Le 21 juin 1998
Jean Paul II béatifie trois Autrichiens ( Jacob Kern , Anton Schwartz et
Restituta Kafka) sur la "Place des héros" de Vienne. 60 ans
auparavant en 1938 -
rappelle le Pape - Hitler du balcon qui domine cette place
a fait acclamer l'Anschluss (rattachement de l'Autriche à l'Allemagne) par une
foule en délire de 250 000 personnes. Sur cette même "Heldenplatz",
devant une foule enthousiaste de 50 000 personnes (on en attendait plus, mais l'Église
d'Autriche, quoique bien vivante, traverse à ce moment-là une crise), Jean
Paul II béatifie une martyre de Nazisme, Sœur Restituta Kafka. Hitler avait
proclamé que le salut était en lui; les "héros selon l'Église"
annoncent que le salut ne se trouve pas dans l'homme mais dans le Christ, Roi et
Sauveur.
Restituta Kafka
naît en 1894. Avant d'être majeure, elle exprime son intention d'entrer au
couvent. Ses parents s'y opposent, mais elle ne perd pas de vue son projet:
devenir sœur "par amour de Dieu et des hommes" et servir en
particulier les pauvres et les malades. Les "Sœurs franciscaines de la
Charité" l'accueillent, lui permettant de réaliser sa vocation dans le
monde hospitalier: un engagement quotidien souvent dur et monotone. Sœur
infirmière dans l'âme, elle fait bientôt figure "d'institution" à
Mödling. Sa compétence, sa résolution et sa cordialité sont telles que de
nombreuses personnes l'appellent Sœur Resoluta et non Sœur Restituta. Son
courage et sa fermeté ne lui permettent pas de se taire face au régime
national-socialiste. Elle refuse de retirer le crucifix des chambres des malades
et même lorsqu'on bâtit une nouvelle aile à l'hôpital, elle y fait mettre
des crucifix, prête à payer de sa vie plutôt que de renoncer à ses
convictions. Effectivement, à la suite d'une perquisition chez elle, on découvre
un poème satirique contre Hitler. Le mercredi des Cendre 1942, elle est arrêtée
par la Gestapo. C'est alors que commence pour elle en prison un 'Calvaire' qui
dure plus d'un an. Malgré de nombreux recours en grâce, elle est condamnée à
mort. Conservant le crucifix dans son cœur, elle lui rend encore témoignage
peu de temps avent d'être conduite au lieu de l'exécution: elle demande à
l'aumônier de la prison de lui faire "le signe de la croix sur le
front". Ses dernières paroles connues sont: "J'ai vécu pour le
Christ, je veux mourir pour le Christ". Elle est décapitée dans la prison
de Vienne le 30 mars 1943. La Gestapo prend soin que son corps ne soit pas rendu
à la Communauté de peur qu'on en fasse une martyre.
"Tant de
choses peuvent nous être enlevées à nous chrétiens, mais nous ne permettront
à personne de nous enlever la Croix comme signe de salut - conclut le Pape -
Nous ne permettrons pas qu'elle soit exclue de la vie publique". Puis
s'adressant aux jeunes: "Plantez dans votre vie la Croix du Christ! La
Croix est le véritable arbre de vie". Et les jeunes d'apprécier ce
message avec enthousiasme.
Note d'humour:
Pour fêter cette béatification, les Sœurs franciscaines ont fait brasser des
bières avec l'étiquette "Restituta", rappelant ainsi qu'après
chaque opération difficile, la bienheureuse se faisait servir au bistrot une
chope de bière avec une goulache…
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