José Aparicio SANZ et 232 compag

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José Aparicio SANZ
et 232 compagnons Martyrs en Espagne
(1936-1939)

Une béatification record.

Fruit du grand Jubilé de l'An 2000, cette béatification du 11 mars 2001 est la première du nouveau siècle et du nouveau millénaire. Jamais autant de serviteurs de Dieu n'ont été béatifiés à la fois. (Il faut remonter à Pie IX, en 1867, pour avoir la béatification de 205 martyrs du Japon.) Chaque cause a été étudiée individuellement. Chacun de ces martyrs avait déjà mené une vie sainte digne de béatification avant que le martyr ne vienne couronner leur carrière. L'Église de Valence, suivie par celles de Barcelone et de Lérida, a commencé à instruire les procès de béatification depuis 50 ans déjà. Une masse de documents a été recueillie.

Avant cette béatification, Jean Paul II avait déjà célébré 10 béatifications pour des martyrs de la guerre civile espagnole, soit, avec ceux de ce jour, 471 martyrs. A savoir: 4 évêques, 43 prêtres séculiers, 379 religieux, 45 laïcs.

Cadre historique

La seconde République instaurée en 1931 amène le "Frente popular" (Front populaire) au pouvoir. Composée de communistes, socialistes et anarchistes, elle est essentiellement anti-cléricale. Pourtant les évêques ont reconnu au début sa légitimité. Si les violences ne se déclenchent pas tout de suite, néanmoins ce gouvernement révolutionnaire entame d'emblée une persécution juridique: dissolution des ordres religieux et nationalisation de tous leurs biens, approbation du divorce, crucifix retirés des classes. Après les lois restrictives vient la persécution sanglante avec la "Révolution des Asturies" en 1934 et les martyrs de Turon. En l'été 1936, les "Rouges", comme on les appelle, (à juste titre car leur but est de faire de l'Espagne un état satellite de la Russie), déclenchent la plus grande persécution religieuse qu'ait jamais connu l'Espagne. Sur la liste noire des personnes à abattre figurent en premier lieu tous les prêtres. A cause de sa brièveté dans le temps et de son intensité, c'est un ouragan révolutionnaire comparable à celui de la Révolution française qui s'abat sur toutes les régions où domine leur influence: incendie de couvents, d'évêchés, d'églises, destruction du patrimoine artistique sacré, bref, de tout ce qui rappelle la religion catholique. Mais les révolutionnaires ne sont pas suivis par tout le peuple; au contraire, il se produit un sursaut de la conscience nationale. Une partie de l'armée avec le général Francisco Franco se révolte et crée le "Mouvement national". C'est alors la guerre civile entre Rouges et "Nationaux" qui dure de 1936 à 1938. Les révolutionnaires ont vraiment l'intention d'éradiquer l'Église et ils procèdent à des exécutions massives, acompagnées d'une férocité inouïe. Sont victimes: 13 évêques, 4'184 prêtres, 2'365 religieux, 283 religieuses, des milliers et des milliers de laïcs. Ils sont vraiment martyrs car ils ont été tués "en haine de la foi", ce ne sont pas des "victimes de guerre", car ils sont pacifiques et ne prennent pas part aux événements, ni des victimes politiques, car ils n'ont pas pris partie. (Notons à ce propos que le parti qui soutenait Franco, la "Phalange", influente surtout au début, avait certaines accointances avec les Nazis.) Conscients de mourir pour leur foi, beaucoup criaient "Vive le Christ-Roi!", ce qui n'est pas sans rappeler la guerre des "Cristeros" au Mexique (1926-1929), et tous, avant de mourir, pardonnaient de tout cœur à leurs bourreaux.

La béatification de ce jour

Voici la liste des 233 martyrs béatifiés en ce jour: 38 prêtres de l'Archidiocèse de Valence avec un grand nombre d'hommes et de femmes de l'Action Catholique, 18 Dominicains et 2 prêtres de l'archidiocèse de Saragosse, 4 Frères mineurs Francisains Conventuels, 13 Frères mineurs Capucins avec 4 religieuses Capucines et une Augustine; 11 Jésuites avec un jeune laïc, 32 Salésiens et 2 Filles de Marie Auxiliatrice, 19 Tertiaires Capucins de Notre-Dame des Douleurs avec une coopératrice laïque, un prêtre Déhonien; l'aumônier du Collège La Salle de Bonanova (Barcelone) avec 5 Frères des Écoles Chrétiennes; 24 Carmélites de la Charité; une religieuse Servante, 6 religieuses des Écoles Pies avec 2 coopératrices laïques (ces dernières proviennent d'Uruguay et sont ainsi les premières bienheureuses de ce pays); 2 Petites Sœurs des personnes âgées abandonnées; 3 Tertiaires Capucines de Notre-Dame des Douleurs; une missionnaire Clarétaine et enfin, le jeune Francisco Castello i Aleu, de l'Action Catholique de Lleida.

Les témoignages qui nous sont parvenus parlent de personnes honnêtes et exemplaires, dont le martyr a scellé des vies consacrées au travail, à la prière et à l'engagement religieux au sein de leurs familles, de leurs paroisses ou de leurs Congrégations religieuses. En une phrase, le Saint Père résume ainsi leur sainteté: "Ils vivent en aimant et meurent en pardonnant". Comment ne pas nous émouvoir profondément à l'écoute des récits de leur martyre? En voici quelques-uns.

La vieille Maman Maria Teresa Ferragud, 83 ans, est arrêtée avec ses quatre filles religieuses contemplatives. Le 25 octobre 1936 - fête du Christ-Roi, notons-le! - elle demande à accompagner ses filles au martyre. Et pour les encourager jusqu'au bout, elle veut mourir la dernière: "Mes filles, leur dit-elle, restez fidèles à votre Époux Jésus Christ et ne cédez pas aux flatteries de ces hommes". Sa mort a tant impressionné les bourreaux, qu'ils s'exclament: "C'est une vraie sainte!".

Le jeune Francisco Castello i Aleu, âgé de 22 ans, est chimiste de profession et membre de l'Action Catholique. Conscient de la gravité du moment, il ne veut pas se cacher mais offre sa jeunesse en sacrifice par amour pour Dieu et pour ses frères, laissant trois lettres, écrites quelques instants avant de mourir, à ses sœurs, à son directeur spirituel et à sa fiancée. Il est un exemple de force, de générosité, de sérénité et de joie.

Le jeune prêtre German Gozalbo, âgé de 23 ans, est fusillé seulement deux mois après avoir célébré sa première messe. Il subit nombre d'humiliations et de mauvais traitements.

Parmi les autres martyrs, citons le plus en vue à l'époque: Pablo Menendez Gonzallo, président de l'Action Catholique de Valence, député provincial pour la région de Valence, journaliste; ou encore un pyrotechnicien que l'Espagne se choisit comme patron des artificiers, etc.

Étonnante cérémonie de béatification, sous un beau soleil printanier précoce inondant la place Saint Pierre et qui a vu dans son assistance beaucoup de témoins encore vivants des événements: Notamment un prêtre de 90 ans, Eugenio Laguanda, ayant survécu par miracle au peloton d'exécution après avoir reçu une balle dans la tête, beaucoup de femmes, veuves des martyrs ou leur ancienne fiancée, des enfants de martyrs dont certains ont été choisis pour porter les reliques de leurs parents à l'autel… Enfin, dans les procès de béatifications, ont même témoigné d'anciens bourreaux. Cette béatification vise à encourager l'Église espagnole actuelle; elle fait partie aussi d'un devoir de mémoire: ne pas laisser tomber dans l'oubli des témoignages si précieux pour les générations futures.

Avant la prière de l'"Angelus" qui clôture cette célébration solennelle, Jean Paul II déclare encore: " Tournons à présent notre regard vers la Très Sainte Vierge Marie, que la foi nous fait contempler comme Reine des Saints et des Saintes de toute époque et de toute nation. Elle est, en particulier, Mère et Reine des Martyrs, présente auprès d'eux à l'heure de l'épreuve, de même qu'elle demeura sous la Croix auprès de son Fils Jésus. Ces nouveaux bienheureux ont placé leur confiance en Elle, la Vierge fidèle, au cours des moments dramatiques de la persécution. Lorsqu'on les empêcha d'exprimer librement leur foi, ou, par la suite, au cours de leur emprisonnement, pour affronter le moment suprême, ils trouvèrent un soutien constant dans le Saint Rosaire, le récitant seuls ou en petits groupes. Comme cette traditionnelle prière mariale est efficace dans sa simplicité et sa profondeur! Le Rosaire constitue à chaque époque une aide précieuse pour d'innombrables croyants. Qu'il en soit ainsi également pour nous! "

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