Né en Espagne, à
Valence, où son père professait le notariat, saint Luis Bertran
reçut le baptême sur les mêmes fonts baptismaux que saint Vincent Ferrier. Ce Saint ne reçut que des exemples de charité et de foi de
toute sa famille. A l'âge de sept ans, il organisait de petites
retraites dans quelque coin où rien ne pouvait le divertir de la
pensée du bon Dieu. Son enfance toute pieuse fit présager de sa
sainteté future. Adolescent, plutôt que de se joindre aux amusements
des jeunes gens de son âge, Luis Bertran préférait visiter les
malades et s'appliquait à les secourir.
Le jeune Luis ne
tarda pas à revêtir l'habit clérical. Entré dans l'Ordre de
St-Dominique, il fut un exemple de toutes les vertus religieuses dès
le noviciat, et malgré sa complexion délicate, il ne cessa jamais
d'être le plus ardent à toutes les observances régulières. Ses
parents alléguèrent le prétexte de sa santé fragile pour l'inciter à
abandonner la vie religieuse, mais Luis leur répondit qu'il aimait
mieux mourir que de quitter son monastère.
Bien qu'il se
jugea profondément indigne de la grâce du sacerdoce, Luis Bertran
fut ordonné prêtre à l'âge de vingt-trois ans. Lorsqu'il reçut la
charge de maître des novices, il prit comme résolution et devise
cette courte sentence d'un grand équilibre spirituel: "Douceur de
mère, autorité de père."
En 1576, après
avoir merveilleusement transformé son couvent et la ville de Valence
par ses vertus et ses prédications, Luis Bertran s'embarqua à
Séville avec d'autres religieux qui partageaient son idéal
d'évangéliser les Indiens d'Amérique. Après avoir surmonté les
périls d'une effroyable tempête, le navire aborda en
Nouvelle-Grenade, appelée aujourd'hui Colombie. Il y opéra un bien
immense ainsi que chez les indigènes du Pérou. Les missionnaires
ignoraient tout de la langue indigène, mais saint Luis Bertran se
fit comprendre d'eux par miracle, sans aucune difficulté, en parlant
uniquement espagnol.
Comme le nombre
des convertis augmentait chaque jour, les ennemis de la foi
tentèrent de se débarrasser de l'ardent apôtre en l'empoisonnant.
Les assassins se réjouissaient déjà de sa mort, lorsqu'ils virent le
Saint venir à leur rencontre en souriant. Un revirement complet se
produisit alors subitement en eux. Regrettant sincèrement leur
infamie, ils implorèrent leur pardon et réclamèrent le baptême.
Luis Bertran
dut retourner en Espagne sur l'ordre de ses supérieurs. Durant douze
ans, il prêcha dans son pays natal, luttant contre le mal,
propageant avec zèle la dévotion au rosaire et s'appliquant à former
des religieux à l'esprit de prière et à l'humilité, vertus qu'il
leur recommandait avant toutes autres.
Accablé par les
infirmités, saint Luis Bertran s'en réjouissait et répétait comme
saint Augustin: "Brûlez, déchirez Seigneur, mais pardonnez-moi !"
Dans sa dernière maladie, il ne perdit jamais patience ni courage.
Dieu le réconforta par des visions et la révélation des douleurs de
la Passion de Son divin Fils. C'est dans des transports et des
effusions d'amour qu'il rendit son âme à son Seigneur, le 9 octobre
1580. |