José Oriol

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José Oriol
Prêtre, Saint
1650-1702

Ce prêtre extraordinaire naquit tout près de Barcelone, de parents très honnêtes et modestes du quartier de Saint Pierre des Puellas à Ciudad Condal. Le père, José lui aussi, mourut de la grande peste, quand l’enfant n’avait que dix-huit mois, laissant son épouse dans une extrême pauvreté. Cette pieuse femme, Gertrude Bugugna, épousa en secondes noces un brave cordonnier, Domingo Pujolar. La maman et son fils s’installèrent donc chez cet homme, qui habitait sur la paroisse de Sainte Marie de la Mer (Santa María del Mar).

Ce cordonnier chrétien eut pour le petit José un amour vraiment paternel, bien qu’il eût déjà ses propres enfants à élever, et quand il jugea qu’il avait atteint l’âge nécessaire, il le fit entrer comme enfant de chœur à Santa María, pour y apprendre à lire et écrire, mais aussi pour faire du solfège. José se fit remarquer parmi les autres enfants de chœur pour son esprit de dévotion. Après ses devoirs, au lieu de jouer avec ses camarades, il restait de longs moments agenouillé devant le Saint Sacrement et montrait un amour exquis pour la Sainte Vierge.

Quand José eut douze ou treize ans, les membres du chapitre, constatant les aptitudes du garçon pour l’étude, l’envoyèrent à l’Université, pour y étudier le latin et les humanités qu’on y enseignait.

C’est vers cette époque que mourut à son tour son beau-père. Pauvre comme auparavant, la maman devait cette fois-ci élever aussi plusieurs enfants. Les prêtres de la paroisse les aidèrent beaucoup, mais aussi la vieille nourrice de José, Catherine Brughera et son mari, qui reçurent chez eux l’adolescent. Ils lui installèrent une petite chambre dans le grenier, qui lui convenait tout-à-fait pour l’étude et la vie de prière qu’il n’abandonna jamais. Il n’en sortait guère que pour aller à l’église ou à l’université.

Un jour que José se trouvait à la cuisine avec sa nourrice, le mari de celle-ci y entra, et conçut intérieurement un soupçon atroce contre la fidélité de son épouse. Mystérieusement, José connut aussitôt les pensées intimes de l’ouvrier et, pour lui prouver la pureté de ses sentiments, plaça sa main au-dessus des charbons ardents et l’y maintint sans ressentir aucun mal. Il montrait ainsi qu’il connaissait les pensées secrètes de l’homme et lui prouvait qu’il n’y avait pas même en lui l’ombre du mal. L’ouvrier en conçut alors une vénération encore plus grande pour le jeune homme.

Ses études devinrent pour lui la préparation au sacerdoce et à la carrière ecclésiastique. Dieu cependant le mit à l’épreuve par une paralysie de la jambe, due à une maladie nerveuse avec une dislocation de l’os de la cuisse. Mais José ne voulut point consulter de médecins et se confia tout entier à la divine Providence. Dieu lui rendit tout d’un coup la santé et José put reprendre le chemin de l’université. Ayant suivi les cours de lettres, de philosophie et de théologie, il fut reçu docteur en théologie en 1674, mais continua encore l’étude de la théologie morale et de la langue hébraïque. Il fut enfin ordonné prêtre en 1675, et célébra la Messe pour la première fois à la paroisse de Santa María del Mar, avec une ferveur qui édifia toute l’assistance.

Pour venir en aide à sa pauvre mère, il entra comme précepteur dans la maison de Tomás Gasnevi, un noble de Barcelone, où il vécut de manière exemplaire, mais Dieu lui fit comprendre qu’il exigeait davantage de lui. La table de don Tomás était toujours splendidement servie ; dans une circonstance le jeune prêtre voulut prendre d’un mets délicat, mais une force invincible retint par trois fois son bras. Il comprit le signe de Dieu et résolut désormais de jeûner au pain et à l’eau pour toute sa vie. Il allait s’acheter lui-même son pain pour choisir le plus mauvais et le plus sec. Il allait boire de l’eau aux fontaines de la ville et, les jours de fêtes, il allait chercher quelques herbes sur la montagne de Montjuich.

Ainsi inaugurait-il sa vie apostolique : tout Barcelone le connaissait et appréciait son exemple, qui était bien plus éloquent que tous les sermons.

Neuf ans plus tard, quand mourut sa mère en 1686, voyant que ses frères et sœurs n’avaient plus besoin de lui, il jugea opportun de renoncer à sa charge de précepteur, au grand désagrément de cette famille qui aurait bien voulu le garder définitivement. En outre, José désirait ardemment faire à pied le pèlerinage de Rome ; il y alla, y resta plusieurs mois, rencontra le pape, qui était alors Innocent XI (maintenant béatifié, voir au 12 août). De retour de la Ville Éternelle, il prit possession du bénéfice de Notre-Dame du Pin à Barcelone, que lui avait concédé le pape, et qu’il conserva pendant quinze ans jusqu’à sa mort.

Chaque jour, après s’être confessé, il célébrait la Messe avec une admirable piété. Sa préparation et son action de grâces se prolongeaient longtemps. Toujours présent à l’office du chœur à moins de maladie, il eut aussi le soin des malades et la charge de noter les présences ou les absences ; il habitait une soupente qu’il sous-louait, où il vivait seul dans la prière et les dures macérations ; il cousait et lavait lui-même ses vêtements ; attentif à aimer tous les hommes, il n’avait que du mépris pour lui-même et se comptait pour rien. D’une grande opiniâtreté pour faire les affaires du bon Dieu et dépit des mépris et des vexations, il était néanmoins d’une docilité et d’une obéissance admirables à l’égard de ses supérieurs bien qu’il lui en coûtât beaucoup.
Tous ses revenus passaient aux pauvres : captifs, malades, pauvres honteux étaient comme sa famille. L’héritage de sa mère revint à l’église pour la célébration de messes en faveur des défunts.

Il ne dormait que deux heures par nuit. Modeste dans ses regards, il n’avait rien de morose et on l’appelait le saint joyeux ; toujours délicat avec les hommes, toujours discret avec les femmes, avec lesquelles il ne s’entretenait qu’en présence de témoins. Il était insatiable de bonnes œuvres, visitait les hôpitaux, les prisons, prêchait aux soldats, réunissait les enfants et leur enseignait le catéchisme, s’adressait aux pauvres… Plein de zèle, il voulut partir pour convertir les infidèles et ce n’est qu’avec difficulté qu’on put le faire revenir à Barcelone. Une seconde fois, il voulut demander au pape la permission de partir au Japon, mais, arrivé à Marseille, il tomba malade et la sainte Vierge lui intima l’ordre de revenir à Barcelone : son absence avait duré à peine deux mois.

Racontons ici que, durant son voyage à Marseille, un compagnon de voyage alla manger avec lui à l’auberge, pensant que José aurait payé la note ; mais il n’avait pas un liard et, s’apercevant de la confusion de son compagnon, il coupa un radis en petits morceaux, et les changea en monnaies…

La dernière période de sa vie passa dans une extase presque continuelle. Il n’avait de pensée que pour Dieu. Quand il portait la Communion aux malades, on remarquait comment son visage était enflammé d’ardeur. Les miracles se multiplièrent, par sa seule bénédiction ou l’imposition des mains ; il guérit si facilement les malades, que les médecins s’en inquiétèrent…

Le démon l’importuna : quand il rentrait, ses vêtements étaient couverts de boue, ses joues ensanglantées, et il “avouait” qu’il avait dû lutter contre le démon. Mais Dieu avait aussi sa “revanche” sur ce saint homme : on le vit marcher sous la pluie battante sans être mouillé ; de retour de Marseille, il calma une tempête d’un signe de croix ; quand il savait (mystérieusement) qu’un malade n’était pas en état de grâce, il le priait délicatement de revenir un autre jour après s’être réconcilié avec le bon Dieu.

Ils étaient nombreux à venir demander sa bénédiction après les Vêpres, venus de toute la Catalogne. Parfois, il allait lui-même à leur rencontre pour leur éviter le déplacement. Un malade qu’on devait amputer de la jambe, fut guéri immédiatement de la gangrène ; de même un paralytique qui mendiait à la porte de l’église.
Dans sa chambre, il n’y avait pas de lit. Mais, peu de temps avant sa mort, il demanda à des amis de lui préparer un lit pour y mourir bientôt chez eux et décrivit la pleurésie qui devait l’emporter. Peu avant sa mort, il fit remettre son pauvre mobilier à ceux à qui il l’avait légué, alla visiter une dernière fois le sanctuaire de Sainte Matrone, puis s’en alla se mettre au lit chez ses amis. La mort approchant, ses amis pleuraient, mais lui les consola et leur dit avec un visage riant : “La mort est la porte de la vie, elle va me mettre en possession de ce que je désire : au ciel, je me souviendrai de vous.”

Il se confessa une dernière fois, reçut le sacrement des malades, et demanda qu’on chantât près de lui le Stabat mater, ce que firent quatre enfants de chœur, accompagnés à la harpe par leur maître. Il mourut ainsi très sereinement le matin du 23 mars 1702.

Le lendemain, on transporta son corps par les rues de Barcelone : un petit enfant paralysé fut guéri.

Les miracles, du vivant de José et après sa mort, furent si nombreux, qu’on s’en inquiéta et que le procès de béatification fut très retardé. Enfin Pie VII le béatifia en 1806, et Pie X le canonisa en 1909, l’inscrivant au Martyrologe au jour anniversaire de sa naissance au ciel, le 23 mars.

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