que celui qui a été
posé et qui est Jésus Christ (voir 1Co 3,11), l'Église
sainte, c'est-à-dire l'Église romaine, n'interdit pas que pour son
édification, outre les Écritures de l'Ancien et du Nouveau Testament
que nous recevons selon la règle, soient reçus également ces autres
écrits, à savoir : le saint synode de Nicée... ; (le saint synode de
Constantinople... lors duquel l'hérétique Macedonius a reçu la
condamnation méritée ) ; le saint synode d'Ephèse... ; le saint
synode de Chalcédoine... (Mais également d'autres synodes, s'il en
est, qui ont été tenus par les saints pères jusqu'à aujourd'hui et
dont nous avons décrété qu'ils doivent être observés et reçus outre
l'autorité de ces quatre.)
353 De même
les ouvrages du bienheureux martyr Cyprien, archevêque de Carthage.
De même les ouvrages... (sont mentionnés de la même manière :
Grégoire de Naziance, Basile le Grand, Athanase d'Alexandrie, Jean
Chrysostome, Théophile d'Alexandrie, Cyrille d'Alexandrie, Hilaire
de Poitiers, Ambroise, Augustin, Jérôme, Prosper d'Aquitaine). De
même la lettre du bienheureux pape Léon destinée à Flavien, évêque
de Constantinople ; quiconque, s'agissant de son texte, discute ne
serait-ce qu'un seul iota et qui ne le reçoit pas avec vénération en
toutes ses parties, qu'il soit anathème. De même nous décidons que
doivent être lus les ouvrages et traités de tous les pères
orthodoxes... qui n'ont dévié en rien de la communion de l'Eglise
romaine.
De même que doivent
être reçues avec vénération les lettres décrétales que les
bienheureux papes ont écrites à divers moments depuis la ville de
Rome pour conseiller divers pères.
De même les actes des
saints martyrs... Mais selon une coutume ancienne et selon une
prudence particulière, ils ne sont pas lus dans la sainte Église
romaine, parce que les noms de ceux qui les ont écrits sont
totalement inconnus et qu'ils sont considérés par les non-croyants
et par les ignorants comme superflus ou comme moins appropriés que
ne l'était la réalité des faits... C'est pourquoi..., pour qu'il n'y
ait pas même la moindre occasion de moquerie, ils ne sont pas lus
dans la sainte Église romaine. Néanmoins, avec ladite Église, nous
vénérons avec une entière dévotion tous les martyrs ainsi que leurs
glorieux combats qui sont mieux connus de Dieu que des hommes.
De même nous recevons
avec une pleine vénération les vies de Paul, Antoine, Hilarion, et
de tous les ermites, mais seulement celles qu'a composées le très
bienheureux Jérôme.
(La suite de
l'énumération contient l'avertissement suivant) : si cela parvient
entre les mains des catholiques, que précède cette phrase du
bienheureux apôtre Paul : « Examinez tout, retenez ce qui est bon »
1Th 5,21. De même Ruffin, un homme religieux, a publié de
nombreux livres d'un ouvrage ecclésiastique et il a interprété
également certaines Écritures.
Mais parce que le
vénérable Jérôme l'a blâmé en certaines choses, à propos du libre
arbitre, nous pensons ce que nous savons qu'a pensé ledit
bienheureux Jérôme, et cela n'est pas vrai seulement pour Ruffin,
mais également pour tous ceux que cet homme souvent mentionné blâme
dans son zèle pour Dieu et dans la piété de la foi. — De même nous
recevons comme devant être lues certaines oeuvres d'Origène que le
très bienheureux Jérôme ne rejette pas. Mais tout le reste, nous
disons que cela doit être rejeté avec son auteur. ...
354 Le
reste, qui a été composé ou proclamé par des hérétiques ou des
schismatiques, l'Église catholique et apostolique ne le reçoit
d'aucune manière.
(Suit une longue liste d'Apocryphes, aussi bien au sens restreint,
c'est-à-dire d'écrits pseudo-canoniques, qu'au sens large, d'écrits
grevés d'une hérésie.)
Tout cela et ce qui y
est semblable, qu'ont enseigné ou écrit... les hérésiarques dont les
noms n'ont pas du tout été retenus, nous le déclarons non seulement
comme rejeté mais également comme éliminé par toute l'Église
romaine, catholique et apostolique, et comme condamné pour toujours,
avec leurs auteurs et leurs lecteurs, par le lien indissoluble de
l'anathème.
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