Giuseppe Moscati

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Giuseppe Moscati
Médecin et Saint de Naples
1880-1927

Profil biographique

Qui est Saint Joseph Moscati ?

Paul VI – le Pape qui l'a béatifié.

“Qui est celui que l'on nous propose afin que nous l'imitions et que nous le vénérions tous ?”

C'est un laïque qui a fait de sa vie une mission vécue en pleine authenticité évangélique...

C'est un professeur d'université qui a laissé parmi ses élèves un sillage de profonde admiration...

C'est un homme de science célèbre pour sa contribution scientifique au niveau international...

Son existence est simplement tout cela...

Jean Paul II – le Pape qui l'a canonisé

“L'homme qu'à partir d'aujourd'hui nous invoquerons comme un Saint de l'Eglise universelle représente pour nous la réalisation concrète de l'idéal du laïc chrétien.

Joseph Moscati, Médecin chef de clinique, chercheur fameux dans le domaine scientifique, professeur universitaire de physiologie humaine et de chimique physiologique, a embrassé ses multiples activités avec tout l'engagement et le sérieux que demande le service de la délicate profession de laïc.

A ce point de vue Moscati est un exemple non seulement à admirer mais à suivre, surtout par les acteurs sanitaires. Il représente même un exemple pour ceux qui ne partagent pas sa foi.”

Ses parents

La famille Moscati vient de Sainte Lucie de Serino, un petit pays à peu kilomètres d’Avellino.

François, père du futur Saint, naquit à Sainte Lucie de Serino, en 1836. Il obtint sa maîtrise de droit et il fit une brillante carrière comme magistrat.

Il fut juge dans le Tribunal de Cassino, Président du Tribunal de Bénévent, Conseiller à la Cour d'Appel, d’abord à Ancône et ensuite à Naples, où il mourut le 21 décembre 1897.

François Moscati connut et se maria avec Rose de Luca, des Marquis de Roseto, à Cassino. Joseph fut le septième de neuf enfants.

Jusqu’au moment où il vécut, le père du Saint conduisit sa famille au pays natal toutes les années, pour une période de repos et pour être au contact de la nature. Ils allaient tous ensemble à l’église des Clarisses, pour assister à la Messe, que François-même servait bien souvent.

Saint Joseph Moscati fait allusion à son pays natal dans deux lettres. La première est du 20 juillet 1923, écrite pendant son voyage vers la France et l’Angleterre :

“A deux heures et vingt départ pour Modane, en France. [...]
Nous sommes en train de traverser des vallées entourées de montagnes recouvertes de châtaigniers (Bourgogne). Ça et là les rubans argentés des fleuves : qu’il est semblable ce paysage à l’inoubliable Serino, l'unique lieu du monde, Irpinia, où je passerais mes jours très volontiers, parce qu’il rassemble les plus aimées, les plus doux souvenirs de mon enfance et la dépouille mortelle de ma famille”.

La seconde lettre fut écrite le 19 janvier 1924, après la nouvelle de la mort de son oncle paternel :

“La fin d’oncle Carmelo est l’effondrement de beaucoup de souvenirs très chers liés à sa personne. Oh les doux souvenirs de l'enfance, des montagnes de Serino ! Choses et gens du pays de mon père sont pincements indélébiles au cœur; et la mort de tous les témoins de ma passée insouciance est une désillusion ultérieure : s’écroule la partie romantique de ma personnalité ! Et je me sens seul, seul et près de Dieu !”

A Sainte Lucie de Serino Moscati dédia même une petite poésie, qui confirme sa sensibilité si particulière. Il l’écrivit le 10 avril 1900, lorsqu’il avait vingt ans et étudiait médicine.

Bénévent, ville natale du Saint

Joseph Moscati naquit à Bénévent le 25 juillet 1880, fête liturgique de Saint Jacques le premier Apôtre.

Sa famille arriva de Cassino en 1877, lorsque François Moscati fut promu Président du Tribunal, s’installant en Rue Saint Diodato, près de l’hôpital Fatebenefratelli.

Peu après il alla vivre dans un appartement en Rue Porta Aurea, pas loin de l’Arc de Trajan, érigé en l’honneur de l'empereur en 114 apr. J.C.

Joseph naquit dans le palais Andreotti, puis acheté par la famille Leo, dans la dernière chambre à gauche. On accède à l’appartement par un grand portail qui donne sur une cour et un grand escalier de pierre.

Une plaque près du portail commémore l'événement.

Dans la Cathédrale de Bénévent, dans la chapelle du Saint Sacrement, on se peut admirer la statue de marbre de Saint Joseph Moscati, œuvre de P.Mazzei de Pietrasanta.

Bénévent à la naissance de Moscati

Le 3 septembre 1860, après huit siècles de gouvernement pontifical, Bénévent fut annexée au Royaume d'Italie.

Le dernier Délégué Apostolique, Monseigneur Eduardo Agnelli, quittant la ville obtint les honneurs de la guerre par les soldats du nouveau régime. La ville était sur le point de changer de vie et entrait dans les structures territoriales de la nouvelle nation italienne.

“Conformément au système politique piémontais les couvents furent expropriés, les religieux chassés, les bibliothèques dérobées, les lignes architecturales d’anciens édifices défigurées ou détruites. Beaucoup de personnes s’attendaient nouveautés exceptionnelles, beaucoup d’autres avaient peur du changement... Le clan maçonnique, importé des zones limitrophes, tira profit de la situation.

Lorsque la famille Moscati arriva, [...] en Bénévent la tension avait diminué”[1].

Les frères du Saint

Francesco Moscati et Rosa De Luca, les parents du Saint, eurent cinq enfants pendant le séjour à Cassino: Gennaro, Alberto, les sœurs jumelles Maria et Anna (mortes en bas âge en 1875) et une autre Maria.

La seconde Anna, familièrement baptisée Nina, naquit à Bénévent en 1878 et resta toujours près du Saint en l’aidant à faire le bien.

Maria, très aimée de toute la famille, mourut à quatre ans. Joseph, le futur Saint, naquit le 25 juillet 1880, fête de Saint Jacques le premier Apôtre.

Eugenio naquit à Ancône et Domenico à Naples (1884) qui, longtemps après, devint maire de la ville.

Joseph Moscati fut baptisé en famille six jours après la naissance, le 31 juillet 1880, fête de saint Ignace de Loyola, par l’abbé Innocenzo Maio qui mourut nonagénaire, dix ans après le Saint.

Le petit Joseph fit sa première rencontre avec Jésus Eucharistie, le 8 décembre 1888 dans l'église des Servantes du Sacré-Cœur de Naples, au cours d'une cérémonie célébrée par Monseigneur Henri Marano. Nous n'avons pas d'autres informations sur cet événement mais nous pouvons dire que c'est ce jour-là que furent posés les fondements de sa vie eucharistique, qui sera un des secrets de la sainteté du prof. Moscati.

Il reçut sa Confirmation par Monseigneur Pasquale De Siena le 3 mars 1890, et son Parrain fut Francesco Cosenza.

Gennaro et Nina Moscati

Gennaro et Nina, entre les membres de la famille Moscati, méritent un souvenir particulier.

Gennaro était l’aîné. Le Saint écrivit : “Gennarino est celui qu’a fait fonction de notre père, qui nous a élevés ; c’est celui qui mérite notre respect absolu”.

Nina fut la seule femme survivante dans la famille Moscati. Son frère Eugenio, en parlant de la charité du Saint dit : “Nina était complice de mon frère Joseph en faisant le bien”.

Nina suivit l’exemple de Joseph sa vie durant et l’aida à faire le bien et poursuivre son apostolat. Il y avait entre eux une extraordinaire affinité spirituelle. Nina mourut quatre ans après le Saint, le 24 septembre 1931.

Moscati rencontre Bartolo Longo

Dans la maison près de l’église des Servantes du Sacré-Cœur, où le petit Joseph Moscati reçut, à huit ans sa Première Communion, vivait la Vénérable Caterina Volpicelli, liées d’amitié spirituelle avec les parents du Saint.

La famille Moscati rencontra chez elle aussi le futur Bienheureux Bartolo Longo, le fondateur du Sanctuaire de la Vierge de Pompéi, qui jusqu’au 1872 habita près de l’église des Servantes du Sacré-Cœur, en la fréquentant tous les jours pour la Messe et pour dire son Chapelet.

Ensuite, lorsque Bartolo Longo alla s’établir à Pompéi, le Prof. Moscati devint son médecin traitant.

De Bénévent à Naples

La famille Moscati restait à Bénévent pour quatre ans, jusqu’au moment où le papa du Saint fut promu Conseiller à la Cour d'Appel et muté à Ancône.

Quatre ans après, en 1884 (Joseph avait quatre ans), il retourna à Naples comme Président de la Cour d'Appel.

La première habitation à Naples se trouvait en Via S. Teresa al Museo 83, ensuite dans le palais Bagnara de Place Dante 9 et enfin, en 1902, au troisième étage de Via Cisterna dell'Olio 10, près de l’église du Gesù Nuovo, où il habita jusqu’à sa mort.

Après les études élémentaires, en 1889, Joseph Moscati entra au Lycée Classique Vittorio Emanuele. Il y avait entre ses professeurs même le fameux vulcanologue Giuseppe Mercalli. Il passa son baccalauréat avec mention en 1897.

En 1987 s’inscrivit à la Faculté de Médicine, et le 4 août 1903 il obtint son Doctorat en Médecine, avec une thèse sur l'urogénèse hépatique, et fut reçu avec éloges.

L'Université de Naples au temps de Moscati

Lorsque Joseph Moscati s’inscrivit à la Faculté de Médicine de l'Université de Naples, le climat éthique-religieux n’était pas des meilleurs parce que un vent de secte, politique et maçonnique soufflait avec le soutien de deux centres culturaux: la Faculté de Philosophie et la Faculté de Médicine.

Les jeunes devaient la proie de prophètes agnostiques et athées puisque traînés par le courant révolutionnaire et de secte dominant.

Joseph Moscati se tint à l’écart des extrémismes et, puisqu’il était très conscient que l’étude représentait son occupation principale, il évita tout ce qu’il pouvait le distraire. De plus, il pensait que l’étude sérieuse et approfondie exige tranquillité et sérénité d’esprit. Comme il pouvait s’appliquer à son travail et, en même temps, suivre ses camarades qui manifestaient dans les rues ?

Mort de son père et du frère Alberto

La famille Moscati, pendant les premiers treize ans de séjours à Naples, fut frappée par deux grands deuils. Le 19 décembre 1897, la même année où Joseph s’inscrivit à l'Université, son père Francesco fut atteint d'une hémorragie cérébrale.

Il était en train de rentrer chez soi après la Messe dans l’église de la Archiconfrérie des Pèlerins (il en était un membre). Il mourut le 21 décembre 1897, après avoir confié sa femme et ses enfants aux soins de son aîné Gennaro et reçu les derniers sacrements.

Le 12 juin 1904 son frère Alberto mourut à Bénévent dans le Fatebenefratelli, où il s’était retiré. Il avait un syndrome épileptique suite à une chute de cheval pendant une parade militaire en 1892, à Turin.

Joseph avait l'habitude de passer plusieurs heures auprès de lui pour le soigner. C'est au chevet de son frère qu'il décidera d'entreprendre les études de médecine, cas unique dans sa famille et objet de discussions. La mort d’Alberto le provoqua une douleur si grand qu’il se rappela sa vie durant.

Université et Hôpital

Après l'obtention du Doctorat en Médecine, université et hôpital devinrent le champ d'activité du jeune médecin. Bien vite il réussit un concours de Collaborateur Extraordinaire auprès de l'Hôpital des Incurables (1903) et un autre d'Assistant à l'Institut de Chimie physiologique (1908), où il gagna bientôt beaucoup de marques d'admiration et d'honneur dans le domaine scientifique.

Malgré ses engagements il continua à examiner les malades dans les salles des Incurables. Cela explique son habilité clinique extraordinaire, certainement le résultat d’une expérience pratique au chevet des malades qu’il commença à démontrer bien vite. Cette expérience, en effet, ne se peut pas acquérir dans un Laboratoire de Chimie Physiologique.

Eruption du Vésuve du 1906 et choléra du 1911

Les études, les recherches et le succès du Prof. Moscati marchaient de pair avec l'amour pour son prochain. Il se distingua pour son œuvre de secours pendant l’éruption du Vésuve du 8 avril 1906. Le cratère vomissait de la lave, des lapilli et beaucoup de cendres qui menaçaient et terrorisaient les habitants des pays voisins.

Les Hôpitaux Réunis de Naples avaient une succursale à Torre del Greco, une petite ville près de Naples, à six kilomètres du cratère, où vivaient beaucoup de malades paralytiques et vieux. Moscati, en pressentant le danger, fit évacuer 1'hôpital juste avant l'écroulement du toit et sauva tous les hospitalisés.

Deux jours plus tard il envia une lettre au directeur général des Hôpitaux Réunis de Naples, proposant de gratifier les personnes qui l'avaient aidé, mais insista surtout qu'on ne citât pas son nom.

“Je vous en prie – ajouta-t-il – ne citez pas mon nom pour éviter de remuer… des cendres !”

L'habitude de Moscati de se tenir dans la coulisse nous empêche de connaître dans les détails son œuvre lors d’un autre malheur qui endeuilla Naples: le choléra du 1911.

Nous ne devons pas oublier que Naples est une ville portuaire et que, au temps de Moscati, beaucoup de navires venaient de tous les coins du monde, les ruelles étaient sales et la misère dominante : en ce contexte pouvait arriver de tout. Heureusement la médicine avait fait des progrès, donc les victimes furent moins nombreuses que par le passé[2].

Moscati fut appelé par le Ministère au Laboratoire de l'Inspection de la Santé publique, situé dans la Préfecture, pour faire des recherches sur l'origine du mal et les moyens les plus propres à le vaincre. Il termina son étude avec la plus grande diligence, et présenta une relation sur les interventions nécessaires pour assainir la ville et, à sa grande satisfaction, il vit la réalisation de beaucoup de ses propositions.

Collaborateur ordinaire dans les Hôpitaux Réunis

En 1911, à 31 ans, le docteur Moscati fut reçu au concours de Collaborateur Ordinaire aux Hôpitaux Réunis. C'était un concours très important qui n'était plus ouvert depuis 1880 et auquel participèrent des médecins venus de partout.

Le Prof. Cardarelli, qu’était un des membres du jury d’examen, fut ébloui par la préparation de Moscati et ― comme nous dit le frère Eugenio ― “il reconnut qu’il n’avait jamais rencontré un jeune si préparé en 60 ans d'enseignement, et il tint beaucoup à lui dès ce moment. Ensuite, mon frère devint son médecin traitant”.

Depuis lors, beaucoup d’étudiants et de jeunes médecins le suivaient d’un lit à l’autre pendant sa tournée de visites aux malades, pour apprendre le secret de son habileté.

La même année, sur l’initiative d'Antonio Cardarelli, l'Académie Royale de Médecine Chirurgicale le nomma Membre agrégé et le Ministère de l'Instruction Publique lui attribua le Doctorat en Chimie physiologique.

Témoignage du Prof. Gaetano Quagliariello sur le concours du 1911

“Il s’agissait d’un concours qui n'était plus ouvert depuis 1880 et auquel participèrent beaucoup des médecins et professeurs venus de Naples et du Sud de l’Italie. Il y avait seulement six places. Le jury d’examen était formé de célébrités comme Antonio Cardarelli, Enrico de Renzi, Beniamino de Ritis. Moscati se présenta au concours, et cet acte fut considéré audacieux et effronté.

Le résultat fut un triomphe [...].Joseph Moscati obtint le prix si rêvé et un tonnerre d’applaudissements accueillit sa proclamation : il fut reçu au concours à la tête de la liste”[3].[4].

Médecin Chef d’Anatomopathologie

Outre son intense travail entre l'Université et l'Hôpital, le professeur Moscati assurait aussi la direction de l'Institut d’Anatomopathologie, auparavant dirigé par Luciano Armanni, mais par la suite déchu par manque de soin.

D'après le prof. Quagliariello, il devint bien vite “un vrai maître dans les autopsies”. Le prof. Raffaele Rossiello, qui a étudié à fond et avec compétence l’Anatomopathologie de St. Joseph Moscati, affirme qu'après sa mort, ni les revues scientifiques, ni ceux qui se souvenaient de lui dans leurs discours, ni les nombreuses biographies n'ont relevé “son activité de médicine légiste et chef de l'Institut d'Anatomie et Histologie Pathologique ‘Luciano Armanni’”.

“Par contre la découverte ― par le docteur Renato Guerrieri, Médecin chef de l'Hôpital des Incurables, de trois volumes contenant les rapports de 244 autopsies effectuées par Moscati ― nous propose des nouveaux aspects de la personnalité complexe du Saint. A présent ils sont gardés dans les Archives Moscati du Gesù Nuovo”.

Luciano Armanni avait fait graver cette phrase à l'entrée de la salle d'anatomie : “Hic est locus ubi mors gaudet succurrere vitae” (“Ici la mort est heureuse d'aider la vie”). ÀMais dans la salle ― écrit le prof. Nicola Donadio ― il n'y avait aucune trace de religion. La pièce était austère mais vide, exactement comme tous les endroits dominés par le matérialisme”[5].

Le prof. Moscati avait eu une idée et l'avait réalisée, celle de faire accrocher très haut sur le mur de la salle, de façon à ce qu'il puisse dominer la pièce, un Crucifix avec une inscription qui ne pouvait être mieux : “Ero mors tua, o mors” (citation du Prophète Osea 13,14 : “O mort, je serai ta mort”).

Les autopsies pour Moscati étaient une leçon de vie.

Mort de sa mère : 25 novembre 1914

A la fin de l'année 1914, Madame Rose, la maman du Prof. Moscati, atteinte de diabète, vit sa maladie s'aggraver. Elle fut conduite à Resina, aujourd’hui Herculanum, mais sa santé n’alla pas mieux. La pauvre femme mourut le 25 novembre 1914. Moscati la soigna avec tendresse mais il put faire très peu pour elle parce que la maladie était encore incurable à cette époque.

Avant d'expirer, le 18 novembre, après avoir reçu avec beaucoup de dévotion les derniers sacrements, elle dit à ses fils : “Mes enfants, je meurs contente. Fuyez toujours le péché qui est le plus grand mal de la vie”.

Joseph se souvint toujours de ses dernières paroles. Quelques années plus tard, il fut un des premiers médecins à Naples, à expérimenter l'insuline et à exercer un group de médecins au traitement du diabète. L’insuline fut expérimentée sur les humains pour la première fois en janvier 1922.

D'après une lettre adressée à Mlle Carlotta Petravella qui avait perdu sa mère (le 20 janvier 1920)

“Moi aussi, quand j’étais jeune, je perdis mon père, et quand j’étais adulte, ma mère. Mais je sais que mes parents sont toujours à mes côtés, je peux sentir leur douce compagnie; et si je tâche d’imiter leur rectitude, ils m’encouragent, et si je commets des erreurs, ils me conseillent la chose plus juste à faire, comme au temps où ils étaient encore en vie”.

La Première Guerre Mondiale, 1915-1918

Pendant les premiers mois du 1915 il y eut beaucoup de débats très animés à propos de l’entrée en guerre italienne de plus en plus certaine avec le temps. A Naples, comme dans les autres villes, beaucoup de personnes manifestaient et chantaient hymnes patriotiques. La Galerie Umberto et les rues adjacentes, où il y avait les rédactions des quotidiens napolitains les plus importants, était toujours bondée de gens qui discutaient et attendaient les décisions de Rome.

Le 24 mai l'Italie entra en guerre et l’appel sous les drapeaux commença à décimer les familles. Eugenio Moscati aussi partit pour le front le 8 juillet.

Joseph Moscati fit la demande d'enrôlement volontaire, toutefois, il ne fut pas accepté. Les autorités militaires confièrent les blessés à ses soins. L'Hôpital des Incurables fut militarisé.

Il visita et soigna environ 3.000 militaires, dont il rédigea un journal et leurs histoires cliniques. Il fut pour eux non seulement le médecin, mais aussi le consolateur attentif et affectueux.

Moscati renonce à la chaire et choisit le travail hospitalier

Moscati, après avoir remplacé le Prof. Filippo Bottazzi, Directeur de l'Institut de Physiologie, et Recteur de l'Université de Naples, fut mis à la tête des recherches scientifiques et des expériences dans l'Institut de Chimie Physiologique.

De plus, Moscati était très connu dans le milieu médical pour son activité de collaborateur et rédacteur dans quelques revues scientifiques comme Riforma Medica. En 1911, le prof. Rummo lui proposa de devenir correspondant à l’étranger car il parlait anglais et allemand très bien. De 1903, année de sa maîtrise, à 1916, les publications scientifiques de Moscati sont vingt-sept.

Pourquoi n’obtint Moscati jamais une chaire? Il avait un extraordinaire curriculum didactique et scientifique et beaucoup de ses confrères l’enviaient pour son habilité et pour le grand nombre d’étudiants qui fréquentaient ses cours. Toutefois c’est le Prof. Gaetano Quagliariello qui nous donne la réponse vraie. Gaetano Quagliariello, en 1948, était le Recteur de l'Université de Naples. Il écrivit l’article suivant publié dans la revue Medicus (IV1948) :

“Puisqu’il était nécessaire occuper la chaire de Chimie Physiologique restée vacante pour la mort du Prof. Malerba, arrivée vers la fin du 1917, et du moment que la Faculté était orientée vers lui qu’avait déjà donné l'enseignement avec grande satisfaction de la part des professeurs et des élèves, pendant la longue période de la maladie du Malerba et après sa mort, [Moscati] dit que n’aurait pas accepté la charge, et conseilla et recommanda mon nom, et alors j’obtins la charge. […]

Et Moscati, plus douloureusement, renonça à l'enseignement officiel qu’il aurait obtenu sans aucun doute s’il eût voulu, pour amour de son hôpital et des ses élèves en constante augmentation autour de lui. Et peut-être même pour mortifier une ambition que certainement il devait avoir pendant sa jeunesse. […]

Ainsi, libre de chaque ambition de la terre, il se consacre, esprit et cœur, à ses malades et à l'éducation des jeunes médecins. L'hôpital devient sa maison, son amour, son sanctuaire. De plus, bien qu’il fût doué d’une grande intuition clinique, il ne lassa pas de côté tout le matériel de laboratoire, et sa préparation chimique et bactériologique lui permit d’employer les plus modernes techniques de recherche pour étudier les malades”.

Directeur de la III Salle Masculine dans l’Hôpital des Incurables

La renommée de Moscati en tant que professeur et médecin était indiscutable. Tout le monde parlait de ses cours, de ses dots diagnostiques, de son travail entre les malades. Le Conseil d’Administration de l'Hôpital des Incurables intervint officiellement et en 1919 lui nomma Directeur de la III Salle Masculine.

Les appréciations pour son travail et les références à son nouveau titre sont la preuve que cette ultérieure promotion fut une joie pour les amis, les assistants et les élèves. Aucun homme ne pouvait aspirer à cette charge plus que lui et aucun homme ne pouvait l’obtenir plus que lui.

Il fut très heureux, mais, comme toujours arrivait en lui, la satisfaction humaine n’était pas séparée de la satisfaction spirituelle, qui glissait sur les motifs contingents et s’enracinait sur motivations bien plus hautes et nobles. Le succès en hôpital ne devait pas regarder sa figure, mais uniquement les malades, pour lesquels il s’engageait et travaillait.

Voilà le sens d’une lettre du 26 juillet 1919, adressée au Sénateur G. D'Andrea, Président des Hôpitaux Réunis de Naples :

“Lorsque j’étais un garçon je regardais avec intérêt à l'Hôpital des Incurables, qui mon père m’indiquait loin de chez moi, en inspirant des sentiments de pitié pour la douleur sans nom, calmée là-dedans. Un désarroi bienfaisant s’emparait de moi et je commençais à penser à la fragilité de toutes les choses, et les illusions tombaient, comme les fleurs des orangeraies qui m’entouraient.

Alors j’étais complètement concentré dans mes études littéraires, et je ne pensais pas et je n’imaginais pas qu’un jour, dans quelle maison blanche, où je voyais à grand-peine les malades à travers le vitrage, comme fantômes blancs, j’aurais obtenu le titre clinique plus important. […]

Je ferais en sorte que la confiance mise en moi soit bien placée, avec mes moindres forces, et Dieu aidant. De plus, je collaborerai à la reconstruction économique des hôpitaux vieux de Naples, si méritant de la charité et de la culture, et aujourd’hui si misérables”.

L’Hôpital des Incurables

Il était un des hôpitaux les plus fameux d’Europe au temps de Moscati. Il était constitué de plusieurs bâtiments dans entourés de jardins, cloîtres, fontaines.

Il était possible suivre cours universitaires avec des professeurs très célèbres comme Leonardo Bianchi, Gaetano Rummo, Domenico Capozzi, Antonio Cardarelli.

L’Hôpital des Incurables, avec l'église annexe de Sainte Maria del Popolo, se targue d’origines très anciennes. Il est une maison de santé et un centre de foi, pitié et miséricorde. À la fin du 1400 en Italie, et à Naples surtout, après la descente de Charles VIII, le prétendu mal français (lue venerea) ou mal dermoceltique se propageait, et ceux qui étaient frappés – beaucoup de gens – étaient appelés incurabili (incurables). La charité chrétienne commença très vite à s’occuper de ces pauvres malheureux.

Mais la personne qui devait fonder le plus fameux hôpital qui porte ce nom aujourd’hui encore fut une femme catalane, Maria Richeza, qui avec son mari Giovanni Longo, faisait partie de la suite de Ferdinand III le catholique. Elle était venue à Naples en 1506 et avait une paralysie, par faute d’un empoisonnement perpétré par une servante pendant un banquet. Après la mort de son mari, en 1510, elle fit un pèlerinage à Loreto où reçut la grâce de la guérison par la Vierge. Ensuite, elle se dédia complètement aux malades. Sa ferveur religieuse et sa charité rendirent possible la fondation de l’Hôpital des Incurables et l’église annexe de Sainte Maria del Popolo.

Avec le temps l'hôpital garda le nom "Incurabili", même si, en réalité, il était devenu un vrai abri métropolitain pour tous les pauvres et tous les maux. Maria vite fut nommée Recteur ou Chef de l'hôpital.

En 1535, elle fonda l'ordre des Franciscaines du Troisième Ordre, c’est à dire des capucines, fameuses aujourd’hui encore à Naples avec le nom des Trente-trois. Pendant sa vie eut la joie d’être guidée et soutenue par un saint, Gaetano Thiene et, malgré la tempête qui bouleversa l'ordre des capucins pour les théories éversives de Juan de Valdés, resta fiel à Dieu et à l’ÉEglise jusqu’à la mort, arrivée en 1542.

Vingt-cinq saints, béates et vénérables sont entrés en relation avec l'Hôpital des Incurables, comme saint Gaetano Thiene (1480-1547) ; saint Alfonso Maria de Liguori (1696-1787), sainte Jeanne Antide Thouret (1765-1826), le bienheureux Bartolo Longo (1841-1926) et, saint Joseph Moscati.

Malheureusement une partie de l'Hôpital des Incurables, inclus la salle du Prof. Moscati, a été détruite pendant la dernière guerre. Ce que reste est suffisant pour admirer encore l’ancienne grandeur, et nous citons en particulière la Pharmacie, riche d’élégants meubles de noyer et de superbes majoliques du dix-huitième siècle napolitain.

Un Maître inoubliable

Malgré sa renonciation à la chaire, Moscati fut toujours un professeur et un maître. Même s’il avait choisi le travail hospitalier, il n’avait pas renoncé à l’enseignement. Il avait des qualités particulières pour être professeur universitaire parce qu’il joignait une préparation solide et très bonne au désir de perfectionnement, la passion de la recherche à l’intérêt inné pour le nouveau, la capacité d’embrasser tous les champs de la médecine sans envahir les spécialisations d’autrui, en démontrant la connaissance des divers domaines, des possibilités et des limites.

Il avait également des capacités expressives, communicatives et persuasives et il était un homme très distingué et charmant.

D’après une lettre du Prof. Moscati au Prof. Francesco Pentimalli :

“J’ai toujours cru que tous les jeunes méritants dirigés vers…la médecine, qu’est la science plus noble, eussent tous les droits de se perfectionner, de lire un livre jamais publié avec une couverture qui se compose de tous les lits d’hôpital et de toutes les salles de laboratoire. Le contenu de ce livre est constitué de la douleur des hommes et du matériel scientifique.

C’est un livre qui doit être lu avec un amour infini et un grand esprit de sacrifice pour notre prochain. J’ai pensé qu’il serait de mon devoir d’apprendre mon expérience aux jeunes, sans garder tout pour moi”.

Le souvenir de ses Étudiants

Felice Piccinini – Parfois, il me semblait très fatigué, mais il recommençait à sourire dès qu’il voyait ses amis et, en particulier, ses étudiants […]. Il savait intéresser une foule de jeunes étudiants qui le considéraient comme le vrai éducateur chrétienne, l’homme qui cultivait les sciences positives en obtenant beaucoup d’honneurs et qui considérait la grandeur et la beauté de la nature comme l’œuvre d’une force supérieure, la sagesse, l’ordre et la puissance infinie d’un Dieu suprême, qu’il appelait Divine Providence”.

Enrico Polichetti – Je le vois encore devant moi presque hardi, si j’ose m’exprimer ainsi, mais je ne veux pas offenser Son cher souvenir. Il avait l’ingénuité des enfants et un regard doux et indulgent, reposant, profond et plein de spiritualité, sans malice. Ses yeux étaient très beaux, gris, petits, lumineux, vifs, doux, expressives, parfois agressifs, toujours changeants, riants. Ils inspiraient confiance derrière ses lunettes ovoïdales, avec une monture d’acier bruni très mince. Les verres n’étaient pas alignés parfaitement mais ils semblaient s’encastrer dans ses orbites, aux côtés du nez régulier et effilé, presque en pointe. Il portait des petites moustaches qui se touchait quelquefois avec les doigts de sa main gauche […]”.

Il était une personne qui avait de l’allure, le physique svelte, un homme très distingué et grand. Certainement, même ces caractéristiques contribuaient à sa popularité : il était très aimé de tout le monde.

Il était très charmant avec son visage ovale, un gentilhomme vrai connu à Naples entière. Mais sa noblesse était surtout dans son cœur et ses œuvres."

Soccorso Tecce – Il était très heureux parmi ses étudiants qui formaient sa famille spirituelle. Il nous révélait son savoir et, jour après jour, il façonnait nos esprits et nos âmes. Il nous parlait de Dieu, de la divine Providence, de la Religion Chrétienne et la joie éclairait son visage lorsque nous le suivions dans les églises de Naples pour assister à la Messe”.

Comment les Maîtres et les Étudiants jugeaient-t-ils Moscati?

Domenico Pace – A l’occasion de la mort de Moscati, présenta “toutes les condoléances des Médecins de la Province de Naples, du Conseil de l’Ordre du personnel hospitalier, des Professeurs de l’Université de Naples”. Il dit : “Joseph Moscati prêchait et pratiquait la vertu, un mot qui n’est plus dans notre vocabulaire et dans notre vie. Il n’était pas un mot inutile, ambigu ou hypocrite mais un style de vie, fait de sacrifices, de discipline morale, de renoncements, douleurs car la vertu, comme la sagesse, est douloureuse”.

Antonio Cardarelli - était un des membres du Jury d’examen au concours de Collaborateur Ordinaire aux Hôpitaux Réunis de Naples, en 1911. “Au moment où la relation de Moscati fut lue ― comme nous dit le frère Eugenio – le Professeur Cardarelli, membre du Jury, invita à dévoiler l’anonymat imposé pendant le concours mais Moscati refusa. Il fut obligé par ses camarades qui lui portaient en triomphe chez soi. Le Prof. Cardarelli dit qu’il n’avait jamais rencontré un jeune si préparé en 60 ans d'enseignement, et il tint beaucoup à lui dès ce moment. Ensuite, mon frère devint son médecin traitant”.

Pietro Castellino avait Moscati en haute estime et Moscati rendait visite à Pietro Castellino fréquemment pour l’aider à recouvrer la foi. Quand Moscati mourut, le Doct. Castellino compara le futur Saint au “Grand Vieillard” Antonio Cardarelli, mort le 8 janvier de la même année, et après avoir lu une lettre de Moscati s’écria : “Oh, tu avais un cœur très noble, tu étais une créature si gentille et douce qui j’aimais comme un fils ! La pureté de ta gentillesse, ta mentalité d’Educateur si austère, la confiance dans ta mission évangélique […] nous permettent de comprendre que la Médecine est vraiment la science plus sainte et divine, et tu l’embrassas comme si elle était ta Croix ! […]”

Filippo Bottazzi connut Moscati en 1905 et en 1923 alla à Edimbourg avec lui pour un Congrès. Il écrivit beaucoup de choses sur le futur saint, par exemple : “Il fut la plus parfaite incarnation de l’esprit de charité, comme il est décrit par Saint Paul (I Cor 13) : il fut patient et bienveillant, jamais jaloux ou vantard, il n’étalait pas ses qualités ou son savoir si profond.

Il n’était jamais désagréable ou égoïste, au contraire il était très généreux envers les indigents, jamais irascible ou méchant, jamais content des injustices parce qu’il était un chercheur de la vérité très fervent qui supportait tout : un croyant absolu.

Profondément religieux, croyant sincère et pratiquant, il ne faisait pas montre de ses sentiments mais avec une parole si persuasive et le support de sa préparation médicale, il ne négligea jamais de soigner non seulement les corps mais aussi les âmes qu’il dirigeait vers cette lumière qui, pour grâce divine, lui resplendissait à travers des abîmes impénétrables pour nous”.

Gaetano Quagliariello fut désigné par Moscati lui-même, comme alternative, à bénéficier de la chaire de Chimie Physiologique. Il eut paroles très belles pour son ami et confrère. Il déclara : “L'hôpital devint sa maison, son amour, son sanctuaire. Sa maison devint la destination d’un pèlerinage continu de malades de toutes les conditions sociales, de Naples et du Sud de l’Italie. Ils s’adressaient à lui pleins d’espoir et, bien souvent, ils ne recevaient pas seulement la guérison du corps mais aussi le salut de l’âme.

Il avait horreur du renom, de la célébrité car elles étaient considérées comme passions d’ici-bas, mais il fut impossible se soustraire et ainsi elles l’atteignirent dans son humilité”.

Pasquale Malerba fut directeur du mémoire de maîtrise de Moscati qui fut reçu avec éloges. Le Prof. Quagliariello nous dit que Moscati, en fréquentant son maître, lui conduisit du matérialisme à la foi en Christ.

Moscati, “un de nous”. “Libera docenza” du 1922

Le Prof. Moscati travaillait en hôpital depuis longtemps et, en même temps, il enseignait à une foule d’étudiants qui s’accroissait toujours davantage. Il avait obtenu la “libera docenza” en Chimie Physiologique en 1911 et à l’époque il était Médecin Chef de l’Hôpital des Incurables de Naples. Il enseignait aussi Clinique et Sémiologie mais sans avoir les titres officiels.

Quelques-uns, en voyant que beaucoup d’étudiants préféraient suivre les cours de Moscati et ne pas participer aux officiels, complotaient dans l’ombre pour l’empêcher de continuer à enseigner.

Il écrivit au Prof. Castellino le mai 1922, il lui demanda de réunir la commission.

« Monsieur le Directeur,

Vous avez été mon maître et mon père très cher dès que j’avais 17 ans (j’étais un élève et aujourd’hui j’ai les cheveux blancs !) […]

Je suis complètement épuisé et déprimé parce que depuis la guerre j’ai toujours travaillé et éprouvé des émotions très vives ! […]

Je passe des nuits blanches et j’ai perdu l’opportunité de la ratification de l’enseignement. Je l’obtiendrai peut-être dans la prochaine séance du cours supérieur […]

J’ai fait une grosse bêtise ; je devais suivre auparavant l’orientation clinique. Mais je détestais et déteste encore la carrière professorale! Mais ça ne fait rien ! […] »

Cette lettre montre que même les saints ont eu des changements d’avis, des découragements et des regrets. Moscati était dans un état de profonde affliction qui se répercutait aussi sur son physique. Le grand Médecin, le grand Maître, le grand Saint nous paraît comme l’un de nous.

La sainteté ne manque pas d’ambition et ne rend pas impassible devant l’envie. La sainteté se rattache à la nature humaine, la respecte mais, en même temps, elle donne les moyens pour surmonter les difficultés et pour s’élever au-delà des horizons plus bornés et trompeurs.

Moscati était un homme supérieur et un saint mais, malgré les appréciations sur son travail, il souffrait exactement comme un de nous. Sa lettre au Prof. Pietro Castellino est une preuve de cela.

Le 14 octobre 1922 le Ministère de l'Instruction Publique lui attribua la libera docenza[6] en Médicine Clinique. Trois jours après Moscati écrivit :

“Aime la vérité, montre la personne qui tu es, sans feinte et sans peur, sans aucun ménagement. Et si la Vérité te vaut la persécution, toi, accepte-la, si elle t'apporte le tourment, toi, supporte-le. Et si pour la Vérité, il te fallait sacrifier toi-même et ta vie, sois fort dans le sacrifice”.

La mort soudaine

Le 12 avril 1927, Mardi Saint, le prof. Moscati, après avoir participé à la messe, comme chaque jour, et reçu la communion, passa la matinée à l'hôpital, puis il rentra chez lui et après un repas, comme d'habitude, il s'occupa des patients qui venaient le consulter à son domicile.

Vers 15 h, il eut un malaise et s'assit dans son fauteuil, un peu après, il croisa les bras sur sa poitrine et expira sereinement. Il avait 46 ans et 8 mois.

La nouvelle de sa mort se répandit immédiatement et la douleur fut unanime. Les pauvres surtout le pleurèrent sincèrement, car ils venaient de perdre leur bienfaiteur.

Premiers témoignages après la mort du Prof. Moscati

Le Cardinal de Naples, Alessio Ascalesi, après avoir prié devant la dépouille mortelle, s'adressant aux parents dit ceci : « Le Professeur appartenait plus au Ciel qu'à la terre. Ce ne ne sont pas les âmes de ceux dont il a guéri le corps qui sont venues à sa rencontre, pour l'emmener au Ciel, mais ceux dont il a sauvé l'âme »

Dans le registre des condoléances placé à 1'entrée de la maison, parmi les témoignages de regrets et sympathie, nous avons recueilli une phrase très significative : « Tu n'as pas voulu de fleurs et pas de larmes, mais nous, nous pleurons quand même, parce que le monde a perdu un Saint, Naples un exemple de vertus, mais les malades pauvres, ils ont tout perdu ! »

Translation du corps dans l'église du Gesù Nuovo

Le corps fut enterré au cimetière de Poggioreale. Mais trois ans plus tard, le 16 novembre 1930, sur l'insistance de plusieurs personnalités du clergé et du laïcat, l'archevêque de Naples, le Cardinal Alessio Ascalesi, permet la translation du corps du cimetière à l'église du Gesù Nuovo, au milieu d'une double haie de personnes.

Ce sera Nina Moscati, la sœur du professeur, qui en cette occasion sera la plus heureuse de tous, car elle a toujours été près de son frère pour l'encourager et le soutenir dans cette pratique de charité et ce sera elle qui, après la mort, donnera à l'église tous ses effets personnels ainsi que les meubles et objets.

Le corps fut déposé dans une salle derrière l'autel de Saint François Xavier et aujourd'hui une pierre en marbre, à droite de cet autel, le rappelle encore.

La Béatification (Paul VI)
La Canonisation
(Jean-Paul II)

La Béatification (Paul VI)

La grande estime et la considération qui déjà entouraient le Prof. Moscati pendant sa vie s'accroît après sa mort, et bientôt la douleur et les larmes de ceux qui l'avaient connu et aimé se transformèrent en joie, enthousiasme et prière. On s'adressait à lui en toutes choses.

Entre-temps, on instruit les procès pour l'examen de deux miracles: deux guérisons qui sont attribuées au Serviteur de Dieu.

Le 16 novembre 1975, le pape Paul VI proclame Joseph Moscati Bienheureux, au cours d'une célébration solennelle à Saint-Pierre de Rome.

Ce jour-là, sur la place Saint-Pierre, malgré une forte pluie qui tombera à plusieurs reprises, une très grande foule de fidèles suivra, avec une vive émotion, jusqu'à la fin, le rite sacré.

La Canonisation (Jean-Paul II)

En 1977, deux ans après la Béatification, il y eut la reconnaissance canonique du corps : on recomposa le squelette de Moscati et on le déposa dans une châsse en bronze, réalisée par le Prof. Amédée Garufi, et ensuite placée sous l'autel de la Visitation.

La dévotion à Moscati augmente toujours d'avantage. Les grâces obtenues par son intercession sont toujours plus nombreuses. En vue de la canonisation, on examinera la guérison de la leucémie, ou myéloïde aigüe myéloblastique, du jeune Joseph Montefusco, qui eut lieu en 1979.

Finalement, après de longs examens, pendant le consistoire du 28 avril 1987, le Pape Jean-Paul II fixe la date de la canonisation au 25 octobre de la même année.

Du 1er au 30 octobre, à Rome, se déroulait la VIIe assemblée générale du Synode des Évêques, dont le thème était : « Vocation et mission des laïcs dans l'Église et dans le monde, à 20 ans du Concile Vatican II ».

Il ne pouvait exister meilleure coïncidence : Joseph Moscati était un laïc qui avait rempli sa mission dans l'Église et dans le monde. Sa canonisation était très désirée et espérée par tous : étudiants, universitaires et médecins, qui avaient connu le médecin Moscati comme un homme de grande foi et de grande charité, qui assistait et soulageait les souffrances de ses malades, mais qui surtout, les portait à Dieu.

Le 25 octobre 1987, à 10 heures du matin, place Saint-Pierre, à Rome, le Pape Jean-Paul II, en présence de plus de 100.000 personnes, proclame et admet officiellement Joseph Moscati au nombre des Saints (60 ans après sa mort).

Sa fête liturgique sera fixée au 16 novembre.

Antonio Tripodoro s.j. – Egidio Ridolfo s.j.

moscati@gesuiti.it


[1] Lauro Maio, S.Giuseppe Moscati e Benevento sua città natale, Bénévent 1987, p.13

[2] A propos de l’éruption du Vésuve, Matilde Serao écrivait dans le quotidien "Il Mattino" du 22 avril 1906:

"Notre esprit est profondément démoralisé. Le silence immense et l’abandon de Resina et de Torre del Greco, les belles villes entre les orangeraies et la mer, nous rendons tristes.

Il y a misère partout et la vie a disparue; Portici, Resina, Torre del Greco étaient villes de rêve, mais maintenant elles n’ont pas plus leur âme, villes abandonnées, mortes, il y a un siècle que l’abandon et la mort vivent là-haut.

Il n'y a personne que nous parle de la panique qu’a obligé à s’échapper de nuit, à l’aube, de matin; mais nous le savons, le pouvons imaginer, puisque nous le voyons, oui, avec nos yeux mortels, nous voyons l'abandon et la mort. Est-ce possible que Portici, Resina et Torre del Greco étaient vivantes? Est-ce possible qu’il y avait beaucoup de personnes, une fois, dans ces maisons et dans ces rues?

Le grand panache de fumée et cendre s’élève sur la montagne: cendre, nuages, vapeurs nous empêchent de voir chaque chose, sauf les foudres fréquents, de tous les couleurs, centaines de foudres qui fendrent le ciel blême, le gris opaque; il y a la vie seulement sur la montagne des horreurs, et ici il y a seulement la mort !"

[3] Gaetano Quagliariello, Giuseppe Moscati, extrait de la revue Medicus, avril/décembre 1948.

[4] Avant le concours, Moscati, en prévoyant les immanquables escroqueries et favoritismes, écrivit au Prof. Calabrese, Titulaire de la chaire de Médecine Clinique :

“Je ne peux pas tolérer les abus de ceux qui sont protégés. Ils sont déjà sur le point de fêter les places promis par relations et compromis […]. Je ne suis pas hautain, je veux seulement justice. Gare à qui oserait être en contraste avec ce principe! ...”

[5] “Mais la vie ne finit pas avec la mort, elle continue dans un monde meilleur. A tous, a été promis, après la rédemption du monde, le jour qui nous réunira à nos chers défunts et qui nous ramènera à l'Amour suprême !” – [D'une lettre à M. Mariconda du 27 février 1919]

[6] Titre académique italien permettant d’enseigner à titre privé dans les universités et les autres instituts supérieurs.

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