Du temps de saint
Hunger, les Normands firent des incursions dans le diocèse
d’Utrecht, répandant partout
la terreur et la destruction. Ces
événements sont cause que l'histoire ecclésiastique de cette époque
est enveloppée de ténèbres, et que l'on ne connaît pas avec
certitude la succession des évêques d'Utrecht, ni le temps de leur
épiscopat.
Hunger, né en
Frise, est représenté par les anciens écrivains comme difforme de
figure et de corps, mais en même temps comme un homme d'une piété et
d'un savoir extraordinaire, et comme un pasteur si plein de zèle,
qu'on n'hésite pas de le comparer à saint Willibrord et à saint
Boniface. On voit par la vie de saint Odulphe, que son élection à la
dignité épiscopale eut lieu par l'entremise de ce saint apôtre, qui
appela l'attention de l'assemblée indécise et irrésolue sur les
mérites d'Hunger.
Les invasions des
Danois et des Normands avaient causé en 835 et les années suivantes
de grands désastres en Hollande et en Frise. Il faut rapporter vers
la même époque la dévastation de Wyk-te-duer-Stede et le pillage
d'Utrecht. Rien ne prouve, dit Bollandus, que ces barbares aient
commis quelque hostilité notable en 865. mais on comprend qu'il ne
fut pas facile à la ville et à l'église d'Utrecht de récupérer leur
ancienne splendeur , puisque le fléau de ces brigandages n'avait
cessé de s'appesantir sur le pays tous les ans , soit plus tôt, soit
plus tard. Il ne faut donc pas s'étonner que saint Hunger ne vint
qu'en 857 demander un asile au Roi Lothaire, qui avait eu la Frise
et la Lorraine en partage : peut-être venait-il seulement d'échapper
à l'orage, ou bien cherchait-il depuis longtemps un refuge plus
assuré.
Hunger
accompagné de quelques chanoines, vînt trouver ce prince, qui se
trouvait alors au couvent de Prùm. Il raconta à Gonthier, premier
chapelain de la cour, les désastres de son diocèse, et demanda qu'on
voulût lui assigner une retraite sûre, dans les états de Lothaire.
Le Roi lui donna la propriété du couvent situé près de Ruremonde,
fondé sous le règne de Pépin d'Héristal par saint Wiron et ses
compagnons, et nommé le Mont-St.-Pierre ou le
Mont-Sainte-Odile.
Cependant on tint
en 859, à Savonnière (ad Saponarias), près de Toul en
Lorraine, un' concile où furent présents Charles-le-Chauve, Roi de
France, et ses deux neveux Lothaire et Charles, fils de Lothaire. On
y vit les évêques de douze provinces, parmi lesquels se trouva
Hunger. En signant la lettre synodale adressée à Vénilon,
archevêque de Sens, il prend le titre d'archevêque d’Utrecht.
Flodoard rapporte en outre, que Hincmar, archevêque de Reims,
écrivit à Hunger une lettre sur l'excommunication de Baudouin de
Flandre, qui avait enlevé et épousé Judith, fille de
Charles-le-Chauve et veuve d'Edelbold, Roi d'Angleterre. Hincmar
l'engagea à conseiller au Normand Roric, qui s'était établi en Frise
après sa conversion au christianisme, de n'accorder ni aide ni asile
audit Baudouin.
Saint Hunger
mourut le 22 Décembre 866, dans un âge très avancé. Le lieu de sa
sépulture est ignoré, attendu qu'il est mort hors de son diocèse.
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godescard. |