Le
bienheureux Marinoni, né à Venise le 25 Décembre 1490, reçut
au baptême le nom de François, qu'il changea en celui de Jean,
lorsqu'il se consacra à Dieu. Il montra tant de piété dès ses
premières années, qu'on lui fit faire sa première communion vers
l'âge de sept ans. Il se distinguait des autres enfants par sa
docilité et son obéissance. Il ne perdait presque point Dieu de vue
; il aimait à fréquenter
les églises, à y adorer le Saint-Sacrement, et surtout à assister à
l'auguste Sacrifice de la messe.
Ses parents
l'ayant envoyé à l'université de Padoue, il ne s'y lia qu'avec ceux
qui réunissaient une piété sincère à la pureté des mœurs. Il eut
pour condisciple et pour ami Louis Lippoman,
un des plus savans évêques du seizième siècle. La prière, la
méditation de la loi du Seigneur, la lecture des bons livres, la
fréquention des sacremens, Ja fuite des mauvaises compagnies, furent
les moyens qu'il employa pour conserver son innocence. Il embrassa
l'élat ecclésiastique, et reçut successivement les saints ordres.
Devenu prêtre, il s'attacha pendant deux ans au service de l'église
de Sainl-Pantaléon, à Venise. Son amour pour les pauvres lui fit
accepter la place de supérieur de l'hôpital, où l'on recevait les
incurables et les orphelins. Il y donna les preuves les plus
éclatantes de sa charité, durant la peste qui ravagea la ville de
Venise, en 1528. Ayant été nommé à un canonicat de l'église de
Saint-Marc, il remplit ses devoirs avec la plus grande édification.
Mais il quitta bientôt ce bénéfice, pour entrer dans la congrégation
de Saint-Gaétan, nouvellement établie à Venise. Il y fut reçu le 9
Décembre 1528, et fit ses vœux le 29 Mai 1530.
Sa ferveur
prenait chaque jour de nouveaux accroissements. Son amour pour la
pureté lui faisait éviter la conversation des femmes, et il ne
s'entretenait avec elles qu'autant que la charité l'y obligeait. Les
plus rigoureuses austérités de la pénitence n'avaient rien qui
l'effrayât ; il aimait la pauvreté, et il saisissait toutes
les occasions de pratiquer cette vertu. Son amour pour les pauvres
était extraordinaire. Son humilité, sa patience dans les épreuves,
sa résignation à la volonté de Dieu, son obéissance, sa douceur
avaient quelque chose d'admirable. Pour attirer les bénédictions
célestes sur les travaux de son zèle, il priait avec autant
d'assiduité que de ferveur. Il avait une tendre dévotion à la
Sainte-Vierge, à son ange gardien, et aux autres Saints. Enfin ses
vertus causaient de l'admiration à tous ceux qui le connaissaient,
et saint André Avellin disait en parlant de lui, qu'il était par ses
paroles et par ses actions une image de la sainteté.
Le B. Jean
(Giovanni) Marinoni fut nommé plusieurs fois supérieur. Il reçut
dans la congrégation saint André Avellin et le B. Paul d'Arrezzo,
qui se firent toujours gloire de l'avoir eu pour maitre et pour
directeur dans les voies de la piété. Il possédait dans un degré
éminent le don de discerner les esprits, et de donner à chacun des
avis convenables à sa situation.
Quand il
annonçait la parole de Dieu, c'était avec cette onction qui
caractérise les hommes apostoliques. Il y avait un concours
prodigieux à ses sermons. Non content d'expliquer les grands
principes de la morale chrétienne, il prévenait encore les fidèles
contre les erreurs qui attaquaient la foi, de son temps, surtout à
Naples. Pendant son séjour dans cette ville , on lui confia la
direction d'un couvent de religieuses. Il s'appliqua à porter ces
épouses de Jésus-Christ à la perfection de leur état, et il y
réussit. H établit dans la même ville un Mont de Piété, pour
secourir les familles prêtes à tomber dans l'indigence : mais il
prit en même temps toutes les mesures propres à écarter les abus que
la cupidité pourrait occasionner. Ce Mont de Piété est devenu dans
la suite un des plus célèbres établissements de la ville de Naples.
Le B. Jean
Marinoni refusa l'archevêché de Naples auquel le Pape voulait le
nommer. Il continua d'exercer dans cette ville les fonctions du
saint ministère. Il recevait avec la plus grande charité tous ceux
qui s'adressaient à lui dans le tribunal de la pénitence. Il se
rendait avec empressement auprès des malades qui l'appelaient :
aussi avait-il une onction particulière pour inspirer la confiance
aux moribonds, et rétablir la paix dans les consciences troublées et
agitées. Tant de vertus lui méritèrent de la part de Dieu des grâces
singulières ; il obtint la guérison de plusieurs malades et
fut favorisé du don de prophétie.
Ses travaux et
ses infirmités faisaient craindre à sa congrégation qu'elle ne le
perdît bientôt : mais le moment était arrivé. Il fut attaqué d'une
maladie dont on prévit les suites funestes. Il demanda les derniers
sacrements, qu'il reçut avec les plus vifs sentiments de piété.
Saint André Avellin et le B. Paul d'Arezzo l'assistèrent dans sa
maladie. Il mourut le 13 Décembre 1562. Clément XIII publia, le 11
Septembre 1762, un décret pour autoriser le culte du B. Jean
Marinoni.
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.
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