Saint Jean Népomucène,
né à Népomuk, en Bohème, fut deux fois l'enfant du miracle, car ses
parents, déjà vieux,
l'obtinrent
par l'intercession de Marie et ne le conservèrent, dans une grave
maladie, que grâce aux ferventes prières qu'ils adressèrent à la
Reine du Ciel. L'éducation de Jean fut soignée; sa piété faisait
l'admiration de tous.
Il ne se présenta à
l'ordination sacerdotale qu'après avoir purifié son âme par le jeûne
et la prière, dans une profonde retraite. Son éloquence lui fit
confier une chaire importante, à Prague, et cette ville fut bientôt
remuée par la parole ardente du jeune apôtre.
Jean se vit bientôt
offrir un évêché, qu'il refusa; mais il accepta la charge d'aumônier
de la cour, afin d'y exercer son zèle. L'impératrice le prit pour
directeur de son âme. C'était une sainte. Cependant le roi, qui se
livrait à toutes les débauches, osa concevoir d'odieux soupçons sur
la conduite de sa vertueuse épouse, et un jour il fit venir le
prêtre Jean et tenta de lui faire révéler le secret de la confession
de son épouse. Le Saint recula d'horreur et refusa avec indignation.
Quelques jours après,
on servit sur la table du prince une volaille qui n'était pas assez
rôtie. Venceslas, furieux, ordonna de mettre à la broche le
cuisinier maladroit et de le rôtir à petit feu. Les courtisans,
devant cet ordre digne de Caligula, sont terrifiés et se taisent;
mais l'aumônier de la cour est averti, et, nouveau Jean-Baptiste, il
se présente devant ce nouvel Hérode pour lui reprocher sa cruauté.
C'était mettre le comble à la rage du tyran.
Jean est jeté en
prison; bientôt il comparaît devant le roi, qui de nouveau le
supplie de lui faire connaître la confession de la reine. "Jamais!
Jamais! répond le prêtre; le secret des consciences n'appartient
qu'à Dieu." Aussitôt il est mis à la torture et brûlé à petit feu
avec des torches ardentes: "Jésus! Marie!" s'écriait le martyr dans
cet affreux supplice. Divinement guéri de ses plaies, il comprit que
le repos ne serait pas de longue durée.
Amené une dernière fois
en face du tyran, il entendit sortir de sa bouche cette menace
définitive: "Parle, ou tu mourras!" Cette fois, Jean garda le
silence, plus éloquent que toute réponse, et Venceslas ordonna de le
mettre en un sac et de le jeter dans le fleuve pendant la nuit. Mais
le corps du martyr suivit doucement le courant des eaux et fut toute
la nuit environné de flambeaux, à la grande admiration de la ville
entière.
Abbé L. Jaud
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame,
1950. |