Marcel Callo est le
second d'une famille de neuf enfants. Marcel se révèle malicieux,
taquin, très affectueux et sait reconnaître
ses torts. Déjà se manifeste son talent de meneur de jeu. A 12 ans,
il entre en apprentissage
et prend à cœur son rôle d'aîné après le
départ de son frère au séminaire. Il adhère à la croisade
eucharistique, mouvement dont le but est d'apprendre aux enfants et
adolescents à faire de leur vie une prière ininterrompue, en plaçant
l'Eucharistie au cœur de toute initiative, dans un but apostolique,
selon la devise des croisés: "Prie, communie, sacrifie-toi, sois
apôtre".
Puis il entre chez les
scouts où il prend plaisir à observer la loi et à participer aux
activités. Par ailleurs, ses débuts dans l'imprimerie où il
travaille comme typographe s'avèrent difficiles, l'ambiance y est
pesante. Son dynamisme se heurte à des préoccupations beaucoup plus
malsaines des ouvriers plus âgés qui se targuent d'initier les plus
jeunes. Sur les conseils de sa mère, Marcel se tourne vers la
Vierge, secours des adolescents; cela lui vaut le surnom de
"Jésus-Christ". Malgré tous ces obstacles, le jeune homme devient
rapidement un ouvrier compétent et honnête, apprécié de son
contremaître et des jeunes apprentis qu'il protège.
Il quitte le scoutisme,
un peu à contrecœur, pour entrer à la JOC (Jeunesse Ouvrière
Chrétienne) où il tient à privilégier la vie spirituelle comme
source de toute action, dans un monde ouvrier très déchristianisé.
Devenu président de la section, il se dépense sans mesure pour
assumer les responsabilités pratiques et surtout morales que cela
implique.
En 1943, Marcel perd sa
sœur dans un bombardement et se voit réquisitionné pour le STO
(Service du Travail Obligatoire): malgré son déchirement (il vient
de se fiancer), il accepte de partir, d'une part pour éviter des
représailles sur sa famille, d'autre part dans une perspective
missionnaire: là-bas également l'apostolat est urgent.
Envoyé à Zella-Melhis,
il travaille dans une usine de révolvers et loge dans un camp de
3000 ouvriers environ. il surmonte une période de détresse et de
découragement et organise peu à peu clandestinement la vie
chrétienne du groupe. Ses activités le trahissent et il est arrêté
le 19 avril 1944 parce que "trop catholique". Transféré à la prison
de Gotha avec les principaux dirigeants jocistes de Thuringe (ils
seront 12), il est finalement envoyé successivement aux camps de
concentration de Flossenburg (où fut pendu Dietrich Bonhoeffer) et
de Mauthausen où il partage les effroyables souffrances de tous les
déportés et pâtit avec eux de l'affolement des nazis devant
l'alliance alliée. Il travailla surtout à Gusen II, le pire des
kommandos.
Souffrant terriblement
de l'estomac, il meurt d'épuisement le 19 mars 1945, assisté par un
camarade bouleversé devant son attitude, le colonel Tibodo qui
témoigne : « J’ai connu Marcel Callo pendant quelques heures
seulement, celles qui ont précédé sa mort en mars 1945, un mois et
demi avant la libération. Je ne l’ai connu qu’aux dernières heures
de sa vie : il est mort en quelque sorte dans mes bras. Cependant
cela m’a suffit pour constater que ce garçon était de beaucoup
au-dessus de la nature humaine ordinaire. (…) Si j’ai gardé son
souvenir, alors que j’ai passé par plusieurs camps et que j’ai connu
de nombreux prisonniers, c’est que Marcel Callo avait un regard
vraiment surnaturel. Le témoignage que j’ai donné est au-dessous de
la réalité : le regard était plutôt un regard d’espoir, l’espoir
d’une vie nouvelle. Si moi, parpaillot, qui ai vu des milliers de
prisonniers mourir, j’ai été frappé par le regard de Marcel Callo,
c’est qu’il y avait en lui quelque chose d’extraordinaire. Ce me fut
une révélation : son regard exprimait une conviction profonde qu’il
partait vers le bonheur. C’était un acte de foi et d’espérance vers
une vie meilleure. Je n’ai jamais vu chez un moribond un regard
comme le sien ».
Le mardi 12 juin 1945,
un service funèbre fut célébré pour le repos de l’âme du jeune
martyr Marcel Callo en la basilique Notre-Dame de Bonne-Nouvelle de
Rennes. Par la suite, le Père Jégo, aumônier du lycée St-Martin de
Rennes et ami de la famille, entreprit d’écrire un livre sur la vie
du jeune Marcel Callo, ouvrage qui parut à la fin de l’année 1946.
Très vite, ce livre connu un grand succès et il fut traduit en de
nombreuses langues, dont en allemand par un certain Père Gérardi qui
sera, avec sa secrétaire, Rosemarie Scholze (devenue Mme Pabel), le
grand promoteur de la cause de béatification de Marcel Callo. C’est
lui qui insistera auprès de l’évêque de Rennes, mais aussi du Pape
Pie XII pour que s’ouvre le procès informatif diocésain, première
étape du procès de béatification. Ce sera finalement le Cardinal
Paul Gouyon qui s’attèlera à cette tâche, rédigeant lui-même un
ouvrage sur le jeune rennais : « Marcel Callo, témoin d’un
génération ». Finalement, il faudra attendre le dimanche 4 octobre
1987 pour que le Pape Jean-Paul II, à l’occasion du synode mondial
des évêques sur la vocation et la mission des laïcs dans l’Eglise et
dans le monde », béatifie le jeune Marcel Callo, en même temps que
deux jeunes italiennes, Antonia Mesina et Pierina Morosini, martyres
elles aussi.
Le rayonnement posthume
de ce jeune breton ayant rejoint le Christ à 24 ans est immense,
notamment chez les catholiques allemands qui l'associent d'emblée à
Edith Stein ou Maximilien Kolbe. Le bienheureux Marcel Callo est
désormais fêté dans son diocèse de Rennes le 19 avril, date où il
fut arrêté à Zella-Melhis ; le 19 mars, date de sa mort, étant la
fête de Saint Joseph. De nombreuses églises ou paroisses sont
placées sous l’invocation de Marcel Callo : Tremblay-en-France,
Rennes, Nantes, Caen, Lille, Flers-de-l’Orne, Douai,
Savigny-sur-Orge, La Haye-du-Puits, Montferrier-sur-Lez, ainsi qu’en
Autriche dans le diocèse de Linz.
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