Joannicius, qui
répara par la pénitence les désordres de sa jeunesse, parvint à une
sainteté si éminente, que
l'église grecque l'a compté parmi les
Saints les plus illustres de l'ordre monastique. Il naquit dans la
Bithynie, et passa ses premières années à garder les pourceaux. Il
s'enrôla depuis dans la compagnie des gardes de l'Empereur
Constantin Copronyme, ou de Léon surnommé Chazare, son fils et son
successeur. Il était d'une constitution robuste, et d'une
intrépidité de courage à toute épreuve. Ses belles actions lui
méritèrent des récompenses distinguées. Mais sa foi ne put tenir
contre le torrent de l'exemple. Il devint sectateur des
iconoclastes, dont l'hérésie était alors protégée par la cour. Il
eut cependant le bonheur de faire connaissance
avec un saint religieux, qui, sous le règne de l'impératrice Irène,
le retira tout à la fois du vice et de l'erreur. Touché d'une vive
componction, il passa six ans dans la prière et la mortification,
sans changer d'état dans le monde. Enfin, à l'âge de quarante ans,
il quitta le service, et se retira sur le mont Olympe en Bithynie,
près de Pruse. Il demeura dans divers monastères, pour se former aux
pratiques de la perfection. Il apprit aussi à lire, et s'exerça à
réciter le psautier par cœur.
Sa prière
était continuelle, et il avait toujours dans la bouche quelque
aspiration pieuse. Il mena depuis la vie érémitique pendant l'espace
de douze ans, après quoi il prit l'habit dans le monastère d'Ereste.
Le don des miracles et celui de prophétie le rendirent célèbre dans
tout l'Orient, ainsi que la prudence toute céleste qu'il avait pour
conduire les autres dans les voies de la perfection. Il défendit
avec zèle la doctrine de l'Eglise sur les saintes images, sous les
règnes de Léon l'Arménien et de Théophile. Il eut beaucoup de part
au triomphe que la vérité remporta, lorsque la pieuse impératrice
Théodore proscrivit l'erreur des iconoclastes. Dans sa vieillesse,
il se construisit une cellule près de son monastère, situé sur le
Mont Antide, afin de s'y préparer au passage de l'éternité. Il
mourut en 845, à l'âge de 116 ans, selon les uns, et de 80 ou de 90,
selon les autres. Trois jours auparavant, il avait reçu une visite
du patriarche saint Méthode.
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godescard. |