Qui est Saint Joseph Moscati ?
Paul VI – le Pape qui l'a béatifié.
“Qui est celui que l'on nous
propose afin que nous l'imitions et que nous le vénérions tous ?”
C'est un laïque qui a fait de sa
vie une mission vécue en pleine authenticité évangélique...
C'est un professeur d'université
qui a laissé parmi ses élèves un sillage de profonde admiration...
C'est un homme de science célèbre
pour sa contribution scientifique au niveau international...
Son existence est simplement tout
cela...
Jean Paul II – le Pape qui l'a
canonisé
“L'homme qu'à partir d'aujourd'hui
nous invoquerons comme un Saint de l'Eglise universelle représente pour nous la
réalisation concrète de l'idéal du laïc chrétien.
Joseph Moscati, Médecin chef de
clinique, chercheur fameux dans le domaine scientifique, professeur
universitaire de physiologie humaine et de chimique physiologique, a embrassé
ses multiples activités avec tout l'engagement et le sérieux que demande le
service de la délicate profession de laïc.
A ce point de vue Moscati est un
exemple non seulement à admirer mais à suivre, surtout par les acteurs
sanitaires. Il représente même un exemple pour ceux qui ne partagent pas sa
foi.”
La famille Moscati vient de Sainte
Lucie de Serino, un petit pays à peu kilomètres d’Avellino.
François, père du futur Saint,
naquit à Sainte Lucie de Serino, en 1836. Il obtint sa maîtrise de droit et il
fit une brillante carrière comme magistrat.
Il fut juge dans le Tribunal de
Cassino, Président du Tribunal de Bénévent, Conseiller à la Cour d'Appel,
d’abord à Ancône et ensuite à Naples, où il mourut le 21 décembre 1897.
François Moscati connut et se maria
avec Rose de Luca, des Marquis de Roseto, à Cassino. Joseph fut le septième de
neuf enfants.
Jusqu’au moment où il vécut, le
père du Saint conduisit sa famille au pays natal toutes les années, pour une
période de repos et pour être au contact de la nature. Ils allaient tous
ensemble à l’église des Clarisses, pour assister à la Messe, que François-même
servait bien souvent.
Saint Joseph Moscati fait allusion
à son pays natal dans deux lettres. La première est du 20 juillet 1923, écrite
pendant son voyage vers la France et l’Angleterre :
“A deux heures et vingt départ pour
Modane, en France. [...]
Nous sommes en train de traverser des vallées entourées de montagnes recouvertes
de châtaigniers (Bourgogne). Ça et là les rubans argentés des fleuves : qu’il
est semblable ce paysage à l’inoubliable Serino, l'unique lieu du monde, Irpinia,
où je passerais mes jours très volontiers, parce qu’il rassemble les plus
aimées, les plus doux souvenirs de mon enfance et la dépouille mortelle de ma
famille”.
La seconde lettre fut écrite le 19
janvier 1924, après la nouvelle de la mort de son oncle paternel :
“La fin d’oncle Carmelo est
l’effondrement de beaucoup de souvenirs très chers liés à sa personne. Oh les
doux souvenirs de l'enfance, des montagnes de Serino ! Choses et gens du pays de
mon père sont pincements indélébiles au cœur; et la mort de tous les témoins de
ma passée insouciance est une désillusion ultérieure : s’écroule la partie
romantique de ma personnalité ! Et je me sens seul, seul et près de Dieu !”
A Sainte Lucie de Serino Moscati
dédia même une petite poésie, qui confirme sa sensibilité si particulière. Il
l’écrivit le 10 avril 1900, lorsqu’il avait vingt ans et étudiait médicine.
Joseph Moscati naquit à Bénévent le
25 juillet 1880, fête liturgique de Saint Jacques le premier Apôtre.
Sa famille arriva de Cassino en
1877, lorsque François Moscati fut promu Président du Tribunal, s’installant en
Rue Saint Diodato, près de l’hôpital Fatebenefratelli.
Peu après il alla vivre dans un
appartement en Rue Porta Aurea, pas loin de l’Arc de Trajan, érigé en l’honneur
de l'empereur en 114 apr. J.C.
Joseph naquit dans le palais
Andreotti, puis acheté par la famille Leo, dans la dernière chambre à gauche. On
accède à l’appartement par un grand portail qui donne sur une cour et un grand
escalier de pierre.
Une plaque près du portail
commémore l'événement.
Dans la Cathédrale de Bénévent,
dans la chapelle du Saint Sacrement, on se peut admirer la statue de marbre de
Saint Joseph Moscati, œuvre de P.Mazzei de Pietrasanta.
Bénévent à la naissance de Moscati
Le 3 septembre 1860, après huit
siècles de gouvernement pontifical, Bénévent fut annexée au Royaume d'Italie.
Le dernier Délégué Apostolique,
Monseigneur Eduardo Agnelli, quittant la ville obtint les honneurs de la guerre
par les soldats du nouveau régime. La ville était sur le point de changer de vie
et entrait dans les structures territoriales de la nouvelle nation italienne.
“Conformément au système
politique piémontais les couvents furent expropriés, les religieux chassés, les
bibliothèques dérobées, les lignes architecturales d’anciens édifices défigurées
ou détruites. Beaucoup de personnes s’attendaient nouveautés exceptionnelles,
beaucoup d’autres avaient peur du changement... Le clan maçonnique, importé des
zones limitrophes, tira profit de la situation.
Lorsque la famille Moscati
arriva, [...] en Bénévent la tension avait diminué”.
Francesco Moscati et Rosa De Luca,
les parents du Saint, eurent cinq enfants pendant le séjour à Cassino: Gennaro,
Alberto, les sœurs jumelles Maria et Anna (mortes en bas âge en 1875) et une
autre Maria.
La seconde Anna, familièrement
baptisée Nina, naquit à Bénévent en 1878 et resta toujours près du Saint en
l’aidant à faire le bien.
Maria, très aimée de toute la
famille, mourut à quatre ans. Joseph, le futur Saint, naquit le 25 juillet 1880,
fête de Saint Jacques le premier Apôtre.
Eugenio naquit à Ancône et Domenico
à Naples (1884) qui, longtemps après, devint maire de la ville.
Joseph Moscati fut baptisé en
famille six jours après la naissance, le 31 juillet 1880, fête de saint Ignace
de Loyola, par l’abbé Innocenzo Maio qui mourut nonagénaire, dix ans après le
Saint.
Le petit Joseph fit sa première
rencontre avec Jésus Eucharistie, le 8 décembre 1888 dans l'église des Servantes
du Sacré-Cœur de Naples, au cours d'une cérémonie célébrée par Monseigneur Henri
Marano. Nous n'avons pas d'autres informations sur cet événement mais nous
pouvons dire que c'est ce jour-là que furent posés les fondements de sa vie
eucharistique, qui sera un des secrets de la sainteté du prof. Moscati.
Il reçut sa Confirmation par
Monseigneur Pasquale De Siena le 3 mars 1890, et son Parrain fut Francesco
Cosenza.
Gennaro et Nina Moscati
Gennaro et Nina, entre les membres
de la famille Moscati, méritent un souvenir particulier.
Gennaro était l’aîné. Le Saint
écrivit : “Gennarino est celui qu’a fait fonction de notre père, qui nous a
élevés ; c’est celui qui mérite notre respect absolu”.
Nina fut la seule femme survivante
dans la famille Moscati. Son frère Eugenio, en parlant de la charité du Saint
dit : “Nina était complice de mon frère Joseph en faisant le bien”.
Nina suivit l’exemple de Joseph sa
vie durant et l’aida à faire le bien et poursuivre son apostolat. Il y avait
entre eux une extraordinaire affinité spirituelle. Nina mourut quatre ans après
le Saint, le 24 septembre 1931.
Moscati rencontre Bartolo Longo
Dans la maison près de l’église des
Servantes du Sacré-Cœur, où le petit Joseph Moscati reçut, à huit ans sa
Première Communion, vivait la Vénérable Caterina Volpicelli, liées d’amitié
spirituelle avec les parents du Saint.
La famille Moscati rencontra chez
elle aussi le futur Bienheureux Bartolo Longo, le fondateur du Sanctuaire de la
Vierge de Pompéi, qui jusqu’au 1872 habita près de l’église des Servantes du
Sacré-Cœur, en la fréquentant tous les jours pour la Messe et pour dire son
Chapelet.
Ensuite, lorsque Bartolo Longo alla
s’établir à Pompéi, le Prof. Moscati devint son médecin traitant.
La famille Moscati restait à
Bénévent pour quatre ans, jusqu’au moment où le papa du Saint fut promu
Conseiller à la Cour d'Appel et muté à Ancône.
Quatre ans après, en 1884 (Joseph
avait quatre ans), il retourna à Naples comme Président de la Cour d'Appel.
La première habitation à Naples se
trouvait en Via S. Teresa al Museo 83, ensuite dans le palais Bagnara de Place
Dante 9 et enfin, en 1902, au troisième étage de Via Cisterna dell'Olio 10, près
de l’église du Gesù Nuovo, où il habita jusqu’à sa mort.
Après les études élémentaires, en
1889, Joseph Moscati entra au Lycée Classique Vittorio Emanuele. Il y avait
entre ses professeurs même le fameux vulcanologue Giuseppe Mercalli. Il passa
son baccalauréat avec mention en 1897.
En 1987 s’inscrivit à la Faculté de
Médicine, et le 4 août 1903 il obtint son Doctorat en Médecine, avec une thèse
sur l'urogénèse hépatique, et fut reçu avec éloges.
L'Université de Naples au temps de Moscati
Lorsque Joseph Moscati s’inscrivit
à la Faculté de Médicine de l'Université de Naples, le climat éthique-religieux
n’était pas des meilleurs parce que un vent de secte, politique et maçonnique
soufflait avec le soutien de deux centres culturaux: la Faculté de Philosophie
et la Faculté de Médicine.
Les jeunes devaient la proie de
prophètes agnostiques et athées puisque traînés par le courant révolutionnaire
et de secte dominant.
Joseph Moscati se tint à l’écart
des extrémismes et, puisqu’il était très conscient que l’étude représentait son
occupation principale, il évita tout ce qu’il pouvait le distraire. De plus, il
pensait que l’étude sérieuse et approfondie exige tranquillité et sérénité
d’esprit. Comme il pouvait s’appliquer à son travail et, en même temps, suivre
ses camarades qui manifestaient dans les rues ?
La famille Moscati, pendant les
premiers treize ans de séjours à Naples, fut frappée par deux grands deuils. Le
19 décembre 1897, la même année où Joseph s’inscrivit à l'Université, son père
Francesco fut atteint d'une hémorragie cérébrale.
Il était en train de rentrer chez
soi après la Messe dans l’église de la Archiconfrérie des Pèlerins (il en était
un membre). Il mourut le 21 décembre 1897, après avoir confié sa femme et ses
enfants aux soins de son aîné Gennaro et reçu les derniers sacrements.
Le 12 juin 1904 son frère Alberto
mourut à Bénévent dans le Fatebenefratelli, où il s’était retiré. Il avait un
syndrome épileptique suite à une chute de cheval pendant une parade militaire en
1892, à Turin.
Joseph avait l'habitude de passer
plusieurs heures auprès de lui pour le soigner. C'est au chevet de son frère
qu'il décidera d'entreprendre les études de médecine, cas unique dans sa famille
et objet de discussions. La mort d’Alberto le provoqua une douleur si grand
qu’il se rappela sa vie durant.
Après l'obtention du Doctorat en
Médecine, université et hôpital devinrent le champ d'activité du jeune médecin.
Bien vite il réussit un concours de Collaborateur Extraordinaire auprès de
l'Hôpital des Incurables (1903) et un autre d'Assistant à l'Institut de Chimie
physiologique (1908), où il gagna bientôt beaucoup de marques d'admiration et
d'honneur dans le domaine scientifique.
Malgré ses engagements il continua
à examiner les malades dans les salles des Incurables. Cela explique son
habilité clinique extraordinaire, certainement le résultat d’une expérience
pratique au chevet des malades qu’il commença à démontrer bien vite. Cette
expérience, en effet, ne se peut pas acquérir dans un Laboratoire de Chimie
Physiologique.
Les études, les recherches et le
succès du Prof. Moscati marchaient de pair avec l'amour pour son prochain. Il se
distingua pour son œuvre de secours pendant l’éruption du Vésuve du 8 avril
1906. Le cratère vomissait de la lave, des lapilli et beaucoup de cendres qui
menaçaient et terrorisaient les habitants des pays voisins.
Les Hôpitaux Réunis de Naples
avaient une succursale à Torre del Greco, une petite ville près de Naples, à six
kilomètres du cratère, où vivaient beaucoup de malades paralytiques et vieux.
Moscati, en pressentant le danger, fit évacuer 1'hôpital juste avant
l'écroulement du toit et sauva tous les hospitalisés.
Deux jours plus tard il envia une
lettre au directeur général des Hôpitaux Réunis de Naples, proposant de
gratifier les personnes qui l'avaient aidé, mais insista surtout qu'on ne citât
pas son nom.
“Je vous en prie – ajouta-t-il – ne
citez pas mon nom pour éviter de remuer… des cendres !”
L'habitude de Moscati de se tenir
dans la coulisse nous empêche de connaître dans les détails son œuvre lors d’un
autre malheur qui endeuilla Naples: le choléra du 1911.
Nous ne devons pas oublier que
Naples est une ville portuaire et que, au temps de Moscati, beaucoup de navires
venaient de tous les coins du monde, les ruelles étaient sales et la misère
dominante : en ce contexte pouvait arriver de tout. Heureusement la médicine
avait fait des progrès, donc les victimes furent moins nombreuses que par le
passé.
Moscati fut appelé par le Ministère
au Laboratoire de l'Inspection de la Santé publique, situé dans la Préfecture,
pour faire des recherches sur l'origine du mal et les moyens les plus propres à
le vaincre. Il termina son étude avec la plus grande diligence, et présenta une
relation sur les interventions nécessaires pour assainir la ville et, à sa
grande satisfaction, il vit la réalisation de beaucoup de ses propositions.
En 1911, à 31 ans, le docteur
Moscati fut reçu au concours de Collaborateur Ordinaire aux Hôpitaux Réunis.
C'était un concours très important qui n'était plus ouvert depuis 1880 et auquel
participèrent des médecins venus de partout.
Le Prof. Cardarelli, qu’était un
des membres du jury d’examen, fut ébloui par la préparation de Moscati
et ― comme nous dit le frère Eugenio ― “il reconnut qu’il n’avait jamais
rencontré un jeune si préparé en 60 ans d'enseignement, et il tint beaucoup à
lui dès ce moment. Ensuite, mon frère devint son médecin traitant”.
Depuis lors, beaucoup d’étudiants
et de jeunes médecins le suivaient d’un lit à l’autre pendant sa tournée de
visites aux malades, pour apprendre le secret de son habileté.
La même année, sur l’initiative
d'Antonio Cardarelli, l'Académie Royale de Médecine Chirurgicale le nomma Membre
agrégé et le Ministère de l'Instruction Publique lui attribua le Doctorat en
Chimie physiologique.
Témoignage du Prof. Gaetano Quagliariello sur le
concours du 1911
“Il s’agissait d’un concours qui
n'était plus ouvert depuis 1880 et auquel participèrent beaucoup des médecins et
professeurs venus de Naples et du Sud de l’Italie. Il y avait seulement six
places. Le jury d’examen était formé de célébrités comme Antonio Cardarelli,
Enrico de Renzi, Beniamino de Ritis. Moscati se présenta au concours, et cet
acte fut considéré audacieux et effronté.
Le résultat fut un triomphe
[...].Joseph Moscati obtint le prix si rêvé et un tonnerre d’applaudissements
accueillit sa proclamation : il fut reçu au concours à la tête de la liste”..
Outre son intense travail entre
l'Université et l'Hôpital, le professeur Moscati assurait aussi la direction de
l'Institut d’Anatomopathologie, auparavant dirigé par Luciano Armanni, mais par
la suite déchu par manque de soin.
D'après le prof. Quagliariello, il
devint bien vite “un vrai maître dans les autopsies”. Le prof. Raffaele
Rossiello, qui a étudié à fond et avec compétence l’Anatomopathologie de St.
Joseph Moscati, affirme qu'après sa mort, ni les revues scientifiques, ni ceux
qui se souvenaient de lui dans leurs discours, ni les nombreuses biographies
n'ont relevé “son activité de médicine légiste et chef de l'Institut
d'Anatomie et Histologie Pathologique ‘Luciano Armanni’”.
“Par contre la découverte ― par
le docteur Renato Guerrieri, Médecin chef de l'Hôpital des Incurables, de trois
volumes contenant les rapports de 244 autopsies effectuées par Moscati ― nous
propose des nouveaux aspects de la personnalité complexe du Saint. A présent ils
sont gardés dans les Archives Moscati du Gesù Nuovo”.
Luciano Armanni avait fait graver
cette phrase à l'entrée de la salle d'anatomie : “Hic est locus ubi mors
gaudet succurrere vitae” (“Ici la mort est heureuse d'aider la vie”). ÀMais
dans la salle ― écrit le prof. Nicola Donadio ― il n'y avait aucune trace de
religion. La pièce était austère mais vide, exactement comme tous les endroits
dominés par le matérialisme”.
Le prof. Moscati avait eu une idée
et l'avait réalisée, celle de faire accrocher très haut sur le mur de la salle,
de façon à ce qu'il puisse dominer la pièce, un Crucifix avec une inscription
qui ne pouvait être mieux : “Ero mors tua, o mors” (citation du Prophète
Osea 13,14 : “O mort, je serai ta mort”).
Les autopsies pour Moscati étaient
une leçon de vie.
A la fin de l'année 1914, Madame
Rose, la maman du Prof. Moscati, atteinte de diabète, vit sa maladie s'aggraver.
Elle fut conduite à Resina, aujourd’hui Herculanum, mais sa santé n’alla pas
mieux. La pauvre femme mourut le 25 novembre 1914. Moscati la soigna avec
tendresse mais il put faire très peu pour elle parce que la maladie était encore
incurable à cette époque.
Avant d'expirer, le 18 novembre,
après avoir reçu avec beaucoup de dévotion les derniers sacrements, elle dit à
ses fils : “Mes enfants, je meurs contente. Fuyez toujours le péché qui est
le plus grand mal de la vie”.
Joseph se souvint toujours de ses
dernières paroles. Quelques années plus tard, il fut un des premiers médecins à
Naples, à expérimenter l'insuline et à exercer un group de médecins au
traitement du diabète. L’insuline fut expérimentée sur les humains pour la
première fois en janvier 1922.
D'après une lettre adressée à Mlle
Carlotta Petravella qui avait perdu sa mère (le 20 janvier 1920)
“Moi aussi, quand j’étais jeune,
je perdis mon père, et quand j’étais adulte, ma mère. Mais je sais que mes
parents sont toujours à mes côtés, je peux sentir leur douce compagnie; et si je
tâche d’imiter leur rectitude, ils m’encouragent, et si je commets des erreurs,
ils me conseillent la chose plus juste à faire, comme au temps où ils étaient
encore en vie”.
La Première Guerre Mondiale, 1915-1918
Pendant les premiers mois du 1915
il y eut beaucoup de débats très animés à propos de l’entrée en guerre italienne
de plus en plus certaine avec le temps. A Naples, comme dans les autres villes,
beaucoup de personnes manifestaient et chantaient hymnes patriotiques. La
Galerie Umberto et les rues adjacentes, où il y avait les rédactions des
quotidiens napolitains les plus importants, était toujours bondée de gens qui
discutaient et attendaient les décisions de Rome.
Le 24 mai l'Italie entra en guerre
et l’appel sous les drapeaux commença à décimer les familles. Eugenio Moscati
aussi partit pour le front le 8 juillet.
Joseph Moscati fit la demande
d'enrôlement volontaire, toutefois, il ne fut pas accepté. Les autorités
militaires confièrent les blessés à ses soins. L'Hôpital des Incurables fut
militarisé.
Il visita et soigna environ 3.000
militaires, dont il rédigea un journal et leurs histoires cliniques. Il fut pour
eux non seulement le médecin, mais aussi le consolateur attentif et affectueux.
Moscati, après avoir remplacé le
Prof. Filippo Bottazzi, Directeur de l'Institut de Physiologie, et Recteur de
l'Université de Naples, fut mis à la tête des recherches scientifiques et des
expériences dans l'Institut de Chimie Physiologique.
De plus, Moscati était très connu
dans le milieu médical pour son activité de collaborateur et rédacteur dans
quelques revues scientifiques comme Riforma Medica. En 1911, le prof.
Rummo lui proposa de devenir correspondant à l’étranger car il parlait anglais
et allemand très bien. De 1903, année de sa maîtrise, à 1916, les publications
scientifiques de Moscati sont vingt-sept.
Pourquoi n’obtint Moscati jamais
une chaire? Il avait un extraordinaire curriculum didactique et scientifique et
beaucoup de ses confrères l’enviaient pour son habilité et pour le grand nombre
d’étudiants qui fréquentaient ses cours. Toutefois c’est le Prof. Gaetano
Quagliariello qui nous donne la réponse vraie. Gaetano Quagliariello, en 1948,
était le Recteur de l'Université de Naples. Il écrivit l’article suivant publié
dans la revue Medicus (IV1948) :
“Puisqu’il était nécessaire
occuper la chaire de Chimie Physiologique restée vacante pour la mort du Prof.
Malerba, arrivée vers la fin du 1917, et du moment que la Faculté était orientée
vers lui qu’avait déjà donné l'enseignement avec grande satisfaction de la part
des professeurs et des élèves, pendant la longue période de la maladie du
Malerba et après sa mort, [Moscati] dit que n’aurait pas accepté la charge, et
conseilla et recommanda mon nom, et alors j’obtins la charge. […]
Et Moscati, plus
douloureusement, renonça à l'enseignement officiel qu’il aurait obtenu sans
aucun doute s’il eût voulu, pour amour de son hôpital et des ses élèves en
constante augmentation autour de lui. Et peut-être même pour mortifier une
ambition que certainement il devait avoir pendant sa jeunesse. […]
Ainsi, libre de chaque ambition
de la terre, il se consacre, esprit et cœur, à ses malades et à l'éducation des
jeunes médecins. L'hôpital devient sa maison, son amour, son sanctuaire. De
plus, bien qu’il fût doué d’une grande intuition clinique, il ne lassa pas de
côté tout le matériel de laboratoire, et sa préparation chimique et
bactériologique lui permit d’employer les plus modernes techniques de recherche
pour étudier les malades”.
Directeur de la III Salle
Masculine dans l’Hôpital des Incurables
La renommée de Moscati en tant que
professeur et médecin était indiscutable. Tout le monde parlait de ses cours, de
ses dots diagnostiques, de son travail entre les malades. Le Conseil
d’Administration de l'Hôpital des Incurables intervint officiellement et en 1919
lui nomma Directeur de la III Salle Masculine.
Les appréciations pour son travail
et les références à son nouveau titre sont la preuve que cette ultérieure
promotion fut une joie pour les amis, les assistants et les élèves. Aucun homme
ne pouvait aspirer à cette charge plus que lui et aucun homme ne pouvait
l’obtenir plus que lui.
Il fut très heureux, mais, comme
toujours arrivait en lui, la satisfaction humaine n’était pas séparée de la
satisfaction spirituelle, qui glissait sur les motifs contingents et
s’enracinait sur motivations bien plus hautes et nobles. Le succès en hôpital ne
devait pas regarder sa figure, mais uniquement les malades, pour lesquels il
s’engageait et travaillait.
Voilà le sens d’une lettre du 26
juillet 1919, adressée au Sénateur G. D'Andrea, Président des Hôpitaux Réunis de
Naples :
“Lorsque j’étais un garçon je
regardais avec intérêt à l'Hôpital des Incurables, qui mon père m’indiquait loin
de chez moi, en inspirant des sentiments de pitié pour la douleur sans nom,
calmée là-dedans. Un désarroi bienfaisant s’emparait de moi et je commençais à
penser à la fragilité de toutes les choses, et les illusions tombaient, comme
les fleurs des orangeraies qui m’entouraient.
Alors j’étais complètement
concentré dans mes études littéraires, et je ne pensais pas et je n’imaginais
pas qu’un jour, dans quelle maison blanche, où je voyais à grand-peine les
malades à travers le vitrage, comme fantômes blancs, j’aurais obtenu le titre
clinique plus important. […]
Je ferais en sorte que la
confiance mise en moi soit bien placée, avec mes moindres forces, et Dieu
aidant. De plus, je collaborerai à la reconstruction économique des hôpitaux
vieux de Naples, si méritant de la charité et de la culture, et aujourd’hui si
misérables”.
L’Hôpital des Incurables
Il était un des hôpitaux les plus
fameux d’Europe au temps de Moscati. Il était constitué de plusieurs bâtiments
dans entourés de jardins, cloîtres, fontaines.
Il était possible suivre cours
universitaires avec des professeurs très célèbres comme Leonardo Bianchi,
Gaetano Rummo, Domenico Capozzi, Antonio Cardarelli.
L’Hôpital des Incurables, avec
l'église annexe de Sainte Maria del Popolo, se targue d’origines très anciennes.
Il est une maison de santé et un centre de foi, pitié et miséricorde. À la fin
du 1400 en Italie, et à Naples surtout, après la descente de Charles VIII, le
prétendu mal français (lue venerea) ou mal dermoceltique se
propageait, et ceux qui étaient frappés – beaucoup de gens – étaient
appelés incurabili (incurables). La charité chrétienne commença très vite
à s’occuper de ces pauvres malheureux.
Mais la personne qui devait fonder
le plus fameux hôpital qui porte ce nom aujourd’hui encore fut une femme
catalane, Maria Richeza, qui avec son mari Giovanni Longo, faisait partie de la
suite de Ferdinand III le catholique. Elle était venue à Naples en 1506
et avait une paralysie, par faute d’un empoisonnement perpétré par une servante
pendant un banquet. Après la mort de son mari, en 1510, elle fit un pèlerinage à
Loreto où reçut la grâce de la guérison par la Vierge. Ensuite,
elle se dédia complètement aux malades. Sa ferveur religieuse et sa charité
rendirent possible la fondation de l’Hôpital des Incurables et l’église annexe
de Sainte Maria del Popolo.
Avec le temps l'hôpital garda le
nom "Incurabili", même si, en réalité, il était devenu un vrai abri
métropolitain pour tous les pauvres et tous les maux. Maria vite fut nommée
Recteur ou Chef de l'hôpital.
En 1535, elle fonda l'ordre des
Franciscaines du Troisième Ordre, c’est à dire des capucines, fameuses
aujourd’hui encore à Naples avec le nom des Trente-trois. Pendant sa vie
eut la joie d’être guidée et soutenue par un saint, Gaetano Thiene et, malgré la
tempête qui bouleversa l'ordre des capucins pour les théories éversives de Juan
de Valdés, resta fiel à Dieu et à l’ÉEglise jusqu’à la mort, arrivée en 1542.
Vingt-cinq saints, béates et
vénérables sont entrés en relation avec l'Hôpital des Incurables, comme saint
Gaetano Thiene (1480-1547) ; saint Alfonso Maria de Liguori (1696-1787),
sainte Jeanne Antide Thouret (1765-1826), le bienheureux Bartolo Longo
(1841-1926) et, saint Joseph Moscati.
Malheureusement une partie de
l'Hôpital des Incurables, inclus la salle du Prof. Moscati, a été détruite
pendant la dernière guerre. Ce que reste est suffisant pour admirer encore
l’ancienne grandeur, et nous citons en particulière la Pharmacie, riche
d’élégants meubles de noyer et de superbes majoliques du dix-huitième siècle
napolitain.
Un Maître inoubliable
Malgré sa renonciation à la chaire,
Moscati fut toujours un professeur et un maître. Même s’il avait choisi le
travail hospitalier, il n’avait pas renoncé à l’enseignement. Il avait des
qualités particulières pour être professeur universitaire parce qu’il joignait
une préparation solide et très bonne au désir de perfectionnement, la passion de
la recherche à l’intérêt inné pour le nouveau, la capacité d’embrasser tous les
champs de la médecine sans envahir les spécialisations d’autrui, en démontrant
la connaissance des divers domaines, des possibilités et des limites.
Il avait également des capacités
expressives, communicatives et persuasives et il était un homme très distingué
et charmant.
D’après une lettre du Prof. Moscati
au Prof. Francesco Pentimalli :
“J’ai toujours cru que tous les
jeunes méritants dirigés vers…la médecine, qu’est la science plus noble, eussent
tous les droits de se perfectionner, de lire un livre jamais publié avec une
couverture qui se compose de tous les lits d’hôpital et de toutes les salles de
laboratoire. Le contenu de ce livre est constitué de la douleur des hommes et du
matériel scientifique.
C’est un livre qui doit être lu
avec un amour infini et un grand esprit de sacrifice pour notre prochain. J’ai
pensé qu’il serait de mon devoir d’apprendre mon expérience aux jeunes, sans
garder tout pour moi”.
Felice Piccinini – “Parfois,
il me semblait très fatigué, mais il recommençait à sourire dès qu’il voyait ses
amis et, en particulier, ses étudiants […]. Il savait intéresser une foule de
jeunes étudiants qui le considéraient comme le vrai éducateur chrétienne,
l’homme qui cultivait les sciences positives en obtenant beaucoup d’honneurs et
qui considérait la grandeur et la beauté de la nature comme l’œuvre d’une force
supérieure, la sagesse, l’ordre et la puissance infinie d’un Dieu suprême, qu’il
appelait Divine Providence”.
Enrico Polichetti – “Je
le vois encore devant moi presque hardi, si j’ose m’exprimer ainsi, mais je ne
veux pas offenser Son cher souvenir. Il avait l’ingénuité des enfants et un
regard doux et indulgent, reposant, profond et plein de spiritualité, sans
malice. Ses yeux étaient très beaux, gris, petits, lumineux, vifs, doux,
expressives, parfois agressifs, toujours changeants, riants. Ils inspiraient
confiance derrière ses lunettes ovoïdales, avec une monture d’acier bruni très
mince. Les verres n’étaient pas alignés parfaitement mais ils semblaient
s’encastrer dans ses orbites, aux côtés du nez régulier et effilé, presque en
pointe. Il portait des petites moustaches qui se touchait quelquefois avec les
doigts de sa main gauche […]”.
Il était une personne qui avait de
l’allure, le physique svelte, un homme très distingué et grand. Certainement,
même ces caractéristiques contribuaient à sa popularité : il était très aimé de
tout le monde.
Il était très charmant avec son
visage ovale, un gentilhomme vrai connu à Naples entière. Mais sa noblesse était
surtout dans son cœur et ses œuvres."
Soccorso Tecce – “Il
était très heureux parmi ses étudiants qui formaient sa famille spirituelle. Il
nous révélait son savoir et, jour après jour, il façonnait nos esprits et nos
âmes. Il nous parlait de Dieu, de la divine Providence, de la Religion
Chrétienne et la joie éclairait son visage lorsque nous le suivions dans les
églises de Naples pour assister à la Messe”.
Domenico Pace – A l’occasion
de la mort de Moscati, présenta “toutes les condoléances des Médecins de la
Province de Naples, du Conseil de l’Ordre du personnel hospitalier, des
Professeurs de l’Université de Naples”. Il dit : “Joseph Moscati prêchait
et pratiquait la vertu, un mot qui n’est plus dans notre vocabulaire et dans
notre vie. Il n’était pas un mot inutile, ambigu ou hypocrite mais un style de
vie, fait de sacrifices, de discipline morale, de renoncements, douleurs car la
vertu, comme la sagesse, est douloureuse”.
Antonio Cardarelli - était
un des membres du Jury d’examen au concours de Collaborateur Ordinaire aux
Hôpitaux Réunis de Naples, en 1911. “Au moment où la relation de Moscati fut
lue ― comme nous dit le frère Eugenio – le Professeur Cardarelli, membre du
Jury, invita à dévoiler l’anonymat imposé pendant le concours mais Moscati
refusa. Il fut obligé par ses camarades qui lui portaient en triomphe chez soi.
Le Prof. Cardarelli dit qu’il n’avait jamais rencontré un jeune si préparé en 60
ans d'enseignement, et il tint beaucoup à lui dès ce moment. Ensuite, mon frère
devint son médecin traitant”.
Pietro Castellino avait
Moscati en haute estime et Moscati rendait visite à Pietro Castellino
fréquemment pour l’aider à recouvrer la foi. Quand Moscati mourut, le Doct.
Castellino compara le futur Saint au “Grand Vieillard” Antonio Cardarelli, mort
le 8 janvier de la même année, et après avoir lu une lettre de Moscati s’écria :
“Oh, tu avais un cœur très noble, tu étais une créature si gentille et douce
qui j’aimais comme un fils ! La pureté de ta gentillesse, ta mentalité d’Educateur
si austère, la confiance dans ta mission évangélique […] nous permettent de
comprendre que la Médecine est vraiment la science plus sainte et divine, et tu
l’embrassas comme si elle était ta Croix ! […]”
Filippo Bottazzi connut
Moscati en 1905 et en 1923 alla à Edimbourg avec lui pour un Congrès. Il écrivit
beaucoup de choses sur le futur saint, par exemple : “Il fut la plus parfaite
incarnation de l’esprit de charité, comme il est décrit par Saint Paul (I Cor
13) : il fut patient et bienveillant, jamais jaloux ou vantard, il n’étalait pas
ses qualités ou son savoir si profond.
Il n’était jamais désagréable ou
égoïste, au contraire il était très généreux envers les indigents, jamais
irascible ou méchant, jamais content des injustices parce qu’il était un
chercheur de la vérité très fervent qui supportait tout : un croyant absolu.
Profondément religieux, croyant
sincère et pratiquant, il ne faisait pas montre de ses sentiments mais avec une
parole si persuasive et le support de sa préparation médicale, il ne négligea
jamais de soigner non seulement les corps mais aussi les âmes qu’il dirigeait
vers cette lumière qui, pour grâce divine, lui resplendissait à travers des
abîmes impénétrables pour nous”.
Gaetano Quagliariello fut
désigné par Moscati lui-même, comme alternative, à bénéficier de la chaire de
Chimie Physiologique. Il eut paroles très belles pour son ami et confrère. Il
déclara : “L'hôpital devint sa maison, son amour, son sanctuaire. Sa maison
devint la destination d’un pèlerinage continu de malades de toutes les
conditions sociales, de Naples et du Sud de l’Italie. Ils s’adressaient à lui
pleins d’espoir et, bien souvent, ils ne recevaient pas seulement la guérison du
corps mais aussi le salut de l’âme.
Il avait horreur du renom, de la
célébrité car elles étaient considérées comme passions d’ici-bas, mais il fut
impossible se soustraire et ainsi elles l’atteignirent dans son humilité”.
Pasquale Malerba fut
directeur du mémoire de maîtrise de Moscati qui fut reçu avec éloges. Le Prof.
Quagliariello nous dit que Moscati, en fréquentant son maître, lui conduisit du
matérialisme à la foi en Christ.
Le Prof. Moscati travaillait en
hôpital depuis longtemps et, en même temps, il enseignait à une foule
d’étudiants qui s’accroissait toujours davantage. Il avait obtenu la “libera
docenza” en Chimie Physiologique en 1911 et à l’époque il était Médecin Chef
de l’Hôpital des Incurables de Naples. Il enseignait aussi Clinique et
Sémiologie mais sans avoir les titres officiels.
Quelques-uns, en voyant que
beaucoup d’étudiants préféraient suivre les cours de Moscati et ne pas
participer aux officiels, complotaient dans l’ombre pour l’empêcher de continuer
à enseigner.
Il écrivit au Prof. Castellino le
mai 1922, il lui demanda de réunir la commission.
« Monsieur le Directeur,
Vous avez été mon maître et mon
père très cher dès que j’avais 17 ans (j’étais un élève et aujourd’hui j’ai les
cheveux blancs !) […]
Je suis complètement épuisé et
déprimé parce que depuis la guerre j’ai toujours travaillé et éprouvé des
émotions très vives ! […]
Je passe des nuits blanches et
j’ai perdu l’opportunité de la ratification de l’enseignement. Je l’obtiendrai
peut-être dans la prochaine séance du cours supérieur […]
J’ai fait une grosse bêtise ; je
devais suivre auparavant l’orientation clinique. Mais je détestais et déteste
encore la carrière professorale! Mais ça ne fait rien ! […] »
Cette lettre montre que même les
saints ont eu des changements d’avis, des découragements et des regrets. Moscati
était dans un état de profonde affliction qui se répercutait aussi sur son
physique. Le grand Médecin, le grand Maître, le grand Saint nous paraît comme
l’un de nous.
La sainteté ne manque pas
d’ambition et ne rend pas impassible devant l’envie. La sainteté se rattache à
la nature humaine, la respecte mais, en même temps, elle donne les moyens pour
surmonter les difficultés et pour s’élever au-delà des horizons plus bornés et
trompeurs.
Moscati était un homme supérieur et
un saint mais, malgré les appréciations sur son travail, il souffrait exactement
comme un de nous. Sa lettre au Prof. Pietro Castellino est une preuve de cela.
Le 14 octobre 1922 le Ministère de
l'Instruction Publique lui attribua la libera docenza
en Médicine Clinique. Trois jours après Moscati écrivit :
“Aime la vérité, montre la
personne qui tu es, sans feinte et sans peur, sans aucun ménagement. Et si la
Vérité te vaut la persécution, toi, accepte-la, si elle t'apporte le tourment,
toi, supporte-le. Et si pour la Vérité, il te fallait sacrifier toi-même et ta
vie, sois fort dans le sacrifice”.
La mort soudaine
Le 12 avril 1927, Mardi Saint, le
prof. Moscati, après avoir participé à la messe, comme chaque jour, et reçu la
communion, passa la matinée à l'hôpital, puis il rentra chez lui et après un
repas, comme d'habitude, il s'occupa des patients qui venaient le consulter à
son domicile.
Vers 15 h, il eut un malaise et
s'assit dans son fauteuil, un peu après, il croisa les bras sur sa poitrine et
expira sereinement. Il avait 46 ans et 8 mois.
La nouvelle de sa mort se répandit
immédiatement et la douleur fut unanime. Les pauvres surtout le pleurèrent
sincèrement, car ils venaient de perdre leur bienfaiteur.
Premiers témoignages après la mort du Prof.
Moscati
Le Cardinal de Naples, Alessio
Ascalesi, après avoir prié devant la dépouille mortelle, s'adressant aux parents
dit ceci : « Le Professeur appartenait plus au Ciel qu'à la terre. Ce ne ne
sont pas les âmes de ceux dont il a guéri le corps qui sont venues à sa
rencontre, pour l'emmener au Ciel, mais ceux dont il a sauvé l'âme »
Dans le registre des condoléances
placé à 1'entrée de la maison, parmi les témoignages de regrets et sympathie,
nous avons recueilli une phrase très significative : « Tu n'as pas voulu de
fleurs et pas de larmes, mais nous, nous pleurons quand même, parce que le monde
a perdu un Saint, Naples un exemple de vertus, mais les malades pauvres, ils ont
tout perdu ! »
Le corps fut enterré au cimetière
de Poggioreale. Mais trois ans plus tard, le 16 novembre 1930, sur
l'insistance de plusieurs personnalités du clergé et du laïcat, l'archevêque de
Naples, le Cardinal Alessio Ascalesi, permet la translation du corps du
cimetière à l'église du Gesù Nuovo, au milieu d'une double haie de personnes.
Ce sera Nina Moscati, la sœur du
professeur, qui en cette occasion sera la plus heureuse de tous, car elle a
toujours été près de son frère pour l'encourager et le soutenir dans cette
pratique de charité et ce sera elle qui, après la mort, donnera à l'église tous
ses effets personnels ainsi que les meubles et objets.
Le corps fut déposé dans une salle
derrière l'autel de Saint François Xavier et aujourd'hui une pierre en marbre, à
droite de cet autel, le rappelle encore.
La Béatification (Paul VI)
La Canonisation (Jean-Paul II)
La Béatification (Paul VI)
La grande estime et la
considération qui déjà entouraient le Prof. Moscati pendant sa vie s'accroît
après sa mort, et bientôt la douleur et les larmes de ceux qui l'avaient connu
et aimé se transformèrent en joie, enthousiasme et prière. On s'adressait à lui
en toutes choses.
Entre-temps, on instruit les procès
pour l'examen de deux miracles: deux guérisons qui sont attribuées au Serviteur
de Dieu.
Le 16 novembre 1975, le pape Paul
VI proclame Joseph Moscati Bienheureux, au cours d'une célébration solennelle à
Saint-Pierre de Rome.
Ce jour-là, sur la place
Saint-Pierre, malgré une forte pluie qui tombera à plusieurs reprises, une très
grande foule de fidèles suivra, avec une vive émotion, jusqu'à la fin, le rite
sacré.
La Canonisation (Jean-Paul II)
En 1977, deux ans après la
Béatification, il y eut la reconnaissance canonique du corps : on recomposa le
squelette de Moscati et on le déposa dans une châsse en bronze, réalisée par le
Prof. Amédée Garufi, et ensuite placée sous l'autel de la Visitation.
La dévotion à Moscati augmente
toujours d'avantage. Les grâces obtenues par son intercession sont toujours plus
nombreuses. En vue de la canonisation, on examinera la guérison de la leucémie,
ou myéloïde aigüe myéloblastique, du jeune Joseph Montefusco, qui eut lieu en
1979.
Finalement, après de longs examens,
pendant le consistoire du 28 avril 1987, le Pape Jean-Paul II fixe la date de la
canonisation au 25 octobre de la même année.
Du 1er au 30 octobre, à Rome, se
déroulait la VIIe assemblée générale du Synode des Évêques, dont le
thème était : « Vocation et mission des laïcs dans l'Église et dans le monde,
à 20 ans du Concile Vatican II ».
Il ne pouvait exister meilleure
coïncidence : Joseph Moscati était un laïc qui avait rempli sa mission dans
l'Église et dans le monde. Sa canonisation était très désirée et espérée par
tous : étudiants, universitaires et médecins, qui avaient connu le médecin
Moscati comme un homme de grande foi et de grande charité, qui assistait et
soulageait les souffrances de ses malades, mais qui surtout, les portait à Dieu.
Le 25 octobre 1987, à 10 heures du
matin, place Saint-Pierre, à Rome, le Pape Jean-Paul II, en présence de plus de
100.000 personnes, proclame et admet officiellement Joseph Moscati au nombre des
Saints (60 ans après sa mort).
Sa fête liturgique sera fixée au 16
novembre.
Antonio Tripodoro s.j. – Egidio
Ridolfo s.j.
moscati@gesuiti.it
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