Florent Venceslas Jean Kozminski naît en 1829 dans la ville de Biala
Podlaska en Pologne. La piété de ses parents marque son éducation. À
15 ans, il entre à l’école des Beaux-Arts, à l’université où
professe son père
car il l’imite en tout et désire être comme lui
architecte, mais celui-ci meurt l’année suivante et dès lors,
Venceslas subit la mauvaise influence de ses camarades ; il
abandonne la pratique religieuse et devient même hostile. C’est
l’époque où les Russes dominent le pays. Une révolte contre eux
ayant échoué en 1846, Venceslas est accusé d’avoir pris part à la
conspiration. Faussement. Mais il est tout de même mis en prison.
Détention terrible, au cours de laquelle il contracte une maladie.
Cela le plonge dans de profondes réflexions. Il est d’abord tenté
contre toute forme de croyance, catholique ou non, mais, en la fête
de l’Assomption, le 15 août 1846, il retrouve d’un coup sa foi. Il
en attribue la grâce à la sainte Vierge, ainsi qu’aux prières de sa
mère. Après une année de détention, il est libéré. Il se confesse
publiquement de son apostasie passée et, ne s’arrêtant pas en si bon
chemin, il entre chez les Capucins en 1848 et prend le nom d’Honorat
de Biala Podlaska. Quatre ans plus tard, il est ordonné prêtre.
Nommé gardien du couvent de Varsovie, il exerce un intense ministère
dans les alentours comme confesseur, prédicateur et visiteur des
prisons. Avec l’aide de Maria Angela Truszkowska, il fonde les sœurs
Féliciennes. Pour susciter la
piété des fidèles, il fonde aussi de nombreux Cercles du
‘Rosaire vivant’. Sa piété mariale est inspirée du “Totus tuus” du
Père de Montfort, invocation qu’il répète souvent.
Une nouvelle
insurrection ayant éclaté (1863-1864) le pouvoir tsariste réagit ;
il fait régner une terreur policière et supprime tous les couvents.
Les Capucins chassés de Varsovie s’établissent à Zakroczin où ils
sont soumis à une étroite surveillance. Comme on leur interdit tout
ministère à l’extérieur, le Père Honorat pratique un ministère intra
muros, prêchant, faisant de la direction spirituelle et pratiquant
le ministère de la confession jusqu’à l’héroïsme. Il s’intéresse
avec prédilection aux jeunes qui, comme lui autrefois, s’éloignent
de l’Église. Il a le don du discernement, spécialement pour les
vocations. Beaucoup lui demandent comment entrer en religion ; et
surtout, beaucoup désirent faire vœu de chasteté. Mais le
gouvernement russe, lié à l'Église orthodoxe, s’emploie à affaiblir
l’Église catholique et il est interdit aux religieux de recevoir des
novices. Le Père Honorat expose alors ce principe qui le guidera
désormais : « La vie religieuse pour les femmes et les hommes est
une institution divine, donc elle ne peut être supprimée, car sans
elle, l’Évangile ne serait pas réalisé, elle peut donc et doit donc
seulement changer de forme. » S’inspirant du Tiers-ordre
franciscain, le Père conseille de faire des vœux tout en restant
chez soi et de vivre ainsi en religieux, se livrant comme eux à
toutes sortes d’apostolat, mais incognito et sans habit distinctif.
C’est une anticipation des Instituts séculiers. Il crée ainsi
vingt-six associations. En 1887, il fonde à Varsovie, avec Marie
Françoise Witkowska, les “Sœurs du Saint Nom de Jésus”. Le Père
Honorat décide de placer toutes ses œuvres sous l’autorité des
évêques, mais en cette période de persécution, l’épiscopat hésite.
Néanmoins, quand la pression des Russes se relâche un peu en 1905,
les évêques acceptent de superviser ces associations ; et du coup,
ils en changent la forme. Le Père Honorat, essayant de défendre
l’esprit de ses œuvres, est mis à l’écart de la direction de
celles-ci. Loin de se révolter, il écrit à ses fidèles amis : « Le
Vicaire du Christ lui-même nous a révélé la volonté de Dieu et
j’exécute cet ordre avec la foi la plus grande… Rappelez-vous,
vénérables frères et sœurs, que se présente à vous l’occasion de
démontrer l’obéissance héroïque à la sainte Église. » Dès lors, et
jusqu’à sa mort, le Père Honorat continue son ministère du sacrement
de la réconciliation. Il est aussi Commissaire général des Capucins
de Pologne. Il a une abondante activité littéraire et enseigne la
théologie ascétique.
On peut dire que
toute sa vie fut marquée par des souffrances physiques et morales.
Frappé par une douloureuse maladie, il meurt en 1916. Mais, comme le
grain tombé en terre, il porte beaucoup de fruits. Aujourd’hui
encore, dix-sept associations inspirées de sa spiritualité œuvrent
dans dix-neuf pays sur quatre continents.
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