Né dans le diocèse de
Saint-Flour (France) en 1838, Jacques Bethieu fut prêtre au service
de ce diocèse de
1864 à 1873, et entra au noviciat en 1873. Deux ans
plus tard, il fut envoyé à Madagascar, où il se dévoua jusqu'à sa
mort.
Ses vingt-et-une années
d'apostolat furent entrecoupées de trois exils, à cause des lois
françaises antireligieuses et des guerres coloniales. Tout dévoué à
ses brebis, il ne leur cachait pas les exigences de la sainteté,
notamment l'unité et l'indissolubilité du mariage. Arrêté le 8 juin
1896 lors d'une insurrection, il refusa à plusieurs reprises
d'apostasier et fut fusillé le même jour.
Martyr de la foi et de
la chasteté, il fut béatifié par Paul VI le 17 octobre 1965, pendant
le concile Vatican II.
Paroles du Pape
Tous Nous rendons
gloire au Seigneur, qui ne manque jamais, au cours des siècles, de
susciter de nouveaux témoins et de nouveaux apôtres au sein de son
Église. Quelle admirable fécondité que celle de ce peuple saint, de
ce peuple de Dieu, qu’est l’Église de Jésus-Christ, qui rassemble
tous ses membres dans le même amour du Christ Seigneur et le même
zèle pour témoigner de la bonne nouvelle du salut apporté et offert
au monde entier!
Voici donc un nouveau
fils de France élevé aux honneurs de la béatification. La France,
fille aînée de l’Église, a donné au cours de son histoire millénaire
tant de fruits de grâce et de sainteté, tant de preuves de son
attachement au siège de Pierre, tant de témoignages de sa générosité
missionnaire, tant de désintéressement dans l’œuvre éducatrice des
peuples, qu’elle a accomplie dans l’univers! C’est pour Nous une
joie de le redire aujourd’hui, et de prier Dieu pour que cette noble
nation demeure fidèle à ce glorieux passé et sache se montrer
toujours riche en nouvelles initiatives et féconde en vocations
missionnaires.
Voici aussi un nouveau
fils de saint Ignace, parmi la glorieuse cohorte des bienheureux.
Tant de héros, tant de missionnaires, tant de martyrs ont été donnés
depuis sa fondation par la vaillante Compagnie de Jésus! Et,
aujourd’hui comme hier, les jésuites continuent à être missionnaires
de par le vaste monde, pour y porter, dans la pauvreté, la chasteté,
et l’obéissance, l’héroïque témoignage des amis de Jésus. Puisse le
Seigneur bénir leur labeur, féconder leurs travaux, et susciter sur
leurs pas de nouvelles chrétientés!
Et voici surtout le
premier bienheureux de Madagascar, la grande île si chère à Notre
cœur de père et de pasteur. Comment ne pas Nous réjouir avec vous,
chers fils malgaches, du si beau développement donné par Dieu à la
mission du Père Jacques Berthieu. «En somme, la mission
progresse, — écrivait-il à son frère le 7 avril 1882, — bien que les
fruits ne soient encore qu’en espérance en bien des endroits et peu
visibles en d’autres. Mais que nous importe, pourvu que nous soyons
de bons semeurs: Dieu fera pousser en son temps» (Bernard Biot,
Le Père Jacques Berthieu, Madagascar 1965, p. 22).
Le Père Berthieu et ses
confrères furent de bons semeurs, et Dieu a fait mûrir la moisson.
Une fois de plus dans 1’Eglise le sang des martyrs a été une semence
de chrétiens, à commencer par quelques-uns de ceux qui avaient donné
la mort au vaillant religieux, et qui demandèrent plus tard à
recevoir le baptême. Et le Bienheureux sera le premier d’une longue
lignée. Déjà est introduite et progresse la cause de la jeune
chrétienne Victoire Rasoamanarivo.
Vénérables frères et
chers fils, nous vénérons ensemble un témoin héroïque de la charité
missionnaire poussée jusqu’au martyre, et nous rendons grâce à Dieu
qui, par ses desseins admirables et souvent cachés aux yeux du
monde, suscite toujours à son Église les pasteurs dont elle a
besoin, les missionnaires qui portent son témoignage, et les martyrs
qui le scellent de leur sang. Remercions le Seigneur de ces dons
qu’il fait si généreusement à son Église, et sachons nous en montrer
dignes. Et prions-le ensemble pour que la jeune Église de
Madagascar, déjà riche en fruits de grâces, continue à se développer
et à donner le beau témoignage de sa vitalité chrétienne. C’est là
Notre vœu le plus cher, en gage duquel Nous vous donnons à tous
Notre paternelle et affectueuse Bénédiction Apostolique. |