Il naquit en
Poitou, vers 315, de parents païens qui lui donnèrent une bonne
formation littéraire et philosophique à Bordeaux.
Marié,
il eut une fille nommée Abra. Tourmenté par la question du sens de
la vie et l’idée de la mort, sa conversion à la foi chrétienne se
fit après mûre réflexion. Dans la Bible, il découvrit le nom de
Dieu: « Je suis celui qui suis », cette révélation l’enthousiasma.
Ensuite dans l’Évangile de Jean, il poursuivit sa recherche par la
lecture du Prologue et fut saisi par les mystères de l’Incarnation
et de la Résurrection, qui le rassasièrent. Hilaire se fit baptiser.
Peu avant 356, à la mort de l’évêque de Poitiers, après avoir été
ordonné prêtre, il fut appelé à lui succéder par acclamation du
clergé et du peuple. On le sait remarquable théologien ; quant à sa
famille, elle se fit un refuge pour les miséreux de Poitiers. Il
rencontra saint Athanase d’Alexandrie, héraut du concile de Nicée
(325), alors en exil en Gaule à la suite de l'hérésie arienne.
Celle-ci avait divisé l’Orient en refusant le dogme de Nicée qui
proclamait le Fils comme étant de la même substance que le Père, «
consubstantiel » (homoousios, en grec) au Père. L’empereur arien
Constance qui avait condamné Athanase à l’exil, vint en Occident
pour imposer sa condamnation. Hilaire, ayant pris connaissance des
thèses du Concile de Nicée, se rangea du côté de l’évêque et devint
défenseur du dogme de la « consubstantialité ». Il réunit un concile
à Paris où les évêques se séparèrent des schismatiques. Sommé par la
suite de se rendre au synode de Béziers pour y condamner Athanase,
il refusa. A son tour il fut condamné à l’exil en Asie Mineure (356)
où il se familiarisa avec la théologie de l’Orient. A l’occasion de
nombreux contacts avec les évêques, il y découvrit les ravages
causés par l’arianisme. Il faut dire que peu d’évêques occidentaux
avaient été présents au concile de Nicée, car le problème arien ne
se posait pas encore dans nos régions. Hilaire fut le premier
occidental à en prendre vraiment conscience. En exil, il écrivit son
œuvre maîtresse, le De Trinitate, un monument théologique jamais vu
encore en Occident, où avec un infini respect, il aborda à l’aide
des paroles malhabiles, comme il dit lui-même, le mystère du Dieu
vivant.
Pacifique de
nature, il essaya de concilier les points de vue, mais ayant devant
lui des adversaires intraitables qui ne respectaient pas les
personnes, il échoua. Il assista au synode de Séleucie sans pouvoir
y faire entendre raison. Il n’eut pas davantage de succès auprès de
l’empereur. Finalement, il fut renvoyé en Occident par les ariens
eux-mêmes qui le jugèrent trop « perturbateur » dans leur milieu.
De retour en
Gaule, il mit toutes ses forces en œuvre pour obtenir
l’excommunication des évêques ariens d’Arles et de Périgueux, tout
en maintenant en place les évêques qui reconnurent leurs erreurs, ce
qui fut le salut de la Gaule. Ainsi, le zèle ardent d’Hilaire vint à
bout de l’hérésie arienne en Occident.
A Poitiers, il
rencontra Martin qui lui décrivit les dégâts causés par l’arianisme
en Italie. Pour enrayer l’hérésie, il réunit les évêques italiens à
Milan, mais sans succès. Déçu, il rentra chez lui. Il rédigea un
pamphlet « Contre Maxence » pour dénoncer les interventions de
l’empereur Valentinien et de ses prédécesseurs dans le domaine
religieux. Ensuite, il se retira dans la méditation et la prière.
Dans sa retraite,
il écrivit des commentaires sur les psaumes pour en montrer le sens
spirituel, le but du chemin de l’homme sur terre. Il essaya aussi de
composer quelques hymnes, émerveillé qu’il fût, par la beauté de
celles-ci en Orient. Hélas, il n’y réussit pas trop bien.
Toute sa vie, il
demeura un homme simple. Évêque, il possédait l’esprit de décision
allié aux qualités de fermeté et de douceur. Il intervint comme
modérateur dans les conflits, essayant de ménager la susceptibilité
de ses interlocuteurs, tout en leur inspirant confiance et respect.
Certains de ses
exposés se terminent en prière. Ce fut là, sans doute, le résultat
de ses contacts avec l’Orient. Avec Athanase, il a créé des ponts
entre l’Orient et l’Occident et nous pouvons, à juste titre, le
considérer comme un passeur entre les communautés qui allaient se
déchirer davantage encore dans les siècles à venir. Puisse son
intercession influencer le cœur et la pensée de tous ceux qui, des
deux côtés, œuvrent aujourd’hui à l’union, en priant l’Esprit Saint.
Valère De Pryck
Sources : A.G.
Hamman, Les Pères de l’Eglise, Desclée De Brouwer, 1977.
F. Luc Brésard, CD - Pères de l’Eglise, Cours de Patrologie, Abbaye
de Citeaux, 21700 Saint-Nicolas-lès-Citeaux,
monastère@citeaux-abbaye.com
http://orthodoxie.centerblog.net/1561197-Saint-Hilaire-de-Poitiers |